"MEDEF - Election : la fin du paritarisme? Une idée qui n'a pas séduit !" par J.R

[NDLR : Les élections de la présidence du MEDEF auront lieu le 3 juillet 2018.]
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"Elections au Medef : la fin du paritarisme, une idée qui n'a pas séduit!"
L'avenir du paritarisme était au cœur de la campagne pour la présidence du Medef. Les tenants d'une ligne réformiste l'ont emporté sur ceux qui souhaitaient dynamiter un système dont n'ont pas à rougir les principaux groupes français de protection sociale.
La campagne pour la présidence du Medef entre dans sa dernière ligne droite. Sur la petite dizaine de candidats à s'être lancés dans l'aventure, seuls Alexandre Saubot et Geoffroy Roux de Bézieux semblent encore en mesure de succéder à Pierre Gattaz à la tête de l'organisation patronale. Au cours des dernières semaines, le sujet du paritarisme fut l'un des plus discutés entre les candidats, la plupart d'entre eux affichant des avis particulièrement tranchés sur la question.
Les candidats contre le paritarisme font un flop
C'était le cas, notamment, de Jean-Charles Simon. L'ancien bras droit de Laurence Parisot, qui s'est, depuis, rallié à la candidature de Geoffroy Roux de Bézieux, avait inscrit la fin du paritarisme en toutes lettres dans son programme : « Le paritarisme, c'est un vrai problème pour le Medef. Cette fonction de gestionnaire (…) donne l'impression que le Medef est un partenaire de l'Etat. Ça brouille le message de défense des entreprises que nous devons envoyer ».
Frédéric Motte, qui a pour sa part rallié Geoffroy Roux de Bézieux, entendait lui aussi « revisiter » le paritarisme : « Si on veut redorer son image et avoir une vision claire du Medef et de ses missions, il faut se poser la question de notre présence dans un certain nombre d'organismes ». Patrick Martin, quant à lui, souhaitait réorienter le Medef vers des missions où il a « de la légitimité »
Mais c'est sans doute à Olivier Klotz que l'on doit les attaques les plus frontales contre le paritarisme. « Je suis pour un Medef d'influence plutôt qu'un Medef de gestion », a ainsi déclaré le président du Medef Alsace. « Sur les dix prochaines années, il nous faudra nous retirer progressivement de tous les organismes où l'on n'a plus de pouvoir de décision (notamment dans le domaine de la protection sociale) et privatiser ce qui devrait l'être, plutôt que de prendre le risque d'une étatisation à terme ».
Qu'en est-il des deux favoris ? Alexandre Saubot défend « un paritarisme rénové. Sur la formation professionnelle, l'Etat nous a par exemple dit ce qu'on devait faire, du coup, ça ne sert à rien. Sans pouvoir, il est inutile de s'assoir à une table pour discuter ». En charge du pôle social du Medef, l'ancien patron de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) estimait, à l'occasion des négociations sur l'assurance chômage en mars 2017, avoir « constaté une réaffirmation quasiment unanime de l'attachement au paritarisme ».
Quant à Geoffroy Roux de Bézieux, il a déclaré qu'à « partir du moment où les besoins diffèrent selon les entreprises et où l'Etat intervient dans la gestion, le paritarisme doit évoluer ». Si le candidat « pense que le Medef doit se poser la question de sa présence dans un certain nombre d'organismes paritaires », sa « position est très claire : les partenaires sociaux doivent rester gestionnaires de l'assurance chômage si et seulement si ils gardent la maîtrise de tous les paramètres de gestion et que cette gestion est totalement responsabilisée, sans garantie de l'Etat ».
De fait, ce sont donc les candidats les plus mesurés vis-à-vis du paritarisme qui font, pour l'heure, la course en tête. Lors du conseil exécutif du Medef, organisé le 11 juin, Geoffroy Roux de Bézieux a obtenu 22 voix, et Alexandre Saubot 16. Patrick Martin, qui affichait lui aussi une position modérée sur le sujet, en a obtenu 5, avant de se rallier à Geoffroy Roux de Bézieux. Olivier Klotz, lui, n'a réussi à décrocher qu'une seule et unique voix, preuve s'il en est que les électeurs du Medef n'ont pas l'intention de tourner définitivement la page du paritarisme.
Les bons résultats des groupes paritaires
En d'autres termes, si le paritarisme doit être réformé, il ne saurait être abandonné. Ce qui s'explique aisément, avec pour preuve la réussite de certains organismes paritaires, comme AG2R La Mondiale ou Malakoff Médéric. Premier groupe de protection sociale du pays, AG2R La Mondiale affiche en 2017 un résultat net de 361 millions d'euros pour ses activités d'assurance, en hausse de 13,2% par rapport à l'année précédente. Son ratio de solvabilité s'établit à 224% et ses fonds propres ont dépassé la barre des 6 milliards d'euros.
Malakoff Médéric a également conclu 2017 sur de bonnes performances. Le second groupe français de protection sociale affiche un résultat net de 61 millions d'euros, contre 7 millions en 2016. Les fonds propres du groupe sont eux aussi en hausse, à 5,5 milliards d'euros, et son ratio de solvabilité est de 228%. Autant de succès qui démontrent que le paritarisme est tout à fait adapté pour relever les défis à venir.
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*JR est étudiant en sciences politiques, originaire de Brest.