"LE PARTI DE LA PEUR" par Etienne TARRIDE

[Photo - Fabius: "Toulon II, c'est supercherie II" © REUTERS]
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Le 1 Decembre 2011 Nicolas Sarkozy, plus que probable candidat à l'élection présidentielle de 2012, s'est adressé à son électorat, la France qui a peur. La France qui a peur de tout. De la dette publique naturellement, de la crise de l'Euro mais aussi de l'immigration, mais aussi des revendications sociales, mais aussi d'une nouvelle politique fondée sur plus de Justice.
Il est révélateur que le mot de Justice n'est pas été sérieusement prononcé ni par Nicolas Sarkozy ni d'ailleurs, pour autant qu'on puisse en croire les traductions par Angela Merkel dans son discours du Bundestag. Sans doute nous répondra-t-on que tel n'est pas le problème de l'heure et que des périls bien plus graves nous menacent. Ce serait une lourde erreur. C'est en grande partie, nous ne nous lasserons pas de le répéter, l'injustice croissante qui a amené la situation actuelle, le crédit, public ou privé étant utilisé comme amortisseur social au delà de toute raison.
Nous continuons à penser, tout au moins à espérer que le débat de 2012 en France opposera la France qui a peur à la France qui se sait forte et qui garde son espoir intact en un redressement sinon rapide tout au moins profond grâce à plus de justice c'est à dire grâce à une meilleure répartition des efforts nécessaires.
Nicolas Sarkozy est parfaitement conscient que son avenir électoral dépend de sa capacité à entretenir les peurs et à se parer de l'apparence du capitaine dans la tempête. Il est clair qu'il convient de rassembler en face de lui les Français, ils sont majoritaires, qui savent que si des sacrifices seront nécessaires, ces sacrifices ne seront pas énormes dès lors qu'ils seront convenablement répartis. C'est le sens qu'il faut donner à une réforme fiscale qui rétablisse la progressivité de l'impôt, c'est le sens qu'il faut donner à une politique de l'immigration qui aide la France à retrouver sa croissance mais aussi aux immigrés de se sentir à l'aise parmis nous, c'est le sens qu'il faut donner à une politique des salaires et des revenus qui permettent à ceux qui exercent des emplois ingrats d'être comparativement mieux traités que ceux qui exercent des fonctions gratifiantes en elles-mêmes que ce soit en termes de salaire ou de retraite.
La peur a toujours été dans l'histoire à l'origine des pires désastres. La peur a toujours servi aux politiciens à bout de souffle arc-boutés sur leurs sièges. La peur est parfois le vecteur de succès électoraux, elle n'est jamais la base de conquêtes politiques.
Il serait en tous cas ridicule que des citoyens qui conservent le grand souvenir du Général de Gaulle ou qui ont appris qui était De Gaulle et veulent se conformer autant qu'ils le peuvent aux leçons qu'il nous a données, adhèrent au parti de la peur. Il serait invraisemblable qu'ils adhèrent à un discours qui veut que les efforts nous soient imposés par l'Europe. Le parti de la peur n'est vraiment pas leur camp.
Etienne TARRIDE*
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*Etienne TARRIDE - ancien avocat au barreau de Paris, gaulliste de gauche - publie des billets en exclusivité pour POLITIQUE-ACTU.COM