SERVICE PUBLIC : « Assurer la qualité, l'efficacité et la continuité » par Laurent Muraro et Vincent Rousseau

[Tribune publiée par nos camarades républicains du MRC]
Depuis dix ans, les Services Publics ont gravement souffert : fermeture de services hospitaliers, RGPP absurdement mise en œuvre, privatisations... L'agenda de la décennie écoulée semble avoir été conduit par la haine du bien commun, envisagé par les libéraux comme une atteinte à la liberté individuelle. Sous le prétexte d'une prétendue « modernisation », l'objectif de nos élites trahissantes est de faire disparaître, dans la lettre comme dans les esprits, toute trace du programme du Conseil National de la Résistance et des valeurs qui l'inspiraient. A les écouter, l' « Etat-providence » est une vieille lune que nous n'aurions plus les moyens de nous « offrir ». C'est pourtant à cet esprit qu'il faudrait revenir. Il ne s'agit pas de reproduire à l'identique ce qui a été mis en oeuvre il y a près de soixante-dix ans – les solutions d'hier ne peuvent être celles du monde ouvert d'aujourd'hui – mais de comprendre l'esprit républicain qui a mené nos prédécesseurs, de se l'approprier et de l'adapter à notre société actuelle. Le rétablissement d'un Service Public digne doit s'articuler autour de trois priorités : la santé, la sécurité, l'instruction.
Un accès aux soins égal et optimal pour tous
Fermeture de services hospitaliers parfois quasi neufs, privatisations d'établissements, dé-remboursement de médicaments... L'égalité d'accès aux soins a beaucoup souffert des réformes successives sensées résorber le mythique « trou de la Sécu ». Sauvegarder le principe d'une assurance santé publique pour tous est une priorité absolue. S’il a de nombreux défauts, notre système est probablement celui qui promet le mieux, dans son principe, l'équité. Ne jetons donc pas le bébé avec l'eau du bain. La politique de regroupement des services hospitaliers, suite à la loi Hôpital Patients Santé Territoires (HPST), dite « Loi Bachelot », a mené, au prétexte de la « rationalisation de l'offre de soins », à la fermeture de nombre d'entre eux. L'absurdité et la dangerosité de cette politique a été mise en lumière par le maire de La Seyne-sur-Mer, ville dont la maternité a été fermée et le service regroupé avec celui de Toulon, alors que la maternité était sise sur un bassin de 200 000 citoyens, et que près de 1500 naissances y avaient lieu tous les ans. Dorénavant, certains auront, selon l'heure de la journée, jusqu'à plus d'une heure de route pour rejoindre la maternité. Alors qu’en 1975, il y avait 1379 maternités en France, il n'en reste plus aujourd'hui que 540 et 8 départements n'en ont plus qu'une seule ! Il est donc capital de repenser ce que la loi HPST a mis de côté : maintenir la pluridisciplinarité, tout en favorisant la cohésion des plateformes de formation, encadrer la liberté d'installation des professionnels. Pour favoriser l'égalité de tous, il faut aussi envisager sérieusement de limiter les dépassements d'honoraires, et réfléchir à des alternatives à la rémunération à l'acte. Alors que l'on devrait améliorer sans cesse l'égalité d'accès, avec une continuité des services sur tout le Territoire, on creuse au contraire l'écart entre des zones de « plein », où il fait cher vivre, et des zones de « vide », où la République ne vient plus.
Que chacun puisse vivre dans un sentiment de sécurité
Ministre de l'Intérieur, puis Président de la République, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de muscler ses discours, de jouer sur les peurs. S’il s'est posé en défenseur de la Sécurité, il n’a réussi qu'à amener un climat sécuritaire sans résoudre les problèmes. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt : la sécurité est, à juste titre, une attente majeure de nos concitoyens. Un Etat se doit d'assurer à ses concitoyens de vivre en toute sécurité. La Loi de la République définit les autorisations et les interdictions qui s'appliquent à tous afin de réguler les comportements pour garantir la liberté de chacun. La Justice doit pouvoir appliquer le droit. La police veille à la préservation de l'ordre public et interpelle les contrevenants à la loi. Sa mission est d'être la force publique qui garantit les droits de l'Homme et du citoyen. « Cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux à qui elle est confiée », comme le précise la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789. Elle doit donc rassurer, pas inquiéter. Elle se doit d'être ferme, respectée et respectable. Dans ce but, il est donc souhaitable de remettre en place la police de proximité démantelée par Nicolas Sarkozy. Elle doit être une police à la fois préventive, dissuasive et répressive. Renforcer les liens entre policiers et population ne rend pas le policier moins respectable, bien au contraire. L'image de la police, plus positive, en ressort renforcée, et la continuité du Service Public apparaît alors sur l’ensemble du Territoire.
L'école de la République
Mais il n'y a pas que dans la rue que l'autorité de l'Etat doit s'affirmer. Dès le plus jeune âge, l'enfant doit reconnaître l'autorité de l'adulte, et ce tout particulièrement à l'Ecole. Ce que les pourfendeurs de l'autorité – dont le discours domine aujourd'hui la gauche « verte » et une bonne part du Parti Socialiste – semblent n'avoir pas compris, c'est que cette autorité ne s'impose pas nécessairement par la force, mais par l'exemple et le respect. Ainsi, dans certains établissements situés en Zone d'Education Prioritaire et/ou Zone de Prévention Violence, des équipes pédagogiques ont misé sur l'application de principes fermes (présence systématique d'un Conseiller Principal d'Education à l'entrée, qui salue chaque élève ; voussoiment mutuel ; aucun laxisme...). Globalement, ces établissements ont vu leur taux d'absentéisme chuter, la violence diminuer et les résultats des élèves s'améliorer. Il n'y a pas de secret, c'est en se montrant droite, ferme et bienveillante que l'institution devient aimable et respectable. Et c'est à cette condition qu'elle pourra transmettre sans complexe à la fois ses valeurs et le savoir. L'Ecole doit être en même temps le lieu de la formation du citoyen éclairé, et du travailleur qui s'insère à sa juste place dans la société. Enfin, un des grands chantiers qui doivent être engagés après avoir été trop longtemps repoussés est l'éducation à l'image et à l'expression numérique. Dans une société où les images, fixes ou animées, sont omniprésentes, il est incroyable que l'Ecole ne forme toujours pas sérieusement les futurs citoyens à comprendre leur langage pour ne pas se laisser tromper par ce puissant vecteur d'idéologie. Il est également primordial que dans l'Agora moderne du monde numérique, les futurs citoyens sachent leurs droits et devoirs, comprennent les enjeux de l'expression et de l’exposition publique sur Internet.
La défense du Service Public est une exigence pour la France qui a un coût. Pour financer cette exigence, une politique de croissance, volontaire et affirmée, devra être menée. L'Assemblée Nationale devra voter des lois et des budgets pour faire de la volonté du Président de la République une réalité pragmatique. Nous devons donc aussi peser sur lui pour affermir sa résolution.
Le Service Public doit être maintenu et même renforcé, porteur de valeurs qu'il doit respecter et faire respecter, au premier rang desquelles se trouve la Laïcité. Garantie de l'universalité de la loi commune, la Laïcité est un puissant instrument pour réaliser les trois termes de notre devise, Liberté, Egalité, Fraternité, et c'est aux Institutions d'en être le porteur, car c'est la République qui est laïque, pas les citoyens qui la composent. Le Service Public est le ciment du pacte social de la Cinquième République, il assure la cohésion du projet républicain pour la France, pour tous les français, d'où qu'ils viennent, où qu'ils vivent, et où qu'ils aillent.
Laurent Muraro, candidat dans la 6ème circonscription du Val-de-Marne, et Vincent Rousseau, suppléant