BREXIT : "La parole aux peuples" André BELLON (Pour une Constituante)
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est avant tout une leçon de démocratie jetée à la face d’oligarchies méprisantes. Elle est un exemple donnée par les Britanniques à nos propres gouvernements qui ne savent que bafouer la souveraineté populaire au nom de « vérités » qu’ils prétendent détenir. En France, la réponse au vote exprimé le 29 mai 2005 (traité constitutionnel européen) avait été le mépris par l’adoption du traité de Lisbonne. Au Royaume-Uni, le premier ministre tire les conséquences de son échec en démissionnant.
Bien sûr, la situation n’est pas simple. Mais elle ne saurait se résumer à l’analyse des indices boursiers. L’économie n’est pas une science et elle doit enfin être soumise au débat. On écoutera donc avec intérêt sur Radio Aligre la dernière émission de l’Association pour une Constituante consacrée le 15 juin aux conséquences économiques du Brexit. (http://voixcontreoreille.org/emission_view.php?id_emission=525 )
Déjà, devant l’évènement, nombre de tenants du discours européiste demandent plus d’Europe et, tout particulièrement, plus d’Europe autour de l’Allemagne.
Ce coup d’Etat fédéralo-technocratique doit être rejeté avec la plus grande fermeté. L’évènement d’aujourd’hui marque et doit marquer le retour des peuples dans la vie politique. Il est hors de question que ceux-ci soient à nouveau enfermés dans une usine à gaz hors de portée des citoyens.
Le référendum britannique ne nous conduit pas à un repli. Il nous amène enfin à oser penser. Il nous permet enfin de sortir de la soumission intellectuelle qui sert de guide depuis trop d’années. C’est un appel à refonder la démocratie. Les institutions actuelles y font obstacle. Seule l’élection d’une Assemblée constituante en France peut redonner au peuple français sa souveraineté et remettre la France dans le train de la liberté. Libérons-nous de l’obsession présidentielle. Remplaçons la présidentielle par l’élection d’une Constituante.
https://www.change.org/p/citoyennes-et-citoyens-de-france-présidentielle-non-constituante-oui
Commentaires
Notons tout d’abord une erreur de logique. Il est dit dans l’introduction:
“Cette proposition de loi vise simplement à la convocation de l’Assemblée constituante. Elle ne se prononce pas sur le contenu du texte qu’il appartiendra aux membres de l’Assemblée de rédiger, lequel texte ne pourra, en tout état de cause, entrer en vigueur qu’après avoir été approuvé par référendum."
et dans l’article 8 de cette proposition de loi:
“Les membres de l’Assemblée constituante ne pourront pas exercer de fonctions exécutives ou législatives définies par la nouvelle constitution lors des premières élections suivant immédiatement son entrée en vigueur.”
Il est donc possible que dès l’entrée en vigueur de cette nouvelle constitution l’article 8 devienne anticonstitutionnel. Sa présence est donc superflue car incertaine dans son opérationalité.
On pourrait penser qu’il dépend des profils des constituants de confirmer l’article 8 par exemple en s’assurant qu’ils soient majoritairement dépourvus de toute ambition politique. Ce n’est pas le cas. Dans ce projet de loi la sélection des constituants est laissée à l'appréciation des partis politiques et on peut raisonnablement supposer qu’ils ne vont pas présenter n’importe qui. Les constituants serons donc parfaitement politisés et en parfait accord avec les choix de leurs partis respectifs. On peut même imaginer qu’ils auront été spécialement formés. Leurs opinions seront déjà faites. Mais surtout des élus locaux pourront participer à condition d’abandonner temporairement leur mandat (art.6). Ce dernier point, compte tenu de l’enjeu, fera certainement de cette assemblée constituante une assemblée de politiciens. et une telle assemblée ne laissera que peu de chance à l’article 8 de s’appliquer. Une fois élue, nuls débats au sein de cette assemblée et encore moins au niveau national ne pourra rien changer au résultat.
Il faut noter que les partis n’aurons aucunes difficultés pour constituer leur liste car le nombre de constituants est arbitrairement fixé à 350, ce qui fait pour les gros partis autour de 80 candidats à sélectionner/former.
Le choix de la méthode de sélection des constituants à fait l’objet de nombreux débats sur m6r. Cette méthode d’élection au suffrage universel est aujourd’hui complétée par une autre appelée “tirage au sort”. Lors du vote sur m6r, 31,17% des votants ont choisis le mode par élection de liste mais 68,83% ont préféré qu’au moins la moitié des constituants soient tirés au sort. C’est une curieuse synthèse qui à été faite en favorisant moins d’un tiers des opinions exprimées
Deux risques majeurs sont potentiellement liés à ce texte. Les électeurs verrons dans cette élection ce qu’ils ont toujours vu jusqu'à présent, une confrontation politicienne entre des partis politiques. Les raisons pour qu’ils y expriment plus d'intérêts ne sont pas évidentes et donc le résultat risque de se traduire par un clivage traditionnel gauche/droite avec une abstention importante qui ne profitera qu’a l'extrême droite.
Le premier risque est donc qu’une majorité de droite favorable au libéralisme économique soit élue compte tenu de la position actuelle du p”s”.
Le deuxième risque est que la constitution résultante, élue par référendum, ne soit pas perçu comme légitime car élue avec trop peu de suffrages exprimés. Dans les moments de troubles que nous connaissons ce ne serai pas la meilleurs des re-fondations espérées pour notre avenir commun. Je ne prendrais aucun de ces risques.
Je reviens maintenant sur ce chiffre de 350 sièges pour une assemblée constituante. Il n'était pas nécessaire de fixer aussi tôt des détails aussi précis et aussi arbitraires. Nous pouvons espérer qu’un débat national de grande ampleur précède une telle convocation. Ces considérations sur le nombre de constituants pourrait être légiférées par la suite, au regard de considérations comme l'intérêt d’avoir une assemblée représentative sociologiquement de la population française, qu’elle soit comparable en moyenne d’age, de revenus, de csp…
On pourrait se dire que le nombre importe peu pour ce qui est de l’efficacité de travailler collectivement avec les outils d’aujourd’hui, numériques et inter-connectés. On pourrait remarquer qu’une population de 350 profils c’est un peu court pour représenter sociologiquement 65 million de personnes.
Cette assemblée aurait elle réellement à “ecrire” cette constitution ? D’abord je n’imagine pas un seul instant qu’elle soit confinée en un seul lieu, isolée de tout, vouée à de l’édition de texte à partir de rien et pour toute la durée allouée à ses travaux. Non, la société entière s’exprimera, avant, pendant et même après le travail de cette assemblée. Des projets de constitutions serons élaborés par les partis politiques et par toutes sortes d’initiatives, ce qui est déjà le cas. Les constituants n’auront en fait rien à écrire mais plutôt à choisir parmi tout ce qu’une population éduquée de 65 million d’individus aura pu imaginer et rédiger. Le nombre des constituants n’importe que dans la mesure ou il permet de représenter convenablement la société française dans sa diversité sociologique. La durée des travaux de cette assemblée au regard des ressources technologiques ne devrait pas excéder 6 mois et non pas 18 ou 24.
Je termine avec l’article 3:
“Tout citoyen majeur et détenteur de ses droits civiques et politiques peut siéger au sein de l’Assemblée constituante.”.
Jolie phrase sensée exprimer un idéal démocratique mais qui reste tellement imparfaitement mis en oeuvre car nous savons tous que cette possibilité n’est reservé qu’à une très petite minorité. Ce texte aurai pu être l’occasion d’une réelle avancée démocratique, certainement consensuel, si il avait été rédigé autrement.
Par exemple :
"Tout citoyen majeur et détenteur de ses droits civiques et politiques peut se déclarer candidat à l’Assemblée constituante, en toute liberté de moyens, en toute indépendance d’esprit partisan ou d'intérêt privé, l’état assurant le financement de son mandat s'il est sélectionné."
Tout le reste aurait été déduit logiquement de ce principe.