"Election Européenne 2009 : Encore des élections pour rien ?" par André BELLON
Une élection a eu lieu. Une autre se profile. Et les brillants commentateurs expliquent le sens de la dernière pour en déduire la suivante. Je n’ai pas plus que d’autres la capacité de prévoir ce qu’il adviendra aux régionales. Mais je sais parfaitement qu’on ne peut tirer aucune conséquence sérieuse des élections européennes sans se poser globalement la question de la légitimité de notre « démocratie ».
D’abord parce que les officiels n’avaient pas intérêt à faire une analyse correcte du résultat des européennes puisqu’elle aurait justement montré que personne n’était légitime. La majorité, en effet, ne représentait qu’environ 11% des électeurs.
Ensuite parce qu’il n’était pas possible de prétendre que le taux d’abstention se résumait à l’inintérêt des électeurs. Il y a eu un vrai mouvement de rejet de cette élection, une délégitimation de ce pseudo parlement européen qui n’est ni un parlement ni démocratique et qui veut faire croire qu’il existe un peuple européen. En ce sens, le vainqueur de ces élections, à savoir le boycott, était le seul absent des plateaux télé.
Et on repartira comme si rien ne s’était passé, en regardant s’affronter des partis qui, pour la très, très grande majorité d’entre eux, sont favorables à une union européenne rejetée par leur peuple. Depuis des décennies, une mince oligarchie s’arroge le droit de définir les bonnes questions, écartant systématiquement les autres, et s’octroie le monopole de la vie politique et de la propagande par son pouvoir sur la presse. Le mépris du vote du 29 mai 2005 en demeure le symbole flagrant et n’est certainement pas étranger à l’abstention du 7 juin.
Comment ne pas s’étonner que l’Allemagne, par un arrêt de la cour de Karlsruhe, ait su poser un problème que tous les responsables français ignorent superbement ?
Á force d’ignorer les messages émis par un peuple, on se prépare des lendemains difficiles. On approfondit le fossé entre pouvoir et citoyens et on fragilise la démocratie en privant le peuple d’une représentation réelle.
Certes, on ne saurait nier que, dans le vote du 7 juin, des tentatives de votes significatifs aient été exprimés : les politiques antisociales et destructrices de l’environnement menées depuis des décennies ont, en particulier, entraîné des rejets et des choix particulièrement légitimes. Mais ces réactions ne peuvent pas mener à des politiques différentes dans le cadre institutionnel actuel, français autant qu’européen. Tout, en effet, est organisé pour rendre les contestations et les paroles du peuple inopérantes.
Ici, les refus de vote rejoignent les votes critiques. Mais ils ne peuvent, les uns et les autres, trouver leur efficacité que dans la réaffirmation de la volonté collective et donc de la souveraineté populaire.
C’est pourquoi une Assemblée Constituante élue au suffrage universel direct est l’objectif qu’il faut affirmer. Destinée à changer les règles du jeu politico-institutionnel, elle est, en effet, la réponse naturelle à l’explosion politique qu’avait indiqué, après tant d’autres, le vote du 7 juin 2008.
André Bellon
Président de l’Association pour une Constituante