Tribunes de Philosophes

"L'australopithecus Sediba et nous" par Manuel de DIEGUEZ, un des plus grands philosophes contemporains.

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[Photo: Université du Witwatersrand - L’Australopithecus sediba

Un nouveau départ de l'anthropologie critique

 Afin d'éclairer la situation politique au Moyen Orient des feux d'une science post-darwinienne des nations, il convient d'évoquer la découverte décisive, en 2008, de l'australopithecus Sediba dans la caverne de Maliba, à l'est de Johannesburg, qui permet enfin de faire débarquer la paléo-anthropologie dans l'interprétation en direct de la politique mémorisée et de l'histoire écrite de l'humanité. Ce fossile extraordinaire nous livre le secret anatomique de la chute ou de l'ascension de la boîte osseuse du chimpanzé dans des univers mentaux véhiculés par le langage. 

Le processus de reconnaissance d'un Etat palestinien se trouvant déclenché depuis le 23 septembre 2011, le moment est venu d'étendre le regard de la géopolitique sur l'humanité et sur son histoire.

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La découverte, en 2008, dans la caverne de Maliba, à l'ouest de Johannesburg de l'australopithèque Sediba se situe d'emblée dans le champ visuel d'une anthropologie guetteuse d'une mutation du regard des sciences humaines sur l'histoire et la politique des successeurs de Darwin. La parution, en 1859, de L'Evolution des espèces du grand Anglais n'avait pas modifié notre rétine. Notre connaissance de l'inconscient de l'espèce de raison qui nous pilote demeurait dans les limbes. Sur les parois de notre antre, nous observions encore les mêmes scènes que le globe oculaire d'Homère, d'Hésiode, de Virgile ou de Lucrèce. Certes, notre recul était allé jusqu'au téléobjectif de Pascal qui nous livrait à un "boucher obscur" que nous avions chargé de nous assassiner, lequel nous assassinat un par un sur la goutte de boue errante qui nous balade dans l'infini. Mais l'auteur des Pensées s'essayait à nous effrayer au spectacle de notre misère: si nous ne nous agrippions, nous disait-il, à la bouée que notre créateur nous avait lancée dans l'immensité, nous n'étions que des insectes épouvantés; puis, en raisonneur impénitent, ce théologien de notre caverne prétendait que notre géniteur existait du fait qu'il était impossible que nous fussions les animalcules terrorisés dans le néant auquel nous nous trouverions réduits en l'absence de Jupiter.

Du coup notre anthropologie ne disposait encore que d'une boussole affolée à l'école de notre effroi. Certes, nous étions capables de porter sur notre minusculité le même regard de haut que notre secouriste jetait à sa créature désemparée, mais nous manquions encore du télescope dont nous disposons maintenant et qui nous éclaire sur la pauvreté d'esprit de feu notre géniteur. Et maintenant, grâce à la découverte du fossile de Sediba, nous parvenons peu ou prou à tirer les premières conséquences logiques des infirmités cérébrales de notre Dieu mort. Voyez le Dieu-ogre, le Dieu-assassin, le Dieu des châtiments éternels: déjà nous prenons la mesure de l'animal intermédiaire que notre évolution cérébrale a placé à une grande distance de l'homo sapiens à venir - celui dont les traits commencent à peine de se dessiner dans le lointain.

On comprend qu'une si grande mutation du regard que nos sciences prématurément qualifiées d'humaines portent sur notre devenir fournisse à notre future anthropologie critique quelques cases de l'échiquier épistémologique dont Darwin ne pouvait disposer il y a un siècle et demi. Nous sommes désormais en apprentissage de l'endroit précis d'où l'homme à venir portera un regard plongeant sur l'animal mythique qui prétendait nous avoir créés. Bien plus : nous commençons de radiographier la bête politique suprême que nous avions colloquée dans le ciel et dont notre aveuglement avait fait notre idole.

L'australopithecus Sediba est la perle précieuse de la paléo-anthropologie qui contraint non seulement la simiohumanité du XXIe siècle, mais également celle de toute la tradition introspective de la philosophie occidentale à porter sur notre espèce le regard plus dédoublé que jamais d'un Socrate à venir afin de tenter de tracer à son écoute la frontière qui sépare la bête relativement humanisée et devenue locutrice de l'animal en route vers l'homme imprévisible que nous ne deviendrons sans doute jamais.

Voyons de plus près les rudiments d'une initiation à la connaissance de l'intelligence propre à une espèce désormais privée de contrefort bavard dans l'immensité et condamnée par le vide qu'elle habite à se construire à grands frais des signifiants désespérément scindés entre le réel et le rêve.

 1- Interpréter les interprétations
 2 - Le premier homme-singe
 3 - L'australopithecus Sédiba et la philosophie
 4 - La parole et les croyances 
 5 - Le langage et les sorciers
 6 - De l'apparition du conteur
 7 - Une phénoménologie existentielle de la naissance de la littérature 
 8 - La parole créatrice
 9 - Et nous ?
 10 - Israël 
 11 - La nature profératrice 
 12 - Sediba aujourd'hui 
 13 - La balance à peser les balances

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1 - Interpréter les interprétations 

Le lecteur de ce site sait que, depuis vingt et un semestres maintenant, je tente d'inquiéter la science historique et de tourmenter la géopolitique à force de leur tendre un miroir dans lequel leur problématique et leur méthodologie conquerraient un espace trans-événementiel; car l'anthropologie traditionnelle ne dispose ni d'une connaissance distanciée des mythes religieux, ni du recul d'une généalogie critique de l'histoire de l'encéphale actuel de l'humanité, ni de spectrographies de la notion même de raison, donc d'un regard soupçonneux sur le guide de l'entendement et des jugements du singe-homme, que j'appelle le simianthrope ou le pithécanthrope. Pour l'instant, il n'existe qu'une seule institution dont l'ambition se veut parallèle à celle de mon anthropologie critique, donc philosophique et qui entende aboutir à une réflexion de fond sur les prises de vue successives de sa spécificité cérébrale que notre espèce a élaborées - à savoir l'Institut Max Planck de Leipzig.

Mais mon illustre interlocuteur allemand n'élabore encore qu'une "anthropologie évolutionniste" ambiguë, en ce qu'elle se situera sur deux terrains méthodologiques censés se confondre, alors qu'il s'agit de les féconder côte à côte à l'école d'une réflexion proprement anthropologique dont la notion de synthèse intellectuelle ferait l'objet: d'une part, l'ambition originelle des Germains de rassembler les documents matériels qui témoignent de la continuité des métamorphoses profitables de l'ossature du successeur de l'anthropopithèque demeure évidemment indispensable, de l'autre, une anthropologie d'outre-Rhin déjà qualifiée d'"évolutionniste" renvoie nécessairement à un sens dédoublé et demeuré imprécis du terme d'évolution: car la méthodologie à laquelle mon anthropologie philosophique fait appel évolue elle-même dans une interprétation que je voudrais heuristique de l'échiquier sur lequel il convient de placer l'histoire de notre squelette, et ce type de labour du champ épistémologique toujours en gestation de l'évolutionnisme porte essentiellement sur la problématique nécessairement provisoire qui sous-tend une observation en devenir par définition: on étudie aussi superficiellement l'évolution des grilles de lectures d'une discipline scientifique à partir d'une assise acéphale et qui nous serait fournie d'avance qu'on n'étudie sérieusement les théologies sur le fondement doctrinal présupposé immuable d'une orthodoxie révélée. Quels sont les changements de perspective, donc de globe oculaire qui ont commandé les décodages du phénomène de l'évolution depuis 1859? Auguste Comte demandait au kantisme si nous pouvons observer les mutations de notre cerveau du dehors.

2 - Le premier homme-singe

Or, en 2008, les paléo anthropologues sud-africains ont découvert dans la grotte de Maliba un fossile qui nous montre enfin le chemin qu'il faudra suivre pour passer du décryptage d'une anthropologie du constat dont le mutisme nous apprenait seulement que le squelette de notre espèce se modifie sous la poigne du temps, à l'élaboration d'une anthropologie plus loquace et qui se voudrait une lectrice "avertie" du sens des réseaux théoriques ambitieux de déchiffrer ce prodige de la nature, donc attentive à mettre sur pied une raison capable de peser la portée et la qualité de l'histoire du développement progressif de notre boîte osseuse. Il s'agit de la découverte du premier homme-singe, l'australopithecus Sediba, qui nous fournit enfin un maillon précieux entre deux bêtes aussi éphémères l'une que l'autre: l'animal semi humain d'un côté - le lecteur de ce site le connaît depuis 2001 sous les néologismes de simianthrope et de pithécanthrope (voir mon Une histoire de l'intelligence, Fayard 1986) et l'animal contemporain de l'autre. Le Sediba demeure un semi-quadrupède en ce que son talon est demeuré celui du singe, alors que sa cheville est devenue celle d'un homme. De plus, sa main s'arme d'un pouce un peu plus court que le nôtre, mais qui le rend capable de fabriquer des objets, tandis que son cerveau transitoire, d'un cubage de quatre cent vingt centimètres cubes seulement, possède le renflement pariétal gauche qui permettra à ses descendants trans-hurleurs de se doter d'un langage délicieusement modulé.

Un cube de neurones de sept centimètres et quarante neuf centièmes de côté, voilà la minuscule machinerie cogitante qui conduira à "l'énorme masse de cervelle" qui stupéfiera les peseurs de la boîte osseuse de Pascal quelque deux millions d'années plus tard. Comment rendre intelligible une épopée osseuse de ce genre si nous ne possédons ni le gouvernail, ni la carte marine dont le navigateur, c'est-à-dire la nature, s'est servie et si n'avons recueilli que quelques bouées éparses dans son sillage?

Difficile séquence filmique: bien que cette découverte remonte à 2008, comme il est dit plus haut, elle n'a été exposée qu'aujourd'hui aux rayons du synchrotron le plus puissant du monde, celui de Grenoble, qui a démontré que ce fossile remonte à deux millions d'années seulement, donc à un million de girations de moins de notre astéroïde autour du soleil que l'os frontal de Lucy.

3 - L'australopithecus Sédiba et la philosophie

Plus de sept mille biologistes moléculaires, paléo-anthropologues, pharmacologues, géophysiciens, historiens de l'art, mais aucun philosophe sont accourus à Grenoble depuis la parution de cinq articles que la célèbre revue Science a consacrés à ce jeune homme de treize ans, mais déjà un homme.. C'est que l' anthropologie mondiale semble avoir tout de suite compris que des douzaines de carrières scientifiques d'un type inédit se fonderont sur les interprétations à venir du fossile le plus extraordinairement conservé et le plus polyvalent qui ait jamais été découvert. Pourquoi cet engouement universel ? Parce qu'il s'agit du premier rendez-vous physique de l'anthropologie critique moderne avec une philosophie en mesure d'interpréter la dissymétrie grandissante entre les deux lobes cérébraux qu'illustre ce fossile, ce qui confirme mon hypothèse selon laquelle le développement du langage a conduit à une spécialisation sans cesse accrue des deux hémisphères de notre boîte crânienne. La question centrale que soulève l'australopithecus Sediba n'est donc autre que celle dont la philosophie traite depuis Platon, mais la religion depuis le paléolithique. Car si le langage a enfanté le surréel et le surnaturel et si la parole est le maître d'armes qui a divisé l'intelligence en germe du simianthrope entre les fruits abondants de ses mythologies, d'une part, et une réalité physique énigmatique, d'autre part, le sens de notre évolution cérébrale nous serait-il suggéré par une pesée de la schizoïdie qui caractérise nos scanners anthropologiques évolutifs?

Dans ce cas, quelle révolution des méthodes qui commandaient les radiographies incertaines de l'histoire de la philosophie! Car, depuis Socrate, les philosophes observent et pèsent le crâne de l'humanité ; et maintenant on leur apporte le premier crâne semi-humain, et maintenant la philosophie d'école est aux abois, elle qui n'avait jamais jeté un coup d'œil au petit cube de neurones décrit ci-dessus, et maintenant les scolastiques de tous bords et de tout acabit se tordent de douleur sur le grill de la question de Socrate, celle de savoir sur quelle balance peser l'animal. Sediba signifie la source en langue sotho. Cette source frappe d'excommunication majeure les philosophes qui se sont écartés de la piste qui va de Socrate à Nietzsche en passant par Descartes, Kant et Hume et qui se sont égarés à décrypter les rouages du cosmos aux côtés des physiciens, au lieu d'observer leur propre logiciel.

4 - La parole et les croyances

Que nous enseigne ce fil d'Ariane? Depuis l'apparition du chaînon absent entre l'australopithèque et le Sediba, notre espèce se trouve diversement livrée à des engrenages cérébraux que nous appelons des croyances, de sorte que nos congénères se partagent entre les spécimens au jugement desquels le "vrai" serait invisible à nos yeux de chair, donc transcendant au monde physique dont témoignent nos sens et les sujets qui soutiennent que seul l'observable et le tangible nous fourniraient des connaissances certaines. Mais ni l'un, ni l'autre type d'interrogateurs ne distingue encore clairement la certitude portant sur des faits de la certitude portant sur des signifiants.

Lee Berger, le découvreur de l'animal en voyage entre le quadrupède et le bipède, ignore si le singe dichotomisé parlait déjà. Bien que nos satellites d'observation aient permis de localiser cinq cents grottes à explorer à l'ouest de Johannesburg, nous ne possédons encore que trois hommes originels de plus que le célèbre australopithecus Sediba. Peut-être saurons-nous un jour si ce primate respirait dans l'univers des convictions qu'enfantent des sons et du sens confondus et qui caractérisent le langage sommital et hyper sélectionné des poètes. Mais peu importe: d'ores et déjà le Sediba donne un puissant élan à l'anthropologie critique et philosophique mondiale - bis repetita placent - parce qu'il devient enfin possible de donner toute sa portée anthropologique à la spectrographie du fonctionnement psychique du langage censé accoucher ou non du monde physique dans les esprits - on sait que des univers mentaux entièrement fantasmés parviennent à se substituer au monde matériel et à lever des armées de piques, de lances et de hallebardes en leur nom. Quel est donc le rôle politique et guerrier que joue désormais - et au cœur de la géopolitique contemporaine - la parole mythifiée par le relais glorieux de l'écriture ? Décidément, Sediba se soude sous nos yeux à la science historique du XXIe siècle.

5 - Le langage et les sorciers

A l'origine, ce sont le droit et le sacré qui ont servi de réceptacles en quelque sorte naturels à la magie selon laquelle le langage que sécrète l'hémisphère gauche du singe locuteur exercerait des effets mécaniques mesurables et enregistrables à l'école de l'expérience. En droit romain, des formules apprises et récitées par cœur validaient les contrats, à la condition expresse qu'elles fussent prononcées avec une exactitude syllabique, faute de quoi la transaction se trouvait frappée de nullité. Mais, visiblement, les liturgies religieuses avaient précédé la sacralisation d'une gestuelle légiférante coulée dans le moule immuable d'un formalisme juridique dicté par les dieux. L'idole voulait entendre mot à mot le postulant ou le quémandeur; et c'était respecter l'autorité et la puissance de leur ciel que de se soumettre aux règles de la politesse inscrites dans les dévotions et les prières minutieusement formalisées dont Jupiter, Osiris ou les esprits répandus dans l'étendue étaient demandeurs.

Puis l'écriture a joué le rôle d'un support matériel des courtoisies du langage. Du coup, le domicile de l'idole a pu passer des murailles de son temple à la forteresse d'un graphisme qui substantifiait et rendait immémoriaux les vocables désormais dotés de contours pétrifiés et soustraits, par leur effigie immuable, à l'énonciation fragile et changeante des bavards. Enfin la parole du ciel s'est trouvée armée de la capacité originelle des greffiers d'agir à distance sur la matière elle-même. Au XVIe siècle, le grand juriste bâlois, Boniface Amerbach demande son avis et son secours à Erasme, réfugié à Fribourg : la ville venait de basculer dans le rationalisme protestant. En conséquence elle demande aux catholiques de sens rassis et qui occupent des fonctions officielles ou du moins estimables dans une cité désormais vouée aux victoires de l'intelligence de renoncer au mythe, devenu irresponsable dans l'ordre politique, selon lequel le pain et le vin de la messe changeraient stupidement de molécules à l'écoute de la parole des prêtres. Amerbach est affolé: comment douterait-il des paroles du Christ rapportées par écrit et qui lui font dire en toutes lettres: "Ceci est mon corps" - peut-être montra-t-il du doigt le pain qu'il mangeait - et "Ceci est mon sang" pour nommer le vin qu'il buvait?

On voit que, plus de deux millénaires après Homère, qui faisait lucidement fonctionner le langage figuré et la métaphore, l'encéphale du simianthrope a pu retomber massivement et durablement dans la sorcellerie selon laquelle le langage exercerait une action physique et à distance sur la matière. Bien plus, pendant des siècles, le Moyen Age a fait vivre l'anthropopithecus loquens dans un cosmos régi du matin au soir par une théologie impérieusement substantificatrice - et l'on sait que l'Eglise catholique d'aujourd'hui valide encore expressément les chapitres de saint Thomas d'Aquin consacrés à la description des corps éternels et aux récits qui vous racontent par le menu la vie quotidienne des ressuscités transportés en chair et en os au paradis.

6 - De l'apparition du conteur

On voit que la découverte de Lee Berger bouleverse la réflexion anthropologique contemporaine jusque dans ses fondements, et cela nullement parce que l'existence du singe-homme serait demeurée douteuse depuis Darwin, mais parce qu'il fallait disposer d'un spécimen en mesure de nous mettre la transition physique d'une espèce à une autre sous les yeux. Nous sommes donc enfin autorisés à poser les questions de fond que les sciences humaines ne pouvaient soulever avant qu'elles n'y fussent contraintes par des preuves de visu: si vous placez sous les rayons Röntgen du synchrotron de Grenoble un cerveau intermédiaire, donc passager entre celui du singe accompli et celui du singe modifié, comment ne vous poseriez-vous pas la question philosophique des relations que la parole entretient avec les verbes expliquer et comprendre? Où nous conduit-elle, la bipolarité cérébrale d'une espèce scindée de naissance entre deux encéphales sonorisés à une double école et dont les jugements reposent sur la dichotomie originelle et énigmatique d'une cervelle divisée entre les mots et les choses? Comment l'identité réelle, donc mentale du singe parlant a-t-elle été enfantée par la parole, comment le discours s'est-il ancré dès l'origine dans des mondes irréels et fabuleux?

Pour le comprendre, il faut observer comment la vie cérébralisée du simianthrope est née du glissement de la parole au récit signifiant et comment l'illustration narrative a servi d'outil à la mythologie au point que le conteur ou le récitant se sont révélés les instruments de la victoire de la bête devenue locutrice sur l'espace et le temps eux-mêmes.

7 - Une phénoménologie existentielle de la naissance de la littérature

Les évènements coulent et s'entrecroisent en une pluie universelle et incontrôlable, les évènements sautillent ou s'étendent à l'infini, les évènements nous accablent d'une ubiquité insaisissable, les évènements se jouent du rythme régulier de nos horloges, les évènements bondissent d'un endroit à l'autre au mépris de toute chronologie mesurable - ce soir, je raconterai ma journée à la horde, ce soir la durée changera de cadence dans la caverne, ce soir le temps se rapetissera, se rabougrira, se ratatinera ou enflera à l'écoute de ma voix - ce soir ma parole maîtrisera l'immensité.

Et l'espace, voyez comme il va suivre le chemin dicté par mon récit! D'abord, je mets les évènements en file d'attente; ensuite, je leur donne tels contours et tels angles, tels coloris, telles résonnances, et voyez comme mes congénères sont devenus attentifs, voyez comme ils entrent dans un univers plus vrai que l'autre, voyez comme le monde se glisse pas à pas dans les signes que ma bouche et les intonations contrôlées de ma voix lui imposent. Et maintenant, mes frères inférieurs sont sortis du chaos, et maintenant les évènements viennent se ranger docilement à la place que je leur ai assignée dans la grotte, et maintenant, le monde se change en un tissu odorant et sonore. J'ai soumis la nuit et le jour aux orgues du tragique et aux gambades du rire.

8 - La parole créatrice

En vérité, le récit, c'est l'histoire domptée; mais voyez comme la durée va prendre sa revanche et me dompter en retour. Me voici placé, moi aussi, sous le sceptre du langage et soumis à la férule des mots. Quels sont ces mondes angoissants vers lesquels ma voix ne cesse de m'entraîner? Voici que mon récit déménage et qu'il va se loger hors de mon corps; et pourtant, il habite mon cœur, ma tête, mes poumons et ma gorge. Voici que j'habite ma voix et que ma voix vient habiter mes congénères fascinés, éblouis, subjugués. Comment se fait-il que nous habitons à la fois ailleurs et au plus profond de nos entrailles, comment se fait-il que le chapelet des évènements et des jours se range docilement dans le royaume lointain, étincelant et souverain où nous sommes domiciliés, mais seulement de passage?

Demain la chasse m'attend, demain l'auroch absent guettera son clouage sur les parois de ma grotte, demain l'espace et le temps seront à reconquérir à l'école de ma voix, demain mon récit rassemblera de nouveau le troupeau obéissant des évènements. Comment se fait-il que ma narration me monte aux lèvres, comment se fait-il qu'elle me soit livrée en retour par mes congénères rassemblés dans l'attente et dans l'écoute du royaume dont ils sont habités? Y aurait-il quelqu'un derrière ces décors? Et si je faisais parler l'ailleurs qui me dicte mon récit? Si je plaçais à mes côtés le locuteur que j'habite et dont je suis habité? Peut-être le temps et l'espace encore en désordre et qui se pressent au dehors viendront-ils parler à ces parois et nous raconter la lune, le soleil et tout le peuple des étoiles? Et si le récitant qui se cache dans la nuit se montrait en plein jour, nous dirait-il qui nous sommes et quel est notre véritable habitat?

9 - Et nous ?

Cessons un instant de faire parler notre conteur dans la caverne de Maliba. S'il franchissait en un éclair les deux millions d'années de tournoiement de notre toupie qui nous séparent de ce maître de la "température littéraire", comme disait Mauriac, serait-il dépaysé par nos récits à nous, alors que, des siens, il disait qu'ils étaient le cœur du monde, la clé de la tension des vivants, les porteurs de la vérité des âmes? Son génie se montrerait-il dépassé par celui de nos grands narrateurs?

Vérification faite, nous nous racontons encore la même histoire que lui, nous demeurons placés sur les bancs de la même école où nos poètes nous chantent notre aventure sur la terre et dans le royaume de nos songes - nous nous ancrons dans un monde onirique, irréel et fabuleux. Simenon: "La pluie tombait à torrents, une pluie d'été longue et fluide qui traçait des hachures claires dans la nuit. Il faisait bon, un peu lourd, dans la vaste caverne."

10 - Israël

Voyez Israël: toute la politique contemporaine au Moyen Orient illustre à quel point la géopolitique du XXIe siècle redécouvre les vertus "explicatives" du récit biblique. Qu'en est-il de ce moteur à la fois physique et fabuleux du compréhensible, qu'en est-il de la caverne qu'occupe ce peuple mythologique de la tête aux pieds et qui court droit devant lui sans seulement apercevoir le paysage réel du monde qui l'entoure? Si ses signifiants sacrés disparaissaient de la mémoire du monde, il n'y a aucune raison de croire que le type de simianthropes qui se forge l'intelligible sur l'enclume d'une terre sacralisée et d'une histoire mythologisée disparaîtrait avec eux, tellement l'encéphale biphasé de notre espèce a pris l'élan de ses récitatifs oniriques il y a deux millions d'années chez un australopithèque narrateur. Du reste, comme se le disent sans doute les uns aux autres les chercheurs de l'Institut Max Planck de Leipzig, l'évidence s'impose à notre génération que notre espèce n'évolue pas seulement sous la contrainte de notre lente et mystérieuse adaptation physique aux modifications de notre environnement naturel, mais bien davantage à l'école des mutations de nos vocalises toujours mystérieusement téléguidées par des conditions extérieures mécaniquement contraignantes.

Du coup, l'anthropologie interprétative, donc expliquante, qu'impose la découverte du Sediba est celle qui s'interrogera sur la manière dont le singe chanteur orchestre sa compréhension mythique du monde. Car sa voix donne son souffle au récit dans un univers dont les arpèges enfantent des signifiants inspirés par le fantastique. J'ai observé plus haut que cette généalogie du tissu du sens s'est donné les relais du droit civil et des dieux pour berceaux et que l'identité politico-musicale actuelle d'Israël illustre l'étoffe primordiale et immuable du récit sacré des origines.

11 - La nature profératrice

Un peuple alphabétisé depuis trois millénaires dans son antre fera-t-il retentir la caverne des notes d'une humanité assujettie à des Pythies seulement matérielles - statues, montagnes sacrées, caveaux funéraires, amulettes, cierges, crucifix - ou bien brandira-t-il des totems vocaux somptueux? Un historien de la Révolution française, Mercier, raconte une tempête dans l'univers des signes et des signaux: "Les reliques de saint Geneviève furent brûlées en place de Grève, parce qu'elles avaient contribué à faire bouillir la marmite des rois fainéants (…). On jetait saints de bois, missels, bréviaires, heures de sainte Brigitte, Ancien et Nouveau Testaments dans des bûchers dont la flamme montait jusqu'au deuxième étage des maisons. (…) Ici, des mulets chargés de croix, de chandeliers, de bénitiers, d'encensoirs, de goupillons; là les sectateurs du nouveau culte assis à califourchon sur des ânes en chasubles les guidaient avec des étoles et s'arrêtaient à la porte des cabaretiers qui leur versaient à boire dans des vases enlevés aux autels."

Des oracles devenus abstraits et élégamment gravés avec des plumes d'oie sur de coûteux parchemins sont-ils plus heuristiques que des oracles sacralisés par leur graphisme et devant lesquels s'agenouillaient nos ancêtres? Les tests censés peser le quotient intellectuel de l'humanité seraient-ils préconstruits à leur tour sur des modèles cérébraux conçus afin de vérifier leur langage à tous coups?

Il existe des tomes d'écrits censés vous démontrer l'existence inégalement vaporisée de tel Dieu ou de tel autre, mais tous attentifs à se tenir en suspension dans l'espace, il existe des "preuves expérimentales" à déposer sur des balances dont les plateaux démontreraient que les routines aveugles de la matière cosmique légaliseraient un cosmos à juridifier et que toute la routine des choses serait euclidienne, donc au service de la logique dont les habitudes des atomes sont supposées véhiculer les verdicts et la magistrature. Mais quels sont les ressorts cérébraux du Sediba qui chargent les coutumes de la nature de prononcer les jugements des tribunaux du signifiant? Le concept est un outil simiohumain; mais l'auroch peint sur les parois des cavernes n'était déjà plus l'animal que le chasseur rencontrait dans la nature : c'était un auroch surréel, téléguidé, emblématique, métaphorique, figuré et sacralisé, en un mot, une bête oraculaire, elle aussi, donc porteuse, à ce titre, de la voix et de la parole du premier poète de la horde.

12 - Sediba aujourd'hui

On voit que la découverte du Sediba ouvre la paléontologie à une généalogie critique du savoir semi animal d'hier et de tous les temps. Quels sont les présupposés latents et largement inconscients dont se nourrit sa majesté, la vérité ? On a gravé sur les banderoles que ce personnage fait flotter dans les airs le spectre du signifiant suprême, mais il n'est pas de signifiant qui ne serve d'écriteau à un désir, une ambition, une volonté, une folie de l'humanité. Pour percer ces mystères, il faut apprendre à placer sous les rayons du synchrotron de Grenoble l'urne osseuse de nos Sediba les plus récents, les Platon, les Kant, les Descartes, les Spinoza et observer comment s'était construit l'oracle focal que ces "sources" faisaient parler et qu'elles appelaient la vérité.

La première leçon de la grotte de Maliba est la suivante: toute découverte scientifique ou philosophique découle de la dénonciation d'une faute de logique élémentaire et demeurée inaperçue. La faute élémentaire de logique qui rend l'anthropologie d'aujourd'hui contradictoire dans son fondement même est la volonté de cette discipline d'observer l'histoire du crâne simiohumain à partir du présupposé ridicule selon lequel cet organe serait parvenu au terme de son évolution naturelle et qu'il se serait définitivement arrêté pour avoir atteint la perfection. A ce compte, comment apprendrions-nous à porter notre regard sur le tragique inachèvement du singe-homme actuel ? Comment serions-nous seulement en mesure de découvrir les critères qui nous permettraient de chercher à connaître notre simiohumanité, tantôt en tant que telle, tantôt en cours de route, si nous ne disposons pas de rétroviseur qui donnerait son sens au chemin parcouru , si nous ignorons à quelle borne nous avons fait halte, si nous ne construisons pas les lunettes du rétrospectif, si nous ne visitons pas les auberges que Chronos a placées sur notre itinéraire?

Et puis, comment pèserions-nous l'encéphale risible dont le XIIe siècle nous avait dotés, comment constaterions-nous que le cubage cérébral impressionnant du Sediba cartesianus, du Sediba pascalis, du Sediba kantius, était du triple de celui de mon voisin? Et puis, comme ferions-nous rire les pédagogues de notre évolution si nous ne plaçons pas sous nos microscopes le Sediba Aristophanius qui avait rendu comique l'encéphale religieux des Athéniens dans Les Oiseaux? On ignore les obstacles que la horde opposait aux premiers exploits vocaux de Sediba - mais nous savons que le langage falsifié qui sous-tend et paralyse la critique anthropologique du sacré démocratique d'aujourd'hui interdit encore à notre simianthropologie pseudo scientifique de calibrer ses propres pesées.

La seconde leçon de la grotte est une objurgation aux pithécanthropologues: cessez de confondre les cerveaux-éponges avec les cerveaux heuristiques et les logiciels du combinatoire avec les prospectifs. Einstein était un très médiocre physicien-mathématicien. De ses confrères, il disait qu'ils connaissaient par cœur les recette de la physique, mais qu'ils ne comprenaient rien au génie, parce que les cerveaux lance-missiles mettent en évidence des relations entre des faits tellement éloignés en apparence les uns des autres qu'ils semblent n'entretenir aucun rapport entre eux. Mais si ces liens se trouvaient localisés dans l'enceinte d'une science établie, il suffirait de les y chercher la loupe à l'œil - alors que nous savons depuis Kant que les synthèses intellectives ne sont jamais fournies que de l'extérieur des échiquiers connus et que le génie est le supercambrioleur qui fait sauter les serrures de l'univers à l'école d'une autre problématique, celle des brigands de leur superlogique. Croyez-vous que ces pirates de Sedibaracontait un monde tridimensionnel? Aussi longtemps que votre anthropologie n'aura pas construit la balance des poètes, votre science demeurera aussi aveugle à sa propre machinerie cérébrale que l'alchimie, la théologie ou la sorcellerie.

Le seul philosophe qui ait compris l'importance d'un décryptage du sens de notre évolution est Henri Bergson, dont l'anthropologie embryonnaire et tâtonnante distinguait du moins les sociétés dites closes des sociétés inspirées et qu'il qualifiait d'ouvertes. Les premières se replient sur leurs rituels, les secondes se rendent "créatrices". Mais le vitalisme bergsonien ne disposait d'un regard d'anthropologue ni sur les sociétés de sorciers, ni sur les sociétés dites ouvertes, de sorte qu'il ne pouvait préciser ni ce qui constitue l'animal stérilisé par l'esprit magique, ni expliciter ce qu'il fallait entendre par les sociétés "créatrices", puisqu'il ne définissait ni l'enfermement en tant que tel, ni l'ouvert en lui-même. En revanche, l'australopithecus Sediba ouvre l'anthropologie critique à l'observation parallèle de l'homme-singe d'hier et d'aujourd'hui. Comment cet animal construit-il les verbes savoir et comprendre, comment son encéphale schizoïde se met-il à l'école de sa voix, comment bâtit-il ses demeures cérébrales dans le cosmos?

13 - La balance à peser les balances

Si la distanciation intellectuelle n'est jamais donnée d'avance, si le recul de l'intelligence est sans cesse à conquérir, si seul ce recul-là alimente le foyer du devenir cérébral du singe déchiré entre ses deux encéphales, comment leur ferons-nous signer des traités d'alliance et à quelle école les validerons-nous? La question ultime à laquelle ouvre la découverte de Lee Berger est de savoir ce que prouve l'expérience dite probatoire - donc ce que les tests vérificateurs ont la charge de démontrer - autrement dit, comment la science passe du constat assuré à l'hypothèse censée assermentée par les huissiers d'un calculable réputé locuteur.

Mais, encore une fois, la science vouée au décodage anthropologique de l'inconscient de la connaissance dite assurée, n'est-ce pas celle qu'on appelle la philosophie? Heidegger se demandait: "Que signifie penser?" autrement dit, peut-on radiographier les signes et la signalétique censés manifester la "vérité"? Nommez-moi un philosophe qui n'aurait pas placé cette question socratique au cœur de sa discipline! Et maintenant, Sediba nous regarde. Son fossile sera la pierre philosophale du siècle. Que nous dit-il? "Regardez donc comment j'ai commencé de faire de ma voix mon oracle, voyez comment je me suis scindé entre mes idoles et mon corps, voyez comme je flotte dans l'air et comment je rampe sur la terre, voyez comment je sais à moitié que je ne sais rien et à moitié que je sais quelque chose. Je vous le dis, la clé du singe volubile n'est autre que ses croyances; mais je ne sais ni ce que je crois, ni ce que je ne crois pas, puisque j'ignore encore quelles racines le verbe croire plonge dans mon capital psychogénétique. En revanche, ce que je sais, c'est que vous l'avez enfin sous les yeux, l'énigme éclairante que vous êtes tous à vous-même devenus. "

Le 25 septembre 2011

 Visiter le site officiel du philosophe Manuel de Diéguez

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