Tribunes de Philosophes

"Allah et l'avenir de l'Europe de la pensée rationnelle (1)" par Manuel de Diéguez, philosophe.

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Le XXIe siècle et les religions

" On ne peut apprendre la philosophie, on ne peut qu'apprendre à philosopher."
E Kant

1 - Le potager des dieux
2 - Une cartographie de l'absolu
3 - D'où observer le cerveau humain ? 
4 - Brève histoire de la cervelle simiohumaine 
5 - Brève histoire de la cervelle des chrétiens
6 - L'irruption de l'infini et l'anthropologie des théologiens
7 - La théologie post-einsteinienne
8 - Les dieux d'ailleurs sont de retour

*

1 - Le potager des dieux

A l'heure des guerres puniques, le Sénat du peuple romain avait commencé de légiférer sur les nombreuses pratiques cultuelles alors en usage dans l'enceinte de la cité, mais nullement aux fins de préciser fermement la nature exacte, les apanages reconnus et le rang des divinités diverses dont l'empire s'était peu à peu enrichi. Comme de nos jours, il s'agissait exclusivement d'élucider la question annexe de savoir si le peloton des divinités tout juste arrivées d'un Moyen Orient fécond en rites et en liturgies devait jouir des mêmes prérogatives que les statues qu'on avait fait venir de Grèce quelques siècles seulement plus tôt et qui s'étaient si bien acclimatées au ciel de l'endroit qu'on en avait négligé les dieux lares.

Pourquoi, dans l'interrogation théologique des Sénateurs concernant les privilèges respectifs des divinités d'ici et d'ailleurs face à l'armée d'Hannibal, chercherait-on en vain la plus imperceptible lueur d'un questionnement rationnel concernant l'existence ou l'inexistence des Célestes légitimés depuis belle lurette ou fraîchement réceptionnés, sinon parce qu'aux yeux de tout le monde antique, il était évident que les Immortels accueillis avec leurs rituels mouillaient désormais en sécurité dans la rade réservée aux Célestes, et cela du seul fait qu'on honorait d'un culte public les cuirassés de l'éternité. On s'imaginait que la vérité religieuse parlait naturellement dans sa substance. Du reste, la langue latine soulignait qu'en tous lieux les causes sont déposées dans les choses mêmes - causae positae sunt in ipsis rebus. Pendant des siècles, les sciences exactes reposeront à leur tour et dans le monde entier sur la croyance en la loquacité légalisante de la constance de l'univers physique; la matière faisait entendre la voix juridictionnelle qui la régissait, donc la parole du signifiant civique qui la commandait; et puisque la nature suit un cours fiable aux yeux des législateurs et des grammairiens du cosmos, cette fiabilité était reçue pour le signal d'un "sens rationnel" parallèle au vocabulaire des cités.

De plus , le latin ne cesse de souligner la primauté de l'usage commun, donc de l'esprit pratique dans la connaissance rationnelle: la science des dieux était pragmatique et se fondait sur l'expérience de l'efficacité tangible des cultes. (Nelson Mandela et la guerre des songes, 21 décembre 2013)

2 - Une cartographie de l'absolu

La seule difficulté épistémologique sérieuse, aux yeux du Sénat de la République était donc de nature politique et militaire: la défense en armes du peuple de la Louve et la solidité de l'Etat étaient-elles équivalentes quelles que fussent les pratiques religieuses des citoyens, ou bien la scission des rites sacrificiels entre les Immortels importés de l'étranger et ceux du cru nuisait-elle à l'efficacité des immolations coutumières d'animaux à tous les Célestes répertoriés? En tant que tels, les dieux étaient-ils des fruits naturels, légitimes et efficaces d'une géographie de la théologie ou bien la consommation de leurs liturgies se révélait-elle inégalement performante selon l'adéquation de ces légumes mentaux à l'alimentation religieuse des peuples, des nations et des climats? Cette conviction a duré jusqu'au trépas des monarchies catholiques aux yeux desquelles les territoires exerçaient la charge de légitimer leurs Olympes en retour: Cujus regio, ejus religio, "Telle région, telle religion".

Vingt-trois siècles après les guerres puniques, le simianthrope occidental est-il devenu une espèce tellement pensante qu'il aurait commencé de se demander sérieusement comment les balances à peser les dieux sont construites? La réponse ne fait pas de doute: il faut refuser à cet animal le titre de "réfléchi", puisque son sommeil cérébral lui interdit encore davantage que du temps d'Hannibal de se poser la question de l'existence des souverains imaginaires censés piloter le cosmos. Par chance, la question de la nature du sommeil intellectuel qui frappe les religions est devenue politique à l'échelle de la planète tout entière. Que se passe-t-il au sein d'une civilisation endormie quand, dans le monde entier, le fossé entre les sciences et les cosmologies mythiques ne cesse de se creuser, de sorte que l'abîme entre les savoirs exacts et les rêves sacrés devient de plus en plus impossible à combler?

Julien Green, écrivain catholique de langue française, mais de nationalité américaine et qui démissionna du Quai Conti disait qu'un homme se trouve réellement assassiné sur l'autel romain et que l'indifférence des fidèles à une vérité de la foi aussi évidente l'indignait. Sa colère ne portait donc en rien sur la croyance des fidèles assoupis par un prodige théologique connu, coutumier et dont il ne doutait pas un instant, mais sur la stupéfiante légèreté d'esprit des croyants, qui passent outre au miracle avec un bel ensemble et sans se troubler le moins du monde. Et pourtant, au début du XVIe siècle, la vigilance des peuples du nord de l'Europe a couru en sens contraire: on les a vu nier comme un seul homme un phénomène cultuel fantastique. Puis leur hérésie est devenue la nouvelle orthodoxie en Angleterre et dans toute l'Amérique du Nord.

3 - D'où observer le cerveau humain ?

Depuis un millénaire, une religion nouvelle, l'islam, s'était fondée sur la suppression pure et simple des autels du sacrifice de sang. Mais pourquoi la Chine, l'Inde et le Japon n'ont-ils jamais offert de la viande ni animale, ni humaine, ni crue, ni cuite au prétendu créateur d'un univers pourtant saignant à souhait? Seul l'échiquier intellectuel nouveau d'une anthropologie réellement scientifique peut se trouver habilité à féconder la question de savoir primo, pourquoi trois milliards d'évadés de la zoologie sur six installent un maître invisible à la fois dans leur tête et dans le vide de l'immensité et secundo, lui offrent une victime torturée à mort pour salaire et enfin, tertio, comment ils légitiment en juristes la gouvernance par l'assassinat qu'ils concèdent à un guide sanctifié de tant de nations et à un chef incontesté de tant d'Etats.

Car les chrétiens ne se risquent à réfuter leurs offertoires qu'à partir de raisonnements fondés sur la logique de leur potence: Calvin rejetait le meurtre de l'autel parce qu'il suffisait, disait-il, que la victime de la croix eût été tuée une seule fois pour qu'elle sauvât le monde. La plateforme des théologies leur interdit toute réflexion psychologique et politique en provenance de l'extérieur sur les véritables causes du recommencement acharné d'un assassinat inaugural et jugé insuffisant. De même, une fervente catholique réprimandait fermement sa voisine, qui prétendait avoir aperçu la Sainte Vierge parmi les légumes de son potager, alors qu'aucune apparition de la déesse ne pouvait se produire un vendredi: chacun sait que ce jour-là, la mère de Dieu s'affaire du matin au soir à recevoir dignement son fils au paradis.

Une telle assiette de l'irréflexion interdit à l'humanité de jamais se poser la question anthropologique de l'origine et de la nature d'un Jupiter dédoublé entre le cosmos et le cerveau de ses habitants. Mais comment apprendre à observer du dehors un animal devenu pluri-cérébral? Les religions condamnent la philosophie à se poser cette question-là ou à choir dans le néant avant d'avoir seulement fait le premier pas.

4 - Brève histoire de la cervelle simiohumaine

Deux siècles avant les guerres puniques, la question de l'existence des Célestes avait pris à Athènes un tour imperceptiblement plus philosophique, donc plus réfléchi. Socrate demandait gentiment au devin Euthyphron ce qu'il pensait des dieux gourmands de la chair crue dont on les engraissait à grands frais : soupesaient-ils le prix et la qualité des viandes dont on les gavait ou se moquaient-ils comme d'une guigne de la succulence des victuailles et des empifrements de la piété? C'était poser aux poches stomachales des Célestes la question soupçonneuse de l'achat sur l'agora du culte comestible de l'époque; et conjointement, c'était souligner le parallélisme entre la pesée de la compréhensibilité et celle de la moralité des dieux les mieux achalandés, donc les plus comblés d'animaux de boucherie.

Mais alors, pouvait-on décemment aller jusqu'à reprocher aux Immortels non seulement leurs ripailles de gros mangeurs, mais leurs coucheries avec des mortelles? Homère, Pindare, Hésiode avaient fait un grand étalage de cette double consommation. Et voici que Platon vous conteste un coït de Zeus avec Héra à même le sol! Du coup, la question de l'existence ou de l'inexistence des Immortels coûteux ou de vil prix a commencé de dépendre de l'éthique qui présidait parallèlement à leurs festins de goulus et à leur vie sexuelle agitée. Aristophane avait eu l'audace inouïe de couvrir de ridicule les goinfres de là-haut: il suffisait, disait-il, de les affamer pour les affoler aux côtés de leur garde-manger. Mais, non seulement ce constat n'ébranlait pas davantage la piété de leurs fournisseurs que l'assassinat réputé réel de Jésus-Christ sur tous ses autels n'étonnait l'orthodoxie de Julien Green. Bien au contraire, la familiarité des plaisanteries qu'on échangeait avec les Immortels les mettait davantage à la portée des Athéniens et renforçait, aux yeux du peuple, l'évidence qu'ils existaient. Il faudra attendre Lucien de Samosate (125 - 180), le Voltaire de l'antiquité, pour troubler durablement la digestion des Célestes.

5 - Brève histoire de la cervelle des chrétiens

Mais, paradoxalement, la question de l'existence de Zeus, puis de trois dieux aux catéchèses en bisbille entre elles est demeurée éminemment morale jusqu'à nos jours. Au XVIIIe siècle encore, seuls les Diderot ou les Grimm allaient jusqu'à mettre en doute l'objectivité de la notion d'existence - même vaporeuse - appliquée au trio des dieux censés solitaires, donc localisés et qui étaient parvenus à ravir à Zeus le monopole de l'occupation corporelle de l'espace. Fontenelle, notamment, a fait basculer dans le comique les problèmes culinaires que le paradis physique des chrétiens s'efforce de résoudre depuis deux millénaires, ainsi que la question de l'âge auquel Dieu fait ressusciter ses élus.

Mais ces difficultés de la diététique céleste occupaient déjà plusieurs chapitres dans la Somme théologique de Thomas d'Aquin - il était nécessaire, disait l'Eglise, de leur accorder l'honneur insigne de se montrer les uns aux autres les cicatrices les plus glorieuses de leurs blessures de guerre. On sait que ce saint aristotélicien a été élevé au rang de docteur officiel de l'Eglise romaine et que ce titre ne lui a pas été retiré. Mais le rire a si peu triomphé de la gastronomie posthume que le patriarche de Ferney confondait encore l'univers avec une horloge de haute précision et qui ne saurait manquer à ses devoirs de piété envers l'humanité ressuscitée. Les rouages et les ressorts inusables de notre astéroïde renvoient le XXIe siècle au cerveau religieux des Romains à l'heure des guerres puniques.

Et pourtant, le XIXe et le début du XXe siècle avaient commencé de se demander comment une humanité encore sauvage et livrée aux sorciers des premiers âges aurait pu non seulement se faire communiquer les ultimes secrets de l'univers, mais recevoir toutes les informations nécessaires concernant un Dieu omniscient, omnipotent et demeuré si longtemps caché à tout le monde. Cette question était déjà en chemin chez les Romains: alors que Cicéron soulignait encore que même les peuples les plus campagnards et les plus incultes croient en l'existence des dieux, Tite-Live retournait déjà cet éloge contre les peuples les plus proches des bêtes féroces et qui se révèlent également les plus religiosi - superstitieux.

Il aura fallu attendre la parution, sous l'occupation, de L'être et le Néant de Sartre pour vulgariser l'évidence que si la divinité anthropomorphique des chrétiens était censée avoir fabriqué la montre Omega dont elle cachait les plans dans ses neurones, c'était sur le modèle naïf des artisans, qui vous fabriquent une table ou une chaise à partir du principe qui préside à la construction des objets qu'ils ont dans la tête et dont ils font débarquer "l'essence " et la quintessence cérébrale sur la terre. Hélas le cosmos démontre que les choses sont déjà là et que nous ne les soumettons à nos coordonnées et à nos codes sacrés qu'après coup.

6 - L'irruption de l'infini et l'anthropologie des théologies

Aux yeux de la raison religieuse, l'existence précède à son tour "l'essence" et cela à tel point qu'elle accorde, dans la foulée, à la métaphore le pouvoir prodigieux de réaliser les signes physiques qu'elle demande à la nature de produire. Il lui faut mettre en images les signifiants, donc illustrer les symboles dont elle entend faire écouter le message aux fidèles. C'est pourquoi elle renvoie à deux genres littéraires, la parabole et l'allégorie, qui permettent à des substances de charrier le message subliminal du mythe. Mercure a effectivement des ailes dans le dos, puisque, sans leur secours, sa carcasse ne pourrait traverser les airs avec la célérité prodigieuse qu'exigeaient ses trajectoires de voyageur de commerce de l'Olympe. De même, Jésus multiplie des pains de seigle et de froment, parce que la "vie spirituelle" est un pain immatériel et qu'à ce titre, il se multiplie de lui-même dans les esprits capables de goûter sa saveur. Le prophète métamorphose l'eau plate en vin de là-haut, parce que la parole de Dieu est une liqueur de si grand prix qu'elle change l'eau de la vie en vin de l'immortalité. Jésus est ressuscité, dit Saint Paul, parce que sans cela "notre foi serait vaine".

Mais la métaphore salvifique chargée de substantifier l'intemporel et de rendre rédemptrice la chosification du symbolique a subi un déclassement irréparable à l'heure où l'univers de la matière s'est révélé illimité, ce qui a anéanti l'assise spatiale du spirituel et réduit sa signalétique ascensionnelle sur la terre au grotesque. Du coup, l'interprétation de la création physique du globe terrestre en sept jours est devenue matérialiste. Un mythe religieux dont la symbolique ne monte plus dans le four de la foi en appelle et une tout autre imagerie de l'ascension intérieure de l'humanité que celle dont le récit biblique illustrait la machinerie.

7 - La théologie post-einsteinienne

En vérité, le gouffre sans fond que le monde moderne a commencé de creuser à partir de la Renaissance entre les savoirs plats et la fable fécondatrice est devenu insondable à l'heure où le temps et l'espace classiques se sont révélés des matières auto-coagulantes ou liquéfiées au gré de la rapidité du mobile qui en transporte l'horlogerie. Quant aux quinze milliards d'années-lumière que mesure environ l'étendue du cosmos matériel des astronomes kantiens d'aujourd'hui, elles ne font jamais que cent cinquante mille milliards de milliards de kilomètres - cette goutte d'eau ne nous dit rien ni de l'infini ouvert au-delà, ni des galaxies volatiles qui pourraient y promener leur poussière.

Einstein a dit qu'il ignorait si l'univers est infini. S'il s'était voulu un peseur du moule dans lequel l'encéphale de notre espèce est coulé, il aurait observé que ce creuset contraint le cerveau simiohumain de concevoir un dieu Chronos ligoté d'avance à l'illimité, tellement il est impossible d'assigner à l'espace-temps une frontière au-delà de laquelle l'espace et le temps auraient disparu. Mais, du coup, toute théologie tombe dans une insaisissabilité rebelle à la conjugaison du verbe être et à toute axiomatique doctrinale.

En vérité, le Jahvé originel des Juifs et ses imitations tardives se sont bien davantage fossilisés que le Zeus des Grecs sous la plume amusée d'Aristophane ou de Lucien de Samosate, parce que les philosophes grecs et les poètes de l'antiquité disposaient du trésor inépuisable de faire monter sur les planches du monde une théâtralisation spirituelle de la métaphore. L'allégorie et la parabole permettaient de transporter le genre humain dans un merveilleux et un surnaturel poétiques, tandis que le monde moderne se fabrique en vain une échelle de Jacob appelée à ne conduire nulle part. Le vide donne désormais la réplique de son mutisme à la solitude irrémédiable de la conscience transanimale.

8 - Les dieux d'ailleurs sont de retour

Dans une situation aussi "existentielle", dirait Jean-Paul Sartre, il est précieux d'observer à nouveaux frais ce qu'il adviendra du fossé qui ne cessera de se creuser entre le savoir des astrophysiciens, qui ont perdu en chemin le bâton de maréchal du langage humain d'un côté et, de l'autre, le récit, demeuré semi animal, des mythes cosmologiques soudés à la charpente des ancêtres. Du coup, l'irréflexion et la cécité croissantes de la classe dirigeante contemporaine rejoignent l'acéphalie des sénateurs romains évoqués plus haut: M. Copé s'indigne de l'incohérence mentale dont témoigne un rapport officiel sur l'épuisement actuel du modèle d'intégration aux valeurs de la République laïque d'une masse de quatre millions d'immigrés d'Allah installés sur notre territoire.

Pourquoi ces croyants persévèrent-ils, depuis trois ou quatre générations, à se prosterner jusque dans la rue devant une divinité inconnue des Gaulois ? On sait que la rédaction de ce rapport a été expressément demandée par Matignon à une commission censée "adéquate" de cinquante huit prétendus "connaisseurs" dont les patronymes ne renvoient à aucune consonance française ou européenne et dont la teneur se trouve intégralement affichée sur le site officiel du Premier Ministre. Mais c'est occulter la vraie question de se défausser sur le plurilinguisme.

Certes, on s'étonnera d'apprendre que "les langues de France sont la variété dialectale de l'arabe (arabe maghrébin), le berbère, le yiddish, l'arménien occidental, le judéo-espagnol et le romani"; certes on sera surpris de découvrir qu'il faudra "valoriser" un "enseignement de l'arabe" que "l'Education nationale sera chargée d'assurer, au même titre que les autres langues" et qu'on l'introduira impérieusement "sur tout le territoire national". Certes, on se frottera les yeux de ce que "l'enseignement dès le collège d'une langue africaine (..) par exemple le bambara ou le dioula ou le lingala ou même le swahili" soit sérieusement préconisé. Où le français est-il passé? Mais qu'adviendra-t-il des dieux de multiples provenances ethniques et géographiques qui se promèneront sur notre territoire? C'est cela qu'il faudrait élucider .

Puisque la France républicaine est censée demeurer cartésienne, le Premier Ministre a aussitôt bondi comme un diable de sa boîte: il allait de ce pas réfuter M. Copé. Mais il s'est contenté de le traiter publiquement de "menteur invétéré". Comment faire grief au gouvernement de cautionner un projet de loi aussi farfelu si la République n'a pas de science du sacré et ignore tout des arrière-mondes oniriques de l'humanité? Pour sa part, Matignon a toujours lutté pour la raréfaction des cultes, Matignon a toujours refusé aux jeunes filles le port du voile islamique dans les écoles vouées à l'initiation des enfants de France à l'avarice dont la pensée logicienne se fait une vertu depuis la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905. Mais si le pays demeure officiellement fondé sur l'alliance formelle de la raison scientifique avec l' intelligence, on voit, j'y reviens, que, sous le tricot d'un seul et même bonnet phrygien, l'encéphale schizoïde de ces deux coloristes du ciel polychrome de leur temps fonctionne exactement sur le modèle biphasé du Sénat romain au IIIe siècle avant notre ère, tellement on chercherait vainement, sous des casaques électorales coupées dans différents tissus, la plus microscopique étincelle d'un questionnement sérieux de l'animalcule bipolarisé concernant la prétention des dieux d'ici ou d'ailleurs de s'inscrire à l'état-civil des nations sur le territoire desquelles ils ont planté leur tente.

Pourquoi n'est-il nullement tenu pour énigmatique que, depuis des millénaires, l'animal semi cérébralisé persévère de sécréter des personnages cosmiques de complexions diverses et pourquoi n'est-il nullement étrange que des acteurs cosmiques promènent leur identité spécifique sous l'os frontal de la bête, pourquoi ne faut-il pas s'étonner de ce que des Célestes nouveaux succèdent sans relâche à ceux qu'un usage de leur immortalité de quelques siècles seulement aura suffi à porter en terre? La réponse se trouve dans Nietzsche: on ne détecte pas un seul être humain sur cent, écrit-il qui se pose réellement la question de savoir si une proposition est vraie ou fausse. Mais voici que la question de la nature des leurres universels qui assurent la protection cérébrale de cet animal débarque rantanplan sur tout notre astéroïde.

Ce sera l'objet de ma réflexion de la semaine prochaine.

Le 8 février 2014

Visiter le site officiel du philosophe Manuel de Diéguez

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