Tunisie, Algérie, Egypte, Côte d’Ivoire : des renversements pilotés par qui ? Jean-Luc Pujo
La Tunisie connaît depuis maintenant plusieurs jours des mouvements violents populaires que chacun s’accorde à présenter comme « révolutionnaire » et « populaire ». Cette « révolution de Jasmin » tombe à point.
Tunisie, Algérie, Egypte il y a peu, Jordanie, sans oublier la Côte d’Ivoire … le chapelet des secousses ne peut que nous étonner.
Mais que se passe-t-il donc ?
La réponse à ce stade est une rivière d’interrogations suspectes.
La révolution populaire en Tunisie n’a rien de populaire.
N’en déplaise aux opinions et journalistes occidentaux, ce n’est pas le peuple qui a renversé Ben Ali.
Il s’agit avant tout d’une révolution de palais masquée par des agitations et des troubles entretenus – par qui ? – pour faire accroire à un véritable mouvement démocratique.
Pourquoi Ben Ali a-t-il été lâché par l’armée, seul motif de sa fuite ?
Qui est derrière l’armée tunisienne ? Quelle puissance suffisamment importante a inversé la donne ?
Quels crimes a commis Ben Ali pour déplaire à ces maîtres puissants ?
1ère série de constats – de la France :
A Paris, la gauche comme la droite, ont été compromis dans le soutient à ce régime autocratique.
Paris - pourtant prêt à sauver le régime - a totalement perdu la main sur Tunis. Notre gouvernement était même prêt à envoyer des forces de sécurité à Tunis ! C'est dire.
Paris est bousculé partout, également en Côte d’Ivoire où elle est en passe comme sur tous les fronts de perdre la main.
Nous assistons bel et bien à un recul magistral des intérêts français en Afrique et au Maghreb.
L’Alliance de Sarkozy avec les américains – notre totale soumission - est un échec magistral. Nous avons ainsi et le déshonneur et la misère. Bravo.
Et nous restons encore en Afghanistan ?
2ème série de constats – de la Tunisie :
La Tunisie corrompue a ouvert la voie à la Chine depuis dix ans (contrat économique, santé) avec un saut qualitatif récent en matière de coopération militaire.
L’ensemble du Maghreb et de l’Afrique noire voit progresser les intérêts chinois. Les Russes ne sont pas en reste. Les intérêts européens reculent presque partout, hormis ceux des sociétés anglaises.
La Tunisie – en cultivant des relations exceptionnelles avec la Chine - était donc en passe de bousculer les grands équilibres sur la zone. Son président le paye aujourd’hui.
De toute façon, personne pour le pleurer.
3ème série de question – Des puissances :
Ni la Chine ni la Russie n’ont intérêt à bousculer actuellement les pays d’Afrique noire - notamment la Côte d’Ivoire - ou les pays du Maghreb. Dans tous ces pays, ils progressent en part de marché.
Dans l'immense jeu de mécano et de monopoly capitalistique - nous sommes bien loin des belles images de peuples libérés - nous devons nous interroger.
Au mieux, qui donc est en train de reprendre la main sur ces zones d'influences ?
Au pire, qui a décidé d'enflammer les pays du sud de la Méditerranée ?
***
De toute évidence, nous sommes entrés dans un mouvement historique - aux conséquences incalculables - généré par une puissance au bord du gouffre économique et financier.
Si elle glisse, va-t-elle nous entrainer ?
Jean-Luc Pujo
président les Clubs "Penser la France"
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