« Mères courages en banlieues : des femmes par centaines » par Sahra DRIOUACHE
Coup de cœur de Sahra DRIOUACHE(*)
[NDLR : Nous avons décidé de republier cet article publié le 31 septembre 2009 car il n'a pas perdu une once de vérité. Malheureusement! Bravo à Sahra, militante de terrain exemplaire]
Je voudrais tirer mon chapeau à ces femmes fantastiques, à ces mères courages, celles qui sont prêtes à tout pour nourrir et élever leurs enfants. Lorsque l’on n’a pas la chance d’être née du bon coté de la rive, d’avoir fait des études, et d’avoir rencontré les bonnes personnes, il arrive parfois que l’ont soit submergé par les problèmes autant financiers qu’humains.
Dans les quartiers dit "sensibles", il y a beaucoup de familles monoparentales, des mamans seules élevant leurs enfants avec amours et surtout avec humour.
Leurs revenus sont souvent uniquement les minimas sociaux CAF, RSA. Et lorsque le 20 du mois arrive, que l’on a dépensé le maigre revenu de la maison, le dilemme c’est de tenir jusqu’aux 5 du mois suivant.
Je connais certaines mamans qui - comme m’as dit Kadhija de façon poétique - « se prête » en espérant que l’écho du frigo vide ne revienne pas trop rapidement, pour ne pas « se prêter » trop longtemps.
Que dire du dévouement de ces mères qui sont perpétuellement au régime sec et qui rêvent de pouvoir déguster une aile de poulet, car manger une cuisse s’apparente à un fantasme. Elles rêvent d’emmener leurs enfants en vacances mais ne le peuvent pas. Alors elles les font voyager par le souvenir d’un temps lointain, celui où enfants, elles habitaient un autre pays, une autre ville.
Celles qui rêvent d’un avenir meilleur pour leurs progénitures savent parfaitement que si l’enfant - arrivé à 16 ans - continu les études c’est un miracle !
Et puis, il y a celles qui ont peur pour leurs filles, qui ne veulent pas qu’une fois devenues grandes, elles « se prêtent » à leur tour. Celles qui veulent briser la spirale.
Elles-mêmes se sont battues - à leur niveau - pour parfois quitter un homme violent, un mari volage ou autre. Aujourd’hui, elles se battent contre les préjugés, contre cette société qui ne leur permet pas d’espérer en des jours meilleurs.
Elles n’en veulent à personnes, certaines vous diront c’est le « Mektoub », d’autre vous dirons « c’est la vie ».
Moi, je dirais c’est la société - tout simplement - qui en fait des parias, des "sous femmes".
Ce sont pourtant des femmes battantes, généreuses, des mamans extraordinaires.
Nos banlieues sont remplies de ces « Mères courages », de ces femmes exceptionnelles par centaines. Faut-il à ce point les ignorer ?
(*) Sahra DRIOUACHE est correspondante de Politique-actu.com. Militante socialiste, elle est également engagée au sein du DAL en Île de France.