"NOTRE MAL VIENT DE PLUS LOIN - Penser les tueries du 13 novembre" ALAIN BADIOU
"Je voudrais parler ce soir de ce qui est arrivé, le vendredi 13 novembre, de ce qui nous est arrivé, de ce qui est arrivé à cette ville, à ce pays, à ce monde finalement.
Je voudrais d’abord dire dans quel état d’esprit je pense qu’il faut parler de ce qui est une atroce tragédie ; parce qu’évidemment, comme on le sait, et comme c’est dangereusement martelé par la presse et par les autorités, la fonction de l’affect, de la réaction sensible est, dans ce genre de situation, inévitable, et dans un certain sens indispensable. Il y a quelque chose comme un traumatisme, comme le sentiment d’une exception intolérable au régime de la vie ordinaire, d’une irruption insupportable de la mort. C’est là quelque chose qui s’impose à tous et qu’on ne peut pas contenir, ni critiquer.
Cependant, il faut tout de même savoir - c’est un point de départ pour la prise en compte de ce que j’appelle l’état d’esprit - que cet inévitable affect, dans ce genre de circonstances tragiques, expose à plusieurs risques, risques que je voudrais quand même rappeler, pour indiquer ce que sera ma méthode.
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