Israël face à une résolution sur le contrôle de ses installations nucléaires !
Alexander Klein (AFP/Archives)
Jérusalem a demandé à tous ses ambassadeurs d'exhorter leurs gouvernements hôtes à s'y opposer
Israël a entamé il y a deux semaines une campagne diplomatique pour contrecarrer une résolution visant à soumettre ses installations nucléaires à un contrôle international. La résolution, qui a été déposée par l'Egypte et d'autres Etats arabes et musulmans, sera soumise au vote lors de la prochaine Conférence générale de l'Agence internationale de l'énergie atomique en septembre prochain, rapporte Haaretz.
Un haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré craindre que le récent accord sur le nucléaire iranien signé entre Téhéran et les puissances occidentales, ne complique la tâche de l'Etat hébreu.
La résolution, intitulée "les capacités nucléaires israéliennes", a été soumise à plusieurs reprises par l'Egypte au cours des dernières années. Elle condamne Israël, exige que celui-ci ouvre ses installations nucléaires aux inspections de l'AIEA, et appelle à une conférence internationale sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient
Contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité, celle-ci ne serait pas contraignante. Mais elle pourrait encore causer des dégâts pour Israël sur le front diplomatique, et focaliser l'attention internationale sur le programme nucléaire israélien.
Il y a quelques mois, l'Egypte et l'Iran ont proposé une résolution similaire lors de la conférence sur la révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, mais les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada s'y sont opposés.
Bien que l'Egypte soit le principal initiateur de la résolution de l'AIEA, l'Iran pourrait rejoindre le mouvement. Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif l'a ainsi suggéré dans une tribune publiée dans The Guardian intitulée, "l'Iran a signé un accord nucléaire historique, au tour d'Israël maintenant".
Dans son message, Zarif explique qu'Israël doit adhérer de force au TNP et promeut une conférence internationale sur l'abandon des armes nucléaires au Moyen-Orient. Selon lui, Israël dispose d'un arsenal nucléaire "non déclaré" qu'il considère comme une provocation envers la non-prolifération, malgré la "campagne alarmiste absurde" de l'Etat hébreu contre l'accord nucléaire iranien.
"Détourner l'attention"
Au cours des dernières années, Israël a réussi à rassembler une majorité contre la résolution de l'Egypte déposée à l'AIEA, en partie grâce à des propositions visant à renforcer le dialogue sur la sécurité régionale avec les pays arabes sous les auspices de l'ONU. L'Egypte et plusieurs autres pays ont rejeté ces propositions, mais celles-ci ont permis à Israël d'obtenir un certain crédit sur la scène internationale.
La campagne visant contrecarrer cette dernière résolution a démarré il y a deux semaines, lorsque le ministère des Affaires étrangères a envoyé un câble à toutes les ambassades et consulats israéliens leur indiquant d'exhorter leurs gouvernements hôtes à s'y opposer.
"La résolution est fondamentalement biaisée et erronée, elle vise à détourner l'attention mondiale des véritables dangers de la prolifération nucléaire dans la région", précise le câble en question. "Cette initiative va encore politiser l'AIEA et saper la confiance nécessaire pour tout dialogue régional sur cette question", précise-t-il.
Israël a également envoyé des diplomates dans plusieurs pays qu'il juge "clé" pour gagner le vote. L'ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères, Nissim Ben Shitrit, s'est ainsi rendu en Argentine il y a environ 10 jours. Les autorités israéliennes estiment que si l'Argentine ne soutient pas la proposition arabe, d'autres pays d'Amérique latine lui emboiteraient certainement le pas.
En Israël, les avis divergent sur la façon dont l'accord iranien aura un impact sur le débat de l'AIEA. Certains responsables estiment que l'Amérique et d'autres pays ne voudront pas intensifier davantage la pression sur Israël.
Mais d'autres craignent qu'avec l'accord, l'attention internationale se déplace vers le programme nucléaire israélien. Selon ces derniers, le soutien américain à Israël sera moins important, en raison des graves tensions avec Washington sur l'affaire du nucléaire iranien.
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[Merci JMarc]