« HANDICAPES et ECOLE : LE SCANDALE ! »

« Handicap à l'école : seule une poignée d'auxiliaires réembauchés » Louise Fessard
[Article signalé par Josette VOSSOT ]
Seuls une trentaine d'auxiliaires de vie scolaire (AVS) arrivés en fin de contrat avec l'éducation nationale auraient été recrutés à ce jour par des associations de défense des droits des enfants handicapés. Un nombre «dérisoire» aux yeux de Gilles Paumier, secrétaire général d'une de ces associations, la Fnaseph, pour qui le dispositif mis en place par le gouvernement pour ne pas laisser partir ces auxiliaires expérimentés est «mort-né».
En 2009, 1.500 AVS ont pris ou vont prendre la direction du pôle emploi, leur contrat ne pouvant plus être renouvelé. Idem pour 5.000 emplois vie scolaire (EVS). On se souvient de la mobilisation, en juin 2009, des 30.000 employés de vie scolaire (EVS) dont le contrat aidé se terminait, sans aucune solution à la clef. Parmi eux, 5.000 accompagnaient des enfants handicapés. Pendant leurs six ans de contrat pour les AVS, trois ans pour les EVS, ces accompagnants avaient acquis une expérience et bâti des relations avec l'enfant aidé et le corps enseignant.
Pour apaiser la mobilisation des intéressés et des parents qui crient toujours au gaspillage humain, un amendement, voté le 2 juillet 2009, a autorisé trois associations à reprendre, en échange d'une subvention, les contrats de certains AVS pour qu'ils puissent poursuivre leur mission auprès de l'enfant accompagné. Une convention-cadre est signée le 1er septembre par la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph), l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei) et la Fédération générale des pupilles de l'enseignement public (FGPEP).
Mais le dispositif n'a visiblement pas séduit les associations, même signataires. «C'est une solution d'urgence avec beaucoup de risques et pas de visibilité, explique Anne-Valérie Dommanget de l'Unapei. C'est pourquoi nos associations ne se sont pas mobilisées pour recruter ces AVS.» Au sein de l'Unapei, une association a ainsi repris sept contrats ; une autre devrait en reprendre une dizaine.
L'association des paralysés de France (APF) avait, elle, refusé de signer la convention-cadre, estimant qu'elle marquait «un désengagement de l'éducation nationale». «Le gouvernement a fait croire à tort aux familles qu'elles allaient toutes garder leur AVS et aux AVS qu'ils allaient tous conserver leur emploi», dénonçait en septembre, son président, Jean-Marie Barbier. Le ministère de l'éducation nationale a de son côté «diligenté une enquête» dont les résultats seront connus le 20 novembre.
Créer un métier
Première limite, seuls les AVS ayant acquis des compétences spécifiques – par exemple, ceux qui ont appris le braille, la langue des signes française, ou certaines techniques éducatives de l'autisme – sont concernés. Les EVS sont à peine mentionnés. Deuxième limite, «l'éducation nationale a mis en place un calendrier qui a torpillé la reprise», explique Gilles Paumier. La circulaire d'application est parue le 22 octobre 2009, plus d'un mois après la rentrée, et le décret en précisant les détails se fait encore attendre.
Résultat, à la rentrée, de nombreux enfants handicapés se sont retrouvés à la porte de l'école faute d'auxiliaire de vie scolaire. Des parents ont même porté plainte. «On a des remontées de parents faisant valoir le droit à l'insertion en milieu scolaire et, à l'inverse, des AVS en fin de contrat qui nous contactent car ils n'arrivent pas à obtenir de contrat, décrit Anne-Valérie Dommanget. Il y a un besoin et une offre mais pas de dispositif cohérent de portage.» Car depuis les années 1970, «l'insertion scolaire des enfants handicapés a été bâtie sur une politique de lutte contre le chômage, en multipliant les contrats aidés précaires», reproche Gilles Paumier.
Depuis la rentrée, un groupe de travail, réunissant six associations et des représentants du ministère de l'éducation nationale, du secrétariat d'Etat à la solidarité et du ministère du travail, planche donc sur la question de fond: pérenniser le métier d'accompagnant en lui donnant une qualification, un statut et des débouchés. «D'abord dire que c'est un vrai métier, résume Gilles Paumier. Et ensuite que ce métier doit s'exercer non seulement au niveau de l'école mais, à temps plein, dans tous les temps et lieux de l'enfant comme les activités extrascolaires, etc.» De son côté, Anne-Valérie Dommanget met l'accent sur la construction d'un vrai parcours professionnel. «Les AVS ne vont peut-être pas non plus rester auxiliaires toute leur vie, il faut des formations qualifiantes ou de la validation des acquis de l'expérience débouchant par exemple sur des emplois d'éducateur spécialisé ou d'aide médico-psychologique.»
Les conclusions du groupe de travail sont attendues pour décembre 2009.
Publié par MEDIAPART
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