#DominiqueJamet "Apprentis en politique – De François Ier à Robespierre" - Chronique anachronique de Hubert de Champris
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La chronique anachronique de Hubert de Champris
Dominique Jamet, Apprentis en politique – De François Ier à Robespierre
éditions France Livre – de Borée, 295 p., 21 €.
De la province, tous les matins, il prend sa voiture aux aurores pour disputer (et si possible se disputer) à Paris de questions d’actualité sur le plateau de la chaîne Cnews.
Graphomane par nature quand ce ne serait pas par devoir («Un journaliste est un écrivain rapide » a-t-il une fois dit), il fut une époque où, en tant que critique dramatique, il se couchait tard le soir tandis qu’il se levait à l’aube pour tenir chronique matinale sur France Inter.
C’était l’époque où il publiait La droite la plus maladroite au monde.
Sur le fond, son opinion n’a guère évolué depuis lors.
Cette droite, il la cherche ; à défaut de l’avoir à ce jour trouvé, il lui offre son style en exemple de celui qui devrait être le sien,- son style et ses idées, toujours énoncés (és n’est-ce pas, le masculin, politiquement parlant, l’emportant sur le féminin) de manière ferme, rythmée, quasi-géométrique : Dominique Benjamin Jamet est modérément mystique, plutôt un franc-tireur plus cartésien que partisan qui se paye de mots à cette différence près, qu’à l’encontre de nombre de ‘‘belles intelligences’’ médiatiques (nos Duhamel et autre Barbier de Paris), il leur donne de la substance.
Elle s’exprimait il y a dix ans par Le Mal du pays (éd. de La Différence), expression qu’il convient évidemment de prendre dans les deux sens.
Ici, il tâche de remonter plus loin encore dans l’origine de ce mal en évaluant certains de nos anciens monarques.
Mélanges de genres – celui de la biographie critique et de l’essai -, c’est le regard d’un historien moderne - et qui, curieusement, n’entend pas polémiquer, - un regard ainsi objectivement objectif que nous offre le journaliste : rédigé au fil de la plume (et donc de sa seule mémoire), dépourvu d’appareil de notes et de bibliographie (lesquels ne sont au reste parfois que le paravent d’une absence de réelle assimilation de la matière et le masque d’une insensibilité au sujet), l’ouvrage a pour objet d’évaluer tant la personnalité que l’œuvre politique de François Ier , Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI et de nombreuses figures de la Révolution Française. Le verdict est le suivant :
François Ier a implanté et enraciné tous les vices qui caractériseront […] et mèneront finalement à sa perte l’Ancien Régime. (…) La vérité de Louis XIV et de son règne, on la trouvera dans la lettre admirable que Fénelon adressa à Louis XIV à l’hiver 1693-1694 (…) et qui est condamnation sans concession des errements, des erreurs et des fautes personnelles et politiques du monarque, elle est également un appel à la fois pathétique et raisonné du roi qu’a été Louis XIV au roi qu’il aurait pu, qu’il pourrait encore être. (…) Louis XV est l’homme qui ne voulait pas être roi, l’homme qui ne devait pas être roi, n’aurait jamais dû l’être. (…) Louis XVI (…) trouve dans le donjon du Temple l’équilibre et la paix qu’il n’a jamais connu.
Ainsi ce roi trouve-il si l’on peut dire grâce aux yeux de Dominique Jamet tandis que Louis XIII sauve la mise en ayant été l’homme « … qui, assez lucide pour connaître ses limites, a eu l’abnégation d’en tirer les conclusions en laissant le devant de la scène, le mérite et la gloire à un simple collaborateur : le cardinal de Richelieu. »
Sans aller plus outre, et sous bien des réserves qui commanderaient des volumes, nous conclurons que le diagnostic de l’historien est là pour nous réjouir dans l’ensemble.
L’auteur se propose de poursuivre à l’avenir en faisant passer sous ses fourches caudines des personnalités telles que Lamartine, Pétain, De Gaulle et Zelensky.
Nous anticipons notre plaisir et, égoïstement, encourageons vivement le chirurgien à opérer.
Hubert de Champris
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LIVRE EN LIGNE
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[NDLR : La redaction de politique-actu.com est heureuse d'acceuillir de nouveau les chroniques d'Hubert de Champris dont nous apprécions la qualité d'analyse et la liberté de ton. Merci à cette plume exceptionnelle. JLPujo]
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