Tribunes de Philosophes

"Renan, l'islam et la France, 2" par Manuel de Diéguez, un des plus grands philosophes contemporains.

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[Gravure : « Mahomet et les prophètes Abraham, Moïse et Jésus » -  Medieval Persian manuscript depicting Muhammad leading Abraham, Moses and Jesus in prayer - Source: ''The Middle Ages. An Illustrated History'' by Barbara Hanawalt (Oxford University)]

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" On ne peut apprendre la philosophie, on ne peut qu'apprendre à philosopher."
E Kant


1 - Les dieux en chair et en os et le sang de l'histoire
2 - L'enracinement de la théologie dans le besoin de justice
3 - La théologie comparative du Dieu incarné et du Dieu désincarné 
4 - Les ironistes du sang sacrificiel
5 - Le regard sur les idoles
6 - La théologie du bébé
7 - Le prophète et le sang de l'intelligence
8 - La théologie et le sang de l'histoire
9 - La théologie civilisatrice 
10 - L'avenir de la mystique
11 - Jésus et Mahomet

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1 - Les dieux en chair et en os et le sang de l'histoire

La semaine dernière (Renan, l'islam et la France , 19 octobre 2013), je me demandais si l'expérience de la politique et de l'histoire qu'acquiert de siècle en siècle une religion monothéiste exige en retour et nécessairement le surgissement de la croyance en l'incarnation de Dieu sur la terre et s'il ne manquerait pas à l'apôtre Jean, qui refusait ce prodige, le regard d'aigle que seuls les chefs d'Etat portent sur le cerveau d'un animal encore en attente d'un bon fonctionnement de sa tête politique. On sait que le récit chrétien du "salut" de l'humanité réclame un Zeus confusible à la charpente d'un mortel, ce qui reconduit tout droit la religion de la Croix aux dieux en chair et en os du paganisme. Aussi, le Catéchisme romain de 1992 en est-il réduit à préciser que Jésus possède la rate , les poumons et le foie du créateur de l'univers: "En même temps l'Eglise a toujours reconnu que, dans le corps de Jésus, "Dieu, qui est par nature invisible, est devenu visible à nos yeux". En effet, les particularités individuelles du corps du Christ expriment la personne divine du Fils de Dieu. Celui-ci a fait siens les traits de son corps humain." (n° 477)

Le prophète Mahomet présente, en revanche, l'immense supériorité intellectuelle et morale d'éviter la rechute des croyants du septième siècle dans la puérilité des dieux de l'humanité primitive, qui gesticulaient dans leur ossature et dont on adorait la gigantesque carcasse en marche sur la terre. Mais au concile de Chalcédoine en 450, l'Eglise semble avoir reconnu qu'une théologie en état de fonctionnement dans le temps de l'histoire doit nécessairement se brancher sur la faiblesse cérébrale de l'animal politique. Cette infirmité révèlerait-elle cependant des potentialités transmusculaires liées à la bancalité originelle de la bête et à sa claudication native, de sorte que cet animal serait invité à descendre dans les souterrains psychobiologiques de son ascension future à une vie épanouie dans le "surnaturel"? Au premier abord, Renan semble n'avoir compris ni en simianthropologue l'immortalité dont rêvent les évadés de la zoologie ni en visionnaire l'enracinement viscéral d'Adam dans une simiennité cérébralisée, ni la signification secrète que symbolise un mythe, certes idolâtre, mais politiquement indispensable, tel celui qui a rendu visibles "les particularités individuelles du corps de Dieu."

2 - L'enracinement de la théologie dans le besoin de justice

Qu'est-ce à dire? Voyons de plus près comment Renan résume l'itinéraire du cerveau du bimane que son évolution a rendu semi cogitant et qui s'est aussitôt empêtré dans une pénible auto-transfiguration.

" L'évènement capital de l'histoire du monde est la révolution par laquelle les plus nobles portions de l'humanité ont passé des anciennes religions, comprises sous le nom de paganisme à une religion fondée sur l'unité divine, la Trinité, l'incarnation du Fils de Dieu. Cette conversion a eu besoin de près de mille ans pour se faire. La religion nouvelle avait mis elle-même au moins trois cents ans à se former."

Renan valide d'emblée un Dieu réputé se diviser aussi naturellement que nécessairement en trois "personnes" distinctes que l'Eglise déclarera expressément non confusibles entre elles et pourtant censées réunies en une divinité fermement unifiée par la voix de la même autorité doctrinale. Dans la prose encore en apprentissage de Renan - nous sommes loin du styliste des Souvenirs d'enfance et de jeunesse - le mythe contradictoire de l'incarnation de Zeus va tellement de soi que la substantification magique d'une divinité invisible hier encore fait maintenant partie intégrante de ce type de construction biphasée. Mais si le mythe de l'incarnation de l'esprit divin se présente sous les vêtements théologiques d'une conquête indépassable de la vie ascensionnelle et intériorisée du genre simiohumain, on ne voit ni quelle logique supposée immanente à la politique des Etats exigerait la présence dans le cosmos d'un dieu doté d'un organisme triphasé, dont un tiers serait moléculaire , ni pourquoi Socrate, Isaïe ou Jérémie se ruent dans la mort en suicidaires épaulés, certes, par leur divinité impérieuse, mais non consubstantiels à une triple hypostase de Jupiter.

" Mais l'origine de la révolution dont il s'agit est un fait qui eut lieu sous les règnes d'Auguste et de Tibère. Alors vécut une personne supérieure qui, par son initiative hardie et par l'amour qu'elle sut inspirer, créa l'objet et posa le point de départ de la foi future de l'humanité." (p. 1-2) (C'est moi qui souligne)

Encore une fois, comment ce passage confus du Jésus de Renan témoignerait-il d'une connaissance anthropologique et politique cohérente de "l'initiative hardie" de "créer l'objet"? De quel "objet" s'agit-il? On ne voit ni de quels apanages une "personne supérieure" serait dotée pour se lancer dans une "initiative" tellement "hardie" qu'elle enfanterait hardiment dans l'esprit des plus "nobles portions de l'humanité" un monothéisme d'une hardiesse nouvelle et inconnue de Jahvé et d'Allah, ni comment un édifice mental aussi branlant se rendrait peu à peu tellement crédible qu'il conquerrait l'âme et l'encéphale d'une humanité d'alpinistes du ciel. Décidément le "point de départ" de la "foi future de l'humanité" n'est autre que l'énigme même dont Renan énumère avec une assurance feinte les matériaux langagiers, mais sans entrer le moins du monde dans une construction verbale qu'il nous faut tenter de déchiffrer. Et pourtant, cette mythologie répond à une aporie morale ancrée dans l'histoire universelle, celle des relations qu'un créateur du cosmos réputé bienveillant entretient avec l'injustice la plus immorale dont il frappe sans relâche ses malheureux adorateurs. Cette contradiction rend l'Ancien Testament tout retentissant des plaintes de l'Ecclésiaste, de Jérémie, du Psalmiste, de Malachie, de Job: "Pourquoi le sort des méchants est-il prospère ? Pourquoi sont-ils en paix, les fauteurs de trahison? Tu les plantes et ils s'enracinent, ils grandissent et portent du fruit." (Jr 12, 1-2)

A l'époque de Jésus, la croyance en l'immortalité de l'âme et en la résurrection des corps était encore récente, mais elle était déjà censée apporter la solution théologique, donc définitive à l'énigme de la " souffrance des justes et du triomphe des méchants ". Du coup, comment le sceptre d'un Dieu plus trompeur que jamais persévérait-il à le décharger discrètement de ses responsabilités morales? Un souverain réputé omnipotent et omniscient depuis longtemps et maintenant cellulaire se rend nécessairement coupable des malheurs qui frappent ses fidèles et dont il berne délibérément la bonne foi - pour ne rien dire de l'atrocité des tortures qu'il leur inflige désormais sous la terre.

3 - La théologie comparative du Dieu incarné et du Dieu désincarné

Ce sont donc les espérances et les souffrances mêlées que charrient les croyances religieuses les plus simplistes qu'une anthropologie digne de ce nom est appelée à décoder en leur animalité spécifique. Il y faut une généalogie précise de la vie politique de l'humanité semi pensante, donc une discipline scientifique dont les méthodes de réflexion soient en mesure de calibrer les athlètes de leur ascension transzoologique et de prendre la mesure des virtualités "spirituelles" du bimane détoisonné. Pourquoi les prophètes des évadés des forêts connaissent-ils le sort des mouches écrasées contre une vitre? Ainsi posée, la question de la nature de ces malheureux embryons de leur ciel entrebâille la porte d'un déchiffrage du mythe: un petit porte-parole du gibet "sauveur" sur lequel il se trouvera saintement cloué ne saurait prendre à son compte et sous sa seule responsabilité le travail d'Hercule d'assumer le destin tragique d'une victime qualifiée de rédemptrice, alors que sa foi d'insecte la plonge jusqu'au cou dans la boue de l'histoire des Etats. Le monothéisme chrétien est né d'une tentative de réponse d'un animalcule éphémère à la cruauté calculée du destin qui l'attend sur la terre. La noblesse de ce puceron défie la dramaturgie implacable d'un Zeus titanesque.

Pour désensauvager le tueur fou qui chapeaute le cosmos de la tiare de sa sainteté ensanglantée, pour aiguiser le couteau du sacrificateur géant en lequel Adam rechigne encore à reconnaître son propre portrait en pied, il faudra apprendre à porter un regard d'aigle sur le monstre cruel et stupide qui appâte une créature microscopique à force de gâteries, mais qui, en cas de rébellion de sa victime, abandonne soudainement toute la confiserie de son Eden pour soumettre la charpente de ses créatures aux tourments les plus atroces, celles d'une "justice" mijotante dans les souterrains de sa grâce. Jésus est de son siècle: jamais il ne reconquerra le regard blasphématoire et surplombant de l'Ecclésiaste sur le Dieu féroce dont le glaive le clouera sur la potence de son "salut".

4 - Les ironistes du sang sacrificiel

Mais s'il convient d'armer la politique des ressources d'une rédemption par le supplice, vaut-il mieux recourir à un porte-paroles dûment informé des tromperies d'un ciel aux dentelles empoisonnées, vaut-il mieux faire appel à une victime en prise directe avec la sauvagerie de l'idole, ou bien est-il préférable, pour un Etat, d'armer seulement l' animal parlant d'une potence gentiment placée sous la herse de la mort? Renan se raconte une histoire artificiellement édulcorée de la théologie des accoucheurs du sacrifice; le bucolisme évangélisateur a la vie dure. Et pourtant, c'est le Jésus à l'eau de rose de Renan qui a mis le scalpel de l'anthropologie scientifique entre les mains des chirurgiens d'une interprétation de plus en plus rationnelle du meurtre sacré et qui a aiguisé le glaive de la raison sur la meule d'une généalogie des sanctificateurs ironiques de leur sang sacrificiel.

Car voici que le Nazaréen censé en attente du bistouri de la rédemption par le gibet et réputé se trouver livré à un supplice miraculé par son "père céleste" refuse tout subitement de plier l' échine du crucifié salvifique. Le fou de là-haut est pourtant réputé bon payeur des immolations sauvages qu'on lui doit et dont on acquitte saintement le tribut à son égard. Quel est cet égorgeur enrubanné d'une bonté aux senteurs de mort? Pourquoi veut-il qu'on laisse la bride sur le cou à son eschatologie de tueur? Le monstre était sur le point de réussir un coup politique dont le toupet laisse pantois: il allait loger ses carnages parfumés sous l'auréole de son amour éperdu pour sa créature. Comment secouer un joug peinturluré d'anges et de séraphins, sinon avec le secours du subterfuge de génie qui donne son fumet au mythe de l'incarnation de Jupiter dans l'inconscient du croyant? Car ce sera le sanglant même de cette sotériologie pour attrape-nigauds que verra clairement le christologue post-renanien dont la haute lucidité éclairera la tragédie sans issue qu'on appelle l'histoire.

Mais alors, quel sera l'enseignement ascensionnel des prophètes en guerre avec la barbarie d'une idole alléchante? Le Dieu désincarné de l'islam - donc libéré des chaînes de la zoologie qui entravent le Dieu des chrétiens - sera-t-il mieux armé face aux immolations sacrées que Clio réclame de la bête? Mahomet ne se collète pas avec l'essence même d'Allah; mais, du coup, il lui fait résolument respirer à lui aussi l'odeur de ses rôtissoires bouillonnantes jour et nuit sous la terre. Si l'islam d'aujourd'hui manque de Titans du ciel prêts à se moquer de la pestilence d'une divinité avide du sang des peuples et des nations, serait-il inutile de précipiter dans la guerre du "salut" des croisés inefficaces, parce qu'ils se trouveraient réduits d'avance à des insectes agenouillés et tremblants? Le prophète réduit à un mortel n'est plus qu'une larve sans voix face à un ciel auto-glorifié à l'école de ses crimes. Jésus, lui, est tué par le boucher du ciel de son temps, Jésus, lui, ouvre à son corps défendant les yeux des fidèles sur la stratégie et la politique du roi des carnages que l'humanité est demeurée à elle-même depuis les origines et dont elle enrubanne son sacrificateur céleste en retour.

5 - Le regard sur les idoles

Renan, né en 1823, est demeuré étranger à la réflexion anthropologique naissante du XIXe siècle sur l'évolution de la bête et de ses représentants sanctifiés, donc idéalisés dans les nues. Il lui manque un regard du dehors sur un totem immergé dans le sang de l'histoire universelle. Sans un globe oculaire extérieur au spectacle, l'observateur substantifie ardemment un Zeus censé à l'abri du blasphème; et il glorifie aveuglément la prise en charge de son Olympe par une espèce immanente à sa culpabilité meurtrière et pourtant repentante.

L'auteur attendri des Souvenirs d'enfance et de jeunesse rédigerait-il de nos jours la biographie d'une idole abreuvée de l'hémoglobine de l'histoire et construite sur le modèle d'un animal en attente d'une cérébralisation transcendante au crime de lèse-majesté à l'égard des idoles? Nous montrerait-il la bête prosternée devant un gigantesque assassinat sacré, nous raconterait-il la pavane d'une espèce placée sous les auréoles de ses idéalités assassines? Les dieux sont carnassiers. Mais Nietzsche lui-même n'osera porter sur les trois monothéismes un regard d'anthropologue du sacré. Et pourtant le Dieu des chrétiens manifeste précisément la spécificité de son animalité religieuse par la sacralisation pseudo irénique et griffue de son mythe de l'incarnation, puisque ce justicier suprême du cosmos substantifie sans rire l'empereur des châtiments qu'il est à lui-même et puisque le prophète des trucidations censées libératrices se trouve immolé par un Dieu gransguignolesque. On attend un Molière du Tartuffe du ciel. La lucidité serait-elle un vaccin sotériologique fabriqué à partir du venin, comme tous les antidotes? Voyons, dans cet esprit, comment Renan angélise le spectacle de la mort d'un prophète atrocement martyrisé par son "père" putatif, voyons de plus près comment la générosité d'un christianisme pour jardin d'enfant sanctifie en retour un gibet d'assassins pieux et de tortionnaires dévots.

6 - La théologie du bébé

En accord avec toute l'Eglise, le grand hébraïste va métamorphoser la torture du crucifié en nectar et en ambroisie de la politique mondiale du nourrisson. Le confiseur du ciel de la torture des berceaux portera l'agonie du prophète sur la scène internationale: "Jésus n'avait devant lui que le spectacle de la bassesse humaine ou de sa stupidité." ( p. 423)

Mais comment un prophète de haut vol verrait-il la "bassesse" et la "stupidité" des Etats du monde avec les yeux des petits humanistes de la seconde moitié du XIXe siècle? Pour apprendre à peser la chair et le sang de l'idole devant laquelle la bête se jette le front dans la poussière - donc pour démasquer un animal sanctifié par son idole - il faudra attendre la documentation du siècle suivant, celle des anthropologues et des examinateurs du singe semi cérébralisé: Lévy-Bruhl (1857- 1939) et Freud (1856- 1939) permettront d'observer le bistouri émoussé du chirurgien renanien:

"Le ciel était sombre ; la terre, comme tous les environs de Jérusalem sèche et morne. Un moment, selon certains récits, le cœur lui défaillit ; un nuage lui cacha la face de son Père ; il eut une agonie de désespoir, plus cuisante mille fois que tous les tourments. Il ne vit que l'ingratitude des hommes ; il se repentit peut-être de souffrir pour une race vile et il s'écria : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? " Mais son instinct divin l'emporta encore. A mesure que la vie du corps s'éteignait, son âme se rassérénait et revenait peu à peu à sa céleste origine. Il retrouva le sentiment de sa mission ; il vit dans sa mort le salut du monde ; il perdit de vue le spectacle hideux qui se déroulait à ses pieds et, profondément uni à son Père, il commença sur le gibet la vie divine qu'il allait mener dans le cœur de l'humanité pour des siècles infinis." (424- 425)

"L'instinct divin" en question n'est autre que celui de Renan lui-même. Pas un mot sur la trousse du "père" assassin, pas une allusion à l'artificier des sacrifices de sang dont les champs de bataille regorgent depuis la nuit des temps. Le regard benoît que les interprètes du ciel portent sur l'histoire religieuse du monde se révèle la clé de leur candeur théologique. Renan ne voit pas l'histoire remplir sans relâche la panse d'un maître imaginaire du cosmos, il ne sait pas que cette panse est rémunérée par un Olympe insatiable et bénisseur. Erasme avait porté plus loin le regard de la raison de son temps sur le bloc opératoire de Clio: il rappelle que, pendant des siècles, les nouveau-nés trop hâtivement trépassés et qu'on n'avait pas eu le temps d'immerger dans l'eau baptismale du salut se trouvaient dévotement précipités dans les flammes de l'enfer et y rôtissaient pour l'éternité. L'heure n'avait pas encore sonné d'écrire la biographie de Dieu dans le temps chirurgical qui lui appartient en propre, celui des empiffrements sacrés.

Mais Erasme lui-même ne se demande pas encore par quels chemins la divinité avait modifié sa première théologie de la torture des nourrissons. Malaxe-t-elle les encéphales d'un siècle à l'autre ou ne cesse-t-elle de prendre du retard sur ses interprètes? Et pourtant, l'humaniste de Rotterdam a pris quatre siècles d'avance sur la "personne supérieure" dont "l'initiative hardie" créa "l'objet de son amour".

7 - Le prophète et le sang de l'intelligence

A quelle profondeur de sa réflexion l'auteur de L'Eloge de la folie savait-il que les théologies sont des animaux sauvages, mais en évolution dans les esprits et qu'elles ne sont jamais que des miroirs partiels et datés de la férocité de l'imagination religieuse de la bête, savait-il pourquoi celle-ci s'abreuve du sang de sa propre histoire ? L'humanité du XVIe siècle ignorait encore que le bimane évadé des forêts se reconnaît à la cruauté des documents que son encéphale sécrète à son corps défendant et qui l'arrachent peu à peu au règne du cyclope du cosmos dont il partage d'un siècle à l'autre la férocité et les fureurs.

Et pourtant dans sa Disputatiuncula de taedio et pavore Christi de 1499, Erasme rejette avec énergie le portrait du Christ que le théologien Colet, prédicateur de la cathédrale Saint Paul de Londres et athlétique guerrier anglais avait traité de pleutre effrayé comme une femmelette par les saintes tortures qui l'attendaient pour le salut de l'humanité. Cinq siècles plus tard, observons de plus haut le bourreau salvifique qui torturera à mort son propre fils, regardons de plus loin comment il remplira son gousset de banquier dépité par la perte de la créance mirifique du péché originel. A l'époque, on ne se demandait pas encore pourquoi il fallait qu'il se remboursât de la dette contractée par la créature à son égard. La question était seulement de savoir si le Christ était un couard du ciel, mais non à quelle nature ressortissait le courage propre aux prophètes. Simplement, les tremblements du Nazaréen contrastaient avec la sublime intrépidité des martyrs, qui avaient couru au supplice bien rémunéré avec des "bondissements de joie". On s'étonnait seulement qu'une victime aux prérogatives fabuleuses fît preuve d'une sotte lâcheté, alors qu'à elle seule, elle indemnisait le caissier du salut au grand avantage de tout le monde. On ne saurait pousser la dureté de cœur jusqu'à refuser de délivrer tout le genre humain des affres de la damnation alors que le ciel vous accorde si charitablement le privilège d'éponger à vous tout seul une dette d'un montant incalculable. Mais pourquoi le péché originel fonde-t-il toute la stratégie de la théologie chrétienne sur un "rachat" politiquement avantageux?

On voit également que si le prophète immolé à l'idole machiavélienne des chrétiens n'était pas une victime censée fournir une charpente de vil prix au "boucher obscur" dont Pascal évoquera la fourberie en plein XVIIe siècle, aucun regard ne portera jamais sur le capital et les intérêts bien calculés d'un usurier des prébendes de sa propre grâce. De son côté Mahomet n'affuble pas Allah d'une enveloppe corporelle que l'histoire prendra en otage. Le Créateur aurait spontanément aboli les meurtres rituels sans demander de contrepartie à un débiteur gratuitement libéré de sa dette. Mais cet assainissement du marché public de la viande des sacrifices n'adoucit que les mœurs, non le contenu doctrinal d'un mythe carnassier par nature - le Pharaon Kekrops demeure l'inaugurateur d'une réforme du culte de sang qui a seul délivré les premiers habitants de l'Attique de la sauvagerie du massacre rituel de leurs concitoyens.

Certes, Mahomet n'ignore pas que la substitution profitable d'un mouton au prophète trucidé sur les étals des chrétiens n'illustre jamais qu'une victoire partielle, provisoire et toute terrestre sur le ciel sanglant des hommes et de leurs idoles. Mais il faudra attendre trois millénaires pour que paraissent des anthropologues décidés à porter le regard acéré des premiers simiologues sur la victime dont Erasme s'était contenté de se demander, à l'école du Lachès de Platon, si le courage véritable est celui de l'intelligence de Nicias l'escrimeur ou celui des baroudeurs en rivalité avec les bêtes féroces. Et pourtant, bien avant la répudiation par l'islam du ciel sanglant des sacrificateurs chrétiens, Isaïe exprimait sa fureur et son mépris au spectacle des offertoires dégoulinants d'hémoglobine de son temps; et son Jahvé s'écriait, comme il est rappelé plus haut: "Vos sacrifices me dégoûtent. Sachez que le sang que vous faites couler sur mes parvis, je l'ai en abomination".

8 - La théologie et le sang de l'histoire

Revenons un instant sur nos pas. Quand les évangiles se furent mis à pulluler à la faveur de la sentimentalité religieuse pré-byzantine de l'époque, il a fallu sélectionner les textes les mieux rédigés et les moins romanesques. Une littérature et une théologie dédoublées entre le tragique et le sentimentalisme populaire ont découlé du choix des grands lettrés de l'époque entre le religieux et le macabre, entre la crudité et la mièvrerie des dévots, entre la sauvagerie sacrificielle et la vulgarisation à outrance, entre la vente d'un supplice appelé à tomber entre les mains d'un clergé avide et les romantiques d'une foi privée de cervelle. Les uns s'appliquaient à démontrer, textes en mains, que Dieu avait exigé avec une dureté toute sacerdotale à son fils vacillant de se résigner à son immolation. Au Moyen Age, on dira qu'il était hautement profitable à une humanité terrassée sur le champ de bataille du péché par la faute du diable de s'emparer du trésor inestimable de la rédemption, puisque la contrepartie promise par le Père se révélait d'un montant incalculable.

Les embarras de la foi militarisée étaient d'autant plus grands que Dieu lui-même avait été battu à plate couture par Lucifer, son rival, sur le champ de bataille du péché, et que, conformément aux lois de la guerre, il devait payer une rançon considérable à son vainqueur. Mais la créature était seule responsable de la faiblesse stratégique du général en chef du cosmos. Cependant, d'autres théologiens se sont avancés sur les parvis du temple: à les entendre, la sauvagerie de la bête se cachait sous la figure d'un Dieu tout subitement résigné, lui aussi, à jouer la brebis agonisante sur ses propres autels. D'un côté, Urs von Balthazar (1905-1988) démontrera sans se lasser, que le Jésus bien saignant se trouve physiquement déposé en tribut de bonne odeur aux pieds du dieu de la guerre, de l'autre le Père Montchanin (1895-1957) et le Père Henri de Lubac (1896-1991) , métamorphoseront cette viande - la vera caro de l'Eglise du Moyen Age et du Concile de Trente - en symbole de la rédemption ascensionnelle du chrétien.

Mais si Urs von Bathazar et Henri de Lubac, les deux théologiens les plus en vue de leur temps et que liait une étroite amitié ont tous deux reçu la pourpre cardinalice, c'est parce que seul le Dieu sauvagement égorgé sur l'autel des plus célèbres épéistes du ciel a permis, en plein XXe siècle, à la Curie romaine de revivifier le culte originel du genre humain - on exigeait de nouveau la livraison effective d'un cadavre palpitant au Dieu rançonneur dont ni Luther, ni Calvin n'avaient réussi à civiliser le sacrifice de sang.

9 - La théologie civilisatrice

Pourquoi les théologiens officiels du concile de Trente réclamaient-ils la perpétuation du "vrai et réel sacrifice" de l'Eglise, celui que la Lettre aux Hébreux avait défini une fois pour toutes? Parce qu'il n'y avait plus de sacrifice du tout si l'autel n'était pas dûment aspergé du sang bien frais de la victime, de sorte que, de leur côté, les protestants se trouvaient purement et simplement privés de religion. A eux de priver en retour leurs adversaires rapaces du seul culte censé de taille à mériter à un Golgotha sacrificateur, le pardon définitif de la divinité. Mais puisque dans les deux confessions, il fallait arracher les croyants aux griffes du Diable, lequel avait fait manger à Eve la pomme du savoir rationnel, il était impossible de départager les deux confessions sans recourir à une anthropologie qui se mettrait en mesure de porter le regard sur une divinité ratée.

Or, cette audace demeurera interdite aussi longtemps que les sciences humaines se priveront de toute dissection de la fonction nécessairement avortée qu'exerce le monothéisme dans la politique et dans l'histoire d'une "délivrance", parce que toute divinité revendique nécessairement et par nature le monopole d'un recul cérébral insurpassable. Son rôle est précisément de fournir aux sociétés la garantie sécuritaire que quelqu'un possède la réponse nec plus ultra à l'énigme du silence du monde. Si vous portez un regard de l'extérieur sur une divinité, ou bien vous l'anéantissez dans sa fonction fondatrice de vous regarder de haut, ou bien elle vous incite à la dépasser et à devenir à vous-même la source d'un savoir transcendant au totem dénoncé. Voltaire cherche un Dieu au-delà de celui du Moyen Age; et il le forge à l'école de la tolérance à l'égard de ses négateurs, ce qui le coupe de toute théologie politique. Mais nier "l'existence" de la divinité, c'est seulement avouer que vous avez atteint la limite de votre auto-dépassement. A ce titre, Dieu est le symbole d'une espèce à jamais à la recherche de son ultime secret. Pour l'instant, l'iconoclaste moyen demande seulement au ciel de son temps pourquoi il se montre si ardent à théologiser les flots de sang que l'histoire fait couler, alors que, depuis le sacrifice d'Iphigénie, l'humanité civilisée tente de refouler ce sang dans l'inconscient de la politique. C'est demander en retour à un Mahomet privé de corps sotériologique pourquoi il n'a pas trépassé dans l'or et la pourpre des plus somptueuses liturgies eschatologiques et s'il permettra néanmoins à ses saints de se dresser en suicidaires d'un Allah à civiliser de siècle en siècle, lui aussi.

Depuis des millénaires, les autels de la bête symbolisent l'étal collectif que l'humanité est demeurée à elle-même; et si l'on y attend sans relâche l'exposition publique d'une offrande gorgée d'hématies rédemptrices, alors le mythe de l'incarnation des chrétiens charrie bien plus efficacement que le Coran, hélas, la sauvagerie des carnages dont cet animal nourrit sa sainteté. Isaïe assassiné pour blasphème pèsera moins lourd sur la balance des immolations rémunérées qu'un Zeus brutalement changé en bête égorgée - ce que Quinte-Curce raconte tout au long dans sa Vie d'Alexandre: si ce conquérant n'avait pas été le premier esprit politique à se faire proclamer Dieu de son vivant, alors qu'on n'avait droit à ce rang qu'à titre posthume, la blessure malencontreuse d'une flèche que sa divinité reçut par hasard à la cuisse n'aurait pas entraîné la capitulation sans conditions de l'ennemi épouvanté par un si grand sacrilège.

10 - L'avenir de la mystique

Mais comment se fait-il que Renan le bucolique ait pu conduire à son corps défendant la christologie titubante de son temps à la question de la méthodologie et de la rationalité qu'exige le genre biographique appliqué aux prophètes, alors que les sciences humaines de son temps étaient encore fort loin de disséquer les dieux? La réponse est simple: Renan s'est interrogé vaillamment sur la vie parallèle du prophète et de lui-même. Le nain qui se met à l'écoute du géant qu'il admire est plus fécond qu'un croyant sûr de lui. Le biographe de Mozart peut tout ignorer de la création musicale, le narrateur qui raconte un prophète ne saurait demeurer étranger à la planète de la mystique et à la pétrification morale du ciel des hommes. C'est dans cet esprit que Renan s'avoue un ancien croyant. "Pour écrire l'histoire d'une religion, il est nécessaire d'y avoir cru, parce que, sans cela, on ne saurait comprendre pourquoi elle a charmé et satisfait la conscience humaine." (LIX) (C'est moi qui souligne)

Or, les biographes incroyants de Jésus demeuraient tout empêtrés dans leur réfutation des sots miracles dont les religions primitives sont peuplées. On savait certes, que Zeus n'avait pas engrossé Alcmène ou Léda, mais on constatait que les dieux en activité ont besoin de se soutenir de prodiges laborieux, parce qu'on ne saurait échapper à la condition simiohumaine sans s'exercer à terrasser les lois de la nature au passage. Aussi la rivalité entre les christologues de l'époque opposait-elle la symbolique protestante des prodiges au rationalisme français du XVIIIe siècle. David Strauss avait perdu sa chaire de théologie luthérienne à l'Université de Zurich pour avoir retiré à Jésus ses patentes de magicien insurpassable du cosmos, Renan se verra privé de sa chaire au Collège de France pour avoir commis, apparemment, le même forfait primaire sous Napoléon III. Mais la biographie de David Strauss (1808-1874) remontait à 1835 et regorgeait des prodiges de la phénoménologie de Hegel. Aussi, dans son Histoire des biographies de Jésus (Geschichte der Leben-Jesu-Forschung) depuis Reimarus (1694-1768), Albert Schweitzer (1875-1965), le futur médecin de Lambaréné reprochait-il à Renan d'avoir pillé David Strauss avec trente ans de retard sur la science biblique d'avant-garde de l'Allemagne - et cela bien que Littré eût traduit son œuvre en français en 1839 (tome I) et 1853 (tome II).

Mais pourquoi Nietzsche s'est-il moqué du Jésus riche de la phénoménologie de Hegel dans ses Considérations inactuelles? Parce que le Nazaréen de David Strauss avait perdu toute vibration spirituelle pour avoir égaré en chemin son statut de grand sorcier. Sitôt privé du fantastique indispensable à la crédibilité des dieux du paganisme, le fils de Marie n'était plus qu'une plate mécanique eschatologique. De plus, cet automate du salut était censé servir de véhicule au mythe d'un "esprit du monde" que Hegel avait substitué à l'épopée sotériologique du Saint Esprit. Au spectacle de Napoléon sur son cheval à Iéna, le phénoménologue allemand s'était écrié: "Voici l'esprit du monde". En revanche, le Jésus bucolique de Renan demeure vivant et respirant, quoique lavé de toute sorcellerie cosmologique à l'école dirait-on du Vicaire savoyard de Rousseau. Et c'est pour cela que, depuis un siècle et demi, sa christologie champêtre déclenche la question qui taraude l'humanisme occidental face à la montée de l'islam: "Qu'est-ce qu'un prophète?"

11 - Jésus et Mahomet

Jusqu'alors les gentils buveurs de la ciguë du prophétisme se manifestaient sous la forme des "imitations de Jésus-Christ", dans lesquelles la piété de bon aloi prenait son Dieu pour l'illustration glorifiante de sa propre candeur évangélique. Avec Renan, les biographes des prophètes ont cessé d'en prendre à leur aise avec le tragique de l'histoire et ils ont tenté de quitter les floralies de la dévotion pour devenir des prospecteurs secrets de leur propre devenir spirituel, des scrutateurs de leur propre vie ascensionnelle, des spéléologues informés de ce que leur propre "divinité" prend un tragique retard sur les allumeurs de génie du "surhumain" que Nietzsche a commencé de délivrer des dieux fossilisés dans la zoologie.

Mais justement, la vision bucolique du Jésus de Renan enseigne à sa postérité en acier trempé que ce ne sont ni le "charme" campagnard, ni les coloristes de la "conscience religieuse" d'une époque qui alimentent la raison suicidaire des prophètes. L'humanisme de Renan n'entre dans le tragique de l'histoire que par une porte dérobée. Il porte déjà le regard sur la cécité native de la bête. Sous sa plume le mythe de la transsubstantiation eucharistique s'élève à la métaphore spirituelle quand il fait dire à Jésus: "Je suis votre nourriture"?

Qui sera le mieux armé sur les routes du "spirituel" de ce siècle, du musulman ou du chrétien, du glorificateur de la guerre sainte ou de l'adorateur d'un Allah pacificateur, du conquérant d'un regard sur le sang de l'histoire ou de l'adorateur placé sous le joug de la fatalité, du juge qui fait comparaître le Dieu des tortures à la barre du tribunal de l'humanité et qui dit, avec Socrate: "Je suis l'abeille et le dard" ou du croisé qui vous appelle au carnage? Laissons le dernier mot au poète du ciel et des âmes qui fait dire à Mahomet: "Je suis un mot dans la bouche Allah" (Victor Hugo). Et si, à l'inverse, Allah était un mot à approfondir sans fin dans la bouche de son prophète, peut-être une alliance nouvelle des incendiaires et des éveilleurs de Jésus et de Mahomet féconderait-elle le monde.

le 25 octobre 2013

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