« La France, entre charybde et scylla » Jean-Luc Pujo*
Mardi 8 mai 2012,
La sanction est tombée.
Les français ont décidé de mettre un terme à un des mandats présidentiels les plus discutables de la Vème République.
Il faut le reconnaître, Nicolas Sarkozy a commis de nombreuses erreurs tenant autant à sa méconnaissance de l’âme profonde du peuple dont il avait en charge le destin qu’à des choix politiques très discutables.
Si le volontarisme de Nicolas Sarkozy nous a tous impressionné, s’il a bousculé – parfois avec raison - notre vieux pays conservateur, il quitte le pouvoir en laissant un pays divisé et inquiet.
Nous avons ardemment combattu le sarkozysme et nous pourrions donc être pleinement satisfaits d’avoir été entendu.
Pas du tout.
La France est dans un état déplorable, la société inquiète et rien ne permet de sérieusement espérer. Nous craignions le pire, car d’évidence, la France navigue à vue … entre charybde et scylla.
François Hollande sera-t-il à la hauteur de la tâche assignée ?
Qu’il soit permis d’en douter.
Si François Hollande présente une toute autre personnalité et instaurera une pratique apaisée du pouvoir, nous savons que les politiques annoncées - qui se situent dans le même cadre OTAN, UE, EURO - seront toutes aussi inopérantes.
Pour tous ceux qui militent pour une France indépendante, maîtresse de son destin, nous savons que François Hollande va très rapidement se heurter au mur de la réalité économique et financière, devant lui dressé.
Un véritable Président de la République aurait à cœur de résister.
Mais tel ne sera pas le cas.
Il s’agira alors pour François Hollande de gérer les intérêts de la France dans un contexte dont nous n’avons plus la maîtrise.
Quoi de mieux qu’un président socialiste pour accompagner des politiques d’austérité, de délitement européen fédéral, de globalisation ?
***
Mieux, cette élection programmée devrait assurer une gestion apaisée de la mutation libérale du système. Tel est le pari. Celui d’un peuple assoupi, démuni.
Nous faisons le pari inverse.
Nous pensons, nous, que la France n’est pas morte. Que les français n’ont pas dit leur dernier mot.
***
Ainsi, nous le comprenons, l’ère des incertitudes politiques dans laquelle nous sommes entrés est jalonnée d’étapes différentes sans véritable conséquence au fond.
L’essentiel est de comprendre que de nouvelles formes d’expression politique vont voir le jour en France comme en Europe.
Notre moment politique sera l'un des plus agités de notre histoire nationale. Et de ces moments politiques, la France a le juste secret.
A nous d’accompagner ce moment de vérité, un de ces moments pour lesquels les grands peuples gardent toujours un goût prononcé.
Gardons foi en la France.
___
(*) Jean-Luc Pujo est président des Clubs "Penser la France