Débats

Ecole de Guerre – Stratégie : Allocution de l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées, aux stagiaires de la promotion du CID 2010-2011, le 15 septembre 2010.

13837-ecole-de-guerre-1.jpg

[Photo : Amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées]

Introduction

En préambule, je souhaite la bienvenue aux 101 stagiaires étrangers de 72 nationalités qui sont venus rejoindre nos rangs, ou plutôt enrichir nos rangs pour suivre avec nous ces dix mois de formation.

Je souligne toute la richesse que ce caractère multinational confère à cette formation.

Les échanges que vous développerez, les expériences que vous partagerez, les idées que vous confronterez vous apporteront sans nul doute, un regard différent sur votre métier.

 Et c’est bien ! La remise en question est autant une preuve d’humilité que d’intelligence.

Les liens personnels que vous saurez tisser entre vous aujourd’hui, pourront demain faciliter nos travaux communs, nos opérations communes,  en interarmées et en coalition.

Ils pourront aussi encourager nos coopérations, voire favoriser des négociations, qui sait peut-être au plus haut niveau.

Ne vous y trompez pas, c’est le facteur humain qui est le facteur essentiel de toutes décisions dans les affaires du monde !

Cette année que vous allez construire ensemble, c’est d’abord une année d’apprentissage : une année qui doit vous permettre d’acquérir les connaissances et les compétences indispensables à vos responsabilités futures.

C’est aussi une année de préparation : c’est la préparation à votre deuxième partie de carrière, celle de l’interarmées, du multinational, de la conception et de la planification, des responsabilités, du commandement pour les meilleurs d’entre vous.

C’est enfin une année de réflexion : une année d’ouverture, une année d’échange et de remise en perspective pour appréhender toute la complexité d’un monde dans lequel nos armées tiennent un rôle déterminant pour la défense et la sécurité de nos concitoyens.

Aujourd’hui, je vous propose d’ouvrir certaines des pistes de ces réflexions que vous aurez tout le loisir d’approfondir dans les mois qui viennent, en posant quelques questions de fond :

1/ Quel est le contexte stratégique dans lequel nous évoluons aujourd’hui ? 
2/ De quel outil de défense disposons nous pour faire face à ce contexte stratégique ?
3/ Quels sont les défis auxquels nous devons répondre ?
4/ Je terminerai par quelque mots sur l’Ecole de Guerre, et la manière dont je souhaite vous voir aborder cette année.

1/Le contexte stratégique d’abord, l’environnement de l’action militaire :

Depuis 1989, le monde se trouve dans une période de reconfiguration.

Si je devais rapidement caractériser le paysage stratégique, je ferais quatre constats :

1er constat : nous vivons dans un monde complexe et incertain à tendance chaotique et inquiétante.

Il est inquiétant parce la notion de menace a évolué. Les menaces ne sont pas imminentes et facilement identifiables. Les menaces, vous le savez sont diffuses ; les risques sont multiples, les facteurs de crises se combinent pour  déjouer nos prévisions les plus rationnelles.

Cette incertitude génère une inquiétude. Elle a remplacé la peur, parce que l’inquiétude –contrairement à la peur- n’est pas reliée à une vraie menace ou à un ennemi bien déterminé !

Aujourd’hui plus qu’hier, il nous est donc difficile, mais toujours aussi indispensable d’appliquer la maxime de Sun Tzu : « Connais ton ennemi et connais toi toi-même, et tu pourras livrer cent batailles sans essuyer un désastre ».

Notre ennemi, nous avons du mal à le connaître, à le définir, à le circonscrire. C’est le propre de la menace dite asymétrique.

 
2ème constat : nous vivons dans un monde de puissances relatives, un monde de puissances dépendantes les unes des autres, un monde de puissances concurrentes et concurrentielles.

Les rapports de puissance restent la matrice des relations internationales. Relisez La Fontaine !

Si la mondialisation transforme la forme de ces rapports, la puissance militaire est  un des  facteurs clés de la puissance.
Pour s’en convaincre, il suffit de constater la hausse exponentielle des budgets  de défense dans le monde ; plus de 6% rien qu’en 2009 ! 
Seuls les pays européens font exception. Peut-être capitalisent-ils trop sur leur expérience unique de paix continentale acquise au prix fort des deux conflits mondiaux et de la guerre froide ?

Ce monde de « puissances relatives » est en train de construire un monde multi polaire, c'est-à-dire un monde où quelques pôles de puissance pourraient soit s’équilibrer pour imposer leur vision du monde, soit rivaliser pour conquérir une suprématie au moins régionale….

Un monde multipolaire, ce n’est pas forcément un monde multilatéral, c'est-à-dire le monde idéal  avec un ordre international accepté par tous.

Un monde multipolaire, cela peut être  un monde où la loi de la jungle s’impose aux plus faibles, un monde où le rapport de forces tient lieu de négociations,  un monde où la guerre est un mode d’expression de la puissance ! 
C’est un risque réel qu’il ne faut pas occulter.

3ème constat : nous vivons aussi dans un monde profondément inégalitaire, un monde travaillé par de multiples forces qu’elles soient politiques ou religieuses, financières ou économiques.

4ème et dernier constat : nous vivons dans un monde accéléré souvent déformé par la pression des perceptions que génère l’information mondialisée.

Ce sont des perceptions qui créent des frustrations, du ressentiment, des colères ou des haines.

Je vous le disais, ce monde est en mouvement : il  se reconfigure ou se reconstruit autour de ce que je pourrais appeler trois transformations géostratégiques :

-La transformation de la puissance américaine ; 
-La transformation européenne ; 
-La transformation des puissances émergentes

L’évolution de ces trois transformations déterminera notre monde de demain.

La première transformation concerne le positionnement de la puissance américaine.

La puissance américaine reste inégalée, certes. Elle est néanmoins fragilisée par la crise financière, mais aussi par une certaine prise de conscience que la « pax americana » a trouvé ses limites.  
La fin de l’unilatéralisme  s’est imposée à l’Amérique.

Un analyste américain, Robert Kagan a posé la question de la « puissance impuissante ». Les Etats-Unis ont perçu qu’il leur fallait  désormais composer et tenir compte des autres puissances, fussent-elles régionales.

Les Etats-Unis souhaitent nouer de nouveaux partenariats stratégiques dans le cadre d’un « multi partner world » pour reprendre l’expression de M.OBAMA.

L’Europe, qui n’est que l’un de ses partenaires,  doit en tenir compte !  
Cette transformation américaine, devons nous la traduire par une fin des empires à visées impérialistes ? 
La question mérite d’être posée.
Elle se pose pour les Etats-Unis, elle se pose aussi pour la Russie. 
D’ailleurs aujourd’hui, sa démographie déclinante et son relatif isolement géostratégique pourraient  la pousser  davantage vers l’Europe.

La deuxième transformation : c’est celle de l’Europe.

Certes en ce moment, l’Europe subit une crise d’impuissance. 
Elle travaille sur ses institutions, c’est bien ; mais au risque d’apparaître très en retrait. 
Concurrencée sur la scène mondiale, elle ne parvient pas encore à dépasser ses stratégies nationales pour définir une vision européenne et développer une personnalité stratégique.

Pour l’instant, sa construction à petit pas s’est imposée sous la pression des évènements et des crises. 
Gageons que la crise que nous traversons soit l’occasion d’un nouvel élan.  Ne désespérons pas de l’Europe ! Que de chemin déjà parcouru en 50 ans ! Ne l’oublions pas !

Troisième transformation : celle des puissances émergentes ou des puissances en puissance.

Les puissances émergentes, ce sont notamment les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).

Ces puissances émergentes sont décomplexées, concurrentes et concurrentielles, offensives et, combatives et parfois provocatrices dans de nombreux domaines.

Elles ont néanmoins des équilibres toujours en devenir, qu’ils soient politiques ou économiques.

Elles ne forment pas un groupe homogène, mais revendiquent, chacune à leur manière un statut dans le concert des nations. Et ces revendications sont en général bien légitimes.
Elles ont aussi compris que l’affirmation de leur puissance exigeait un appareil militaire complet et au niveau de celui du monde occidental.

A ce titre, pour  la première fois depuis la Renaissance, les puissances occidentales, notamment européennes, pourraient perdre leur suprématie militaire dans l’horizon des 30 prochaines années. 
Ce « soft power » peut il être alors un substitut ?

Ce décrochage de la puissance militaire est un facteur nouveau et structurant de l’échiquier mondial ; il traduit bien cette reconfiguration du monde que j’évoquais précédemment !

Ce panorama stratégique serait incomplet si je n’évoquais pas les menaces, les risques et les nouvelles vulnérabilités auxquels nous sommes confrontés.

Terrorisme, prolifération nucléaire et balistique, cyber menaces, grandes criminalité viennent se surajouter aux risques naturels, sanitaires, et technologiques.  

Chacun des grands défis mondiaux porte son lot de menaces et de risques.

Ces défis, vous les connaissez,  ce sont les accès aux ressources énergétiques, les accès aux ressources hydriques, les accès aux ressources alimentaires.

Ils constituent autant  de facteurs d’insécurité aux combinaisons multiples dont nous devons tenir compte dans nos réflexions.

Par exemple, les enjeux alimentaires de demain se cumulent naturellement aux inégalités des croissances démographiques entre pays en développement et pays développés.

Ils pourraient générer des phénomènes migratoires  massifs et représenter un vrai risque pour la stabilité politique, économique et sociale de nombreuses régions. 
C’est un exemple parmi d’autres, un exemple qui illustre l’imprévisibilité des facteurs de crises ou de guerre.

Il ne s’agit pas de jouer les Cassandre ou de s’exercer à de la géopolitique fiction, il s’agit de clairement mesurer quel est et quel sera l’environnement de notre action militaire.

Nous vivons donc dans un monde  lourd de « frictions potentielles » avec des champs d’affrontements nombreux dont certains sont encore insuffisamment maîtrisés. Je pense au cyber espace et à l’espace exo atmosphérique.

Le spectre de la guerre ne peut être écarté : la seule question étant la forme qu’elle prendra, de la crise hybride, voire baroque, au conflit majeur.

Ne nous y trompons pas, nous serons surpris ! L’Histoire surprend toujours ! Nous pouvons être surpris mais nous n’avons pas le droit d’être démunis !
C’est ce à quoi nous devons travailler, pour préserver les générations futures.

***

2/ La deuxième question à laquelle je vais répondre s’impose d’elle-même :  de quel outil de défense disposons nous pour faire face à l’incertitude stratégique ?

 Vous le savez, "La défense est la première raison d'être de l'Etat. Il n'y peut manquer sans se détruire lui-même". Le général de Gaulle savait de quoi il parlait.

Notre outil de Défense, notre Défense, « c’est donc le fer de lance de notre diplomatie », ce sont les mots du président de la République.

Frédéric II de Prusse ne disait pas autre chose : « la diplomatie sans les armes est comme la musique sans les instruments ».

La France a fait le choix d’un outil de défense complet autour des 5 fonctions stratégiques développées dans le Livre Blanc de 2008.

La France est l’une des trop rares nations occidentales à maintenir un effort de défense pour rester une puissance militaire complète.

Elle dispose d’un panel de capacités opérationnelles qui lui permettent d’intervenir, seule ou en coalition sur l’ensemble du spectre des missions dévolues à nos armées.

Elle dispose d’une dissuasion nucléaire autonome déclarée qui constitue l’expression ultime de sa puissance militaire et fonde, de fait, notre politique de défense.

La dissuasion nucléaire aujourd’hui est un vrai sujet de réflexion. Je vous demande dans vos études à venir de réfléchir à cette dissuasion. Nous en reparlerons !

Elle dispose enfin d’une base industrielle et technologique de défense qui permet encore aujourd’hui, d’assurer une maîtrise nationale de l’équipement de ses forces armées.

Cet outil de défense est en phase d’adaptation.

C’est la réforme que nos armées ont entreprise depuis 2 ans. Les armées françaises n’avaient pas connu de telles réorganisations depuis la réforme Messmer, après la guerre d’Algérie.

La transformation, véritable « révolution dans nos affaires militaires » n’est pas à considérer sous le prisme réducteur des bases de défense.

C’est beaucoup plus que cela : c’est une manœuvre d’ensemble des armées et du ministère de la défense, qui vise à rationaliser notre administration et notre soutien, à l’aune des conclusions du LBDSN et dans le cadre de  la RGPP.

La transformation n’est pas une fin en soi ; le sens de la transformation, c’est bien l’adaptation de nos capacités opérationnelles au nouveau contexte que je viens d’évoquer.

Nos armées évoluent, parce que le monde change et parce que la guerre évolue.

 
Je suis convaincu que les armées doivent aujourd’hui s’habituer à se tenir dans ce que j’appellerai « une posture permanente d’adaptation » ou un « équilibre dynamique » pour suivre le  rythme des évolutions d’un monde qui accélère et de guerres qui, elles aussi, se transforment en permanence.

Notre outil de défense répond enfin aux ambitions et aux choix de la Nation Française.

- C’est le choix d’un axe stratégique qui identifie l’arc des crises de l’Atlantique à l’Océan Indien.

- C’est la définition de  priorités stratégiques dont témoigne la nouvelle carte  de nos moyens pré positionnés entre l’Afrique et les pays du Golfe.

- C’est aussi  notre participation pleine et entière au sein de l’OTAN. Elle nous permet aujourd’hui d’être une force de proposition pour la révision du concept stratégique de l’Alliance Atlantique. 
Vous suivrez les résultats de la conférence de Lisbonne fin novembre.

- C’est enfin notre engagement européen pérenne complémentaire du lien transatlantique.
La lutte contre la piraterie avec l’opération ATALANTA en est un exemple concret et couronné de succès.

***

3/ Troisième question : Quels sont nos défis, quels sont les défis de notre Défense?

 J’en citerai 3, ceux qui sont  les plus structurants.

Premier défi : assumer la guerre irrégulière , la guerre asymétrique celle que certains ont pu appeler la guerre de 4ème génération ou la guerre de perceptions.

Ce sont des guerres où l’ennemi cherche  à atteindre directement  le cœur du système adverse, son ultime centre de gravité  qui est sa volonté politique.

Elles confirment  la définition initiale de la guerre par Clausewitz : un affrontement des volontés.

Mais contrairement à la guerre de Clausewitz qui est une guerre westphalienne, une guerre d’affrontements classiques, une guerre sur un modèle européen, la guerre qui s’impose à nous est désormais plus globale que totale.

Elle n’est pas nouvelle ! Sun Tzu théorise déjà sur tous les facteurs qui peuvent influer sur la guerre.

C’est une guerre combinatoire ; c’est le type de guerre que les colonels Qia Liang et Wang Xiangsui  ont développée en 1999  dans leur ouvrage (que je vous encourage à lire) « La guerre hors limites ».

C’est sans doute la raison pour laquelle elle est plus complexe, plus difficile à appréhender, à maîtriser, à gagner ! En outre, elle n’exclut pas la guerre dite classique !

La guerre irrégulière, c’est une guerre confrontée à la menace asymétrique.

- C’est la guerre qui joue directement sur le ressort de la volonté politique par le biais des opinions publiques. Nous le voyons bien en Afghanistan !

- La guerre irrégulière, c’est la guerre dans laquelle le lien entre le politique et le militaire doit être plus étroit que jamais, afin que l’action politique guide l’action militaire.

- C’est la guerre où le soldat n’est plus le seul acteur de la victoire ; le soldat est un acteur indispensable mais il n’est pas suffisant.  
La victoire - si l’on peut encore parler de victoire -  dépend davantage de la qualité de la coopération entre civils et militaires, entre partenaires locaux, organisations non gouvernementales, représentants de différents ministères.

- C’est la guerre où « l’approche globale » est devenue indispensable pour créer les conditions politiques d’une résolution ou d’une solution.

Vous serez les praticiens de cette guerre.

Deuxième défi : assumer la crise économique et financière.

En mai dernier, j’ai qualifié de « surprise stratégique » la crise financière et économique qui a touché nos pays.  

C’est une « surprise stratégique », parce que cette crise nous oblige à revoir nos prévisions, nos modes de fonctionnement, nos constructions budgétaires et capacitaires. 
Elle nous oblige à penser différemment, à sortir de nos schémas désormais obsolètes.

Elle nous incite à repenser nos coopérations militaires sur la base de coopérations renforcées avec des alliés partageant les mêmes niveaux d’ambitions que les nôtres.

C’est ce que nous avons entrepris, notamment avec nos alliés proches : créer des « coopérations locomotives » qui puissent déclencher une nouvelle dynamique européenne en matière de défense et de sécurité.

Troisième défi : assumer notre participation au débat stratégique et plus largement,  assumer toute notre place au sein de la Nation française.

Aucune politique de défense n’a de valeur sans consentement national, sans l’adhésion de la Nation. 
Pour adhérer, il faut connaître, il faut comprendre ! Il faut se faire connaître, il faut se faire comprendre. La défense se construit avec la Nation et non à côté.

Notre rôle est ici déterminant. Nous avons un devoir de communication, un devoir d’expression,  un devoir de rayonnement et un devoir de réserve.

Nous devons être présents sur la place publique. Je l’ai dit à vos prédécesseurs en juin dernier ! Je le répète aujourd’hui.

Vous devez communiquer. Communiquer, cela ne veut pas dire polémiquer. 
Vous devez vous exprimer. S’exprimer, ce n’est pas s’épancher. L’égo est toujours un mauvais conseiller !
Vous devez rayonner. Rayonner ne signifie pas révéler, divulguer des informations classifiées !

Communiquer c’est expliquer, c’est faire preuve de pédagogie.
S’exprimer c’est participer au débat stratégique.
Rayonner, c’est diffuser l’esprit de défense.

Votre intelligence de situation, votre loyauté et votre humilité doivent guider votre expression. Je ferme la parenthèse.

Il ne vous aura pas échappé que les barrières qui existaient précédemment entre les notions de sécurité et de défense, se sont partiellement effacées.

Les défis de défense et de sécurité, ceux qui nous sont posés aujourd’hui ne sont pas l’apanage des seuls militaires.
 Nous sommes entrés dans ce nouveau concept , « celui d’une stratégie de sécurité nationale qui associe sans les confondre, la politique de défense, la politique de sécurité intérieure, la politique économique et la politique étrangère » pour reprendre les mots du président de la République.

Dans ce contexte, à nous d’expliquer ce que nous sommes, ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons et comment nous le faisons.

Personne ne le fera à notre place.

***

4/ Je terminerai par quelques mots sur « L’école de guerre ! »

En juin dernier, j’ai surpris vos anciens, dans ce même amphi, en employant, à dessein, le terme « d’école de guerre » au lieu de CID.

La sémantique a son importance. Je préfère le terme école de guerre pour deux raisons :
La première est simple : c’est un terme qui parle à la société civile. Le greffon CID n’a jamais pris. Ecole de guerre, tout le monde sait de quoi on parle.

La deuxième raison , c’est que «Ecole de guerre » donne du sens à la place que nous avons dans la société.

Dans un monde où le retour de la guerre est une tragique réalité avec le durcissement de nombreux conflits, il s’agit de bien communiquer sur le sens de notre métier.

Notre métier n’est pas comme les autres : 
Il consiste à faire la guerre. 
Il consiste à engager des hommes et des femmes au péril de leur vie, à payer parfois le prix du sang.
Il consiste à porter l’outil politique qui permet de réagir face à l’impensable.

 
« L’école de guerre », c’est donc une école pour penser la guerre, une école pour comprendre la guerre, une école pour apprendre la guerre.

Penser la guerre : 
-C’est étudier le phénomène guerrier à travers l’Histoire, 
-C’est dresser une typologie des guerres, 
-C’est décrypter les formes de la guerre. 
-C’est aussi étudier les outils, les équipements, les formations, les modèles de forces, les tactiques adaptées aux différents types de guerres.
-C’est enfin réfléchir aux guerres d’hier pour comprendre celles d’aujourd’hui.

Comprendre la guerre : 
-C’est bien comprendre face à quel type de guerre nous sommes. 
-C’est ne pas se tromper de guerre !
-C’est bien mesurer le contexte, l’environnement social, économique, politique et géographique.
-C’est bien analyser les menaces et les risques, les combinaisons aléatoires, les facteurs passionnelles qui dépassent la rationalité de nos études prospectives. 
-C’est comprendre les processus décisionnels.
-C’est déterminer les interactions entre le politique et le militaire.
-C’est au fond,  disséquer tous les ressorts de la guerre pour pouvoir conduire celles d’aujourd’hui et préparer celles de demain.

Apprendre la guerre , enfin, c’est apprendre votre métier.
La guerre aujourd’hui est une guerre qui se joue en interarmées, en coalition, en inter-agences ou interministériel. 
C’est ce que l’on appelle «  l’approche globale » que j’ai évoquée tout à l’heure.
C’est cette guerre là qui se joue aujourd’hui ; c’est cette guerre là que vous devez préparer.

C’est bien ce que j’attends de vous à l’Ecole de Guerre.

 « Ni baroudeurs, ni ingénieurs » mais des officiers de réflexion pour l’action !

J’attends que vous appreniez à devenir des chefs opérationnels aptes à décider dans la complexité, c'est-à-dire des chefs opérationnels qui sachent non seulement planifier et conduire une opération militaire interarmées et multinationale mais:

- qui connaissent parfaitement l’environnement de leur action militaire ;
- qui connaissent les structures et les acteurs périphériques de leur action militaire.
- qui reconnaissent qu’ils ne sont pas des techniciens, des experts ou des scientifiques de la guerre, mais des officiers et des citoyens qui  perçoivent toutes les dimensions de leur engagement et de leurs missions.

Cela réclame de l’humilité, de l’intelligence et du travail.

Pour conclure, je vous souhaite du courage, c'est-à-dire du cœur à l’ouvrage. Soyez les acteurs de votre CID et non pas de simples spectateurs !

Votre travail au CID :

- C’est le travail qui vous engage pour l’avenir,

- C’est le travail qui engagera demain vos subordonnés,

 
- C’est le travail que vous devez à ceux qui en opérations risquent leur vie et payent le prix du sang leur engagement au service de la France.

Sources : EMA - Droits : Ministère de la Défense 

SOURCE :

http://www.defense.gouv.fr/ema/le-chef-d-etat-major/l-actualite-du-cema2/allocution-du-cema-aux-stagiaires-du-cid

[Merci JMarc]

Derniers commentaires

Anne-Marie : On apprend aussi une interconnexion avec les chefs Islamistes de Syrie venus combattre en Ukraine... * "Les terroristes de Moscou avaient fuit vers…
sur Attentat à Moscou : Poutine promet que tous les responsables seront « punis »

Paul De Florant : Encore la CIA, le MI6 et le GUR Comme nous l'indique JLPujo via le groupe Hermes (Renseignements police&armée) de Politique-actu / PenserlaFrance…
sur Attentat à Moscou : Poutine promet que tous les responsables seront « punis »

Isabelle de Chritus : Un traitre a la Nation ! Un idéologue sans vision ! Comme le résume jluc Pujo pour Penser la France : «  #JacquesDELORS est mort ! Vive…
sur Jacques Delors : une cérémonie d’hommage national aux Invalides, le 5 janvier

Paul De Florant : VETO des USA - CONSEIL DE SECURITE - ONU - Cessez-le-feu immédiat à Gaza ! le "NIET" de Washington ! "Vote scandaleux" comme l'écrit JLPujo:…
sur Guerre Hamas-Israël : intenses combats dans le sud de la bande de Gaza

Anne-Marie : #Hanouka a l’#Elysee ? "Une honte !" pour Jean-Luc Pujo / Penser la France. "Même le #CRIF morigène #Macron et le #Consistoire ! Si même le…
sur Hanouka à l’Élysée : les louvoiements d’Emmanuel Macron sur la laïcité

Thématiques : AFGHANISTAN - AFRIQUE - Agriculture - Alain JUPPE - ALGERIE - Algérie - Alimentation - ALLEMAGNE - Amérique Centrale - Amérique du Sud - André Bellon - ANGLETERRE - Anne-Cécile Robert - Annie Lacroix-Riz - Armée française - ASIE - BANQUE MONDIALE - BRESIL - Bruno Le Maire - Catholicisme - CENTRE AFRIQUE - Chanson & Poésie - CHINE - CHINE - Christian Perronne - Christianisme - Cinéma - Clément Beaune - CNR - Communisme - COVID19 - COVID19 - Crypto & Blockchains - CUBA - CULTURE - Défense - Demographie - Demographie Mondiale - Didier Raoult - Diplomatie française - DROIT - Ecologie & environnement - Economie - Edouard Philippe - EDUCATION - Egalité Femme & Homme - Election Européenne - Elections régionales - Elisabeth BORNE - Emmanuel Macron - Emmanuel MACRON - Energie - Enfance - Environnement - Eric ZEMMOUR - Eric Zemmour - ESPAGNE - Etienne Tarride - EURO - euro - Européenne 2024 - Fabien Roussel - Fadi Kassem - Fiscalité - FMI - France-Allemagne - François Asselineau - François ASSELINEAU - François Bayrou - François Hollande - François Ruffin - Francophonie - francophonie & Langue française - G20 - G7 - Gabriel Attal - Gaullisme - Georges Gastaud - Gérald Darmanin - Gérard Larcher - Guadeloupe & Martinique - HISTOIRE - Humanisme - Immigration - Immigration - INDE - INDE - INSTITUTION - IRAK - IRAN - ISLAM - Islamisme - ISRAEL - ISRAËL & PALESTINE - ITALIE - Jacques CHEMINADE - Jacques Cotta - JAPON - Jean Castex - Jean-Luc Melenchon - Jean-Luc Pujo - Jean-Pierre Chevenement - Jean-Pierre Raffarin - Judaisme - Justice - Justice - Laïcité - Laicité - Législative 2017 - Léon Landini - LIBAN - Libéralisme - LIBYE - lutte sociale - Lutte Sociale & Combat social - MACHREK - MAGHREB - Maison de France & Monarchie - MALI - Manuel Bompard - Marine LEPEN - Marine LEPEN - Marlène Schiappa - Medecine - Medecine sous Hyppocrate - MEDIAS - MER - Mexique - Michel Houellebecq - Michel Onfray - MUSIQUE - Nathalie Arthaud - Nations d'Europe - Nicolas Dupont-Aignan - Nicolas Sarkozy - NIGERIA - Nucléaire - OCS - OCS - OMC - ONU - ONU - Nations Unies - OTAN - OTAN - PAKISTAN - PALESTINE - Patriotisme - Pauvreté - précarité - Penser la France - POLICE & Sécurité - Pour une Constituante - PRC - PRCF - Présidentielle 2017 - Présidentielle 2022 - Protestantisme - QUEBEC - QUEBEC - RéinfoCovid 2022 - Relations Internationales - RELIGION - Roland Hureaux - RUSSIE - RUSSIE - RUSSIE - SANTE - SANTE - Sciences & Recherche - Sciences&Technologie - SERVICE PUBLIC - SPORT - Syndicats - SYRIE - TURQUIE - UKRAINE - Ukraine - Union européenne - USA - USA - Valérie Bugault - Valérie PECRESSE - Valérie Pecresse - VENEZUELA - VENEZUELA - Venezuela - Yaël Braun-Pivet