« SYRIE : une déstabilisation orchestrée »
La désinformation à propos des évènements actuels de Syrie atteint de tels sommets que cinq des principaux journalistes de la chaîne Al Jazirah ont donné leur démission. Depuis la mort d’Hafez El Assad, c’est son fils Bachaar qui, bien malgré lui, a pris la relève et se trouve à la tête d’un régime dur mais laïc. Cet ancien dentiste londonien essaie de maintenir le pays dans la paix, mais il est devenu l’ennemi du clan Hariri au pouvoir au Liban, et celui des saoudiens et des islamistes soutenus par Ryadh, auquel les services secrets américains sont liés. Ainsi, une véritable révolution a pu s’orchestrer sous l’égide de l’ancien vice-président Abdel Halim Khaddam, qui ensanglante la Syrie aujourd’hui.
Certains journalistes plutôt lucides ont fait état de la présence de snipers, qui ont tué des personnes dans leur voiture ou en pleine rue, sans se rendre compte de la manipulation qui s’en est souvent suivie : les média faisaient croire ensuite que ces morts étaient dus à l’intervention de l’armée, ce qui a suscité des mouvements populaires de colère lors des enterrements.
Une religieuse carmélite, Mère Agnès-Mariam de la Croix, s’est donnée la peine de comprendre les ressorts de cette manipulation dont Wikileaks avait eu connaissance à l’avance. Nous donnons ci-après quelques extraits de la lettre qu’elle a envoyée, ainsi que les sources qui permettent de démonter l’intoxication. Le but poursuivi par une certaine collusion internationale est de renverser le dernier pouvoir laïc bien en place au Proche-Orient, auquel il faut dans une certaine mesure ajouter la Jordanie, qui est également menacée, sans parler de l’Egypte où le pouvoir militaire navigue à vue.
« … nous (les syriens) avons commencé petit à petit à nous rendre compte que ces chaînes n’informent pas ; elles cherchent à infléchir le cours des évènements par des moyens virtuels perfectionnés. Ce faisant elles représentent un totalitarisme d’un type nouveau qui manipule l’opinion publique. Il nous a été aisé de découvrir que les données médiatiques sont soumises à un subtil filtrage qui fausse leur sens. On les traite d’une manière sélective pour aboutir à une image donnée de la situation et, ce qui est pire, l’orienter insidieusement dans un sens voulu… Comme cela a été attesté sur l’excellent Blog Syria Comment de Joshuah Landis, on arrive à transmettre le contraire de ce qu’attestent les personnes interviewées. »
« Témoignage d’une institutrice : « Les manifestants que nous avons vu déferler le jour des Rameaux ne sont pas de Homs. Ils nous demandaient comment se diriger dans les rues. Beaucoup sont des gamins qui portent des sortes de pantoufles qu’ils égarent dans la rue. Ces adolescents se sont targués devant nous de « gagner de l’argent ». Ils ont fait état de sommes d’argent qui leur ont été distribuées pour participer à la manifestation. Pour quelques-uns c’était 500 livres syriennes la journée, pour d’autres c’était 1 000 livres syriennes. » Nous avons entendu nos voisins se répéter les uns les autres : « d’où viennent ceux-là et pourquoi doivent-ils s’exprimer chez nous à notre place ?». Les gens de Homs avaient peur et se barricadaient chez eux. Les manifestants étaient mal élevés, des Hardabasht. À 18 h 30 ils se sont arrêtés à l’église Saint Antoine des grecs-orthodoxes à Bab El Sbah et ont parlé insolemment avec les Pères Wahib Bitar et Tohmeh Tohmeh qui faisaient les prières des Rameaux. Ils les ont interrompu et leur ont intimé l’ordre de se dépêcher pour terminer. Du jamais vu en Syrie où la coexistence islamo-chrétienne est idéale… Les manifestants ont continué leur chemin, cassant des magasins, brûlant des pneus et molestant les passants. Ils proféraient des paroles vulgaires et insultantes. On a fait état de personnes assassinées, comme un général qui allait dans sa voiture faire des achats. On leur a tiré à bout portant puis on les a coupé en morceaux pour causer la plus grande frayeur au public… Mais les médias étrangers n’ont donné aucune importance à cet incident. Ils attribuent tout à des « coups montés » du régime. »
« Ainsi, nous ne voyons dans ce « printemps arabe » qu’un acte hivernal impitoyable pour nous enrôler dans un nouveau façonnement qui plaise aux maîtres du monde. Et la preuve est à bout portant quand on sait qui finance quoi. »
Source complémentaire :
BLOG SYRIA COMMENT : http://www.joshualandis.com/blog/?p=9115
[Merci à Alain C.]
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