Osons le dire

"L'union militaire franco-britannique ou une nouvelle Entente cordiale" Par Ilia Kramnik - RIA NOVOSTI (MOSCOU)

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[Photo : Sarkozy-et-Cameron-signent-deux-traites-de-defense.-(Photo-archives-AFP)]

Le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique David Cameron ont signé un accord de la coopération militaire, qualifié par plusieurs experts de sans précédent, entre la France et la Grande-Bretagne.

Le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique David Cameron ont signé un accord de la coopération militaire, qualifié par plusieurs experts de sans précédent, entre la France et la Grande-Bretagne. Les deux pays ont l’intention de coordonner leur politique militaire si étroitement qu’il serait possible de parler de fusion de leurs armées ou, du moins, de ‘’ la renaissance de l’Entente cordiale ‘’, alliance conclue entre les deux pays à la veille de la Première guerre mondiale. L’accord prévoit la coordination commune des opérations militaires, le contrôle conjoint de la Marine, particulièrement des porte-avions, la coopération dans le domaine de la conception et de la fabrication du matériel de guerre et, notamment, d’armement nucléaire, où les deux parties ont suivi des voies historiquement différentes : la France a créé ses forces nucléaires par ses propres moyens, la Grande-Bretagne l’a fait avec le soutien des Etats-Unis.

Le long chemin vers la coopération

La France et la Grande-Bretagne sont des ‘’ amis-rivaux ‘’ jurés, liés par l’histoire d’un millénaire de relations très complexes, dont dépendait, au final, le sort de toute l’Europe. Après des siècles de guerres et de guerres froides, au milieu du XIXe siècle, les deux Etats ont conclu une union. Bien que même dans les années 20-30 du XXe siècle un conflit militaire entre ces pays fût théoriquement envisageable, et après la capitulation de la France face à l’Allemagne en été 1940, les soldats britanniques et français se sont parfois affrontés. Mais après la Seconde guerre mondiale la situation est devenue plus complexe.

Les empires coloniaux, les puissances européennes, dont à une époque dépendait le sort du monde, après la Seconde guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne n’arrivaient pas à se résigner à leur nouveau statut de puissances de second ordre, dont le sort était subordonné aux démarches des nouveaux grands de ce monde : les Etats-Unis et l’URSS.

La tentative pour justifier les ambitions et les potentialités mondiales caractéristique pour cette époque s’est traduite par la crise de Suez de 1956, lorsque les deux pays se sont alliés afin de préserver le statut quo du canal de Suez, dont le contrôle conférait aux puissances européennes une forte influence politique et leur rapportait des revenus considérables. Cependant, la nouvelle réalité a été cruelle avec les anciennes puissances : l’URSS et les Etats-Unis, voyant chacun un profit à tirer de la nationalisation du canal par l’Egypte, ont contraint la Grande-Bretagne et la France, ainsi qu’Israël, à se retirer sans rien obtenir.

Dans le cadre de l’OTAN, la coopération entre les deux pays évoluait de manière, semblait-il étrange. D’une part, les puissances se trouvaient à la source de l’Alliance. D’autre part, la France, qui a toujours suivi ‘’ sa propre voie ‘’, à partir du milieu des années 60 a commencé à établir des relations particulières avec l’Union Soviétique, en quittant le commandement intégré de l’OTAN en 1966.

Toutefois, les deux pays renforçaient intensivement leur coopération militaro-technique, et la France y jouait le premier rôle avec de plus en plus de confiance. La Grande-Bretagne, dont la situation économique, depuis l’effondrement de l’Empire, était peu enviable, perdait peu à peu de son importance, et la coopération avec la France a permis au Royaume-Uni de préserver son propre complexe militaro-industriel et d’éviter de devenir la filiale d’une major américaine. En d’autres termes, ce genre de coopération (avec la France et au sein de l’UE) représentait pour la Grande-Bretagne et son élite une alternative à la coopération avec les Etats-Unis.

Parmi les fruits de cette coopération on pourrait citer l’avion supersonique le Concorde, le chasseur-bombardier le Jaguar, le complexe de défense antiaérienne PAAMS et bien d’autres.

En transmettant dans les années 40-60 à Washington et à New York le rôle de centres politiques et financiers de la civilisation anglo-saxonne, la Grande-Bretagne s’est transformée en un satellite des Etats-Unis, et ce rôle s’est avéré particulièrement ingrat. On ne pardonne jamais leurs faiblesses aux chefs affaiblis, et les épithètes du type comme ‘’ 51e Etat ‘’, ‘’ porte-avion insubmersible ‘’, parmi tant d’autres, ont continué à paraître aussi bien dans les journaux soviétiques que dans la presse occidentale.

La crise en tant que motivation

Vers 2010, la situation s’est aggravée, aussi bien pour la France que pour la Grande-Bretagne. La crise économique mondiale a contraint les deux pays à réduire leurs budgets militaires, et la barrière technologique, n’a fait qu’aggraver la situation en raison de l’augmentation du coût et des délais d’élaboration du nouvel équipement.

La situation en Grande-Bretagne s’est avérée plus grave qu’en France. La nouvelle stratégie de sécurité nationale, rendue publique par le gouvernement fin octobre 2010, prévoit une réduction du budget de la défense de 8% au cours des quatre prochaines années et, apparemment, le fléchissement se poursuivra. A l’heure actuelle, les dépenses militaires de la Grande-Bretagne s’élèvent à près de 60 milliards de dollars. En soi cela représente beaucoup d’argent, mais compte tenu du coût exorbitant des armements en Europe occidentale et des dépenses considérables allouées à l’entretien de l’armée sous-contrat (professionnelle), cette somme s’avèrera bien plus basse. Apparemment, la Marine et l’Armée de l’Air, particulièrement budgétivores, seront les premières à en subir les conséquences en se voyant privées d’une majeure partie des dotations d'armements et des commandes futures.

Dans ces conditions la Grande-Bretagne se retrouve dans une situation inconfortable : sa transformation définitive en puissance militairement de second plan, dont l’influence militaro-politique se limiterait à sa seule participation aux opérations de l’OTAN, car elle ne dispose pas d'un potentiel suffisant pour mener une politique indépendante.

Dans ce cas, les actions de Londres seraient décidées à Bruxelles ou à Washington, et l’élite britannique n’accepterait jamais ces conditions.

La troisième voie


Tout n’était pas rose non plus pour la France qui, en adhérant de nouveau à la structure militaire de l’OTAN, souhaitait garder une certaine indépendance par rapport aux décisions de Bruxelles et de Washington. Au cours des dernières décennies Paris s’était habitué à une certaine liberté d'action. De plus, la France avait besoin d’une alternative à Berlin, dont le rôle dans les processus européens des 20 dernières années avait significativement augmenté. Bien que Paris et Berlin entretiennent aujourd’hui des relations amicales.

Les opérations conjointes des armées britannique et française sous l’égide d’un commandement commun, les développements conjoints d’armement, l’établissement d'une stratégie militaire commune : tout cela rappelle les pages les plus glorieuses de la coopération entre les deux pays lors des périodes historiques les plus difficiles. Toutefois, les parties conservent une certaine liberté. Ainsi, en coopérant dans le domaine de la conception d’armements nucléaires, les pays ont l’intention de conserver l'indépendance de leurs forces nucléaires.

Il est prématuré de parler de l’efficacité de cette union. Mais si elle se concrétisait, on ne pourrait qu’applaudir Londres. Les Anglais retors ont trouvé une troisième solution sur une route à deux voies : s’incorporer à la structure de l’UE en jouant un rôle secondaire ou suivre les Etats-Unis en tant que ‘’ porte-avis ‘’.


Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

SOURCE :

http://fr.rian.ru/discussion/20101108/187807488.html

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