"25 ans après la chute du Mur : histoire d'un grand malentendu entre l'Occident et la Russie" CHEVENEMENT - Exceptionnel !
Intervention de Jean-Pierre Chevènement au débat organisé par l'ambassade d'Allemagne le 17 novembre 2014, sur le thème "25 ans après la chute du Mur".
***
I – C’est un peu l’Amérique, un peu la France, mais surtout la Russie surmontant son Histoire tragique, qui ont rendu leur liberté aux peuples assujettis par l’Union Soviétique, après 1945, et permis la réunification de l’Allemagne en 1990.
Les Etats-Unis d’Amérique, à travers l’OTAN. La France qui dans les années 1950-60 a tendu la main à l’Allemagne pour tourner définitivement la page des affrontements historiques entre les deux peuples et pour lancer, avec elle, la construction européenne. Mais, ne l’oublions pas, c’est la Russie qui a mis fin au communisme en s’engageant avec Gorbatchev, dès 1985, dans la "glasnost" et la "perestroïka".
Gorbatchev, héritier d’Andropov, n’avait pas oublié le vieux projet de la diplomatie soviétique d’échanger la réunification de l’Allemagne contre sa neutralisation entre les deux blocs. Et c’est Gorbatchev qui, en 1989, pour des raisons largement internes, va prendre la décision d’écarter du pouvoir, à Berlin Est, la direction néostalinienne d’Erich Honecker :
- en encourageant la direction réformatrice hongroise Károlyi Grosz, Gyula Horn et le ministre des Affaires étrangères Mátyás Szűrös à négocier avec Helmut Kohl le démantèlement du rideau de fer entre la Hongrie et l’Autriche : des dizaines de milliers d’Allemands de l’Est vont alors se précipiter dans la brèche dès le mois de septembre. La crise est ainsi ouverte ;
- puis début octobre c’est Gorbatchev lui-même qui, à l’occasion du quarantième anniversaire de la RDA, lance sa célèbre apostrophe au visage d’Honecker : "Ceux qui arrivent trop tard, la vie se charge de les punir sans délai." Le 17 octobre, Honecker est destitué et remplacé par Egon Kreutz. Commencée à Dresde et Leipzig, les manifestations se généralisent au pays tout entier. Le 9 novembre le mur tombe.
La suite est bien connue. Helmut Kohl mène de main de maître la réunification des deux Allemagne par la conversion à parité du Deutsch Mark et de l’Ost Mark, malgré l’opposition de la Buba. Il fait accepter par Gorbatchev le maintien de l’Allemagne dans l’OTAN. Pour une somme relativement modeste (12 milliards de DM, soit 6 milliards d’euros) il obtient l’accélération du départ des troupes soviétiques d’Allemagne de l’Est. James Backer aurait assuré à Gorbatchev que l’OTAN n’étendrait pas plus à l’Est ses implantations de 1990, mais l’engagement de ne pas étendre l’OTAN aux pays situés plus à l’Est ne figure pas dans les accords 4+2.
On ne peut comprendre ce renoncement de Gorbatchev qu’à la lumière de deux facteurs :
- les difficultés économiques grandissantes de l’URSS dues à un système sclérosé, à des réformes économiques mal pensées et au contrechoc pétrolier intervenu en 1985 ;
- et surtout la décomposition même du système communiste, trente ans après la publication du rapport Khrouchtchev. Les élites soviétiques ne croyaient plus à l’utopie communiste. Elles géraient tant bien que mal une société bureaucratique complexe. Raymond Aron, à la fin des années 1960, avait pronostiqué le rapprochement des sociétés industrielles de l’Ouest et de l’Est. En s’engageant sur la voie de la détente, en 1975, avec la CSCE, puis en relançant avec Gorbatchev l’idée de la "maison commune européenne", les dirigeants soviétiques semblaient vouloir donner corps à cette prévision. Ce faisant, ils allaient aussi à la rencontre de "l'Ost politik" lancée par Willy Brandt et Egon Bahr puis de la "gorbimania" qui s’exprimait dans l’Allemagne d’Helmut Kohl.
Que s’est-il passé ? Une fuite en avant, à laquelle le système communiste et l’URSS elle-même n’ont pas résisté. Le 15 décembre 1991, Boris Ieltsine, Président de la Fédération de Russie, et ses homologues ukrainien et biélorusse mettent fin à l’Union soviétique. Une Communauté des Etats indépendants aux contours très flous la remplace car on ne peut faire litière des liens créés par l’Histoire entre les Etats postsoviétiques. Gorbatchev démissionne. Une nouvelle page de l’Histoire s’ouvre. Que s’est-il passé, en vingt-trois ans, pour que Gorbatchev, invité à la commémoration du vingt-cinquième anniversaire de la chute du Mur puisse déclarer à Berlin, le 9 novembre dernier, sans craindre de troubler la fête : "Le monde est au bord d’une nouvelle guerre froide" ?
II – C’est l’histoire d’un grand malentendu entre l’Occident et la Russie.
A) Contrairement aux pays d’Europe centrale et orientale qui vont intégrer l’Europe à vingt-huit et recevoir ses aides, la Russie, comme les autres Etats postsoviétiques, est plus ou moins laissée à elle-même et vouée aux thérapies de choc néo-libérales préconisées par les experts occidentaux, notamment ceux du Harvard Institute for International Development. Le caractère excessivement théorique de leurs préconisations a abouti à une chute de près de moitié du PIB russe de 1990 à 1998 (de 692 à 398 milliards de dollars) et à la paupérisation de la majorité de la population encore accrue par les privatisations et l’accaparement des richesses par une nouvelle classe d’oligarques. Une telle régression sur un laps de temps aussi court n’a pas d’équivalent dans les sociétés modernes. En août 1998, la Russie fait défaut sur sa dette. Le Premier ministre d’alors, Evgueni Primakov, laisse filer le rouble de 50 % et instaure un moratoire bancaire. La voie est ouverte à un développement plus autocentré que le successeur de Primakov, Vladimir Poutine, va continuer.
Résilience de la Russie.
Mais Poutine, élu Président en 2000, va surtout entreprendre de rétablir l’Etat frappé par une profonde crise de légitimité. Il oblige les grandes sociétés à payer leurs impôts. Les rentrées fiscales se redressent sensiblement de 24 % du PIB en 1998 à 32 % en 2004. On se souvient de l’affaire Khodorkovski et de la reprise de contrôle de la société pétrolière Ioukos. La reprise économique se fait sentir dès 1999, portée par l’investissement et les gains de productivité et ensuite seulement par les revenus des hydrocarbures. Tout en dégageant des excédents commerciaux, la Russie va s’insérer plus profondément dans les échanges internationaux. Le commerce extérieur atteint 635 milliards de dollars en 2012.
La popularité de Poutine s’explique aussi, comme l’a très bien montré Madame Carrère d’Encausse, par sa volonté de mettre un terme à la désagrégation de l’Etat russe, notamment en Tchétchénie, et aux humiliations infligées à la Russie par l’extension de l’OTAN ou à travers les bombardements de la Yougoslavie et l’occupation du Kosovo en 1999. Poutine envoie même une brigade russe pour occuper l’aéroport de Pristina. La décennie 2000-2010, marquée par une exceptionnelle croissance économique (7 % l’an) contribue aussi à asseoir l’autorité de Vladimir Poutine.
Si les échanges avec l’Europe (50 % du commerce extérieur russe) se développent, les relations politiques avec les Etats-Unis se dégradent avec les révolutions de couleur en Géorgie et en Ukraine, pays dont la candidature à l’OTAN en 2008 ne sera repoussée, ou différée, que de justesse à la demande de l’Allemagne et de la France.
B) L’affaire ukrainienne vient de loin. Rappelons que l’Ukraine a été rattachée à la Russie en 1654. Pour la Russie, l’Ukraine n’est pas n’importe quel pays. Un quart de sa population parle russe. L’intrication historique, culturelle, économique en matière d’industrie, d’énergie et de transports est ancienne et étroite. D’autre part, l’Etat ukrainien est récent : il n’a que vingt-deux ans. Chacun connaît ses facteurs de fragilité, notamment en matière économique et financière.
Je ne crois pas que la Russie ait jamais eu l’intention de conquérir l’Ukraine. Cette entreprise serait trop contradictoire avec le projet de modernisation de la Russie entrepris par Vladimir Poutine et notamment la reconstruction des industries manufacturières à travers l’argent de la rente pétrolière et gazière et avec l’association de grands groupes industriels, allemands ou français principalement.
Vladimir Poutine a dit un jour : "Celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur mais celui qui voudrait la reconstituer n’a pas de tête." Le projet de la Russie, selon moi, n’est pas impérial mais national. On s’effarouche en Occident du projet "d'Union économique eurasiatique" qui viserait à créer une zone de libre-échange entre la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, le Kazakhstan et quelques petites républiques du Caucase comme l’Arménie ou d’Asie Centrale comme le Kirghizstan. Une telle zone de libre-échange d’un peu plus de 200 millions d’habitants, n’a, en soi, rien de contradictoire avec le projet de partenariat UE-Russie qui vise à créer un espace de libre circulation de Lisbonne à Vladivostok.
Pourquoi donc ces deux projets sont-ils entrés en collision précisément en Ukraine à l’occasion du projet d’accord d’association entre l’Union européenne et la Russie ?
C) A mon sens les responsabilités de la crise sont partagées.
1. Pour aller vite, l’Occident n’a pas pris en compte l’hétérogénéité culturelle et politique de l’Ukraine, Etat postsoviétique complexe. Il a également sous-estimé ce que représente l’Ukraine pour la Russie. Certains cercles en sont bien sûr restés à l’analyse de Z. Brezinski de 1998 visant à soustraire l’Ukraine à l’influence de la Russie pour affaiblir celle-ci.
2. Le projet d’accord d’association a été négocié sans une supervision politique suffisante des grands Etats de l’Union, le partenariat stratégique UE-Russie est en panne depuis plusieurs années. Tel qu’il a été négocié, le projet d’accord d’association n’était pas applicable sans un énorme effort financier auquel l’Union européenne n’est évidemment pas prête. L’Ukraine, pour être mise aux normes européennes, pourrait coûter plus cher que la RDA. A ce projet doté initialement de 560 millions d’euros, le Président Yanoukovitch ne pouvait que préférer l’offre russe assortie d’une aide de 15 milliards de dollars.
3. Quant à la révolution de Maïdan, encouragée par un ballet permanent de dirigeants occidentaux, elle a été vue du côté russe comme un coup d’Etat contre le Président certes corrompu mais élu, ce qu’elle était aussi, mettant gravement en cause les intérêts stratégiques de la Russie. L’Union européenne n’a pas intérêt à vouloir exporter ses valeurs, ses critères et ses standards d’une manière qui pourrait contribuer à déstabiliser certains pays voisins voire une partie importante de notre continent. La Russie n’est certes pas une économie qui répond aux critères de la concurrence pure. Elle est une économie mixte, comme l’ont été l’Italie et la France, ou comme l’est encore la Corée. La Russie n’est peut-être pas encore une démocratie avec une opposition capable de prendre le pouvoir mais combien de temps a-t-il fallu aux démocraties occidentales pour s’affirmer ? La démocratie ne s’exporte pas. On l’a vu en Allemagne au temps de la Révolution française. Nous avons récolté le nationalisme allemand. Pour aider au développement de la démocratie en Russie, il vaut mieux compter sur l’essor des classes moyennes.
4. Les torts de la Russie : la Russie a la nostalgie de la puissance perdue. Elle a eu tort, selon moi, d’annexer purement et simplement la Crimée, même au prétexte de réparer une erreur historique. Il aurait été préférable, sur le papier, de demander l’organisation d’un référendum sous les auspices de l’ONU et de l’OSCE dans un délai raisonnable. La Russie a préféré saisir le gage répondant à une violation du droit constitutionnel interne par une violation du droit international.
5. L’Ukraine, un pont :
La Russie et l’Union européenne n’avaient pas d’intérêts fondamentalement contradictoires en Ukraine. Il était et il doit rester possible de faire de l’Ukraine un pont plutôt qu’un sujet d’affrontement. La non-exécution de l’accord du 21 février 2014, passé entre tous les partis, sous l’égide des trois ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et de la Pologne, a ouvert la voie d’un profond malentendu dont nous ne sommes pas sortis. De la crise ukrainienne il y a deux récits contradictoires. Vladimir Poutine a cependant montré qu’il souhaitait un compromis qui ne lui fasse pas perdre la face : en ne cautionnant pas les référendum d’autodétermination dans le Donbass, en permettant la tenue des élections présidentielles en Ukraine le 25 mai dernier et en reconnaissant la légitimité du Président Prochenko, puis plus récemment celle des élections législatives du 28 octobre. Il a cautionné les accords de Minsk et favorisé un accord de Gazprom avec l’Ukraine sur le gaz. Tous ces actes ne sont pas ceux d’un boutefeu annexionniste. De leur côté, François Hollande et Angela Merkel ont clairement manifesté, le 10 mai dernier, leur souhait d’une réforme constitutionnelle permettant une décentralisation de l’Ukraine et le respect du droit des minorités. Les accords de Minsk ouvrent la voie à une telle solution.
III – La voie des sanctions est contreproductive pour la Russie mais aussi pour l’Europe.
Au plan économique d’abord. Elles interviennent au plus mauvais moment. Mais surtout elles rejettent la Russie vers l’Asie et la Chine. L’effet d’éviction du marché russe pour les entreprises européennes sera durable. Or, le peuple russe est un grand peuple européen. La Russie est un acteur majeur de la politique européenne depuis la fin du XVIIIe siècle. Membre permanent du CSNU, elle est une puissance indispensable entre l’Europe et l’Asie. On ne peut traiter la Russie comme un "rogue State", justiciable d’une politique de "changement de régime" ("regime change"). Une telle vision serait à la fois irréaliste et inacceptable. Les sanctions décidées au lendemain des accords de Minsk constituent, à mon sens, une grave erreur psychologique par rapport à la façon dont les Russes vivent leur Histoire depuis un quart de siècle. C’est méconnaître le rôle que peut jouer le sentiment de l’humiliation ou de la dignité blessée dans l’Histoire des peuples.
Il faut se départir des visions manichéennes et simplistes. La Russie n’est plus l’URSS. Evitons de faire des "Droits de l’Homme" une nouvelle idéologie conquérante. Les droits de l’Homme, ne l’oublions pas, sont aussi ceux du citoyen. Il appartient à chaque peuple de trouver, à partir de sa culture et de son héritage, la voie des valeurs universelles. Il faut partir des réalités. Or nous ne disposons pas, sur la crise ukrainienne, d’une information précise, complète, objective des faits qui s’y déroulent. Des grilles de lecture préconçues s’y substituent trop souvent. Se rappeler le mot de Jaurès : "Pour aller à l’idéal, d’abord comprendre le réel".
Et surtout, il faut parler à Vladimir Poutine qui, en dehors de son affection pour les postures viriles, est un homme intelligent, susceptible de faire évoluer ses positions.
IV – S’agissant de l’Ukraine, je voudrais formuler cinq observations :
1. le Président Porochenko a inscrit à son programme l’objectif de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. A ma connaissance, le Conseil européen n’a jamais évoqué cette perspective. L’Europe, avant de faire des promesses, doit savoir si elle sera capable de les tenir. La poussée vers l’élargissement a été constante depuis 1990 mais ne contribue-t-elle pas à dissoudre de plus en plus le sentiment de l’unité européenne ?
2. Dans son programme le Président Porochenko a aussi inscrit la mise aux normes de l’OTAN des équipements militaires de l’Ukraine. Est-ce bien raisonnable et surtout compatible avec un statut « à l’autrichienne », entre l’OTAN et la Russie ? Les déclarations martiales de Kiev sur « l’opération antiterroriste » au mois de juin dernier ou sur la « guerre intégrale » aujourd’hui, ne devraient pas être encouragées. Une réforme constitutionnelle a été prévue. Il faut la faire pour garantir l’autonomie des collectivités décentralisées et le droit des minorités.
3. Troisième observation : la Russie dans un souci d’accommodement a jusqu’ici montré une certaine bonne volonté vis-à-vis de l’Ukraine en matière gazière. Cette bonne volonté risque de ne pas être éternelle, si un accord de fond n’intervient pas. L’idée que le gaz de schiste venu d’Amérique pourrait remplacer le gaz naturel est d’ailleurs une illusion.
4. Quatrième observation : les équilibres politiques en Ukraine tels qu’ils résultent des élections du 26 octobre sont fragiles.
5. Enfin, cinquième observation, l’Europe doit s’apprêter à subir de fortes pressions des Etats-Unis pour renflouer l’Ukraine, si elle ne veut pas, par ailleurs, financer le bouclier antimissile.
Tous ces éléments devraient militer pour une approche plus raisonnable et moins idéologique des rapports entre l’Europe et la Russie. Ne sous-estimons pas sa résilience. Comme l’a écrit Henry Kissinger : "La Russie n’est jamais aussi forte ou aussi faible qu’on le croit." Joschka Fischer connaît bien l’Histoire. Il sait que la puissance russe a été tantôt exagérée avant 1914 et dans les années trente, tantôt sous-estimée, après 1918 et en 1941. De même l’URSS a été surestimée au temps de la guerre froide et la Russie considérée comme quantité négligeable après 1991. Il est très important que nous ayons une politique commune pour arrimer la Russie au destin de l’Europe, comme vous l’avez d’ailleurs écrit, cher Joschka Fischer, dans "Gegen den Strom".
En conclusion, le projet européen, passe avant le mécano institutionnel. Comme l’observe très bien Joschka Fischer, la France est très attachée à sa souveraineté politique et l’Europe, pour elle, est d’abord un projet partagé. C’est vrai en ce qui concerne notre modèle social aussi bien que nos rapports avec la Russie ou avec les pays du Sud. Mais il y a plusieurs manières d’exercer ensemble nos compétences. Il faut en discuter.
J’ai toujours pensé qu’une politique de coopération avec la Russie pourrait rapprocher la France et l’Allemagne parce que c’est leur intérêt commun. Ce n’est pas seulement une affaire de commerce. Dans une confrontation de longue durée, l’Allemagne n’a pas intérêt à redevenir un "pays du front". Aujourd’hui, nous devrions ensemble pousser à l’application stricte des accords de Minsk par toutes les parties. Deux guerres mondiales suffisent. Une nouvelle guerre froide n’est pas souhaitable. La "fabrication de l’ennemi" est le premier pas vers le conflit. L’Allemagne et la France ont une responsabilité commune pour faire prévaloir un langage raisonnable et contenir l’aventurisme ambiant.
SOURCE: