Elus & Maires

A PROPOS DU « MOMENT ACTUEL » – Par Georges Gastaud, directeur politique d’INITIATIVE COMMUNISTE - 23 mars 2024

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I – A l’échelle internationale :

La menace d’un « conflit global de haute intensité », en clair d’une troisième guerre mondiale n’excluant pas le recours au feu nucléaire, ne cesse de grandir : porté par le tamtam haletant des médias d’Etat et par une grande presse satellisée par le complexe militaro-industriel, Macron se pose en chef de meute de cette marche potentiellement suicidaire, pour la France, pour l’Europe pour toute l’humanité, vers ce qu’il faut bien appeler la marche accélérée à la Troisième Guerre mondiale.

C’est le cas en Ukraine où l’imminence d’un possible écroulement politico-militaire du régime pronazi de Kiev a hystérisé les va-t-en-guerre de l’UE-OTAN, Macronat en tête.

C’est le cas à Gaza, où les parrains américains de Netanyahou continuent impitoyablement d’armer les génocideurs de « Tsahal ».

C’est le cas en Syrie dont le peuple exsangue subit une strangulation lente organisée par les USA. Issues de la croisade anticommuniste de l’Occident « libéral » contre l’Afghanistan démocratique de Taraki, mais aussi de Sarkozy contre l’Etat libyen, les créatures monstrueuses initialement financées par la CIA, Ben Laden en tête, continuent du reste d’ensanglanter le monde sous le douteux drapeau de Daesch, des villages sahéliens aux salles de concert de la ville de Moscou !

Ne pas oublier pour autant les fronts provisoirement moins chauds de Taiwan ou de la Péninsule coréenne : les USA et leurs vassaux européens, et/ou anglo-saxons (Australie, Canada fédéral, Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne) et/ou nippons et sud-coréen harcèlent à bas bruit la République populaire chinoise et menacent ouvertement d’arasement pur et simple la République démocratique populaire de Corée. Chacun sait du reste que, si Trump est élu, le front asiatique risque fort de l’emporter en incandescence sur le front qui s’étend présentement de la Finlande otanisée au Proche-Orient martyrisé.

Enfin, bien que plus « périphériques » en apparence, le collier étrangleur passé au cou du Niger rebelle par CEDEAO interposée (à la demande de Macron !), ou le blocus aggravé de Cuba socialiste par les compères affameurs Trump et Biden, montrent que le suprémacisme euro-atlantique va préventivement tenter de se débarrasser de tout ce qui pourrait le gêner aux entournures à l’approche d’une guerre planétaire contre les Russes et les Chinois. Et cela se traduit déjà en Europe par une chasse aux sorcières menée silencieusement contre tous les patriotes véritables qui, conscients du danger d’anéantissement de la France en cas de conflit nucléaire Est-Ouest, auraient le tranquille courage civique de refuser l’union sacrée antirusse ou antichinoise.

En résumé, on peut dire que la marche à la guerre impérialiste continentale (pour commencer), la fascisation interne de l’UE et de ses Etats-membres, l’euro-dilution des Etats-nations subsistants dans le broyeur d’un Empire euro-atlantique relançant la croisade antibolchévique de jadis, l’offensive généralisée contre les droits sociaux conquis par la classe ouvrière dans le cadre desdits Etats-nations libérés de Hitler, tout cela ne fait qu’un ; si bien que tous ceux qui voudraient dissocier les résistances populaires à mener pour sauver la paix, défendre les libertés, préserver les conquêtes sociales, restaurer la dignité nationale de notre pays, seraient assurés d’une défaite totale, tant il est vrai qu’un front discontinu est assuré d’être enfoncé et vaincu !

1°) Dissuasion nucléaire française : quand le « parapluie » atomique « protecteur » se mue en « paratonnerre »… suicidaire

Au passage, il est opportun de réfuter une conception « rassuriste » et pour le moins périmée de la dissuasion française qui nourrit chez nous l’atonie du mouvement pour la paix. Nombre de Français s’imaginent en effet que « notre force de frappe » nous protège de tout… et qu’elle permet à Macron toutes sortes d’intrusions politico-militaires dans le chaudron ukrainien sans que notre territoire et notre population ne finissent par être directement et existentiellement menacés. C’est archi-faux. En effet,

la Russie est notoirement pourvue de missiles hypersoniques inarrêtables qui lui permettraient d’anéantir les grandes villes françaises si les choses dégénéraient, y compris sur le plan dit « conventionnel », sur le front de l’Est entre l’armée russe et les « troupes au sol » que « Napomacron » rêve de dépêcher à Odessa ; 

la Russie contre-révolutionnaire de Poutine n’est pas l’URSS de Khrouchtchev ou de Brejnev dont l’idéologie communiste était fortement empreinte d’universalisme humaniste et considérait la mise à mort globale de l’humanité comme le crime absolu ; Poutine a moult fois expliqué qu’ « un monde sans la Russie n’a pas d’intérêt ». Nombre de stratèges russes se chargent de diffuser à l’envi l’idée que la Russie n’aurait pas les moyens démographiques, financiers et militaires pour soutenir à elle seule une guerre conventionnelle sur toutes ses frontières Ouest, Est et Sud, si Washington et ses vassaux commettaient la folie de l’assaillir sur tous les fronts, fût-ce initialement avec des moyens conventionnels. Que resterait-il alors au Kremlin comme « ultima ratio » pour tenter de contenir ses ennemis ? Poser la question, c’est y répondre, et cela d’autant plus que Poutine n’ignore pas que, tôt ou tard, les Américains rattraperont les Russes en matière de missiles hypersoniques ;

le chef de l’exécutif français, par ailleurs « commandant suprême des Armées », a récemment (et ridiculement) déclaré en Suède que, dorénavant, la force de frappe française ne couvrirait plus seulement la défense du territoire national et des « intérêts vitaux » français, mais qu’elles serait désormais mise à la disposition de la « sécurité européenne ». Cela signifie que, si Macron finissait par envoyer des légionnaires et des chars tricolores à Odessa, et/ou si des incidents éclataient avec l’armée russe ou biélorusse à l’initiative de l’hyper-russophobe Pologne ou à l’instigation des Etats baltes ouvertement nostalgiques du Reich, le pire serait assurément promis à notre pays. Car ceux-là même qui prétendent que le « seuil nucléaire » nous garantit de la guerre à venir, ne comprennent pas que ce « seuil » fatidique n’est pas métaphysiquement fixé une fois pour toutes : la même force de frappe française qui, en première instance, nous protège peu ou prou (et encore !) tant que nous restons derrière nos frontières, nous transforme en cible prioritaire s’il apparaît au camp adverse que l’armée française constitue l’aile marchante et la force de choc de l’OTAN contre l’armée russe. Comment ne pas voir qu’alors, l’ « ennemi russe » (désigné par nous comme tel, car que l’on sache, l’armée russe ne marche pas sur la Belgique ou sur Monaco : c’est l’armée française qui campe sur ses frontières moldaves et roumaines) serait inévitablement tenté d’envoyer aux USA, son véritable ennemi stratégique, un ultime avertissement « sans frais » (pour les USA, pas pour la France !) et par pays interposé en frappant, non pas le lointain et redoutable territoire américain hérissé de missiles intercontinentaux, mais le territoire français relativement exigu, relativement proche… et que Macron « offre » généreusement et irresponsablement aux USA, sous les vivats des députés et sénateurs censément élus par nous, en victime propitiatoire du futur conflit mondial ! Un scénario d’autant moins improbable que, dans cette hypothèse, Biden, et a fortiori Trump, pourraient aussi à tout moment se retirer provisoirement du conflit russo-otanien après avoir atteint l’objectif majeur de l’Oncle Sam toutes tendances confondues : intimider la Chine et affaiblir décisivement la Russie et l’Europe occidentale tout en renforçant sa suprématie mondiale, non seulement aux dépens de ses adversaires extra-systémiques, Russie et Chine, mais au grand dam de ses… « alliés » et concurrents impérialistes européens. En la matière, Washington jouit d’une grande expérience historique car c’est ainsi que les USA se sont déjà comportés lors des deux premiers conflits mondiaux en laissant leurs ennemis et leur « alliés » rivaux s’épuiser mutuellement sur le champ de bataille, les G.I. ne débarquant qu’au dernier moment quand l’armée allemande était aux portes de l’écroulement devant l’armée française (1917) ou devant l’Armée rouge (après Stalingrad et Koursk…) !

Résumons-nous : au-dessous d’un certain seuil, que Macron a entrepris de franchir sous les hourras intéressés du complexe militaro-industriel, la force de frappe française est protectrice, du moins en première instance (elle ne l’était déjà pas en seconde instance, car si une guerre nucléaire mondiale éclate, nul n’échappera à l’embrasement). Mais une fois ce seuil franchi, la bombe atomique française cesse d’être un parapluie ; elle se mue en un paratonnerre qui attirera la foudre sur l’Hexagone si la Crimée, Odessa ou l’Ukraine s’embrasent avec, en première ligne, des soldats français combattant à des milliers de kilomètres de la mère-patrie pour un régime pronazi, celui de Kiev, pour une cause yanqui (la suprématie mondiale), et pour un but non pas national, mais impérial : la mise en place du belliciste Etat fédéral européen doté d’une armée euro-atlantique et d’un imperium financier allemand, tout cela sur fond de guerre de classes menée en France contre ce qui subsiste des acquis sociaux de 1945. Car ce surarmement ravageur, les travailleurs de France n’ont pas fini de le payer par le recul des salaires, la fin de la protection sociale, la fin des retraites par répartition, des indemnités chômage et des services publics, voir à ce sujet les annonces conjointes de la Commission de Bruxelles, de la Cour des Comptes et de Bruno Le Maire…

2°) A l’arrière-plan de la crise mondiale de l’hégémonisme euro-atlantique, l’émergence des peuples et la remontée en puissance du prolétariat

Ne pas oublier pourtant que si l’hégémonisme euro-atlantiste en est là : fomenter une guerre mondiale pendant qu’il se croit encore apte à la gagner, c’est parce que sa crise devient explosive sur le plan géopolitique : sur huit milliards d’humains peuplant la planète, sept milliards – qui vivent surtout dans le « Sud global » et en Eurasie –, vomissent l’hégémonie mortifère du dollar, de l’US Army et d’une « civilisation » anglo-saxonne imposant à tous sa domination linguistique, ses « valeurs » à géométrie variable et sa culture hyperviolente. C’est ce rejet de plus en plus global qu’exprime le mouvement contre-hégémonique des BRICS, même s’il ne faut en rien l’idéaliser tant certaines de ses composantes sont elles-mêmes capitalistes (et quelquefois féodales : cf l’Arabie saoudite…), quand elles n’aspirent pas à succéder aux USA dans la figure de l’hégémon mondial. Et ce n’est pas un hasard si l’impérialisme et le néocolonialisme français mis en déroute par les peuples africains du Burkina Faso au Niger en passant par le Mali et le Sénégal, cherche à se venger en se posant en dérisoire Impérator de l’ordre euro-atlantique du côté des ex-colonies françaises de l’entre-deux-guerres qu’étaient alors la Roumanie et ses marches moldaves. Contre l’ « Ours » russe, assistera-t-on très vite au retour objectivement revanchard de la Légion des Volontaires Français d’odieuse mémoire ?

Surtout, redisons que depuis le début des années 2020, le mouvement gréviste du prolétariat, parfois conjoint (Inde, Bangladesh…) à celui de la paysannerie, refait surface si bien qu’un mouvement communiste international de combat reconstitué devient chaque jour davantage, par-delà les efforts actuellement infructueux et trop dispersés de certains PC, une urgence historique. 

3°) Faire face aux responsabilités idéologiques et politiques avec le PRCF

Face à ces tâches immenses, le PRCF constitue évidemment une force des plus modestes, mais sa responsabilité idéologique n’en est pas moins engagée en termes de clarification théorique et de proposition politique. Oui, sans idéaliser Poutine et son régime anticommuniste, il faut rejeter le « ni-nisme » qui renvoie lâchement dos à dos l’UE-OTAN, ennemi principal des peuples – et du nôtre en particulier ! – et les forces qui lui résistent et parviennent ici et là à le retarder ou à le mettre en échec. Oui, il faut refuser de diaboliser, au nom d’on ne sait quel purisme idéologique, la République populaire chinoise ou la République démocratique populaire de Corée que ciblent l’une et l’autre un impérialisme étatsunien dont les porte-avions nucléaires n’ont que faire en Extrême-Orient, au large de Gaza, à proximité de Cuba ou dans le Détroit de Taiwan. Oui il faut soutenir offensivement, non seulement le peuple cubain sadiquement strangulé par le blocus américain, mais il faut appuyer, ne serait-ce que pour nous défendre nous-mêmes, le PC de Cuba et la direction de l’Etat socialiste cubain qui nargue la contre-révolution mondiale depuis la chute de la RDA et de l’URSS. Et nonobstant les circulaires scélérates par lesquelles Dupont-Moretti et Cie veulent bâillonner chez nous les défenseurs du peuple palestinien martyrisé, il faut appeler un chat un chat et l’actuel Etat d’Israël un fauteur d’apartheid, de colonialisme cynique, de purge ethnique même pas déguisée, de terrorisme d’Etat et de viol pluridécennal des résolutions de l’ONU.

4°) Pour l’internationalisme communiste.

Plus positivement, il faut fraternellement activer, de toutes les manières possibles la reconstitution d’un Mouvement communiste international de combat, voire à terme d’une Internationale communiste et ouvrière, qui, sur la base d’un marxisme-léninisme de nouvelle génération et d’un réancrage général dans le mouvement prolétarien international en marche, pourront seuls stopper les mauvais résultats récemment encaissés par les PC en différentes parties du monde. Il convient aussi d’aider à relancer le syndicalisme international de classe et de masse, et d’offrir au Front anti-impérialiste, contre-hégémonique et anti-impérialiste mondial, ce noyau internationaliste rouge capable de raviver l’idéal d’un socialisme-communisme de nouvelle génération, de faire à nouveau converger le mouvement ouvrier et le féminisme populaire, de porter la nouvelle bataille des Lumières et de donner aux peuples insurgés, par ex. dans l’Afrique francophone en légitime rébellion (Mali, Burkina Faso, Niger…), de grandes perspectives d’offensive, d’unification et de reconstruction. Sans quoi, c’est un Gaza mondial ou un Haïti planétaire qui nous sont peu ou prou promis !

5°) Au niveau européen, il faut cesser de ménager les institutions supranationales,

« parlement » européen en tête, ces verrous globalitaires posés sur l’émancipation populaire. Assez de l’énorme et grotesque mensonge de l’euro-gauche promettant en vain depuis 40 ans (et aujourd’hui encore comme si de rien n’était en plein saut impérial européen !) d’ »agir du dedans pour réorienter l’UE dans un sens progressiste » ( !!!). Et pourquoi pas, tant qu’on y est, pour « réorienter » la BCE dans un sens écologique et l’OTAN dans un sens pacifique, comme y prétendait déjà le très intelligent ( ???) Enrico Berlinguer, chef de file de l’eurocommunisme, à la fin des années 1980 ?

Au contraire, il conviendrait d’internationaliser la lutte idéologique frontale contre l’UE-OTAN pour arrimer la défense de la paix aux luttes antifascistes, à la reconstruction des souverainetés nationales (qu’il est criminel d’abandonner aux fascistes qui la dévoient vers le racisme) et au mouvement pour les salaires, pour la protection sociale, pour les services publics, pour l’emploi productif (industriel et agricole) et pour le logement social. « L’argent pour les salaires, pas pour la guerre, ni pour les actionnaires !« , ce mot d’ordre simple et fédérateur que le PRCF et la JRCF furent les premiers à lancer en France et qui fait désormais tache d’huile auprès des syndicalistes de lutte, gagnerait fort à être « européanisé » à l’heure du « sauf fédéral » imminent… et de l’énorme purge antisociale « à la grecque » ou « à la Thatcher » que l’UE, Le Maire et la Cour des comptes veulent imposer à notre peuple.

Résumons-nous : nous sommes placés devant l’imminence d’un bond impérial, antinational, antisocial, belliciste et antidémocratique ravageur et ce serait une grave erreur pour notre peuple de créditer ce saut fédéral vers l’anéantissement lent ou rapide de la République et aux acquis qu’elle porte encore, en allant docilement voter lors de l’euro-scrutin. La vraie radicalité populaire, patriotique et authentiquement internationaliste consiste au contraire à délégitimer les institutions euro-impériales, guerrières, fascisantes et supranationales en gestation ; pour cela, il faut courageusement oser, quitte à déplaire aux appareils euro-ralliés, promouvoir une abstention de classe et de masse à la fois citoyenne et hautement politique le 9 juin prochain !  

II – Sur le plan national 

1°) La majorité des parlementaires français a piétiné la volonté pacifique majoritaire du peuple

Enchaînés à l’union sacrée euro-atlantique, la majorité parlementaire totalement coupée du peuple qu’elle dit représenter, a donné de l’air à Macron en approuvant l’hyperdangereux Traité belliciste Macron-Zelensky. En réalité, les députés macronistes pseudo centristes, les faux gaullistes LR, les députés sociaux-hégémonistes du PS, les députés écolo-impérialistes Verts suivis par les hardis sénateurs (un seul d’entre eux ira-t-il combattre personnellement en Crimée ?) ont signé un chèque en blanc à Macron pour, le moment venu, expédier des troupes françaises à Odessa au risque de provoquer une conflagration nucléaire et de faire de l’Hexagone la cible prioritaire de représailles russes… Bref, au lieu de reprendre le mot d’ordre courageux du socialiste allemand Liebknecht, futur fondateur du P.C.A., proclamant en août 1914 l’ennemi principal est dans ton pays (donc, combats d’abord tes impérialistes !), la fausse gauche a fait sien le mot d’ordre du Macronat : l’ennemi principal est… ton propre pays ! ; car que peut-il arriver de pire à la population française que son arasement sans reste à l’issue d’une possible guerre nucléaire avec les Russes ?

Pour sa part, le Rassemblement lepéniste soi-disant anti-guerre et « patriote » n’a même pas eu le courage de voter contre la déclaration du Premier Ministre : Marine Le Pen et son dauphin Bardella, qui se voit déjà en Premier Ministre de cohabitation avec Macron, se sont très glorieusement… abstenus pour ménager leurs liens de classe avec l’UE-OTAN et avec le complexe militaro-industriel largement maître des médias !

Quant aux députés PCF et LFI, leur vote « contre » circonstanciel des 12 et 13 mars est toujours bon à prendre, mais il ne tranche pas sur le fond, hélas, avec le soutien honteux apporté au régime pronazi de Kiev par Manon Aubry (cheffe du groupe LFI au Parlement européen) et par Roussel dont le groupe a honteusement voté pour l’envoi d’armes lourdes à l’Ukraine le 30 novembre dernier. Quelle différence avec l’engagement pacifique et anti-impérialiste d’un Jean Jaurès rappelant, à la veille de la guerre de 14/18, que « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l’orage » et que les Etats-Unis d’Europe ne sauraient être, en régime capitaliste, qu’un « césarisme monstrueux » !

Ne disons rien des états-majors syndicaux CGT (et/ou FSU) qui, prisonniers de leur « syndicalisme rassemblé » derrière la CFDT jaunâtre, et en opposition frontale avec les bases rouges de la CGT, ont prétendu manifester pour la paix début février tout en réclamant (pacifiquement ?)… « des armes pour l’Ukraine ! » (une Ukraine où le Code du travail a été supprimé par Zelensky, où les néonazis dominent la rue et où les Jeunesses communistes sont emprisonnés sans jugement et menacés de mort !). Ces étranges chefs syndicaux qui ne partiront jamais dans le Donbass sac au dos, doivent-ils s’étonner d’avoir ensuite à diriger des cortèges atones et squelettiques (19 mars) ? En réalité, les travailleurs finissent par être dégoûtés par ce double jeu social-impérialiste (syndicaliste en paroles, impérialiste en fait), par cette allégeance de principe à la « construction » européenne des Binet, Vénétitay, etc. qui ouvre, par contrecoup, un boulevard à l’euro-nationalisme lepéniste, par ces revendications flottantes qui ne sont même pas capables de se traduire en slogans percutants tels que « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre ! », « l’argent pour l’hôpital, pas pour la guerre mondiale« , « l’argent pour l’Education, pas pour la guerre à Macron« ? Les travailleurs boycottent désormais ces « journées d’action » saute-mouton, derrière les Berger jaunes ou roses de la collaboration des classes, qui discréditent la grève et émoussent la combativité populaire sans jamais menacer le pouvoir ni écorner les profits capitalistes !

2°) Faire face au plan d’euro-ajustement « à la grecque » contre le peuple travailleur de France

Cette capitulation de la gauche politico-syndicale établie devant la guerre mondiale en marche et devant le sauf impérial européen qui la prépare est d’autant plus grave qu’elle s’opère à l’approche d’un véritable plan d’ajustement structurel européen, commandité par Scholz (le chancelier « socialiste » allemand), par Ursula von der Leyen (la commissaire européenne, véritable impératrice auto-désignée de l’UE) et par l’oligarchie hexagonale qui va de Macron aux LR en passant par le « socialiste » Pierre Moscovici, l’ex-commissaire européen devenu président d’une Cour des comptes maladivement antisociale. Guerre impérialiste aux peuples étrangers, guerre de classe au peuple français, ainsi vont la logique capitaliste et sa traduction stratégique moderne sous le nom de code de « construction européenne »… Il n’empêche : blocage des salaires et des pensions, purge radicale des acquis subsistants, destruction des remboursements maladie, sabordage des services publics d’Etat et territoriaux, c’est une offensive « à la Thatcher », voire « à la grecque » que prépare l’actuel tir d’artillerie médiatique contre les travailleurs de France. Sous le slogan de « réduction de l’endettement » – une dette qu’ont mécaniquement provoquée la délocalisation massive de l’industrie nationale, la diminution continue de l’impôt des riches, la mise à mort de la monnaie nationale et l’obligation européenne concomitante d’emprunter sur les marchés financiers sans omettre l’affaiblissement en longue durée de la pêche artisanale et de l’agriculture paysanne, la France des travailleurs est invitée à verser « du sang et des larmes » : du sang, car la méga-austérité qui vient est indissociable de l’ « économie de guerre » promise par Macron, mais aussi des larmes car il risque de ne rester que les yeux pour pleurer à nos concitoyens qui vivent à grand peine de leur travail (déjà un Français sur trois saute un repas par jour !), si le programme macroniste de guerre impérialiste doublé d’une guerre interne contre les pauvres se en place avec, pour lui faire face, des dirigeants syndicaux qui ont perdu la confiance du monde du travail ou qui, comme Bernard Thibault, l’ex-patron de la confédé CGT euro-formatée par ses soins, s’activent désormais, toute honte bue et haut salaire à l’appui, à consolider la « paix sociale » sur les chantiers des J.O. !

3°) L’espoir, c’est le peuple en mouvement : que le peuple souverain s’avance !

Les Gilets jaunes, qui avaient quelque temps échappé au contrôle des appareils politiques et syndicaux, et qui, ne sachant pas que c’était impossible, ont naguère failli prendre d’assaut l’Elysée (!), les ouvriers et techniciens de l’énergie, des ports, de l’ébouage et des raffineries qui avaient courageusement porté les blocages et la grève reconductible durant le mouvement pour les retraites (sans le moindre relais confédéral), les paysans travailleurs, qui surent initialement échapper aux garde-chiourmes européens et pseudo-syndicaux de la FNSEA, ont montré un autre chemin, celui du peuple souverain – ne négligeant certes pas la reconquête de l’outil syndical quand elle est possible – se prenant en main et déclarant en somme: « l’alternative, c’est nous! ». Certes, la France actuelle ressemble à de l’eau qui dort, comme elle semblait quelque peu somnoler en mai 1789, en avril 1968 ou en septembre 2018… Mais sur le fond, Marianne, c’est-à-dire le peuple français aspirant à la République souveraine, sociale et démocratique, ne consent pas : elle n’accepte en effet ni les restrictions continues de liberté qu’on lui impose, ni l’euro-dissolution de la République dans l’Empire européen, ni une guerre absurde contre ce peuple russe dont le Général de Gaulle déclarait en 1944, lors de son visite d’Etat de 1944 au Maréchal Staline, qu’il avait « joué le rôle principal dans notre libération »…

Plus que jamais, s’organiser, aller à la classe ouvrière et aux entreprises !

Nous éviterons pour autant de cultiver le spontanéisme au risque d’oublier le conseil de Lénine qui a toujours été d’articuler dialectiquement le mouvement spontané des masses au travail d’organisation de l’avant-garde : pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire ! C’est pourquoi les militants du PRCF et du PCF, qui tissent des liens ici et là avec des militants des JC ou de la JOC, avec des gilets jaunes toujours en mouvement, avec des syndicalistes de lutte ou avec des militants politiques franchement euro-critiques (PARDEM, « FIERS »…), redoublent d’efforts, non pour suivre pieusement les appareils qui mènent la classe ouvrière à l’abîme, mais pour reconstruire leurs outils de classe : un PC de combat, une JRCF fièrement léniniste, un nouveau syndicalisme affilié à la FSM, un large Front de Résistance Antifasciste, Patriotique, Pacifique, Populaire et Ecologiste (F.R.A.P.P.P.E.). Sans craindre les criailleries d’une « gauche » petite-bourgeoise qui pose au « rempart » anti-RN alors qu’elle gonfle les voiles du RN en ménageant l’UE ! – portons une campagne de radicalité civique tournée vers les entreprises (une majorité écrasante d’ouvriers, d’employés, de « précaires » et de paysans peut et doit s’abstenir en sachant clairement pourquoi !) en militant pour l’euro-boycott du 9 juin et en percutant de la sorte à la fois Macron, Le Pen et l’UE-OTAN.

Dès lors, priorité, non pas aux dérisoires querelles pour de bonnes petites sinécures au très lucratif « parlement » européen, mais aux luttes pour la paix, pour l’indépendance de la France et pour le progrès social.

Sans perdre de vue bien sûr la perspective d’un socialisme-communisme de nouvelle génération, seul remède de fond au mal incurable qui taraude un capitalisme-impérialisme-hégémonisme pourrissant qui, pour ne pas quitter la scène, conduit l’humanité vers le pire.

SOURCE:

https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/a-propos-du-moment-actuel-par-georges-gastaud-sur-la-situation-internationale-et-nationale/

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