EGA : le cri d’alarme de la Coordination Rurale ! (Etat généraux de l'alimentation - septembre 2017)
[Dossier suivi par Eric ROGALLE, responsable des questions agricoles pour "Penser la France"]
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Alors que les États généraux de l’alimentation ont débuté depuis 2 semaines, la Coordination Rurale est très inquiète de la tournure des discussions. Et pour cause, les responsables de la crise agricole (présidents de coopératives, industries agroalimentaires, distribution…) sont aux manettes des ateliers et pas vraiment décidés à rompre avec le système actuel… qui fonctionne pour eux !
Aucune logique de rupture
Les idées, qui ont pourtant montré leurs limites, sont ressassées et rien n’est fait pour ouvrir le débat. « Il nous est interdit de parler des prix mondiaux et du besoin de changer la PAC. La plupart des discussions s’orientent vers une solution unique déplorable : l’export… » constate Bernard Lannes, président de la CR.
Des ateliers mal orientés ?
Il est totalement aberrant et irresponsable de voir que l’un des trois axes retenus par l’atelier 2, en charge des synergies et des initiatives locales, est l’exportation !
Il en est de même pour l’atelier 6 qui traite de l’adaptation de la production aux besoins des différents marchés et aux besoins des transformateurs alors qu’il y a bien d’autres pistes intéressantes à explorer localement et nationalement, à commencer par la reconquête du marché intérieur, le rééquilibrage de la production, l’étiquetage, l’approvisionnement de la restauration collective et de toute l’alimentation hors domicile…
L’ultralibéralisme de l’atelier visant à faire rayonner l’excellence du modèle alimentaire de la France (atelier 4) pose question puisque la France est loin d’être autosuffisante et importe à tour de bras des protéines végétales, de la viande, des fruits et des légumes.
Enfin, malgré les interventions du service des statistiques du ministère de l’Agriculture et de l’Office de la formation des prix et des marges (OFPM) qui avaient alerté sur le problème des prix agricoles trop bas, dans l’atelier 5, qui vise pourtant à rendre aux producteurs des prix plus rémunérateurs, il n’est plus question de trouver des solutions pour que les coûts de production des agriculteurs soient au moins couverts… La Coordination rurale rappelle que le prix payé aux producteurs doit être basé à partir d’un coût réel de production auquel il faut rajouter une juste rémunération.
Les premières réunions ne laissent malheureusement pas grand espoir à la Coordination Rurale de voir la situation des agriculteurs s’améliorer grâce aux EGA. Cependant, la CR reste déterminée à y faire entendre la voix des agriculteurs et continuera d’y présenter des propositions nouvelles et longuement réfléchies, jamais mises en place, et permettant surtout de redonner du revenu, de l’envie et des perspectives d’avenir aux jeunes pour qu’ils s’installent sereinement et dans la durée.
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