"PARIS EST UN CHAMP DE BATAILLE" EXPOSITION
Paris est un champ de bataille. Nous l’avions oublié.
Les photos de Paris Match, celles de Patrick Chauvel - le « rapporteur de guerre » -, celles de Michael Wolf - auteur de Paris Street View - nous le rappellent, nous l’annoncent.
Ces photographes-témoins sont des voyants prophétiques. Écoutons ce qu’ils nous montrent.
Voici les corps ensanglantés qui gisent dans des rues parisiennes fermées par des barricades - en 1944, en 1968 - ou par un mur « d’uniformes casqués ». Ces photos de Paris Match hurlent : « cela a eu lieu ici, Paris a été un champ de bataille ».
Et Michael Wolf et Patrick Chauvel nous alertent : « le volcan de la violence parisienne est encore fécond.
Regardez nos photos, imaginez ».
Là, Michael Wolf emprisonne dans la trame numérique les hommes et les femmes de Robert Doisneau et de Willy Ronis. L’identité des personnes s’efface, cède la place à une silhouette fugitive, « pixellisée », à une ombre incertaine, menaçante et menacée de disparition.
La violence urbaine commence aujourd’hui par la dépersonnalisation, le vol et le viol d’image.
Ici, Patrick Chauvel fait exploser le décor qu’est Paris : les photos des guerres urbaines - Beyrouth, Belfast, Sarajevo - déchirent nos monuments, nos façades, nos tours. Il y a des snipers et des mitrailleuses sur le parvis de Notre-Dame. La Tour Maine-Montparnasse est en flammes, pénétrée par la photo meurtrière, la prédiction angoissante.
Paris demain ce peut être Sarajevo et New-York. Combats de rues et terrorisme. La paix n’était qu’un pauvre masque. Une seule photo de Patrick Chauvel l’arrache. Et, voici le groin de la Guerre ici.
Paris est un volcan assoupi mais en activité. L’épicentre symbolique de la violence nationale. L’un des cratères d’où surgissent les violences mondiales.
Prenons-y garde.
Ce que vous allez voir n’est pas qu’une exposition de l’irremplaçable créativité des photographes dont le regard invente et dévoile la réalité. Ceci est un appel à la lucidité et à la vigilance. Il faut des décennies pour imaginer et construire la paix et un seul geste pour la détruire.
Paris brûle encore, déjà.
Paris est un champ de bataille.
Max Gallo, de l’Académie Française
SOURCE :
http://www.monnaiedeparis.fr/actualite/Dossier_de_presse_Peurs_sur_la_ville.pdf