"GIOVANNI DOTOLI" par Hubert de Champris - Littérature & Poésie
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Mai 2023,
Do-to-li, ce sont trois notes portées vers l’esprit d’enfance, trois notes sur une portée dirigée vers une certaine littéralité de la musique quand ce ne serait la musicalité de la langue.
Trois notes venues à nous comme en un Eco des Pouilles, - consonnance zéphyrienne, et presque juvénile, traduction enjouée de l’encyclopédisme du sémiologue italien, celui-là même qui avait promis d’écrire sur ce Pierrot lunaire, les pieds dans la glaise, sur le berger demeuré là-bas et dont l’éducation encore lui commande de ne revendiquer jamais plus que la présidence de la modestie de l’ouvrage, certes pas de la majesté de l’œuvre.
L’homme a ses péchés mignons.
Il écrit comme il respire au petit trot d’une pensée primesautière pour ne pas dire survolante et comme animée d’une modestie qui ne l’enjoindrait d’approfondir qu’au détour d’arts mineurs, saupoudrant par sons et par mots les domaines les plus divers, sans exclusive puisque, comme dit Pascal, il vaut mieux, n’est-ce pas, connaître de tout un peu que tout d’une seule chose.
Son papisme, pour certains un peu trop franciscain, n’est que signe de la pitié des poètes, résurgence de la piété des enfants.
Et l’on se plaît à concevoir que le socialisme de Dotoli est moins celui de Jean-Jacques que celui de la Bonne Dame de Nohaut, tel un manant buvant, dans la cuisine du manoir délabré, un coup avec ses paysans… humanité, vertu des simples comme on dit en herboristerie…
Au cœur de la langue de Giovanni Dotoli, France-Henriette Lafargue, des mots relève ces senteurs des sens, en établit les lignées (authentifiées ou sauvages), pratiquant là l’art majeur de ce passionné des dictionnaires qu’est Giovanni Dotoli : l’étymologie.
Survient alors en toile de fond cette question : les sons évoquent-ils objectivement ce qu’ils nous donnent à entendre ?
Mine de rien, c’est toute la Querelle des Universaux qui sourd de cette interrogation.
Laquelle s’accompagne d’un sentiment, de cette anxiété qui infuse en soi lorsqu’on s’inquiète de la réception d’un amoureux empressé par l’objet de son amour : cette littérature française, qu’il saisit, assimile et gagne à soi dans son histoire à la manière d’un Léon Bloy travaillé par Guy Dupré.
Sacrifiant tout à la fois au Père Enfantin et aux évangiles de tous ces pauvres en esprit que draine l’histoire littéraire depuis deux siècles, dissertant, vaticinant aux vents des rêves à la manière d’un Eugène Mannoni réincarné, voici que Giovanni Dotoli approche du cénacle, aspirant à connaître le plus élémentaire, et le plus légitime, des sentiments de l’orphelin : être compris.
Hubert de Champris*
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*Lire également le précédent article d'Hubert de Champris consacré à l'une des dernières publications de cet auteur important.
"Giovanni Dotoli" - La chronique anachronique
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