« De l’aveulissement des peuples » par ELSA TRIOLET - Extrait

Le Traité européen de gouvernance (TSCG), c’est notre « Exode de 1940 » à nous !
A propos de 1940, voici ce qu’écrivait en 1943 Elsa Triolet dans la revue clandestine Confluences :
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« Il y a des hommes à qui la conscience vient toute seule, à qui la vie apprend à être conscients. D’autres sont comme Michel, on dirait que tout se ligue contre eux pour leur boucher la vue…Alors ils s’engagent dans l’édifice branlant , menaçant, de notre vie sociale, sans rien y comprendre, sans qu’on leur ait enseigné le b.a-ba élémentaire ; Michel, les jeunes, qui n’ont pour tout bouclier que les idéaux de la cape et de l’épée, que voulez-vous qu’ils deviennent en face des mitrailleuses de la vie ? Il y en a qui cherchent et trouvent d’autres défenses ; il y en a qui errent, désemparés ; il y en a d’autres qui se débarrassent de la cape et de l’épée comme d’accessoires d’opéra et se mettent à faire du marché noir. Et quand ils veulent bien se conduire, vivre et mourir dans l’honneur, comme on dit, ils ne savent plus où est l’honneur, parce que les circonstances ne sont plus celles des Croisés. Le code de l’honneur exige d’un capitaine de vaisseau qu’il périsse avec son navire et pas un jeune Français n’y faillirait. Mais voilà qu’intervient le sabordage, que le code de l’honneur est tout sens dessus dessous, et qu’il faut avoir autre chose pour vous guider… Les fuyards de 1940 n’étaient pas des lâches, c’étaient des hommes désorientés, car un peuple sans idéologie n’est qu’un amphibie, une masse glaireuse, sans raison, ni espoir ni branche de salut… Il recevra une leçon de choses qui lui apprendra que, tant qu’à mourir, mieux vaut mourir pour quelque chose, et que l’ignorance, le cynisme, le scepticisme ne paient pas puisqu’on se fait aussi bien tuer à plat ventre que debout ».
[Merci à Georges Gastaud]
- Résistons ! Résistons ! Résistons ! -