DUBAÏ : « Through the Looking-Glass, de l'autre côté du miroir … » par Jean-Marc DESANTI
Dans notre village monde , on peut considérer que rarement la partie visible des évènements est suffisante pour la compréhension des mécaniques politiques qui ne se produisent jamais, indépendamment, sans provoquer une cascade de conséquences.
L’affaire de Dubaï en est un des exemples les plus probants. L’objectif poursuivi par le service exécutant n’était pas, seulement, contrairement aux apparences, de liquider un trafiquant d’armes tout en jetant le trouble à l’intérieur du Hamas et en accentuant la division avec le Fatah.
Le Cha’man, l’Organe de collecte de l'AMAN et ses forces spéciales se sont livrés à une véritable exhibition médiatique publique : Une leçon de choses.
Il ne s’agissait aucunement d’une série de maladresses inexplicables de la part de «professionnels» Les commanditaires de l’opération «Homicide» contre Mahmoud al-Mabhouh voulaient laisser toute une série d’indices, non seulement pour rappeler que la guerre contre le terrorisme n’a pas de frontières et que son service action « frappe qui il veut , où il veut et quand il veut », mais surtout qu’il fallait y voir un rappel et un conditionnement à l’inéluctable grande guerre qui se mène depuis le 11/09. Le monde des petites gens et ses personnes ordinaires continue sa vie dans l‘insouciance. Il se contente de vivre. Il continue d’être … tranquillement. Certes, il tremble, parfois, dans ses profondeurs et pourtant il n’est pas fondamentalement inquiet. Il faut donc lui rappeler l’avenir. C’est un acte démonstratif et spectaculaire dans la lignée du 11 septembre et conforme aux objectifs politiques souhaités : réactions des islamistes, sur tous les continents, pour une meilleure lisibilité de la carte des zones contaminées et identifications précises, lors des réactions militaires de ceux-ci, de nouvelles cibles. Mais le plus important est d’attendre les déchaînements islamiques incontrôlables pour enclenche r une nouvelle phase de la « guerre mondiale contre le terrorisme ». La prise de Marjah , Kandahar dans la mire et le cap des 1000 morts américains dépassé en Afghanistan nous rappelle à la sombre réalité.
D’autre part, en portant le débat sur la place publique par médias interposés, il est possible de jouer sur deux tableaux : premièrement de rappeler le caractère démocratique de la société israélienne ( débats par voie de presse, coopération en Israël même avec les policiers de la SOCA, agence parallèle à Scotland Yard qui coordonne la lutte contre le crime organisé ) et de recréer plus de cohésion dans un pays épuisé par son état de guerre permanent.
Il y a un autre message, plus subtil encore, que lance aux ottomans le Service de renseignements militaire de l'état-major général israélien.
L’unité « 8200 » du CHA'MAN, basée à Herzliya au Nord de Tel-Aviv, exploite des stations d'écoute électronique sur les hauteurs du Golan, (notamment à Mar Avital et sur le Mont Hermon) ainsi que dans le désert du Néguev. Mais depuis 1996 elle dispose également de stations d'écoute en Turquie dirigées contre la Syrie.
En outre Israël a besoin de son espace aérien pour nombre de ses manoeuvres militaires (on l'a vu en été 2009 quand Tsahal a organisé une répétition de frappes contre l'Iran).
Or, en Turquie, une vieille histoire datant de 2003 et accusant la hiérarchie militaire d'avoir voulu faire chuter le gouvernement islamo-conservateur permet à cette heure à Erdogan de signifier un progrès dans la démocratisation du pays, en arrêtant une cinquantaine de personnalités militaires et en inculpant trente trois officiers supérieurs. La réalité est toute autre, il s'agit «d'un coup d'État civil» et d'un acharnement judiciaire pour affaiblir les militaires, traditionnellement défenseurs de la laïcité…. Et amis d’Israël.
Mais allons encore plus loin. Une tentative de coup d’État ratée et de gentils militaires opposés au gouvernement mais qui emprisonnent tout de même d’autres militaires … Cela ne vous rappelle rien ?
En juin 1973, Pinochet connu et craint par Allende pour son anticommunisme viscéral met cependant fin à la rébellion du 2e Régiment blindé, ce qui lui vaut d'être nommé général de division puis commandant en chef de l'armée . On connaît la suite. Pinochet expliquera qu’il s’agissait d’une répétition et surtout du début de conditionnement des esprits tant au niveau national qu’international.
Or la crise turque intervient deux ans après l’affaire dite Ergenekon, un complot qui visait à renverser le gouvernement islamo-conservateur.
Le groupe Ergenekon est une organisation turque nationaliste entretenant des liens étroits avec l'armée, et dont certains membres ont été arrêtés et accusés de comploter . Tuncay Guney qui travaillait pour le Mossad et s'est enfui au Canada en 2004, avait infiltré le groupe Ergenekon et une autre organisation appelée JITEM, une cellule de renseignements de la gendarmerie …
La Turquie se divise, l’armée apparaît comme légaliste. Si demain les troubles s’accroissent … Gageons que les militaires turcs ( ayant saisi la détermination sans faille des israéliens à Dubaï et plus sûrs que jamais de leur soutien ) apparaîtront comme le seul rempart de la Démocratie que l’on conjugue aujourd’hui partout en Occident avec son complément, désormais heureusement inévitable, la Laïcité …
Au fait, Savez- vous la dernière blague au QG du Mossad , Hadar Dafna Building, Boulevard King Saul à Tel-Aviv et entre Sayanim ?
Dubaï ? Ce n'est pas le Mossad c'est Hamisrad ! ( Hamisrad c’est le bureau … )
Est-il totalement inutile de vouloir détricoter les faits ?
Jean-Marc DESANTI membre de Politique-actu.com