"MACRON-PRISON : C'est du bidon ! (I & II)" Billet d'Etienne TARRIDE
[Photo : Enap d’Agen, Emmanuel Macron et Nicole Belloubet - 6 mars 2018]
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BILLET II
mercredi 14 mars 2018
Chers Amis
Voici que Madame Belloubet vient d'annoncer que les peines de prison feront l'objet d'une évaluation quand le détenu en aura effectué les deux tiers.
Cette décision dont nous voulons dire tout de suite qu'elle va dans le bon sens est en totale contradiction avec ce que nous avait annoncé Emmanuel Macron il y a une semaine à peine.
Les peines de plus d'un an seront exécutées sans aménagements et le JAP ne sera plus saisi nous disait-il
Le bon sens le plus élémentaire veut qu'on approuve ce retour en arrière qui va dans le sens des orientations données par Christiane Taubira mais aussi Rachida Dati en son temps.
Le bon sens le plus élémentaire veut aussi que soit souligné l'amateurisme d'une équipe au pouvoir qui patauge dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres
Le bons sens le plus élémentaire voudrait enfin que les Français ouvrent les yeux sur ce qu'on appelle " la réforme profonde de notre société" qui relève de l'intoxication plus encore que de la communication.
Nous avons affaire à des prestidigitateurs qui ne font plus guère illusion.
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Billet I
6 mars 2018
Amis, Compagnons et Camarades,
J'aurais aimé commenter les prises de position de Monsieur Macron sur la politique pénale qui m'intéresse beaucoup, mais je ne peux pas vous dire grand chose à propos du discours vide prononcé hier à Agen.
Monsieur Macron n'a aucune idée particulière sur ce qu'il convient de faire. Il n'est certes pas le seul, mais c'eût été une excellente raison pour éviter les rodomontades préalables en évoquant une révolution ou une refondation.
Tout juste peut-on relever trois sujets d'inquiétude qui illustrent fort bien l'incohérence des propos présidentiels.
- Interdire les peines de prison d'un mois ou moins signifie-t-il prononcer des peines de substitution ou prononcer des peines de plus d'un mois ? L'équivoque existe et la réponse risque d'être différente selon les tribunaux et Cour.
- Ne plus autoriser d'aménagements de peine pour les peines de plus d'un an signifie-t-il qu'il n'existera plus de liberté conditionnelle, de semi-liberté u de réduction de peine pour bonne conduite ? Ce serait, tous les directeurs de prison vous le diront une catastrophe. L'atmosphère des prisons en serait aggravée de manière tragique.
- Pas un mot n'a été prononcé sur les droits de victimes qui sont aujourd'hui largement écartées de la procédure et qui devraient avoir leur mot à dire quant à la sanction prononcée et, le cas échéant l'exécution de la peine.
Pas un mot non plus sur la situation des gardiens de prisons, aujourd'hui particulièrement maltraités
Emmanuel Macron donne irrésistiblement le sentiment de n'avoir strictement aucune idée en la matière. Son entourage n'en n'a guère non plus. Même la communication est légère sur le sujet. C'est dire.
Etienne Tarride*
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*Etienne TARRIDE - ancien avocat au barreau de Paris, gaulliste de gauche - publie des billets en exclusivité pour POLITIQUE-ACTU.COM. Il est aussi romancier.