« Combattre les véritables Inégalités » par Jean-Louis ESCAFIT
Certains sites d’idéologie très droitières (ex : grosseimposture.com ) mettent en évidence les revenus des élus du suffrage universel, sans prendre en considération d'ailleurs leurs autres revenus ou leurs fortunes qui sont loin d'être négligeables, pour quelques uns (ex. de député de l'Oise Olivier Dassault appartient à la famille Dassault qui est au 6ème rang des fortunes françaises avec 7 500 millions d'euros (oui 7,5 milliards soit plus de 27 500 années d'indemnités de président de la République Française)...
Mais pour parler des inégalités scandaleuses de revenus et de fortunes, on peut se tourner vers les rémunérations des patrons de grands groupes (même en s'en tenant aux 120 principales entreprises françaises cotées, classement disponible sur le journal du net) et vers les grandes fortunes (classement sur le site de challenges), et on change de dimension: on découvre une trentaine de patrons (et il y a des traders qui gagnent encore plus dans la bancassurance) qui ont des revenus officiels plus de 10 fois supérieurs aux indemnités du président de la République, mais les inégalités sont encore plus énormes et scandaleuses quand on regarde les fortunes familiales...
Il faut certes renforcer les textes sur le plafonnement des cumuls d'indemnités qui ne prennent notamment pas en considération les indemnités des communautés d'agglomération et de communes, mais il faut garantir aux élus du suffrage universel (comme d'ailleurs aux dirigeants des grands groupes de l'économie sociale) un niveau de revenu qui ne les incite justement pas au cumul de mandat (ou au cumul mandat + maintien d'une activité professionnelle), qui est un fléau pour la démocratie car il amène les élus à se reposer sur leurs collaborateurs et à ne pas avoir le temps de participer vraiment aux nécessaires débats collectifs préparant les décisions...
Il faut que la loi interdise en particulier le cumul de la responsabilité de l'exécutif d'une grosse collectivité publique ou d'un gros établissement de coopération intercommunale avec un mandat de parlementaire ou avec la responsabilité d'un autre exécutif (il faudrait d'ailleurs que le mode de désignation de représentant dans une assemblée (conseil municipal, conseil de communauté d'agglo ou de communes, conseil régional) soit différencié de celui de l'exécutif (scrutin à la proportionnelle pour les assemblées, avec pour les citoyens comme pour les salariés dans les élections professionnelles le droit de barrer des noms qui ne leur conviennent pas sur une liste avec pour effet de modifier l'ordre de la liste et non de réduire sa représentativité, scrutin majoritaire à deux tours pour élire un collège exécutif (avec répartition identifiée des fonctions) à la tête d'une collectivité publique sur la base d'un projet de mandat)...
Dans cette période de double campagne électorale (présidentielles puis législatives pour élire les députés), il faut prendre garde de ne pas alimenter un réflexe général du type "sortons les sortants" qui dans les équilibres actuels des organisations politiques profiterait à la droite la plus extrême (dont les choix de valeur ne caractérisent pas seulement le Front National)...
Et pour en savoir plus sur les inégalités dans l'hexagone, il suffit de consulter le site www.inegalites.fr qui met par exemple en évidence que les inégalités de revenus se sont accrues au cours des dix dernières années: le revenu annuel moyen des 10 % les plus modestes a progressé de 610 euros entre 1999 et 2009, celui des 10 % les plus riches de 8 190 euros (soit 13 fois plus), même s'il faut descendre en-dessous des déciles pour évaluer les fossés qui se creusent, malgré un système de protection sociale qui limite encore les dégâts pour les plus bas revenus alors que depuis 2007 les plus gros cadeaux fiscaux ont été faits aux plus riches (qui se cachent derrière une notion de "classes moyennes" très élastique vers le haut).
J'ajoute l'article du Monde résumant les propositions faites par le candidat François Hollande à son meeting du Bourget et qui ne me semblent pas à la hauteur des enjeux sur les inégalités sociales (une seule tranche d'impôt sur le revenu supplémentaire à 45 % (la tranche plafond est actuellement à 41%) pour les revenus supérieurs à 150 000 euros, ça ne représente par exemple un surcoût fiscal que de 114 000 euros pour un revenu net fiscal de 3000000 d'euros avec une seule part, soit un impact limité à 3,8 % sur un revenu total environ 250 fois supérieur à celui d'un Smicard...
Bonnes lectures, "indignez-vous" puis agissez en conséquence contre les causes des inégalités et pour plus de solidarité,
Joan-Loís Escafit