Osons le dire

L’AMBASSADEUR de France en IRAK : Par la bouche d’un enfant !

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« Irak/19e: Qu’on le veuille ou non tout cela a été obtenu grâce à l’intervention américaine (Out of the mouths of babes: France’s youngest ambassador spills the beans on Iraq) »

Par la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle Tu as fondé ta gloire, pour confondre tes adversaires, Pour imposer silence à l’ennemi et au vindicatif. Psaumes 8:2

N’avez-vous jamais lu ces paroles: Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle? Jesus(Matthieu 21:16)

La reconstruction en Irak est le marché du siècle: 600 milliards de dollars ! La France doit être aux avant-postes. Boris Boillon (ambassadeur de France à Bagdad)

L’Irak est le vrai laboratoire de la démocratie dans le monde arabe. C’est là que se joue l’avenir de la démocratie dans la région. Potentiellement, l’Irak peut devenir un modèle politique pour ses voisins. Et, qu’on le veuille ou non, tout cela a été obtenu grâce à l’intervention américaine de 2003. (…) Il y a, en Irak, un gouvernement qui gouverne, et qui gouverne bien, ainsi qu’un Parlement élu. Il ne faut pas se plaindre : nous avons des forces politiques irakiennes qui discutent depuis cinq mois. Il y a trois ans, les comptes politiques se réglaient avec les armes… Et lorsqu’on voit ce qui se passe en Italie ou en Belgique, l’Europe a-t-elle vraiment des leçons à donner ? (…) il faut redire que les dernières élections ont constitué une victoire pour la démocratie. Il n’y a pas tant d’autres pays dans la région où les résultats ne sont pas connus avant le vote… (…) L’avenir des rapports entre l’Orient et l’Occident se joue en partie en Irak. L’échec de l’Irak serait celui du monde entier et donc aussi celui de la France. Dans cette région stratégique très riche en hydrocarbures … Boris Boillon

La vérité ne pourrait-elle sortir que de la bouche des enfants?

A l’heure ou, concernant l’Irak et contre toute evidence, l’actuelle administration americaine se refuse toujours a prononcer le mot victoire …

Et ou nos maitres-desinformateurs continuent a nous vendre le retrait partiel des troupes americaines comme le pretendu accomplissement d’une promesse de campagne de l’Illusionniste en chef de la Maison blanche …

Comment ne pas savourer, avec le Figaro et le WSJ, l’ultime ironie de l’histoire de voir le jeune ambassadeur du pays qui a probablement plus fait que n’importe quel autre contre l’intervention americaine en Irak (tout juste 40 ans et en poste depuis a peine un an) rappeler, marché du siècle oblige, ces faits cette ré alité que personne ne veut voir?

Comme cette baisse des attentats, ce retour de la sécurité (de 100 à une dizaine de morts par jour en 4 ans), ce laboratoire de la démocratie dans le monde arabe, ce modèle politique pour ses voisins …

Ce gouvernement qui gouverne, ce Parlement élu, ces forces politiques qui ne reglent plus leurs leurs comptes avec les armes, ces elections où les résultats ne sont pas connus avant le vote …

Ces terroristes, comme il le rappelait en novembre dernier  sur Europe 1,  qui redeviennent ce qu’ils étaient c’est-à-dire des bandits »  …

Le tout, cerise sur le gateau, qu’on le veuille ou non, grâce à l’intervention américaine de 2003 …

«L’Irak, laboratoire de la démocratie du monde arabe»

Isabelle Lasserre

Le Figaro

30/08/2010

INTERVIEW – À l’occasion du retrait des troupes de combat américaines, l’ambassadeur de France à Bagdad Boris Boillon dresse un portrait du pays à rebours des idées reçues.

Nommé à Bagdad il y a un an, Boris Boillon, 40 ans, le seul ambassadeur occidental à se déplacer partout dans le pays, porte un regard confiant sur l’Irak. Sept ans et demi après le renversement de Saddam Hussein par les États-Unis, Barack Obama doit prononcer ce mardi un discours marquant la fin du retrait des troupes de combat américaines.

LE FIGARO. – Les Américains quittent l’Irak. Est-ce une bonne nouvelle ?

Boris BOILLON. – Oui, pour plusieurs raisons. D’abord, le respect d’un accord passé entre Américains et Irakiens prouve que les choses se passent comme on l’avait prévu. Ensuite parce que le départ des soldats américains prive les terroristes de leur principal argument, l’occupation étrangère. Le retrait achève aussi de responsabiliser les forces de sécurité irakiennes, qui montent en puissance depuis deux ans. Nombreux sont ceux qui pensaient que la guerre civile serait inévitable. Elle n’a jamais eu lieu. Enfin, les États-Unis et l’Irak vont pouvoir renouveler leur relation, en partant sur de nouvelles bases. Tous les partis se félicitent de ce retrait. Il n’y a pas un seul responsable irakien qui demanderait qu’il soit reporté, ce serait un suicide politique.

Pourtant, la violence se poursuit. Le 25 août, il y a encore eu 53 morts dans des attentats contre la police…

Depuis août 2009, il y a effectivement, régulièrement, des attentats spectaculaires et coordonnés, qui portent la marque de fabrique d’al-Qaida. Ces attentats visent les symboles du pouvoir, irakien ou international. Ils touchent généralement des zones ethniquement ou religieusement mixtes. Mais les violences sont circonscrites à Bagdad et à ses environs ainsi qu’aux zones frontalières comme Mossoul ou Kirkouk. Et la tactique d’al-Qaida, qui vise à mettre le pays à feu et à sang, à ranimer la guerre civile, a échoué. Le spectre de la partition de l’Irak est derrière nous. Le confessionnalisme n’apparaît dans aucun programme politique. Pour le reste, et contrairement à ce qu’on lit un peu partout, il n’y a pas de dégradation de la sécurité. Au contraire, le bilan s’est amélioré, puisque nous sommes passés de cent morts par jour il y a quatre ans à une dizaine par jour aujourd’hui. En fait, la tendance s’est inversée à partir du moment où les troupes américaines ont commencé à quitter les villes, en juin 2009. Avec le retrait définitif, cette tendance devrait se poursuivre et se stabiliser.

Quel est le poids d’al-Qaida et des groupes terroristes aujourd’hui en Irak ?

Al-Qaida n’y compte plus que 2000 membres environ. Ce sont encore eux qui forment l’ossature de tous les grands coups, mais ils sont en déclin. Ils reculent face aux forces de sécurité irakiennes. La greffe al-Qaida n’a pas pris en Irak, ses méthodes violentes ont été contestées par les djihadistes locaux.

Le pays, qui était il n’y a pas si longtemps une terre de conquête pour le terrorisme international, est aujourd’hui devenu une terre de départ. Les militants quittent l’Irak pour aller au Pakistan ou en Mauritanie. Mais il est vrai qu’il existe deux autres groupes terroristes en Irak : les chiites extrémistes, financés depuis l’extérieur, et les groupes baasistes, d’anciens fidèles de Saddam Hussein. Le problème, c’est que nous assistons à des alliances conjoncturelles entre ces trois groupes pour certaines opérations.

Finalement, la guerre a-t-elle été gagnée en Irak ?

Bien sûr, les Irakiens disent que l’intervention alliée de 2003 leur a coûté très cher en vies humaines et en destruction d’infrastructures, mais ils rappellent aussi qu’elle a libéré le pays. Le bilan est donc à la fois positif et négatif. Les Irakiens apprécient les fruits de la démocratisation : l’éclosion de la presse, l’émergence d’une société civile, la liberté de ton des partis politiques, le caractère exemplaire des élections. Tout ça, ce sont des faits.

Il faut absolument, quand on parle de l’Irak, raisonner sans idéologie. L’Irak est le vrai laboratoire de la démocratie dans le monde arabe. C’est là que se joue l’avenir de la démocratie dans la région. Potentiellement, l’Irak peut devenir un modèle politique pour ses voisins. Et, qu’on le veuille ou non, tout cela a été obtenu grâce à l’intervention américaine de 2003. Maintenant, le jeu en valait-il la chandelle ? C’est aux Irakiens de répondre.

Le fait qu’aucun gouvernement ne soit encore sorti des dernières élections ne crée-t-il pas un vide politique ?

Encore une idée fausse ! Il y a, en Irak, un gouvernement qui gouverne, et qui gouverne bien, ainsi qu’un Parlement élu. Il ne faut pas se plaindre : nous avons des forces politiques irakiennes qui discutent depuis cinq mois. Il y a trois ans, les comptes politiques se réglaient avec les armes… Et lorsqu’on voit ce qui se passe en Italie ou en Belgique, l’Europe a-t-elle vraiment des leçons à donner ?

Nous assistons aujourd’hui en Irak à une lutte non violente pour l’accès au pouvoir politique… Le blocage est lié à des questions de personnes et non pas à des différences confessionnelles.

L’absence d’émergence d’un consensus autour d’un chef de gouvernement prouve que le jeu politique se déroule uniquement en Irak et qu’aucun pays voisin n’est en mesure d’imposer son choix sur la politique irakienne.

Même si c’est enfoncer une porte ouverte, il faut redire que les dernières élections ont constitué une victoire pour la démocratie. Il n’y a pas tant d’autres pays dans la région où les résultats ne sont pas connus avant le vote…

La formation de l’armée et de la police afghanes n’a pas donné les résultats escomptés. Comment expliquez-vous les succès remportés par les forces de sécurité irakiennes ?

C’est sans doute en raison de la forte tradition étatique de l’Irak, le pays des premières grandes villes, comme Babylone. Il y a toujours eu une tradition militaire en Irak, qui fut longtemps considéré comme la Prusse du Moyen-Orient. Lorsqu’ils sont arrivés en Irak, les Américains ont fait une grosse erreur en démantelant l’armée de Saddam Hussein. Depuis, des cadres du parti Baas, de nombreux officiers et des responsables des services de renseignements de l’ancien régime ont été récupérés et replacés à des postes clés.

La France s’était opposée à la guerre en 2003. Voyez-vous un rôle pour elle aujourd’hui en Irak ?

L’avenir des rapports entre l’Orient et l’Occident se joue en partie en Irak. L’échec de l’Irak serait celui du monde entier et donc aussi celui de la France. Dans cette région stratégique très riche en hydrocarbures, la France a toute sa place. Le niveau de sécurité permet désormais, moyennant quelques précautions, que les entreprises françaises reviennent participer à la reconstruction. Une ligne aérienne directe sera rouverte entre Paris et Bagdad à l’automne. La France a aussi proposé d’aider l’Irak à développer sa défense antiaérienne. Car le vrai défi du retrait sera fin 2011, lorsque les derniers 50.000 militaires américains seront partis. Le 1er janvier 2012, l’Irak sera nu.

Voir aussi:

EUROPE 1″ – INTERVIEW DE L’AMBASSADEUR DE FRANCE EN IRAK BORIS BOILLON – (16 NOVEMBRE 2009)

- Vous êtes ambassadeur depuis quand ? « Deux mois. »

- Boris Boillon bienvenu à Europe 1. Bonjour, ça doit changer Paris de Badgad ? « Oui, ça fait un énorme changement. »

- Un président d’Irak en visite d’Etat en France, je crois que cela ne s’est jamais vu ? « C’est effectivement une première dans notre histoire. »

- Même à l’époque où Jacques Chirac recevait Saddam Hussein ? « Oui. Saddam Hussein à l’époque n’était pas en visite d’Etat. Il était venu en visite officielle ou de travail. »

-  120 000 soldats américains sont stationnés en ce moment en Irak. Près de 5 000 militaires américains y ont trouvé la mort et c’est la France que l’Irak préfère. Est-ce que cela veut que mieux vaut ne pas avoir fait la guerre d’Irak ? « Ce qui est sûr c’est que la France bénéficie en Irak d’une très belle image sur laquelle nous essayons de capitaliser. Deuxième élément important et utile pour la France, c’est que les Américains eux-mêmes sont sur une logique de départ et ils souhaitent d’ici la fin 2011 absolument avoir quitté le pays. Pour cela ils savent qu’ils ont besoin de tous leurs partenaires. Cela tombe bien, les Irakiens également sont dans une logique de diversification, ce qui fait évidemment les affaires de la France. »

- Boris Boillon, qu’est-ce qui frappe au premier regard quand vous êtes arrivés à Bagdad ? « Je vais vous dire, c’est très simple, la capitale des mille et une nuits s’est transformée en capitale des mille et un murs. Des murs partout, des murs qui ont poussé comme des champignons avec les violences et qui maintenant forment un entre-lac incroyable de corridors. En fait, on ne voit pas la ville quand on atterrit. On ne voit que des murs. Des murs que l’on appelle des « t-walls », qui sont en fait des constructions en béton qui sont très faciles à poser, qui se posent un peu comme des lego, en une demi-journée. »

- Et qui servent à ? « Qui servent à protéger contre l’effet « blast » des explosions. Donc on a mis des murs autour de toutes les institutions, dans toutes les rues, autour de toutes les maisons. »

- Donc Bagdad est couvert de murs comme de plaies, et ces murs sont élevés ? « Oui, ils peuvent être assez élevés, ils peuvent dépasser trois mètres. J’ai été très frustré quand je suis arrivé. Je rêvais de voir le Tigre et j’ai mis plusieurs jours avant de pouvoir l’entre-apercevoir parce qu’il y avait des murs partout. »

- Est-ce qu’ils restent utiles encore aujourd’hui pour se protéger ? Est-ce qu’il y a encore des attentats ? « C’est tout un objet de débat. Il y a quelques mois, juste à la veille des attentats du 19 août qui ont fait 95 morts, le Premier ministre Maliki avait justement décidé de commencer à les retirer et manque de chance, c’est là qu’il y a eu un attentat. »

- Donc ce que vous montrez, c’est Bagdad détruit ? « Alors effectivement Bagdad est une ville dont on voit les restes somptueux des très belles villas, des très beaux espaces de verdures, mais détruits en effet. »

- Le pays est comme Bagdad, détruit aussi ? « Exactement. Il y a un chiffre simple, c’est 600 milliards de dollars de reconstruction. C’est un pays qui est à reconstruire de A jusqu’à Z dans tous les domaines. »

- Boris Boillon, il y a deux ans, Al Quaïda fanfaronnait et menaçait. : « l’Irak restera notre territoire d’action et d’influence ». Est-ce que c’est toujours le cas ? « Vous avez tout à fait raison, les choses ont radicalement changé. Vous avez raison de dire que Al Quaïda à l’époque fanfaronnait. A l’heure où je vous parle, tout cela a radicalement changé. Al Quaïda est sur la défensive, ne dispose plus d’aucun territoire et il y a une véritable amélioration sécuritaire. »

- Pourtant, Boris Boillon, il y a chaque semaine des attentats cyniques et très meurtriers. Qui les organise ? Qui les signe aujourd’hui ? « A l’heure actuelle, on estime qu’il y a trois principaux groupes qui sont derrière les attentats, ce sont les groupes djihadistes sunnites dans la mouvance d’Al Quaïda, ce sont des milices chiites pour certains et puis ce sont certains milieux ultra-nationalistes et ultra-violents. »

- Est-ce que ces trois types de terroristes s’entendent entre eux ? « Normalement, ils ne sont pas du tout fait pour s’entendre, mais parce qu’ils s’affaiblissent, on suppose que dans certains cas ils peuvent trouver des alliances de circonstances pour fomenter des attentats. Mais la bonne nouvelle quand même c’est qu’il y a une véritable amélioration sécuritaire qui est vraiment palpable. On est passé en moyenne de 60 à 100 morts par jour sur la période 2004-2008 à moins de 10 morts par jour depuis le début de l’année 2009. Il y a une véritable évolution. La tendance de fond est clairement à la très très nette amélioration sécuritaire. Les institutions fonctionnent, les forces de l’ordre remportent de véritables victoires contre les terroristes. »

- Et ces terroristes se déguisent de temps en temps en bandits ? « Effectivement, vous avez raison, on assiste à ce qui est un phénomène assez courant dans les pays qui ont connu le terrorisme, à la criminalisation des réseaux terroristes. Les terroristes redeviennent ce qu’ils étaient, c’est-à-dire des bandits. »

- Les Irakiens voient moins en ce moment les Américains. Ils sont dans leurs casernes. Est-ce qu’ils sortent moins qu’avant ? Est-ce que vous trouvez que leur retrait ou leur prise de distance a des effets sur la sécurité aujourd’hui ? « En effet, paradoxalement, depuis le mois de juin en fait, les Américains se sont retirés dans leurs casernes et ne sont plus présents en ville. Le grand paradoxe de cette situation c’est que cela a contribué à améliorer la situation sécuritaire. Alors que tout le monde au mois de mai s’imaginait que le pays allait replonger dans la guerre civile à cause du départ américain, c’est l’inverse qui s’est produit pour une raison simple, c’est qu’en fait en quittant les villes, les Américains ont privé les groupes armés de leur principale source de légitimité, le combat contre les Américains. Et donc maintenant la population n’a plus aucune raison. »

- Donc moins d’Américains, moins d’attentats ? « Dans cette situation là oui. »

- C’est une leçon pour la stratégie en Afghanistan ? « Je ne suis pas compétent dans ce domaine pour répondre. »

- Boris Boillon, vous avez souligné l’aspect symbolique, politique et stratégique de la visite du président irakien. Pourquoi engager la France dans ce climat qui est incertain ? « Parce que c’est justement dans les périodes de transition que les opportunités sont les plus fortes. Les risques existent, mais c’est également là que la France peut marquer des points essentiels. Evidemment rentrer en Irak ne se fait pas à n’importe quelle condition. C’est un pays qui reste un pays où la dimension sécuritaire est importante mais sous couvert du respect d’un certain nombres de précautions, on peut vraiment réaliser des choses. »

- Des accords nouveaux vont être signés à Paris ? « Absolument. Cette visite d’Etat, qui est la première comme vous le disiez tout à l’heure, est essentielle parce qu’elle couronne d’abord une année exceptionnelle d’échanges dans les deux sens. »

- Mais quels types d’accords ? « J’y arrive, mais simplement pour vous parler de ces échanges exceptionnels, tout cela a commencé avec le ministre Bernard Kouchner qui très courageusement en 2007 a décidé de revenir en 2008, le président Sarkoy s’y est rendu en 2009, ainsi que le Premier ministre. Plusieurs ministres de la République françaises. Dans l’autre sens également, de très nombreuses visites ont eu lieu. »

- Alors on aboutit à quoi ? « On aboutit à cette série d’accords qui renouvelle complètement la relation bilatérale dans le domaine de la défense, de la sécurité intérieure, de la coopération, des accords aériens également et puis deux accords économiques très importants. »

- L’accord culturel aussi ? « Oui, des accords culturels. »

- Aider le musée de Bagdad qui est un musée extraordinaire, avec des pièces uniques et sacrées qui ont été cachées ? « Absolument. Et puis les deux accords économiques qui sont l’AFD qui va venir en Irak et puis la COFACE qui permet de garantir les risques pour les entreprises. »

- On veut encourager les entreprises françaises, grandes ou PME, à s’investir, à s’engager dans différents secteurs, et même dans l’agriculture, d’après ce que je lis ? « Et même dans l’agriculture. Vous savez que l’Irak c’est quand même le berceau des civilisations et c’est surtout la Mésopotamie entre les deux fleuves. On le dit aussi en arabe […] et cette expression a tout son sens, c’est un pays qui a été le grenier à blé et le grenier à fruit de l’ensemble du Moyen-Orient et il aimerait le redevenir et les Irakiens savent que pour cela ils ont besoin de la France, qui est le pays européen qui a le mieux conservé son identité agricole. »

- Les accords vont coûter de l’argent au contribuable français ? « La bonne nouvelle, c’est qu’on est en train de développer une coopération totalement novatrice, à l’image de la nouvelle politique voulue par le président de la République et par Bernard Kouchner. Cette nouvelle diplomatie, un partenariat public-privé qui permet de démultiplier notre puissance et notre influence sans que cela coûte cher au contribuable. »

- Vous parlez arabe couramment depuis longtemps ? « Oui, je vais vous dire, en Irak c’est un peu impératif parce que comme dans tous les pays qui ont subi une agression, il y a une tendance à se renfermer sur soi, sur son identité de base et j’ai de très nombreux interlocuteurs, politiques comme culturels, qui en fait ne parlent que l’arabe. »

- Vous connaissez cela depuis l’Algérie. Vous étiez en poste un peu partout. « Oui. »

- On a le drapeau irakien sur les Champs-Elysées, est-ce que c’est le vrai et pourquoi y a-t-il une inscription « Allah akbar » ? « Cela vient de Saddam Hussein qui a la fin de son règne, s’est un peu islamisé pour essayer de se trouver une légitimité et donc il a eu cette idée de mettre Allah Akbar sur tous les drapeaux irakiens. »

- C’est-à-dire qu’ils sont contents de s’être débarrassés de Saddam Hussein mais ils gardent son drapeau avec Allah Akbar ? « Une fois qu’on a mis ces inscriptions coraniques sur un drapeau, il est très difficile de les enlever. »

- Qu’est-ce qui explique votre enthousiasme qui est perceptible ? « C’est que c’est fantastique de se dire qu’on assiste à la renaissance d’un pays, que la France est aux premières loges et que surtout, c’est des points de croissance qu’on vient chercher pour nos entreprises, c’est un pays qui a 9 % de croissance, qui va être un des plus grands producteurs de pétrole, donc c’est génial pour nous tous. »

-          La France a intérêt à y être ? « Absolument. »

Voir egalement:

La rencontre avec Boris Boillon, ambassadeur de France en Irak.

En Irak, la France s’appuie sur un VRP enthousiaste

Sabine Syfuss-Arnaud

Challenges

02.09.2010

Boris Boillon, à la conférence parisienne des ambassadeurs à Paris, le 27 août. « A Bagdad, je reçois des grands groupes et des PME. Je m’éclate. » Enjeu : la reconstruction de l’Irak, un marché de 600 milliards de dollars.

Avec son air juvénile, Boris Boillon a eu du mal à convaincre la sécurité de laisser entrer le photographe de Challenges dans le centre de conférences parisien, où, trois jours durant, les ambassadeurs de France au grand complet ont planché sur la future présidence française du G 20. A 40 ans, il est le plus jeune et exerce dans l’un des postes les plus exposés de la planète, Bagdad, ne sortant jamais sans escorte du GIGN. Il arrivera à ses fi ns grâce à cette énergie enjôleuse dont il use auprès des médias depuis sa nomination il y a un an. « Je suis le seul diplomate à accorder des interviews-fleuves en arabe aux chaînes irakiennes », raconte-t-il avec un plaisir évident.

Le jeu en vaut la chandelle. « La reconstruction en Irak est le marché du siècle : 600 milliards de dollars ! La France doit être aux avant-postes », dit celui que ses confrères surnomment l’Ambassadeur à l’américaine. Pour relancer les relations franco-irakiennes, Boris Boillon ne ménage pas ses efforts. « J’applique à la lettre la feuille de route du président », souligne-t-il en la sortant de sa sacoche.

L’une de ses missions consiste à faire revenir les entreprises françaises en Irak. Est-ce un handicap pour elles d’avoir fait des affaires sous Saddam Hussein ? « Non, au contraire, nos produits jouissent d’une excellente image, assure cet optimiste-né. A l’ambassade, je reçois des grands groupes et des PME. Je m’éclate ! »

En juillet, c’est à ses côtés que Renault Trucks a signé pour deux lignes d’assemblage de camions, et Alstom pour 2 milliards d’euros de centrales électriques. Toujours en juillet, l’ambassadeur a convaincu la compagnie Aigle Azur de rétablir, après vingt ans d’interruption, la liaison aérienne Paris-Bagdad. Au sujet du flop de Total, qui, cet hiver, a loupé le coche des champs pétroliers géants dans cet Irak riche des troisièmes réserves mondiales, il nuance : « Le groupe a quand même obtenu un quart de champ, d’une valeur de 3 milliards de dollars. »

Le goût du monde arabe

En VRP de choc, Boris Boillon martèle un discours bien rodé. « A Bagdad, il n’y a qu’un ambassadeur qui se balade dans tout le pays, c’est moi. Il n’y a qu’un centre culturel ouvert, le français. Et une seule ambassade qui ait organisé une garden-party, la nôtre. » Il n’est pas peu fier de son 14 Juillet avec 700 invités – « le premier depuis 1990 ; entièrement financé par les entreprises, il n’a pas coûté un sou au contribuable », tient-il à préciser.

Une enfance en Algérie lui a inculqué, dit-il, « le goût du monde arabomusulman ». De solides études – Sciences-Po, Langues O’, le concours du Quai d’Orsay – lui ont donné les moyens d’y travailler. Ses affectations l’ont mené en Israël et en Algérie. C’est là, en 2004, que le ministre de l’Intérieur d’alors, Nicolas Sarkozy, le « repère ».

Dès lors, sa carrière s’envole : conseiller diplomatique Place Beauvau, puis à l’Elysée. C’est lui qui négocie avec la Libye la libération des infirmières bulgares. Sur toutes les photos de l’époque, il est toujours un pas derrière Cécilia. Ce succès lui vaut deux sobriquets : l’un de Kadhafi , « mon fils » ; l’autre du chef de l’Etat, « mon petit Arabe ».

Boris Boillon boit du petit-lait à l’évocation de ces surnoms, hésite, puis acquiesce en souriant lorsqu’on lui demande si la grosse montre qu’il porte est bien une Rolex. Mais le « produit Sarko », comme il s’autoproclame, est aussi un intello : « Une phrase de Bergson guide ma vie : penser en homme d’action et agir en homme de pensée. »

Aux manettes en Irak depuis l’été 2009, il évoque avec enthousiasme son année à la tête d’une ambassade, son plus gros poste jusqu’alors. Si gros que la CFDT, majoritaire au Quai d’Orsay, avait songé un temps à déposer un recours pour expérience managériale insuffisante.

Réponse à tout

En fait, dans son bunker hypersécurisé – où travaillent 120 personnes, dont une quarantaine de gendarmes français -, il semble à son affaire. Le discours est résolument positif. Que pense-t-il de l’insécurité en Irak ? « Certes, il y a du feu et du sang, mais le pays n’est pas à feu et à sang ; la violence est de plus en plus circonscrite. » Est-il inquiet du retrait des troupes américaines, fin août ? « Non, c’est une bonne nouvelle : les terrorismes auront moins de prétextes aux attentats. »

Et lui, n’est-il pas trop jeune pour être crédible dans une région où l’on respecte plutôt la maturité ? « Je transforme ce défaut en qualité, développant avec mes interlocuteurs des relations filiales. » Décidément, il a réponse à tout. Sauf quand on aborde son avenir et ses ambitions politiques. Prudent, il élude. Car, au milieu de ces diplomates à l’ancienne, Boris Boillon détonne.

Les débats vont reprendre. Juste le temps d’évoquer son meilleur souvenir en Irak : « Une baignade dans des cascades avec le chef d’état-major ! » Après quelques jours de vacances, il regagnera son ambassade-prison, où, pour des raisons de sécurité, il vit loin de sa femme et de ses filles.

Voir enfin:

Notable & Quotable

The French ambassador to Iraq says it’s « the true laboratory of democracy in the Arab world. »

WSJ

September 2, 2010

Boris Boillon, the French ambassador to Iraq, in an interview with Le Figaro, Aug. 31:

The tactic of al Qaeda, which aims to put the country in fire and blood, to rekindle the civil war, has failed. The specter of partition in Iraq is behind us. . . . The record has improved since we passed a hundred deaths per day four years ago, to ten deaths per day today. In fact, the trend reversed itself when U.S. troops began leaving the cities, in June 2009. With the final withdrawal, this trend should continue and stabilize. . . .

Of course, the Iraqis say that the allied intervention of 2003 cost them dearly in lives and destruction of infrastructure, but they are aware also that it has liberated the country. The picture is therefore both positive and negative. Iraqis enjoy the fruits of democratization: the blossoming of the press, the emergence of a civil society, the free political parties, the exemplary nature of elections. These are all facts.

It is absolutely necessary, when one speaks of Iraq, to reason nonideologically. Iraq is the true laboratory of democracy in the Arab world. It is there that the future of democracy in the region will play itself out. Iraq could potentially become a political model for its neighbors. And, whether one likes it or not, all this has come about thanks to the American intervention of 2003. . . .

That no consensus has emerged around a [new] head of government proves that the political game occurs in Iraq and no neighboring country is able to impose its choice on Iraqi politics.

Even if the door is broken open, it must be restated that the last election constituted a victory for democracy. There are not many other countries in the region where results are not known before the vote.

Source :

http://jcdurbant.wordpress.com/2010/09/05/irak19e-qu’on-le-veuille-ou-non-tout-cela-a-ete-obtenu-grace-a-l’intervention-americaine-out-of-the-mouths-of-babes-frances

[Merci à Claude]

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