« Effacement d'une partie de la dette Grecque… Un vrai cadeau ? » par Jérôme Gasulla

SERIE  « La crise économique expliquée à ma fille ...» par Jérôme GASULLA

Rien de mieux que les exemples pour comprendre la crise ... quelques scène de la vie quotidienne :

Personnages : La petite soeur (L'état), discute avec son grand frère (Le bon peuple) et son père (la Banque);

Retournons voir notre petite famille...

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Le fils (Le Bon Peuple) est exténué... Il a beau cumuler les petits boulots, il arrive de moins en moins à joindre les deux bouts. Il se plaint à sa petite soeur (L'état).

- Tu sais soeurette, je n'en peux plus ! Je fais mes études, je travaille à côté... Toi tu me demandes 100€ pour t'occuper de mes courses toutes les semaines... C'est trop. Je ne vais pas pouvoir te donner autant. Ou alors il faut que tu me donnes plus en échange ! Un bout de fromage moisi, 4 carambars et une canette de bière entamée, pour 100€, c'est insuffisant.

La petite soeur est très mal. Elle est coincée entre son papa (La Banque) et son grand frère... Elle se défend comme elle peut :

- Mais je t'ai déjà expliqué que c'est la crise ! Tout devient plus cher ! Tu n'as qu'à travailler plus, écoute ! Ce n’est pas difficile... Tu travailles plus, tu gagnes plus et tu n'auras plus de soucis...

- Non ! Je ne peux pas travailler plus ! Je cumule plusieurs emplois précaires, mal payés et dévalorisants. Ma vie, c'est boulot et stress. Ce n’est pas humain ! Je bosse comme un âne, je te donne des sous avec presque rien en retour et en plus, je dois de l'argent à papa...

- Écoute, frangin... Réduis tes dépenses, travaille plus... Travaille pendant tes vacances, travaille la nuit... Oublie tes rêves, ne cède pas à tes envies... Sois raisonnable et fort ! C'est la crise.

- Écoute, soeurette... Je commence à en avoir marre. Si ça continue, les 100€, je te les donnerai pas et en plus tu prendras une grosse tarte dans la gueule car, tu vois, mes nerfs lâchent un petit peu...

La petite soeur quitte la pièce en courant et se rend auprès de son père. L'heure est grave... Une grande torgnole de son grand frère, ça peut faire très mal...

- Papa, le frangin est à bout... J'ai appris qu'il avait des dettes auprès de toi...

- Oui ; il me doit 120€.

- Heu... Dis donc ! Je ne t’ai pas donné 100 €, moi ? Tu sais, quand tu m'as expliqué que c'était la crise...

- Heu... Oui, c'est vrai. C'est la crise, tu as bien fait, je te remercie.

- Alors, écoute bien ! Mon frère menace de me casser la figure. J'aime bien qu'il me donne des sous, et j'adore gérer ses affaires. Donc s'il ne me donne plus ses 100€ par semaine, je peux plus t'aider pour la crise. Je crois qu’il ne faut pas charrier... Tu dois faire un geste sur sa dette !

Le père réfléchit... Oui, l'heure est grave. Si le grand frère se rebiffe, non seulement il va perdre les intérêts de la dette, soit 20€. Mais surtout il perdra le capital : les 100€ dont la petite soeur lui fait bêtement cadeau... Il faut lâcher du lest. Sinon, la perte sèche sera de 120€...

Il réunit le frère et la soeur dans le salon.

- Mes enfants c'est la crise, je vous l'ai dit. Alors je dois montrer l'exemple et être responsable. J'ai décidé de réduire ta dette, fainéant de fils ! Je la divise par deux ! Tu me devras 110€ au lieu de 120€ ! En revanche, il faut bien que je me rattrape. Le dernier né de la maison, le bébé (Les Générations Futures), devra payer la différence. Cela va commencer tout de suite... Il n'aura pas le bon lait Kikoze, mais du lait OGM, moins cher... Ses couches seront « premier prix » ; il sera plus dans la m... que vous. J'espère que vous réalisez la peine que vous me faites et les conséquences de votre fainéantise. Vous êtes des irresponsables et des égoïstes, tous les deux.

Nous voilà donc au bilan des courses... La petite soeur garde le contrôle des affaires du grand frère, continue à recevoir ses 100€ par semaine et se fait bien voir du papa… (Elle risque quand même d’avoir un œil au beurre-noir si elle la ramène trop…)

Le papa passe pour un grand seigneur (saigneur ?) avec un geste magnifique... 50% de réduction, c’est énorme ! Oui, sauf que ne pas gagner 8,33% (10€ sur 120€, ça fait 8,33 %), ce n’est pas la même chose que PERDRE 60€ (La moitié de 120€).

Rappelons à toutes fins utiles que les 100€ donnés par la petite sœur appartiennent au grand frère... C’est sûr, « grâce » à la générosité de papa, le grand frère ne devra payer que 10€ pour avoir le droit d’utiliser son propre argent…

Rassurons-nous pour papa ; il pourra toujours aller en week-end sur son yacht grâce aux 10€ d’économies qui seront faites sur le lait et les couches du dernier né de la maisonnée…

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Pour traduire dans les faits cette scénette, quand les gouvernements demandent aux banques d'effacer la moitié de la dette d'un pays, cela ne présente qu'un sacrifice virtuel de la part de ces dernières.

Elles acceptent seulement de baisser un peu leurs prétentions de gains.

Pour ce qui est de la Grèce, elles vont dire qu'elles divisent la dette par deux mais, comme je l'ai illustré dans mon texte, elles ne perdront rien, gagneront juste un peu moins à court terme puis reporteront le manque à gagner (la « dette ») sur les générations à venir…

Rappelons que l'argent qu'elles prêtent est celui des citoyens.

Pour le cas du gouvernement grec (la petit sœur), il prend déjà quelques torgnoles (manifestations, émeutes…), en attendant son bon cocard (révolution ?) conséquence de sa complicité avec papa (la Banque)…

C’est sûr, le grand frère (le Bon peuple) se sera bien défoulé… Hélas, même si la petite sœur (l'état)  est à l’hôpital et ne gère plus ses affaires, il n’en demeurera pas moins que ce sera toujours papa (La Banque) qui dirigera la maison (Le pays, la planète)…

Tu trouves ce grand frère un peu idiot ?

Tu as raison, mais le frère, c'est toi  ... "

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