« L'Islamo-business vivier du terrorisme » par Jean-Paul GOUREVITCH, Expert international des questions africaines
L’islamo-business est un concept neuf, mal dégagé de sa gangue originale et parfois employé à contresens par des medias qui confondent islam et islamisme. Il désigne (cf mon ouvrage sur La croisade islamiste Pascal Galodé déc 2011) l’utilisation au seul profit de l’islamisme des ressources de l’économie informelle sous ses diverses formes : trafics de stupéfiants, d’armes, d’animaux, piratage, contrefaçon, escroqueries à l’identité, délinquance de proximité, mais aussi racket organisé et intervention de mafias.
La légitimité de ce système d’économie parallèle ou souterraine est attestée par les propos de Saïd Ramadan ou du Takfir wal-Hijra salafiste. L’objectif est de mettre à genoux le monde occidental capitaliste et mécréant.
Analyse de processus
Dans ce combat ce sont particulièrement en France (mais pas seulement) les jeunes musulmans issus de l’immigration qui sont la cible principale. Le parcours des Khaled Kelkal d’hier et des Mohammed Merah ou des Mehdi Nemmouche d’aujourd’hui est le même. De la petite délinquance de banlieue qui n’a au départ comme justificatif que l’enrichissement personnel, on passe à une légitimation de la pratique délictueuse au nom de l’islamisme radical puis à l’action directe. Ceci donne une justification par la transcendance aux colères rentrées et aux sentiments de victimisation qui sont le terreau sur lequel se développe l’islamo-business. Le passage de l’islamo-business au terrorisme est complexe et relève de parcours individuels encouragés par certaines autorités religieuses locales et fomentés par le souci de l’héroïsme, et de l’exemplarité.
L’islamo-business comme plan B du terrorisme en Occident
L’idée force est que l’islamo-business représente un plan B face au relatif échec de la propagation du terrorisme dans les démocraties occidentales.
Les succès obtenus dans le démantèlement de filières et la prévention d’attentats génèrent en effet deux attitudes opposées : une expatriation de certains combattants vers les terrains où le djihad se pratique avec des chances de réussite. Dans ce premier cas l’islamo-business se résume à la mise en place d’une logistique, de réseaux, de relais et de ressources financières pour pouvoir partir.
Autre chose est la territorialisation des violences où l’islamo-business bénéficie de la complicité d’une partie de la population par solidarité communautaire ou religieuse, rejet de l’Etat prédateur ou application généralisée de l’omerta.
S’il est difficile de quantifier ces processus, on peut avancer qu’ils sont comme l’ensemble de l’économie informelle en voie de développement dans les économies occidentales notamment dans la clientèle des jeunes et que l’Etat, faute de l’avoir identifiée, n’a pas encore trouvé les moyens de lutter contre cette gangrène.
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