Tribunes de Philosophes

"Les élections présidentielles et l'expression de la vérité politique" par Manuel de Diéguez, un des plus grands philosophes contemporains.

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[Palais de l'Elysée - soir d'orage]

La France et la liberté de pensée

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 1 - L'espèce humaine est-elle gouvernable ?
 2 - A la recherche d'un télescope
 3 - Le pain du fabuleux et du fantastique
 4 - L'anthropologie expérimentale 
 5 - Le miracle du 11 septembre 2001
 6 - Un monde enchanté
 7 - Nos cuirasses de substitution
 8 - Le cénotaphe de la démocratie
 9 - Le coût du principe d'autorité
 10 - La parole de vérité sous la caméra
 11 - La France d'aujourd'hui et la pensée politique 
 12 - Les masques dévots de la servitude 
 13 - Le scalpel de la pensée

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1 - L'espèce humaine est-elle gouvernable ?

Longtemps l'espèce simiohumaine s'est demandé comment il lui fallait se gouverner. La pensée politique en était venue à la conclusion que si nous choisissions de nous laisser diriger par des rois, le danger à éviter était celui de la chute du monarque dans la tyrannie; que si nous décidions de nous fier au régime démocratique, le péril qui nous menaçait était de tomber dans la démagogie et que si, en désespoir de cause, notre résignation allait jusqu'à placer les meilleurs d'entre-nous à notre tête, nous nous retrouvions pieds et poings liés au despotisme d'une caste de privilégiés bien décidés à se reproduire de génération en génération au seul profit de leur propre descendance.

Cette politologie pessimiste, mais non désespérée, nous laissait encore une maigre chance d'apprendre à nous piloter sagement sur la terre: il existait de bons rois, des oligarques honnêtes et des peuples relativement réfléchis. Mais, depuis que le régime démocratique règne sur le monde entier, l'optimisme des ancêtres a pris du plomb dans l'aile, parce qu'il apparaît que le règne d'une liberté universelle, mais privée de contours, nous livre tour à tour à deux catastrophes politiques aussi fatales l'une que l'autre, le populisme décervelé et la médiocrité notabiliaire.

2 - A la recherche d'un télescope

En vérité, le spectacle de l'agonie de l'empire romain aurait pu inspirer à Tacite une réflexion préanthropologique sur la politique; et Galba l'a explicitée en filigrane dans son discours à son fils adoptif, le vertueux Pison, son amant. Mais aujourd'hui, la politologie mondiale subit une mutation radicale de sa problématique et des paramètres qui la régissaient depuis Solon et Lycurgue; car si le monde s'est rétréci et si la sottise des fausses élites se donne maintenant en spectacle à l'échelle des cinq continents, il faudra se décider à observer notre espèce de l'extérieur. Mais comment aller de ce pas installer sur Sirius le télescope qui seul nous permettrait de connaître et de comprendre les obstacles psychogénétiques qui nous interdisent de jamais acquérir une vraie science de notre navigation dans le temps? Tout se passe comme si le grossissement du volume de notre tête nous avait privés des ressources de l'instinct qui sert de boussole aux animaux: les loups, les fourmis ou les abeilles se stabilisent à l'école de leurs neurones, tandis que le simianthrope ne semble pas disposer des antennes intellectives qui permettraient à ses gènes de tracer sur "l'océan des âges" des sillages à l'épreuve des caprices du destin.

Aussi une politologie et une science historique mondialisées se placeront-elles sous le sceptre d'une seule et même raison, celle d'une anthropologie en mesure d'observer le pithécanthrope au microscope et au télescope réconciliés. Mais on s'interroge sur le sort de la classe des nouveaux savants de la politique. On soutient tantot qu'ils seront engloutis, noyés ou asphyxiés par la masse aveugle de leurs congénères, tantôt que leurs lunettes auront des chances d'aller chausser le nez des myopes.

3 - Le pain du fabuleux et du fantastique

Le premier pas d'une méthode qui se mettrait en marche dans l'enceinte ou l'arène d'une anthropologie heuristique, donc critique, sera de découvrir les raisons psychobiologiques pour lesquelles l'aveuglement et la sottise prennent nécessairement le pas sur les conquêtes de la lucidité au sein d'une espèce pourtant cérébralisée à marches forcées par l'affinement de son vocabulaire et par les progrès constants de son outillage.

Il apparaît alors clairement que l'encéphale du simianthrope a grand besoin de sécréter des carapaces mentales dont l'autorité s'exercera en retour sur sa propre masse afin de lui servir à la fois de cuirasses changeantes et d'instruments d'une cohésion toujours précaire. Le ciment de la discipline sociale et de la collectivisation de la multitude est toujours friable. Rien de plus soluble dans l'anarchie que la coagulation et le durcissement sporadiques des divers spécimens de ce bimane. De plus, l'impérieuse nécessité de se rassembler dont dépend la survie même du pithécanthrope se retourne bientôt contre ses intérêts à long terme, parce que le nivellement des neurones de ce mammifère paralyse l'intelligence prospective de ses spécimens les plus surplombants, lesquels se montrent de plus en plus étonnés, les pauvres, de se trouver en si mauvaise compagnie. Car ceux-là se révèlent non seulement audacieux, mais prompts à emprunter des chemins de traverse, alors que les raccourcis que prennent les minorités réflexives sont souvent nocifs aux intérêts à court terme des majorités. Les guerres de religion fournissent de nombreux exemples de ce phénomène: l'autorité dogmatique d'une classe ecclésiale relativement nombreuse et profondément ancrée dans toutes les couches des sociétés simiohumaines était parvenue, des siècles durant, à imposer la croyance unanime selon laquelle un homme serait ressuscité, que sa mère aurait été fécondée du haut des nues et que sa virginité aurait résisté jusqu'à sa mort à ses accouchements successifs.

Puis, une maigre phalange d'encéphales étrangers au groupe a mis des générations à fissurer la carapace du mythe solidificateur de la boîte osseuse dont la communauté se partageait la corne. On voit que les individus allogènes à leur espèce se perpétuent à leur tour et finissent par fendre la cuirasse cérébrale de leurs faux sosies. Quand l'armure mentale du vaincu s'est brisée en mille morceaux, ses débris traînent longtemps encore sur le sol et personne ne songe à les ramasser et à les jeter au rebut.

4 - L'anthropologie expérimentale

Mais l'autorité que le simianthrope-modèle de chaque époque exerce sur son propre encéphale massifié ne suffit pas à expliquer ses croyances religieuses les plus durables; car il se produit une rencontre spontanée de la masse psychique du groupe avec les royaumes jumeaux qu'il sécrète dans son ciel, de sorte que les deux lobes cérébraux font bientôt un seul corps cérébral sur la terre. Mais, dans le même temps, ces édifices mentaux, d'abord réunis par un effet de leur cécité même, répondent également et de conserve à une utilité politique aussi permanence qu'impérieuse. Alors on voit cette bête schizoïde se transporter réellement, si je puis dire, et à titre héréditaire dans des mondes bipolaires à leur tour, tellement elle a besoin de prendre appui sur sa propre effigie gigantifiée et hissée dans un fabuleux et un fantastique soustraits à l'éphémère.

Les précipités cérébraux collectifs dont le simianthrope biphasé se réclame dans l'imaginaire se rendent d'autant plus observables à l'œil nu qu'ils se parcellisent, se localisent et paraissent ne plus exercer qu'une autorité diminuée sur une population. Exemple: le 19 janvier de chaque année, le sang noir et durci de saint Janvier, qu'on conserve d'un millésime à l'autre dans une ampoule à miracles est censé se métamorphoser en hémoglobine écarlate dans l'église San Gennaro de Naples. De surcroît, le prodige du rougissement des hématies régénérées du saint est réputé se théâtraliser sous les yeux d'un notaire apostolique. L'huissier de ce prodige se trouve explicitement cautionné par l'autorité suprême du chef de l'Eglise romaine. La foule pieusement conviée à assister à l' exploit d'un magicien du christianisme n'imagine pas un instant que cette cérémonie serait solennellement mise en scène dans les ateliers de la sanctification sacerdotale, alors que la sorcellerie crève les yeux.

De plus, le notaire du fantasme feint d'attendre patiemment que le miracle veuille bien se produire dans la fiole. L'angoisse grandit parmi les assistants; on craint que le préposé chargé de vérifier le contenu de l'ampoule ne constate l'indocilité des globules rouges de San Gennaro à honorer leur rendez-vous annuel avec l'encéphale collectif décrit ci-dessus. Le tabellion informe minute par minute le public du retard du canonisé. Si Dieu interdisait le débarquement du sang frais de l'immortel, ce ne serait pas sans raison. Que d'expiations à préparer ! Enfin, le notaire de Dieu annonce que le phénomène attendu s'est produit et la foule jubile. Que de pénitences évitées de justesse!

Mais si la naïveté du peuple napolitain n'était pas peu ou prou partagée par la candeur innée du simianthrope, toutes les nations rationnelles de la terre seraient prises de fou-rire au spectacle de la crédulité et de la simplicité d'esprit des Napolitains; et s'il subsistait le moindre doute dans l'esprit des savants du monde entier de ce qu'il s'agit évidemment d'un subterfuge, on verrait des dizaines de laboratoires vérifier sérieusement et sur les cinq continents des échantillons ahurissants du contenu de la fiole des tricheurs. Or, il n'en est rien; et si aucun anthropologue ne songe à observer le contenu stupéfiant de l'encéphale dédoublé du genre simiohumain, c'est bel et bien parce que le prodige, si dément qu'il soit, répond à un besoin vague et confus, mais universel de toutes les boîtes osseuses de cette espèce de délirer dans l'éternité. La réflexion politique sur les relations que l'autorité du groupe entretient avec ses dévotions couronnées dans les nues se révèle donc la clé de la simianthropologie historique et de la politologie démythifiée qu'appelle l'avènement mondial du régime semi-rationnel des pseudo-démocraties.

5 - Le miracle du 11 septembre 2001

Mais la question nouvelle qui se pose aussitôt aux premiers méthodologistes d'une anthropologie critique réellement distanciée et universelle est celle de savoir si le principe d'autorité pèse également et de tout son poids sur la pensée scientifique du simianthrope. Les connaissances vérifiables dont la raison expérimentale se prévaut et qui se réduisent à des constats se trouvent-elles soustraites ipso facto au joug du sacré? A ce titre, l'examen raisonné des conditions matérielles qui ont présidé à l'effondrement des tours du World Trade Center de New-York le 11 septembre 2001 fournissent un matériau d'observation précieux et irréfutable aux analystes du fonctionnement religieux du cerveau simiohumain, parce qu'aucun architecte et aucun physicien ne soutiennent que la collision entre un avion rempli de kérosène et la masse d'acier et de béton d'un building de cent huit étages en chaufferait instantanément l'armature métallique enrobée d'amiante et en provoquerait l'effondrement en quelques secondes seulement. Et puis, des caméras ont enregistré la succession d'explosions visiblement préparées qui se sont déclenchées du haut en bas de l'immense édifice. Enfin, un troisième building situé à proximité des deux premiers s'est effondré non moins subitement sans qu'il eût subi le choc d'aucun corps volant. Du reste, les locataires en avaient été avertis, puisqu'ils avaient été évacués. Mais M. Cheminade, candidat à la présidence de la République, s'est vu traiter d'affabulateur éhonté par la journaliste qui l'avait invité à France-Inter, parce qu'il réfutait l'interprétation confessionnelle de l'évènement que professe le gouvernement américain depuis onze ans et six mois. Or, cette lecture bat de l'aile dans le monde entier, sauf au pays de Descartes et de Voltaire.

On voit que l'expérience scientifique, même observée en grandeur nature, n'échappe au mutisme du cosmos qu'à la lumière des signifiants les plus divers que le simianthrope ne cesse de projeter sur la réalité filmique. Ce sont donc les divers codes de déchiffrement de l'évènement qu'une anthropologie universelle doit tenter de radiographier.

6 - Un monde enchanté

Par quels rouages et engrenages d'origine et de nature psychobiologiques des millions de simianthropes ont-ils vu, de leurs yeux vu, ce qui s'appelle voir une titanesque affabulation de type civique et patriotique se plaquer a priori sur l'expérience enregistrée sur la pellicule par les caméras du monde entier et pourquoi ces mêmes simianthropes, ont-ils pourtant exprimé la plus vive indignation qu'on osât outrager la grille de lecture plaquée sur l'évènement par les organes officiels de communication de masse à la disposition de tous les Etats pseudo rationnels de la planète? Quels sont les ressorts mécaniques du respect inné qu'éprouvent les neurones de l'humanité tout entière pour une autorité publique toujours catéchisée en sous-main et comment se fait-il que ce type de prosternation à la fois para ecclésiale et laïque s'articule avec les allégations, plus spectaculairement mythologiques encore, qu'affichent les dogmatiques religieuses?

Car les grilles de lecture du simianthrope attendent quelquefois des siècles avant de parvenir à durcir la carapace mentale de l'espèce. Si la crucifixion du Christ avait été filmée, la pellicule aurait attendu un demi-millénaire pour se trouver provisoirement déchiffrée au concile de Chalcédoine en 450; et dix huit siècles pour qu'avec Hume et Kant la succession des causes et des effets censée se produire au sein de la matière renvoient l'encéphale humain à la découverte que la causalité est un totem enraciné seulement dans les têtes et qu'elles n'existent pas sous la lentille des microscopes. Le simianthrope s'agenouille donc devant des synthèses mentales qu'il déclenche dans sa cervelle.

Aujourd'hui, les évènements historiques se trouvent pré-interprétés à l'écoute des mégaphones de la démocratie qu'on appelle des idéalités. Mais dans les religions, les prodiges de l'interprétation schizophrénique du monde sont désormais prudemment proclamés invisibles, du moins depuis que les trois monothéismes ont appris à cacher au regard de leurs fidèles les miracles physiques sur lesquels ils prennent appui, tandis que le 11 septembre 2001 filme en direct le miracle idéologique et le miracle physique censés se confondre.

Si vous attestez que le pain et le vin de la messe demeurent inchangés sous la lentille des microscopes, si vous constatez de visu que cet aliment et cette boisson résistent aux paroles réputées métamorphosantes de la consécration que dévide le magicien de ce culte, l'Eglise vous rétorquera beaucoup plus astucieusement que les devins antiques: ce miracle dira-t-elle n'est pas perceptible avec des yeux de chair. Seuls ceux de la foi sont opérationnels. Il en est de même du principe de causalité.

7 - Nos cuirasses de substitution

C'est qu'à l'instar des plus grands écrivains, la croyance religieuse n'a pas froid aux yeux: Cervantès prête un corps, une voix, une ossature et une silhouette immortels à un tableau symbolique du rêve chrétien aux prises avec la folie et la noblesse mêlées de l'humanité. La vocation de la politique de consolider à son tour l'identité onirique d'une population par la substantification de signes et de signaux collectifs chargés de protéger l'encéphale commun des agressions de l'extérieur se révèle de même facture que dans le cas, relaté plus haut de l'apparition fabuleuse, le 19 janvier de chaque année, du sang frais de saint Janvier dans l'église San Gennaro de Naples: il s'agit de coller sur un évènement imaginaire l'autorité interprétative qu'exerce le mythe religieux à titre de Sésame.

La physique classique projetait à son tour un mythe "explicatif" sur le cosmos, mais de type idéel, celui d'un causalisme téléguidé par le concept de causativité des causes. Du coup, les évènements matériels constants, donc exploitables, passent pour habités par une idéalité loquace, le causalisme. L'intelligibilité qu'élaborent les neurones du simianthrope est une construction mentale profitable dans l'ordre politique et religieux inextricablement confondus.

Mais voyez maintenant comment l'esprit onirique du simianthrope confère son identité rêvée à une humanité animalisée de naissance à l'école de sa propre effigie collective, ce qui permet aussi bien au corps patriotique des démocraties qu' au corps sacerdotal de l'Eglise de s'identifier dévotement à sa propre image fantasmée et de la hisser dans un ciel de mots sotériologisés d'avance. Ce transfert de la scène de la rédemption théologique dans celle de la rédemption idéologique se place désormais au cœur des nouvelles narrations évangéliques et salvifiques. Celle du 11 septembre 2001 relate un évènement exclusivement matériel, donc dûment observable en tant que tel, mais aussitôt dévoré par la machine à métamorphoser les faits en signaux de leur signification. Le prodige interprété au sein des démocraties est censé avoir été réceptionné physiquement par des millions de rétines endoctrinées à la lecture d'un bréviaire universel, celui que des évangélistes de la Liberté ont rédigé en 1789. L'œil simiohumain se laisse ensorceler depuis deux siècles par des apôtres de son effigie démocratique comme il l'était hier par les catéchètes d'une potence apostolique à la fois figurée et de bois sec.

8 - Le cénotaphe de la démocratie

La raison, comme il est dit plus haut, en est que la politique et la religion chosifient le symbolique côte à côte. Alors seulement une autorité publique falsifiée par les missels de la laïcité parvient à écouter ses propres récitatifs béatifiques sur le modèle d'un transport du monde dans une sotériologie verbale. Que raconte don Quichotte à l'interlocuteur onirique qu'il est à lui-même, c'est-à-dire à l'effigie cérébrale qui l'habite? Il se narre les merveilles mythologiques et les enchantements dont Dulcinée du Toboso se pare dans son imagination. Mais cette imagination se révèle concrétisée et célestifiée dans le même creuset.

C'est ainsi que les discours séraphiques que les dévots attribuent ici à leurs divinités et là à leurs idéalités magnifiées jouent le rôle de globes oculaires magiques. L'un et l'autre - le terrestre et le céleste - semblent indispensables à la survie d'un animal nourri de ses songes biphasés sur la terre et dans les nues, parce que la nature l'a cruellement dédoublé de naissance entre le monde physique et celui de ses rêves tout ensemble récités et vaporisés.

Tout se passe comme si les armes offensives et défensives de cet animal schizoïde s'étaient égarées en cours de route, tout se passe comme si le naufrage des dentures, des cornes et des griffes des grands carnassiers avaient laissé ce fauve orphelin, tout se passe comme s'il se construisait des temples bibliques ou civiques à l'usage des paroles censées transsubstantifiantes que la démocratie césarisée est maintenant réputée prononcer en lieu et place de l'Eglise. Le sceptre du ciel est passé aux mains des idéalités de la démocratie. Mais c'était déjà à l'image de san Gennaro que don Quichotte s'était construit l'édifice conceptuel que le monde entier met maintenant au service des abstractions pseudo salvifiques dont se nourrissent les chevaliers errants de la liberté. La Dulcinée du Toboso des modernes repose dans le cénotaphe de 1789. Du coup, l'ironie de Cervantès et celle de Socrate se rejoignent dans un décryptage anthropologique partagé non seulement du sacré républicain et napolitain confondus, mais du sacré épistémologique qui pilotait la physique classique.

9 - Le coût du principe d'autorité

Mais, dira-t-on, la bête au cerveau bipolaire décrite ci-dessus ne saurait immoler à ses songes jusqu'à ses intérêts industriels et commerciaux les plus pressants; puisque ses songes démocratiques et ses sotériologies religieuses sont apprêtés en commun dans un seul creuset, celui de la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. Quand une catastrophe atomique condamne le simianthrope à se procurer de l'électricité à un prix d'achat de ses combustibles plus élevé que celui dont ses réacteurs nucléaires civils lui assuraient le bénéfice, vous ne le verrez pas, vous direz-vous, appeler à son secours des matières fort chères, telles, primo, que le vent, qui ferait tourner des éoliennes dispendieuses, secundo, le gaz, qui ne changerait pas à bon marché l'eau bouillante en vapeur mise sous une pression hautement rentable dans d'immense cocottes-minutes, tertio, le charbon, quarto, le pétrole, quinto l'énergie solaire et tutti quanti. Car ces matériaux consumables sont moins calorigènes que la fission automatisée de l'uranium enrichi et porté à sa "masse critique".

C'est dire que si les locomotives à vapeur du XIXe siècle permettaient déjà de transporter des centaines de milliers de tonnes à cent vingt kilomètres à l'heure de Paris à Bordeaux, de Strasbourg à Rome ou de Berlin à Vladivostok, il s'agit maintenant de faire fonctionner à bas prix des locomotives sédentarisées, qu'on appelle des centrales à vapeur et qui s'apprêtaient, à Flamanville, à produire de l'électricité par le relais du nucléaire civil, lequel aurait changé en une vapeur placée sous une pression énorme l'eau en ébullition dans de gigantesques réservoirs.

Il est évident que tout simianthrope devenu relativement réflexif se dira, premièrement, que la puissance motrice dégagée par la vapeur sédentarisée exercera nécessairement une puissance de dilatation limitée par la résistance de la cuve; secondement, que la pression disruptive de la vapeur sur les parois des réservoirs obéira à une progression géométrique, donc exponentielle, ce qui la fera croître à l'infini, tandis que, dans le même temps, le combustible utilisé à cet effet ne sera dépensé que selon une progression arithmétique; troisièmement, que la disproportion de plus en plus titanesque entre l'énergie produite sur le mode hyperbolique par la vaporisation de l'eau, d'une part et la quantité d'énergie utilisée pour porter cette eau à ébullition, d'autre part, que ce décalage, dis-je, courra vers l'infini. On n'achètera plus de combustibles coûteux, on économisera une portion minime de l'énergie que dégage la vapeur d'eau sous pression, afin de rentabiliser l'immense surplus qui produira de l'électricité à bas prix; car la résistance des cuves ancrées en terre serait cent fois supérieure à celle des cuves roulantes qu'étaient les locomotives à charbon d'autrefois.

Comment le cerveau du simianthrope asservi à la pression de la double autorité - la politique et la religieuse confondues - que sécrètent ses neurones orphelins du griffu assure-t-elle le service après vente chaque fois que cette espèce se met à chercher en tous lieux des moyens stupides et compliqués de se procurer de l'énergie gratuite, alors qu'il l'a sous les yeux? Cette fois-ci, la classe savante dont disposent les Etats modernes va se rebiffer, pensez-vous, tellement elle se sentira outragée qu'on prétende lui faire oublier que deux plus deux font quatre depuis belle lurette. Comment la ferez-vous renoncer soudainement aux principes élémentaires de la physique mathématique, comment vous obstinerez-vous à satisfaire les groupes de pression qui s'ingénient à enrichir les industriels au détriment de l'intérêt général et dont les services sont si bien rémunérés? Que se passe-t-il quand le principe d'autorité n'enrichit plus les clergés somptueux d'autrefois, mais des groupes de pression indifférents au bien public et qui fonctionnent en circuit fermé?

10 - La parole de vérité sous la caméra

Pour le comprendre, il faut observer le tracé de la frontière que le principe de cécité (principium caecitatis) ne saurait faire franchir impunément à la scolastique du principe d'autorité. Vous ne me ferez pas croire qu'on cessera de protéger l'éthique de survie du groupe, celle qui met en place les fondements mêmes des sociétés simiohumaines et qui conditionne le surgissement et la consolidation des identités collectives. Mais l'expérience du contraire a été faite dès 1963 par un savant américain, M. Stanley Milgram. Mettez des simianthropes lambda en apprentissage de quelques mots savants et difficiles à retenir et recourez à des décharges électriques de plus en plus douloureuses afin de hâter l'initiation de ces citoyens à une plus haute lexicographie. Des pseudo-médecins en blouse blanche incarneront l'autorité des éducateurs diplômés, donc respectés, qui demanderont au peloton des déclencheurs de décharges électriques punitives, mais utiles, d'appuyer sur les boutons d'un voltage patriotique croissant, donc de plus en plus pédagogique. La répétition et la gravité des erreurs de mémoire des apprentis du vocabulaire de l'élite seront civiquement châtiés.

Naturellement les prétendues victimes des décharges électriques étaient des acteurs qui hurlaient de douleur sous des électrochocs fictifs ; mais les simianthropes choisis au hasard et stipendiés au titre de tortionnaires de bonne volonté croyaient sincèrement soumettre les candidats-philologues à des souffrances éducatives et hautement bénéfiques, puisque censées accélérer l'acquisition d'un langage plus cultivé au peuple américain. Non seulement l'apprentissage accéléré du dictionnaire par la médiation efficace de la souffrance était moralisante à souhait, mais nécessaire à la consolidation du civisme démocratique.

Quarante ans plus tard, la torture réconfortante se trouve à nouveau légalisée aux Etats-Unis et l'emprisonnement sans jugement validé sous le sceptre des idéaux de la démocratie universelle. Mais, en 1963 déjà, plus de quatre-vingt dix-sept pour cent des pieux Torquemada obéissaient aveuglément aux ordres qu'ils croyaient utiles à la politique de leur pays; et l'expérience de la banalisation médicale de l'éducation nationale sous des piqûres de rappel patriotiques a été renouvelée au profit d'un vaste public français et à une heure de grande écoute à la télévision française le 16 mars 2010, sur ARTE. Qu'ont pensé après coup les honnêtes citoyens dont l'aventure thérapeutique avait permis de filmer la mise sous pression du principe d'autorité auquel le genre simiohumain se révèle soumis? Beaucoup en ont bien ri, quelques-uns ont été dépités de s'être laissés flouer et une poignée seulement en a exprimé de la honte. Mais aucun ne s'est demandé: "Quel est le poids qu'une autorité publique contrefaite exerce sur la parole de vérité de la France."

11 - La France d'aujourd'hui et la pensée politique

A l'heure des élections présidentielles, combien de simianthropes se disent-ils: "Nous ne savons pas sous quelle autorité nous nous sommes vaporisés. Comment se fait-il que le peuple allemand n'ait pas d'yeux pour l'autorité honteuse qu'exercent sur le gouvernement deux cents garnisons de l'étranger chargées de quadriller le territoire de la nation depuis 1945? Comment se fait-il que le peuple italien n'ait pas de globe oculaire pour l'autorité qu'exercent sur les restes de l'Etat romain cent trente sept châteaux forts américains incrustés sur le territoire de cette démocratie et qui ne cessent d'étendre leur rayon d'action sous la bannière humiliée de la République de Cavour et de Garibaldi? Comment se fait-il que le peuple japonais n'ait pas honte de recevoir des décharges électriques afin d'apprendre le vocabulaire de l'occupant dont le sceptre met le pays sous tutelle militaire depuis 1945? Comment se fait-il que le gouvernement français, qui représente la souveraineté du peuple depuis 1789, n'ait pas honte de l'autorité qu'exerce Israël sur la ville de Gaza et sur la Cisjordanie? Comment se fait-il que le simianthrope arbore des masques moraux sous lesquels il cache de plus en plus difficilement sa soumission à la torture que ses maîtres exercent sur son vocabulaire? Qu'en est-il de l'autorité qu'exercent les nations souveraines sur la scène du monde et qu'en est-il du suffrage universel sans pupille qui interdit aux Français de poser des questions locomotrices à aucun candidat de la honte à l'exercice de la magistrature suprême?

On voit comment la pesée anthropologique du cerveau d'une France placée sous la pression de corps électoraux eux-mêmes soumis à des décharges électriques bouleverse la réflexion sur l'apprentissage du vocabulaire de la honte à la démocratie mondiale. Pascal s'était contenté de démontrer que la vérité est serve de la géographie et que la domestication de la parole simiohumaine se résume en sept mots-clés de la politologie classique: "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà." Mais si le scannage de la vertu d'obéissance gravée dans le langage de la honte et soumise à des décharges électriques d'un voltage croissant dans le ciel et sur la terre, si ce scannage de l'humiliation démocratique, dis-je, se focalise au point de croisement entre le vrai et le faux et si ce carrefour de nos vassalisations langagières nous renvoie à la psychobiologie d'un esclavage qui, depuis l'apparition des sociétés réflexives, commande l'histoire du juste et de l'injuste, si le concept d'autorité protège et asphyxie, rassure et étouffe, tue et donne la vie à toute la problématique du discours qui régit le dictionnaire des sciences humaines, que signifie le tangage phonétique de la planète en ce début du XXIe siècle ? Car l'heure est revenue où la pesée des vapeurs religieuses et celle des odeurs de la politique internationale en appelle à la pesée du voltage de la philologie. Autrement dit, quel chemin du vocabulaire la civilisation mondiale doit-elle emprunter afin de bénéficier autant que faire se pourra des victoires de l'intelligence lexicographique?

12 - Les masques dévots de la servitude

Les vassaux revêtent les mots du beau langage de leur souveraineté perdue. Exemple: Le Monde du 2 avril 2012 titrait: "Voulue par la France et l'Allemagne, la défense de l'Europe souffre des limites imposées par d'autres Etats soucieux de préserver le rôle de l'OTAN. Mais la crise budgétaire pourrait relancer une défense plus intégrée." Sous le microscope de l'anthropologie du sacré, ce vocabulaire signifie que les deux puissances du Vieux Monde dont l'ombre demeure présente dans l'arène internationale voient la coalition des petits Etats, encouragés par l'Angleterre, remettre entre les mains de Washington, le sceptre de l'occupation militaire perpétuelle du Vieux Continent; de plus, la crise de la monnaie unique et la ruine des finances publiques du Vieux Continent rendront définitive une vassalité à présenter sous les traits d'une victoire de la démocratie.

On voit que les expressions "préserver le rôle de l'OTAN" et "relancer une défense plus intégrée" servent de masques vocaux à une capitulation politique et que le discours de l'apprentissage roboratif, vertueux et permanent de la démocratie mondiale obéit au même modèle que le raffermissement annuel de la croyance en l'immortalité écarlate de san Gennaro. Quant à la chute miraculeuse du World Trade Center sous les coups de boutoir d'un empire du "Mal" incarné par Al Qaida, elle nous rappelle la chute de l'empire romain: si Dieu avait expédié les barbares ravager Rome en 410, c'était, selon saint Augustin, afin de démontrer à tout l'univers que sa gloire et sa puissance ne sauraient se mesurer à l'aune de la prospérité d'un empire terrestre. De même, le règne de la Liberté n'a que faire de la puissance des uns et de la déchéance des autres: l'empire universel de la vérité démocratique est le paradis qui sert de surplomb à la politique mondiale et ce dieu-là reconnaîtra les siens au poids de leur croix ou à la légèreté de leurs ailes. L'anthropologie critique décrypte l'histoire à l'école des documents psychobiologiques que lui présentent les mythes sacrés.

13 - Le scalpel de la pensée

Depuis les origines, tout groupe humain se résigne à tracer une frontière fatalement arbitraire entre les vérités qu'il sera permis d'énoncer au vu des circonstances et les évidence que le sujet pensant se verra interdire de faire connaître à ses congénères enténébrés. Aussi la sévérité des sentinelles de la capitulation intellectuelle des sociétés démocratiques varie-t-elle ses affichages selon que les Pyrénées séparent diversement et inégalement les droits du savoir de ceux que revendique l'asservissement aux croyances. Au Moyen Age, on ne donnait pas cher de la peau des mécréants de sens rassis; mais de nos jours, vous sentirez diablement le fagot si vous vous avisez de douter publiquement de la légitimité de l'Etat d'Israël en droit international ou de l'orthodoxie qui sanctifie tel ou tel récit des évènements proclamés canoniques par les évangélistes de la politique des démocraties.

Certes, la liberté de pensée est toujours locale, partielle et confessionnalisée. A chaque siècle, il est périlleux de réfléchir, périlleux de tracer son chemin entre les vérités doctrinales et les hérésies utiles, périlleux de se réclamer des droits de la pensée rationnelle face à de simples croyances. Mais, de nos jours, il s'agit de l'avenir de la planète de la pensée; et si vous ne pouvez vous permettre de démontrer que le printemps arabe se prononcera nécessairement en faveur des principes universels dont la démocratie mondiale se réclame, s'il vous est interdit, sous peine de vous trouver cité à comparaître devant le tribunal de l'orthodoxie des modernes, de démontrer qu'Israël échouera à combattre toujours les idéaux de 1789 au Moyen Orient, qu'Israël échouera à entraîner toujours l'Occident dans une guerre mondiale contre l'Iran, qu'Israël échouera à revendiquer toujours son identité spécifique sur toute la terre habitée, qu'Israël échouera à contraindre toujours l'humanité à assister les bras croisés au siège sanglant de Gaza et à la conquête armée de la Cisjordanie, vos muselières ne bloqueront jamais qu'en vain et pour fort peu de temps l'histoire politique et cérébrale du genre simiohumain, tellement le regard de l'anthropologue sur une espèce placée sous des décharges électriques croissantes ne cessera d'aiguiser le scalpel de la pensée.

Le 8 avril 2011

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