Tribunes de Philosophes

"Le génocide arménien et la souveraineté du peuple français (1)"par Manuel de Diéguez, un des plus grands philosophes contemporains.

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[Galilée devant le Saint-Office au Vatican par J.-N. Robert-Fleury – 1797-1890 peintre français - musée du Louvre]

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Introduction

a- La science historique actuelle

Depuis le vote de la loi du 23 décembre 2011, qui interdit la sottise de contester le génocide arménien de 1915, j'ai laissé passer trois semaines sans vous dire mot sur le sujet de la pénalisation de l'ignorance, parce qu'il s'agit d'un évènement législatif dont tout l'intérêt est de transcender l'actualité parlementaire et de soulever la question de fond du statut anthropologique de la mauvaise foi dans les sociétés et jusque dans les sciences dures. La première interrogation porte sur la réflexion que doit vous 'imposer le spectacle de la pauvreté méthodologique dont les historiens professionnels d'aujourd'hui ne cessent de vous apporter la démonstration, la seconde sur la balance à construire afin que vous appreniez à peser les obstacles que rencontre le verbe comprendre appliqué à un génocide.

On voit que ces deux difficultés se rejoignent. Qu'aucun Etat ne porte un regard de haut sur la stérilité de "sanctuariser", comme on dit maintenant, certains évènements barbares d'hier et d'aujourd'hui - massacres, carnages, exterminations, génocides - ce n'est pas une surprise, tellement le monde attend depuis longtemps - pour le moins depuis la République de Platon - que sonne l'heure du débarquement dans l'arène des siècles d'une classe politique réellement réflexive. Mais qu'une science historique censée avoir trouvé les chemins de la raison républicaine au sein des Universités laïques ne dispose aucunement d'une connaissance anthropologique de la notion d'objectivité applicable à l'interprétation des meurtres et des massacres et des carnages, voilà un fait culturel, social et politique à radiographier à l'école d'une Clio devenue plus pensante.

Or, dans son ordre, la loi du 23 décembre 2011 se révèle précisément féconde à titre de témoignage, de la légèreté d'esprit dans laquelle la science de la mémoire est tombée, et cela principalement en raison de la vassalisation au grand jour ou rampante à laquelle la civilisation européenne se trouve soumise depuis 1945.

b - Le génocide et le sacré

Vous savez que la science de la mémoire a toujours progressé à la faveur, si je puis dire, des convulsions mortelles qui la condamnaient à reconstruire l'intelligibilité du genre humain. Thucydide est le fils de la guerre du Péloponnèse et de la chute d'Athènes, Tacite, de la double impossibilité de confier durablement le sort de l'empire à un Sénat des notables locaux et d'éviter le désastre de la chute de la République dans la tyrannie, Montaigne, des premiers craquements de la monarchie de droit divin, Montesquieu, du débarquement de la raison dans le sacré, Tocqueville, de la continuation imperturbable de la centralisation monarchique au sein des démocraties, Taine, des enseignements de la guerre de 1870. Quant au conflit entre l'histoire glorifiée par la sacralisation officielle du passé et l'histoire placée sur les plateaux d'une balance pensive, Platon se moquait déjà des panégyriques convenus auxquels Périclès se livrait chaque année en l'honneur des morts à la bataille de Salamine.

Mais il se trouve que, pour la première fois depuis 1789, la civilisation européenne ne trouve plus, dans les profondeurs de son génie, les ressources d'une révolution cérébrale qui lui permettrait de porter un regard de géant sur la quadriplégie mondiale dont la science historique courant sur les rails de votre raison laïque se trouve frappée. La loi du 23 décembre 2011 a conduit M. Pierre Nora à publier dans le Monde du 28 décembre 2011 un article sur lequel je reviendrai. Pourquoi ne contenait-il pas l'ombre d'une réflexion sur le concept de vérité historique en tant que signifiant, ni sur le degré variable de rationalité interne dont la connaissance scientifique du passé a bénéficié au gré des siècles et des lieux, ni sur l'incapacité de l'historien d'aujourd'hui de comprendre la Saint Barthelemy ou la Terreur, ni sur les présupposés inconscients qui commandent la définition d'une rationalité de la science historique tenue pour universelle ni, surtout, sur la connaissance des ressources cérébrales dont dispose une espèce que défie la profondeur des sujets que le monde moderne l'appelle à traiter? Certes, Mme Chandernagor a publié dans le Figaro du 29 décembre 2011 un texte qui effleurait le sujet du blasphème, du sacrilège ou de la profanation, mais sans une spéléologie des fureurs et des extases religieuses qui enflamment tour à tour les évadés de la zoologie il n'y aura pas d'histoire pensante.

M. Marian, d'origine arménienne, ancien secrétaire général du CNL et grand professeur, exprime son désaccord avec M. Pierre Nora dans le Monde du 4 janvier 2012 et M. Serge Klarsfeld estime que, sur la shoah, la raison du peuple français doit se trouver guidée par l'Etat. Quant à M. Duclert, il demande à la République de donner de bons conseils aux historiens turcs et M. Gautheret souligne que la France a participé au génocide du Rwanda. Quelle est la spéléologie des fuyards de la nuit animale qui vous permettra de descendre dans l'abîme des meurtres sacrés auxquels le divin, même chez les chrétiens, se livre depuis le paléolithique, puisque la sainteté de "Dieu" demande aux fidèles de lui immoler des victimes ensanglantées, tantôt au grand jour des autels, tantôt en catimini.

c - Une scolastique

A l'heure où toute la classe dirigeante du Vieux Monde passe au large du spectacle saisissant de la mort politique de la civilisation de la raison, à l'heure où l'occupation de l'Allemagne par deux cents gigantesques bases militaires américaines n'attire le regard d'aucun historien, à l'heure où le maître de l'OTAN étend sans cesse la puissance de ses armes sous l'étendard de son empire de la "liberté", à l'heure où aucun parti et aucun candidat à l'élection présidentielle française du mois de mai prochain n'ose porter un regard d'historien sur la marginalisation politique et militaire accélérée de l'Europe. Comprenez qu'une science historique frappée d'aveuglement à l'égard de ses propres funérailles perpétue les routines piétinantes d'une scolastique à laquelle sa pseudo objectivité se prête à merveille.

Qu'est-ce qu'une scolastique appliquée à la science historique, sinon une méthode d'apprentissage du passé dont les mythes sacrés nous avaient longtemps enseigné l'usage? Le "chercheur" démocratique s'ampute d'avance de la question de la validité des présupposés sur lesquels sa discipline s'est construite, et cela afin de se lover dans une cohérence cérébrale partielle et pré-apprêtée. De même que la théologie s'interdit d'avance de jamais se poser la question du bien-fondé de la croyance en l'existence d'un Dieu qui trônerait dans l'immensité ou qui s'y trouverait vaporisé, la science historique moderne ne se demande jamais comment les effluves des empires se répandent, quels rapports leurs rêves entretiennent avec leurs otages et comment ils lubrifient les ressorts et les rouages de leurs vassaux. Mais alors, l'histoire demeurera-t-elle la plus sotte des sciences humaines? Retournerez-vous au récit naïf des Xénophon ou des Hérodote?

d - A la recherche d'un bathyscaphe

Vous n'avez pas besoin d'une connaissance trans-chronologique du passé pour comprendre la bataille de Verdun - la seule écoute du narrateur y suffit. Mais un génocide ? Mais une guerre de religion ? Mais le conflit entre les shiites et les sunnites ? Pis que cela : le protestant que révulse la consommation de la chair crue de Jésus-Christ sur l'autel et que dégoûte le vin de la messe changé en hémoglobine n'a ni le même cerveau, ni les mêmes entrailles que le catholique qui n'y voit aucune difficultés ou qui se livre sans seulement y penser à un rituel coutumier.

Mais si la science historique actuelle devenait cogitante - on raconte qu'elle nourrirait subitement l'ambition de se rendre "trans-évènementielle" - comment scellera-t-elle une alliance vivante entre la narration greffière et la plongée éclairante, entre la mémorisation acéphale des huissiers et la descente dans l'abîme du trépas des civilisations, entre la légèreté du chroniqueur et le tragique eschylien?

La loi du 23 décembre 2011 est un fanal éteint et une lampe de Diogène. Tentons de nous promener quelques instants sur les sentiers riants du mythe de la Liberté, puis de descendre dans la géhenne où une autre Clio vous conduira à observer les relations que les religions entretiennent avec le génocidaire suprême du cosmos, celui dont la sainte démocratie mondiale met en scène les autels ensanglantés. .

 1 - Votre vocation intellectuelle
 2 - Les huissiers de Clio
 3 - " Travailler sur "… 
 4 - Les narines sacrificielles de l'humanité 
 5 - Qu'est-ce que le pouvoir temporel d'un Olympe ?
 6 - Que signifie la sacralisation du réel ? 
 7 - Le sacrilège de nier la réalité 
 8 - Une histoire de fou 
 9 - Une révolution mondiale de la morale 
10 - L'abeille et le miel

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1 - Votre vocation intellectuelle

Vous savez que les pires ennemis des démocraties s'appellent l'ignorance et la sottise des peuples mal informés de la nature de leurs droits et de la portée de leurs devoirs. Votre apprentissage rapide et fécond du contenu moral et juridique de la souveraineté dont la Constitution vous a investis profitera donc d'une tragédie politique désastreuse pour la nation, mais utile à votre instruction civique. Voici le chemin de votre ascension au rang de citoyens dignes de piloter la France de demain sur la scène internationale.

Dans cet esprit, apprenez bien vite les secrets d'Etat qui se cachent sous l'adoption, en toute hâte, d'une loi qui permettra de vous jeter en prison et de vous frapper d'une lourde amende si, par l'effet d'une ignorance ou d'une sottise dont il est insultant de vous accuser, vous vous avisiez de nier massivement ou isolément dans vos écrits ou de vive voix le génocide auquel la Turquie s'est livrée en 1915 sur une partie de sa population, les Arméniens, qui allaient faire sécession. Du coup, Ankara menace la France de promulguer, à titre de représailles, une loi qui châtierait les Turcs coupables de nier l'assassinat par l'armée française de quinze pour cent de la population algérienne, laquelle entendait, comme celle de l'Arménie de 1815, fonder une nation et délivrer son territoire du statut d'une colonie, puis, nécessité oblige, le législateur d'un département.

Or nos historiens s'indignent de l'audace de la Ve République, qui entend empiéter sur les prérogatives qui n'appartiennent qu'à eux. L'Etat s'appliquerait à arracher la plume des mains de ses savants. Mais votre formation précipitée vous aidera à radiographier l'inculture que les greffiers de Clio partagent avec tous les gouvernements démocratiques d'aujourd'hui - car les uns et les autres ignorent que M. Nicolas Sarkozy ne se prend pas pour un hôte de passage en ce bas monde et qu'il n'écrit nullement l'histoire terrestre de son pays, parce que les Parlements modernes, pense-t-il, seraient appelés à rédiger un traité de théologie éternelle à l'usage des démocraties séraphiques. A vous d'enseigner à vos historiens que le chef de l'Etat met la Constitution de la France laïque au service de l'esprit religieux auquel son mépris de la raison républicaine entend soumettre la nation de Candide, mais que vos historiens ne sont pas encore devenus ni des anthropologues avertis, ni des peseurs légitimés de la raison universelle.

2 - Les huissiers de Clio

Combien la science historique de l'estimable Pierre Nora souffre des carences de la problématique et de la pauvreté des méthodes d'analyse des descendants de Thucydide, donc de leur inaptitude à approfondir le sens anthropologique du verbe comprendre, vous pourrez le mesurer à lire l'article bien intentionné, mais d'une belle candeur que l'auteur des Lieux de mémoire a publié dans Le Monde daté du 28 décembre 2011. Au titre de président et de fondateur de l'association "Liberté pour l'histoire", il nous remet en mémoire les termes de l'appel solennel qu'il a lancé à tous les historiens européens à Blois en 2008 et qui lui avait valu l'approbation immédiate de plus d'un millier d'entre eux. On pouvait y lire : "Dans un Etat libre, il n'appartient à aucune autorité politique de définir la vérité historique et de restreindre la liberté de l'historien sous peine de sanctions pénales. (…) En démocratie, la liberté pour l'histoire est la liberté de tous." (C'est moi qui souligne)

Profitez de cette circonstance pour apprendre à préciser le sens des mots de Clio; car ce qui compte dans votre discipline, ce n'est pas d'invoquer le vocable incantatoire deLiberté et de la "sanctuariser", mais de sonder le babillage épistémologique que ce terme cache à votre regard. Précisez donc le contenu scolaire et la portée scientifique de l'expression vérité pour l'histoire, demandez-vous si la magistrature qu'exerce la scientificité de l'histoire officielle concerne le récit fidèle des évènements ou leur explication; et, dans le second cas, dites à vos lecteurs à quelle profondeur vous entendez rendre votre récit intelligible, tellement il ne suffit pas de raconter l'histoire avec exactitude ou de la célébrer au titre d'un " lieu de mémoire " pour la rendre compréhensible. Sur quelle balance pesez-vous le verbe comprendre?

3 - " Travailler sur "…

C'est évidemment à juste titre que M. Pierre Nora dénonce, dans la loi du 23 décembre 2011, une "soviétisation" de l'histoire. Mais, en l'espèce, soviétiser signifie simplement pénaliser "la contestation des génocides établis par la loi". Si votre science historique ignore tout de la spécificité psychique qui s'attache à la pénalisation de type idéologique ou confessionnel, si Clio ignore tout de l'inconscient théologique, eschatologique et doctrinal qui commandait le marxisme rédempteur, vous vous interrogerez sur le sens suspect que les historiens actuels donnent au terme de "raison" qui guide leur scolastique du compréhensible, tellement il faut recourir à des radiographie anthropologiques du sacré répressif et salvifique toujours étroitement associés pour comprendre le contenu mental de la pénalisation d'un écrit que la loi du 23 décembre 2011 fait monter sur les planches d'une intelligibilité pré-apprise et bancale de l'histoire. Mais si une République inconsciemment doctrinale et inspirée par le souffle du mythe de la Liberté s'imagine savoir déjà ce qu'il faut officiellement entendre par la catéchèse qui sous-tend les verbes expliquer et comprendre et si elle les prend dans le sens global et superficiel que l'opinion publique leur attribue, M. Pierre Nora condamne à son tour la science historique à la légèreté d'esprit des chroniqueurs scolastiques et des mémorialistes dévots de votre temps.

Mais jugez à quel point les défenseurs du sens commun le plus trompeur et le plus creux ont d'ores et déjà fait irruption, leurs armes confessionnelles à la main, dans l'enceinte d'un Etat banalisé par le langage pseudo-rationnel de la laïcité: "La criminalisation de la guerre de Vendée, écrit-il, était sur le point d'arriver sur le bureau de l'Assemblée nationale. (…) D'autres propositions de la loi se pressaient sur l'Ukraine affamée par le pouvoir stalinien en 1932-1933 et (sur) les crimes communistes dans les pays de l' Est, sur l'extermination des Tziganes par les nazis et sur le massacre de la garde suisse aux Tuileries en 1793. A quand la criminalisation des historiens qui travaillent sur l'Algérie, sur la Saint Barthelemy, sur la Croisade des Albigeois"?

Que signifie le verbe criminaliser si je criminalise la théologie de l'enfer et si l'auteur du déluge est le premier génocidaire de l'Histoire ? Quant à l'expression "travailler sur", elle se présente fréquemment sous la plume des praticiens de la raison seulement narratrice. Elle signifie que le conteur dispose de la pelle et de la pioche en usage parmi les historiens, mais que le récitant ne sait ni quelle terre il déplace ni ce qu'elle cache aux yeux du piocheur.

4 - Les narines sacrificielles de l'humanité

Or, vous remarquerez que, dans cette énumération nullement exhaustive des travaux qui attendent le "travailleur", seuls les massacres de Tsiganes et des garde-suisses ne ressortissent pas essentiellement à la connaissance anthropologique des mythes religieux. Si l'ignorance du sacré est un désert d'une étendue immense au sein de la science historique d'aujourd'hui, ce n'est pas seulement la mémoire des siècles, mais tout progrès dans le décryptage des neurones du genre humain qu'interdit la loi répressive du 23 décembre 2011; et si nos esprits circonscripteurs et cadastraux ont pris autant de retard sur les prospecteurs et les spéléologues d'aujourd'hui que l'Eglise du XVIe siècle sur les philologues de la Renaissance, comment M. Pierre Nora peut-il demander à une science historique dont la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 est la parturiante de "travailler" sur la Saint Barthelemy, et cela "objectivement", alors que, dans son état actuel, la discipline du passé ne dispose d'aucune connaissance réelle des raisons mythologiques, donc psychobiologiques qui la divisaient, en 1572, entre les défenseurs de l'efficacité d'une immolation bien saignante sur l'autel du sacrifice catholique et les partisans de l'assassinat cultuel plus symbolique des protestants, mais qu'ils jugent depuis lors non moins de bonne odeur que le meurtre plus olfactif que le Concile de Trente déclarait seul "vrai et réel "?

Si vous ignorez tout des narines sacrificielles de l'humanité et de ses idoles, votre compréhension du passé ressortira-t-elle au comique pseudo scientifique? Et si la peur et le courage de l'intelligence sont les clés de la scientificité de la connaissance réelle de l'histoire, et si la saint Barthélémy se révèle précisément un baromètre précieux de la crainte que les dieux inspirent encore à la République laïque, le tragique va-t-il fourrer son nez dans les souterrains de la notion d'objectivité appliquée à la science républicaine de la mémoire? Où allons-nous si ni l'Etat, ni Clio ne radiographient le contenu psychologique de la cécité d'une science du passé qui n'a pas de balance à peser l'encéphale orthodoxe ou hétérodoxe de l'humanité et qui ne sait sur quels plateaux déposer la raison et la folie religieuses? Xénophon et Hérodote ne sont pas loin, eux qu'aurait stupéfiés le spectacle absurde et dément de l'Inquisition ou des Croisades. Mais, encore une fois, que savent nos historiens d'un type de délire collectif que la loi de 1905 a mise sous le boisseau sans l'avoir radiographié ? Si vous deviez persévérer à ignorer les secrets de l'encéphale onirique de notre espèce, jamais vous ne prendrez conscience de ce que la science historique de demain sera condamnée à conquérir le regard de la pensée sur les documents anthropologiques qu'on appelle des théologies.

A quel point votre tâche de responsables de la cervelle de l'Etat de demain, donc d'historiens de la raison du monde vous contraindra de vous initier au fonctionnement de la boîte osseuse des déserteurs des ténèbres et à quel point votre éducation civique sera philosophique et anthropologique ou ne sera pas, vous le comprendrez mieux si vous consacrez quelques instants à peser le retard que les démocraties modernes ont pris sur la connaissance scientifique des théologies.

5 - Qu'est-ce que le pouvoir temporel d'un Olympe ?

Vous savez que la politique extérieure des nations républicaines est dirigée par un chef de l'Etat élu au suffrage universel et secondé par un Ministre des affaires étrangère. En France, le titulaire actuel de ce poste a déclaré publiquement aux journaux que le chef de l'Etat avait non seulement provoqué un désastre diplomatique sans précédent, mais qu'il était coupable d'une hérésie intellectuelle. Qu'est-ce qu'une hérésie en tant que document anthropologico-diplomatique?

Le patriotisme d'Alain Juppé vous appelle indirectement à peser l'inconscient théologique de l'adjectif "intellectuel" appliqué à une démocratie à laquelle le chef de l'Etat a coupé les ailes: il s'agit, vous le savez, de vous interdire de nier tels faits ou tels évènements prédéfinis par l'Etat de droit comme des énoncés à damner. Apprenez donc le contenu psychique, politique et doctrinal des interdits prononcés par la voix des dogmes et qui vouent aux gémonies les énoncés jugés hérétiques.

Si vous entendez châtier la négation d'un évènement imaginaire par nature, mais soutenu par une orthodoxie, il faut, au préalable, que votre réfutation du relaps et renégat qui aura insolemment ridiculisé une sottise catéchétique ait été rendue punissable par l'autorité du droit canon, donc par l'intervention impérieuse d'une instance expressément habilitée par le ciel de l'endroit à débarquer légalement dans la question. Mais son efficacité exigera l'appel à la force du glaive, sinon la croyance en certains miracles et prodiges ennemis de la logique humaine ne saurait s'imposer par l'effroi et à tout le monde.

C'est pourquoi la souveraineté d'une Eglise jugée inattaquable en raison du pouvoir sacral qu'elle s'est accordée de soutenir des allégations évidemment absurdes repose toujours sur la gloire d'un Olympe; et tout Olympe se fonde nécessairement sur la terreur qu'inspire sa légitimité pénale, c'est-à-dire sur la sagesse, à l'entendre, de vous faire trembler. Mais comme il est impossible de mettre votre cerveau sous le joug de l'ignorance et de la sottise sans recourir à la foudre d'un Jupiter tenu pour crédible, on qualifie de blasphème, de sacrilège ou de profanation une énonciation de la vérité interdite de formulation pour cause de lèse-majesté. Le sceptre de la peur religieuse dispose donc des armes de l'épouvante qu'inspirent les souverains.

Si je nie que, dans le "vrai et réel" sacrifice des chrétiens, le pain et le vin de la messe se métamorphosent en chair et en sang de la victime censée effectivement assassinée par les paroles que le prêtre prononce sur l'offertoire de l'immolation, si je nie que ce prodige, qu'on appelle la transsubstantiation, serait le fruit instantané des formules dites de la consécration, j'outrage le maître absolu du cosmos, lequel se vengera de l'impiété d'un tel affront par la sainte cruauté de me précipiter pour l'éternité dans les tortures de l'enfer, puisque tel est le châtiment effroyable réservé à tous les mécréants par la bonté vengeresse du créateur. Quand M. Alain Juppé, qui n'est pas un ignorant en théologie, évoque une erreur de type intellectuel, vous renvoie-t-il à l'interdiction que promulguent les Eglises de nier des faits fantastiques et tenus pour avérés par l'autorité du dogme? Nullement.

6 - Que signifie la sacralisation du réel ?

Car tel n'est pas le cas du génocide arménien. Pourquoi nieriez-vous des faits dûment attestés depuis 1915 par les historiens du monde entier et par le gouvernement français de l'époque? On ne vous demande pas de reconnaître qu'au cours de la guerre du Péloponnèse, qui a conduit à la défaite navale d'Athènes devant Sparte, l'amiral Lysandre ait fait assassiner six mille marins de l'ennemi à la suite de l'anéantissement de la flotte de guerre du vaincu à Aegos Potamos, on ne vous interdit pas de nier que Jules César ait fait couper le poing droit à douze mille guerriers gaulois à la suite de la reddition d'Uxellodonum, trop tardive à ses yeux, on ne vous interdit pas de nier la Saint Barthelemy ou les massacres de la Terreur, parce que l'on juge sainement que si le faux crève les yeux, il est sot de protéger la vérité par le recours à l'épouvante dissuasive, tellement l'erreur s'auto-réfute spectaculairement et tellement il est grotesque de châtier l'ignorance, la stupidité ou la mauvaise foi les plus évidentes. Quant à la spécificité juridique du génocide, genos signifie espèce, tribu ou peuple - les Etrusques ont éradiqué les Italiotes, mais non les Espagnols les Incas, les conquérants anglo-saxons les Indiens et Hitler les juifs : dans génocide, cide renvoie au latin occidere, tuer, mais non exterminer, extinguere.

L'incarcération du négateur dans les geôles d'un Etat de droit ou la crémation du mal-pensant sur les bûchers de l'Inquisition ne sont plus de saison. Mais alors, il faut que vous vous demandiez comment le sacrilège et le blasphème ont pu évoluer jusqu'à l'imbécillité de protéger de la profanation des vérités historiques incontestable et que ne réfute qu'une poignée de cerveaux en délire. Massacres, carnages, exterminations, génocides, levez-vous et plaidez votre cause devant le tribunal de la mémoire du monde!

7 - Le sacrilège de nier la réalité

Sachez donc qu'au XVIe siècle, les outrages aux verdicts du ciel ont pris une tournure nouvelle: l'impiété a commencé de se nourrir des découvertes de la science physique et des mathématiques. Le débarquement de l'astronomie de Copernic réfutait celle de Ptolémée, un Egyptien que l'orthodoxie du ciel des chrétiens sacralisait depuis de longs siècles. Or, il a été démontré que ce genre d'hérésies, fort récent dans l'histoire des dieux, triomphe toujours, mais au terme d'une résistance de deux siècles environ des plaideurs de la cosmologie mythique réfutée par l'expérience, parce que la science n'a pas besoin de procureurs: elle se contente d'accumuler dans le prétoire des preuves visibles de ses dires, tandis qu'une religion convaincue d'erreur par un verdict de la nature ou par la course réelle des astres dans le ciel se trouve contrainte par la sainteté de son enceinte doctrinale de camper dans une argumentation de plus en plus hiératique et de fortifier les murailles du sacré contre les assauts inlassables des magistrats de l'évidence.

Vous savez que le tribunal de l'Eglise a donné au bras séculier de Dieu, c'est-à-dire à l'Etat, le droit de brûler vif Giordano Bruno pour cause de copernicisme, qu'elle a fait se rétracter Galilée metu mortis - par crainte de la mort - ainsi que des milliers de protestants espagnols qui réfutaient le prodige de la transsubstantiation eucharistique. Plus d'un siècle et demi après la parution de L'Origine des espèces de Darwin, Jean Paul II a dû reconnaître que l'évolutionnisme est "davantage qu'une hypothèse", déclaration dont l'ambiguïté politique et la timidité calculée permettaient à l'Eglise de satisfaire la raison scientifique, mais seulement du bout des lèvres afin de ne pas trop effaroucher les fidèles.

Mais si la notion de sacrilège en vient à protéger non plus la sainteté doctorale des représentations erronées de la science astronomique des Anciens, mais l'histoire démontrée des métamorphoses de la vie sur la mappemonde et au fond des mers, une terre d'accueil s'ouvrira à la construction de barricades théologiques qu'on dressera à une grande hauteur autour des évènements historiques les mieux attestés. Puis, le retour de l'esprit de piété s'attachera non plus seulement à sanctifier des évènements fabuleux et qui ont besoin, précisément à ce titre, de se perpétuer à l'écoute de prêtres assermentés par une divinité jugée irréfutable , mais, en outre, de théologiser des faits que certains esprits pourraient nier par sottise invétérée, ignorance crasse ou malice de démagogues.

8 - Une histoire de fou

Pour vous faire comprendre ce point difficile, examinons un instant la question de savoir ce qui se passerait dans vos têtes dans le cas où l'Etat de M. Nicolas Sarkozy interdirait aux hérétiques de demain de nier l'existence de la lune et du soleil. Sans doute êtes-vous étonnés que j'en vienne à évoquer un délire aussi extrême de l'Etat et que j'en croie capables les législateurs actuels du sacré républicanisé. Mais songez que vous vous diriez in petto: "Nous avons toujours cru dur comme fer que nous devions en croire nos yeux, nous avons toujours cru non seulement que ces astres couraient au-dessus de nos têtes, mais qu'ils gravaient leur effigie sur notre rétine. Et maintenant l'Etat nous laisse clairement entendre que nos lumières pourraient fort vilainement nous tromper, et maintenant notre Etat insinue que nous serions - et depuis le berceau - des victimes sans défense de nos sens abusés. Se peut-il que la République de la raison ait perdu la tête à ce point? N'est-il pas plus vraisemblable de supposer, au contraire, que le genre simiohumain tout entier aurait perdu la raison des siècles durant et qu'il n'en aurait retrouvé que quelques bribes à la Renaissance?

"Il se peut donc que l'Elysée ait acquis depuis longtemps une science des mystères de nos encéphales, il se peut même que, sur les hauteurs éclairées où siège sa sagesse, il capte d'avance les senteurs d'un savoir encore inaccessible à ses créatures, il se peut même que quelque divinité soit subitement descendue de son Olympe pour n'informer que lui des secrets encore interdits au pauvre entendement des Français. Car enfin, si nous étions si sûrs, hier encore, que nous voyions ce que nous croyions voir à seulement lever les yeux au ciel, pourquoi l'Elysée nous mettrait-il soudainement en garde contre des erreurs qui menaceraient nos lumières naturelles en catimini?"

On voit par quels chemins l'esprit religieux seulement endormi de l'humanité pourrait faire retour dans la candeur des démocraties , on voit à quel point la laïcité actuelle demeure fragile: s'il n'est pas sûr du tout que le soleil et la lune courent dans le ciel et si c'est nous, à n'en pas douter, que charrie le soleil de l'Etat, quel bonheur, pour nous, n'est-ce pas, que son omniscience condescende à jouer à titre préventif le rôle de gardien de l'orthodoxie républicaine dans nos têtes ébranlées et que l'encens de la démocratie nous enivre durablement de ses grâces! Mais si vous respirez les effluves ineffables du sacré dont la loi des sorciers du 23 décembre 2011 fleure si bon et si l'Elysée n'a peut-être pas entièrement égaré les recettes éprouvées des Eglises , souvenez-vous que vous êtes dépositaires des odeurs de la souveraineté d'une nation en apprentissage de sa raison.

9 - Une révolution mondiale de la morale

Vous voici devenus les citoyens d'un Etat dans lequel l'immoralité partagée de la gauche sénatoriale et de la droite parlementaire méprise votre souveraineté au point que les deux partis au pouvoir menacent ensemble de jeter en prison ceux d'entre vous qui nieraient un fait évident et attesté depuis 1915. Comment ferez-vous face à une situation aussi ubuesque, sinon en vous collant aux oreilles les écouteurs d'une science historique dont la distanciation intellectuelle scannera les documents tragiques qu'on appelle des cerveaux? Mais pour cela, il vous faut faire franchir un pas de géant à la morale universelle. Dites-vous donc: "Si la divinité "toute puissante et miséricordieuse" n'était pas celle de ma conscience et d'elle seule, si je me prosterne devant le monstre sanguinaire et dément qui me torturera éternellement aux enfers, si j'adore une idole dont les châtiments devraient la couvrir de honte, si je juge saintement méritées les rôtissoires qui m'attendent, comment ne serais-je pas moi-même cette idole-là ? Mais comme je me vois maintenant dans le miroir à double face où mon encéphale schizoïde me renvoie à la théologie des sauvages, il faut que j'enseigne à la science historique ce qu'on appelle un génocide."

Pour le comprendre, demandez-vous à quelle étrange nature l'idée de justice ressortit; et pour cela, observez le jeu serré que joue Socrate avec la République d'Athènes. D'un côté, dans la célèbre Prosopopée des lois, que vous trouverez dans le Criton, il fait tenir à ces pauvresses un discours apeuré: "Socrate, disent-elles au philosophe, ne sommes-nous pas les éducatrices de cette ville, ne nous doit-elle pas de la reconnaissance pour l'enseignement que nous lui avons dispensé, ne serait-elle pas une ingrate de nous désavouer, ne tomberait-elle pas en ruine à ébranler notre autorité et à mettre en doute les services immenses que nous lui avons rendus si tu refusais de boire la ciguë et si tu t'enfuyais pour goûter un sûr refuge à Mégare?"

Socrate paraît les approuver hautement. Mais voyez ce qu'il leur glisse dans le creux de l'oreille: "Mon pauvre ami, dit-il à Criton, tu crois savoir où se trouve le vrai Socrate; tu crois même que tu vas transporter en terre ton Socrate en chair et en os et tu te lamentes d'avance sur son cadavre. Mais je partirai comme l'abeille emporte son miel."

10 - L'abeille et le miel

Depuis ce temps-là, le sceptre de la justice du monde a changé de mains. Jusqu'alors l'Etat disait : "Justice est faite!" quand son glaive avait prouvé son bon droit à brandir une dépouille mortelle pour témoin de sa légitimité; et maintenant l'Etat se trouve dépossédé de sa victoire à l'école de l'abeille et du miel; et maintenant, le vainqueur n'est plus l'Etat, mais l'absent qui le nargue et qui lui dit: "Vois, je n'étais pas à l'endroit que tu croyais." Et la loi s'enfuit piteusement, la loi a perdu son trophée de chair et de sang.

Voilà la balance sur laquelle la loi du 23 décembre 2011 attend votre pesée. Car M. Sarkozy répète que Socrate, ce sera bel et bien l'impie dont vous jetterez la carcasse en prison pour sacrilège. Mais la France vous dit: "Je suis l'abeille et le miel de votre raison" .Où donc la vérité historique sur le génocide se trouve-t-elle? Aurait-on trouvé son gîte en Turquie, ou bien ici et maintenant ? Portez donc votre regard sur l'idole génocidaire que vous êtes à vous-mêmes quand vous vous prosternez la face contre terre devant un tueur titanesque et qui vous jettera vous-mêmes en prison pour l'éternité sous la terre. Comment adoreriez vous la sainteté de ce tortionnaire si vous n'étiez à son image et ressemblance ? Dites à M. Nicolas Sarkozy: "Tu te trompes, si tu crois voir la France de l'abeille et du miel dans le cadavre de la justice du monde." Si votre encéphale apprenait à connaître la preuve par l'abeille et le miel, peut-être votre intelligence remettra-t-elle une France tombée en panne du "Connais-toi" sur le trône de sa Liberté.

Le 22 janvier j'analyserai les dessous du désastre proprement diplomatique, afin d'illustrer les relations que les problématiques englobantes entretiennent avec la pratique politique au quotidien.

15 janvier 2012

Visiter le site officiel du philosophe Manuel de Diéguez

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