« Le siècle de Louis XIV » VOLTAIRE
Le siècle de Louis XV a vécu dans la nostalgie de celui de Louis XIV, et Voltaire n'est pas le seul à se livrer à une réflexion historique sur cette époque glorieuse. Mais son livre est une œuvre de philosophe : son ambition n'est pas de s'attarder au détail des événements, mais de dégager des traits permanents, de donner à comprendre l'esprit de la
nation, de définir des lois générales - et finalement d'offrir une réflexion sur l'homme.
La première édition, qui sera ensuite augmentée, paraît en 1751, et, pendant de longues années, l'écrivain a multiplié les lectures qu'il tient à compléter de témoignages oraux, choses vues et entendues qui rehausseront la vivacité de son texte : ici encore, il prend donc ses distances avec les érudits de profession. Car s'intéresser à l'époque moderne, c'est reconnaître
une fonction à l'histoire : celle d'aider les contemporains à comprendre pour agir et peser à leur tour sur le destin du monde. Ce sont donc eux qu'il faut intéresser, et l'écrivain y réussit merveilleusement en mettant au service du métier d'historien son talent de conteur et de dramaturge, mais aussi de causeur spirituel. C'est ce brio qui nous séduit encore : rien ici qui pèse ou qui pose.
***
Essai historique de Voltaire (1752).
Conçu à l'origine pour critiquer le siècle de Louis XV en louant celui de Louis XIV, cet ouvrage est divisé en quatre parties. Il traite de l'histoire politique et militaire du règne de Louis XIV, de l'histoire économique et sociale, du mouvement littéraire et scientifique, puis des affaires religieuses.
Dans cette œuvre écrite après consultation de témoins oculaires et à partir de documents écrits (notamment des Mémoires de Louis XIV et ceux de Saint-Simon), Voltaire fait l'éloge de Louis XIV et montre la grandeur de son règne. Il vante, en particulier, la protection accordée par le roi aux écrivains, aux artistes et aux savants, qui font, selon lui, « du siècle de Louis XIV, l'un des quatre grands siècles de la civilisation ». Mais son éloge reste mesuré, car il critique la politique belliqueuse du monarque et surtout la façon dont le roi a conduit les affaires religieuses (persécution des jansénistes et des protestants).
S'inspirant de cet ouvrage – qui livre une nouvelle conception de l'histoire en abandonnant les écueils de l'hagiographie du pouvoir –, de nombreux historiens ont magnifié le règne de Louis XIV et en ont fait le règne le plus brillant de l'Ancien Régime.
[Merci à M. Roland HUREAUX]