"Mieux au travail, tous au travail !" François HOLLANDE

La crise actuelle révèle un déséquilibre entre travail et capital mais aussi un épuisement du modèle des relations sociales dans les pays industrialisés. Elle provoque une modification du pacte intergénérationnel dont les jeunes sont souvent les premières victimes.
La valeur travail de la société industrielle, source d'une réalisation individuelle au sein d’un projet collectif, s’est trouvée abandonnée au profit d’une conception purement monétaire qui réduit le travail au salaire et amène à considérer comme accessoire tout ce qui peut concerner sa dimension humaine.
De plus, la pression engendrée par l’augmentation des rythmes de travail, l’exigence accrue de performance individuelle, la disparition de l’appartenance à une collectivité de travail et la crainte du chômage débouchent, tant pour les cadres que pour les employés et les ouvriers sur le stress et les maladies psychosomatiques
La première exigence consiste donc à donner priorité à l‘insertion des jeunes et à proposer une nouvelle « donne sociale ».
La France rencontre en effet plusieurs faiblesses spécifiques :
- un taux de chômage plus élevé que la moyenne européenne ;
- un taux d’emploi des jeunes et des seniors particulièrement bas ;
- un système de prélèvement social défavorable au travail et créant de multiples trappes à bas salaires ;
- un dialogue social inexistant à l’échelle interprofessionnelle
La nouvelle donne sociale correspond à un triple changement : de méthode, de priorités et de modes de financement.
1. Un changement de méthode : il s’agira de réunir dès le début du mandat présidentiel, en 2012, les partenaires sociaux afin de tenir des assises de la démocratie sociale. Ce dialogue tripartite (Etat, organisations syndicales, organisations patronales) permettra de définir l’agenda social de la législature :
- L’emploi,
- la souffrance au travail,
- La participation des salariés à la gouvernance de leur entreprise,
- La réduction des écarts salariaux et l’égalité homme / femme.
Il sera alors fixé ce qui relève de la loi ou de la négociation collective et le calendrier pour atteindre ces objectifs.
2. Un changement de priorité : mobiliser tous les moyens en faveur de l’emploi des jeunes.
- Le contrat de génération pour encourager l’emploi des jeunes et préserver celui des séniors : l’entreprise qui embauche un jeune et maintient dans l’emploi un senior pour assurer la transmission de l’expérience bénéficiera d’une exonération totale des cotisations patronales.
- L’insertion des jeunes par une approche globale intégrant les aides à la formation, au logement, à la mobilité en lien notamment avec les régions. Les moyens de Pôle emploi devront être également renforcés.
3. Un changement de mode de financement : réformer le prélèvement social.
Il pèse exclusivement sur le travail, notamment ouvrier. Les solutions apportées jusque-là pour en limiter les conséquences sont à la fois coûteuses et inefficaces.
Je propose donc :
- de réduire leur montant et de cibler les exonérations de cotisations sociales sur les emplois des jeunes, les PME et des entreprises de main d’œuvre exposées à la concurrence internationale.
- de transférer progressivement les cotisations sociales employeur (maladie et famille) vers une nouvelle assiette représentant l’ensemble de la richesse produite.
Dans cet esprit seront définis de nouveaux indicateurs de développement liés à la production du travail, à la démocratie sociale entreprise et à la réduction des inégalités.
La crise démontre l’urgence qu’il y a à proposer une nouvelle donne sociale. Nous devons permettre aux salariés qu’ils soient cadres, employés ou ouvriers d’être « Mieux au travail, tous au travail ».
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