MMARENA : LES CONTRIBUABLES PRIS AU PIÈGE ! (LE MANS)
Le club de football Le Mans FC accuse un déficit de 7 millions d’euros. L'appel au secours du président du club aux collectivités locales surprend l’économiste Jean-Pascal Gayant, professeur à l’université du Maine.
Photo le Maine Libre: Jean-Pascal Gayant ,professeur à l’université du Maine.
Entretien:
En parlant du MMArena, vous annoncez que « le piège se referme ». Que voulez-vous dire ?
La situation ressemble à un piège qui se referme inexorablement sur les contribuables manceaux : si le club est en cessation de paiement, il sera relégué administrativement dans une ligue inférieure. Dans ce cas, le concessionnaire (Le Mans Stadium, c’est-à-dire Vinci) pourra exiger, à l’issue d’un délai de 6 mois, que soit résiliée la convention de concession, avec une compensation financière qui pourrait être considérable, de plusieurs dizaines de millions d’euros.
Dans tous les cas, le contribuable va être sollicité pour sauvegarder la garantie d’intérêts privés : soit pour venir en aide à une entreprise de spectacles qui verse des salaires mensuels de plusieurs dizaines de milliers d’euros à ses salariés mercenaires, soit pour indemniser une entreprise du bâtiment qui, et c’est bien naturel, n’a de compte à rendre qu’à ses actionnaires.
Quelle issue pour ce club ? Les collectivités locales ont-elles le droit, peuvent-elles intervenir ?
En fonctionnement, les collectivités territoriales n’ont pas droit de financer un club de football professionnel. Je suis un peu surpris par la requête d’Henri Legarda auprès des élus (samedi, le président du club a appelé à l’aide les collectivités). La situation est désastreuse. Le club peut être rétrogradé, voire dissous. On peut se retrouver avec un grand stade vide, comme celui de Leiria, au Portugal. De toute façon, en raison de la concession Vinci, c’est le contribuable en dernier ressort ! À moins d’un miracle sportif !
Vous avez toujours été surpris par le choix du montage financier.
Premier point, le projet était surdimensionné. Qu’on le veuille ou non, la place de long terme d’un club de football professionnel au Mans est en Ligue 2. La moyenne en Ligue 2 est de 8 000 spectateurs. Un stade de 15 000 places aurait suffi. Deuxièmement, à son origine, le projet devait coûter 34,5 millions d’euros (hors parking et bassin d’orage). La facture est ensuite passée à 50, puis 70 puis 103 millions d’euros ! Un triplement qui laisse sans voix.
Enfin, le montage financier est estomaquant. Avec un triplement de la note, les collectivités territoriales étaient dans l’incapacité de payer l’intégralité de la facture. Il a fallu s’en remettre à un montage qu’affectionnent Vinci, Bouygues ou Eiffage : le bâtisseur prend à sa charge une part de la facture (52 millions d’euros dans le cas présent) en échange de la concession de l’exploitation du stade pendant 33 ans.
En quoi, selon vous, les élus ont-ils fait preuve d’une certaine candeur ?
Outre les recettes tirées d’événements ponctuels organisés par le concessionnaire (concerts, matchs de rugby,…), ce dernier perçoit chaque année 1,332 million d’euros versés par la Ville, 700 000 € et 15 % des recettes de billetterie [le loyer a été depuis largement diminué] versés par le club, plus une compensation pour l’aléa sportif.
En clair, si le club n’est pas en Ligue 1, le contribuable local joue l’assureur des actionnaires de Vinci en versant un réconfort financier de 340 000 € (puis 450 000 € les saisons suivantes) pour le manque à gagner lié à la présence en ligue inférieure. Il a fallu une certaine candeur à nos élus locaux pour accepter les termes invraisemblables de cette concession.
Source: Ouest France
[Merci à l'équipe de Penser la France Sarthe]
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