#BernardPetit - "La destruction de Bernard Petit, patron du 36 quai des Orfèvres" par François Belliot, écrivain.

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La destruction de Bernard Petit, patron du 36 quai des Orfèvres
Alors qu’il n’existe aucun cas de haut fonctionnaire ayant eu à rendre des comptes pour l’anticipation et la gestion au mieux calamiteuse, au pire coupable, d’événements sanglants comme le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 ou les attentats du 13 novembre 2015 – la même remarque pourrait être faite pour la si mal nommée « crise sanitaire » dans laquelle nous nous enfonçons inexorablement depuis près de vingt mois comme dans des sables mouvants – le cas de Bernard Petit, l’ancien patron du 36 quai des Orfèvres – la Police Judiciaire de la Préfecture de Police de Paris –, nous donne l’occasion de montrer par un exemple éclatant qu’au besoin, les sanctions les plus lourdes peuvent être prises contre un fonctionnaire très haut placé, pour un prétexte dont le caractère décisif est loin d’être évident. Ce qu’on appelle le deux poids/deux mesures pour évoquer gouffre qui s’approfondit jour après jour entre les élites et les simples citoyens, les premières toujours « responsables mais pas coupables », les seconds toujours « pas responsables mais coupables », peut se constater également dans les hautes sphères du pouvoir, dès lors que l’on dérange dans le dispositif ou grippe son fonctionnement, et il ne s’agit pas d’une question de compétence ou d’incompétence. Le régime républicain privilégiera toujours l’incompétent servile au compétent indépendant, couvrant le premier en toutes circonstances, quelles que soient ses casseroles, et détruisant le second sans pitié, aussi irréprochables soient ses états de service – la question de l’intérêt supérieur des Français et de leur sécurité, est-il besoin de le préciser, n’entrant jamais en ligne de compte. Nous avons rapporté dans notre ouvrage Le massacre de Charlie Hebdo, l’enquête impossible, le cas du patron du RAID Jean-Michel Fauvergue, limogé en 2017 pour le plus captieux des prétextes en pleine état d’urgence terroriste, voyons maintenant celui de Bernard Petit, qui en tant que patron de la PJ de Paris coordonnait les enquêtes les attentats de janvier 2015, brutalement placé en garde-à-vue le 3 février 2015, aussitôt dégradé, limogé, humilié, et toujours en attente de son procès six ans après les faits.
Le présent travail s’intègre dans la série d’articles connexes que nous avons publiés depuis le mois d’août 2021, en accompagnement de la sortie du Massacre de Charlie Hebdo, l’enquête impossible, dans l’ordre :
1) Un ouvrage anticomplotiste (AC), sur le massacre de Charlie Hebdo
2) Le lynchage républicain de Thierry Casasnovas
3) 11 septembre et massacre de Charlie Hebdo : ressemblance ou filiation ?
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Sommaire
- Une carrière et des états de service exemplaires
- 3 février 2015 : La chute
- Un exercice perturbé par les affaires et les déstabilisations
- Mai 2021 : le procès à venir de Bernard Petit ?
- Conclusion
- Addendum : le point de vue de Bernard Petit sur le massacre de Charlie Hebdo et le mystère des frères Kouachi
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Une carrière et des états de service exemplaires
Né à Sfax en Tunisie en 1956, Bernard Petit est entré dans la police en 1978, après être passé par l’école des officiers de police à Cannes l’Écluse. Débutant en tant qu’inspecteur puis inspecteur principal de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCTRIS) il passe en 1985-1986 par l’École supérieure de la police nationale Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, dont il sort major de promotion, entrant dans la carrière de commissaire. Il est affecté pour commencer Adjoint au chef de l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB), jusqu’en 1990 où il devient Conseiller technique à la Délégation interministérielle à la lutte contre la drogue et la toxicomanie (DGLDT). De 1994 à 1997, il est chef d’état-major de la police judiciaire, puis de 1997 à 2001, attaché de police en Afrique du Sud pour la Coopération technique et opérationnelle. De 2001 à 2006 il dirige l’OCRTIS, rattaché à la DCPJ. En 2006, il devient « le patron de la Division des relations internationales (DRI) de la police nationale, la nouvelle dénomination de la SCTIP, le Service de la coopération technique international de la police, une responsabilité traditionnellement attribuée à un franc-maçon », rapporte Olivier Toscer dans le nouvelobs.com. En 2010 il est nommé Sous-directeur de la police judiciaire en charge de la lutte contre le crime organisé et la délinquance financière. Il atteint la consécration en décembre 2013, quand il nommé par Manuel Valls à la tête des services actifs de la préfecture de Paris, c’est-à-dire patron du célèbre 36 quai des Orfèvres, en remplacement de Christian Flaesch, coupable de « faute déontologique »1, pour reprendre les propos publics du ministre.
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