François ASSELINEAU : "je m'en tiens à l'appel à l'abstention"
A CEUX qui seraient tenté de voter pour François HOLLANDE – le candidat « le moins pire » et pour « arrêter une évolution scandaleuse et extrêmement dangereuse » incarné par Nicolas Sarkozy - , François ASSELINEAU répond "ABSTENTION" avec quelques arguments décapants :
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Mais qu'est-ce qui vous donne donc à penser que François Hollande "arrêtera une évolution scandaleuse et extrêmement dangereuse" ?
N'avez-vous pas remarqué que François Hollande et les socialistes ont soutenu Nicolas Sarkozy pour le traité de Lisbonne, et ont donc été les complices parfaits et perfides de "l'incohérence, du cynisme, de la soumission à l'étranger et de la politique de classe" que vous attribuez à Sarkozy seul ?
N'avez-vous pas noté que François Hollande - qui est un Young Leader de la French American Foundation, ce que n'est même pas Sarkozy ! - a fait alliance avec EELV et Cohn-Bendit, qui réclament que la France cède son siège au Conseil de Sécurité de l'ONU à l'UE. Si Hollande allait dans ce sens, cela reviendrait à interdire tout nouveau "discours de 2003 contre la guerre en Irak", et saboter définitivement ce qui reste du rôle de grande puissance de la France pour le plus grand profit des Etats-Unis.
"L'abaissement systématique de la France" dont vous créditez Sarkozy, loin d'être stoppé, connaîtrait alors un nouveau stade décisif !
N'avez-vous pas entendu François Hollande soutenir mordicus les interventions en Libye et en Syrie (tout comme Mélenchon et EELV d'ailleurs), et prendre des accents très guerriers sur l'Iran ?
Comment pouvez-vous donc affirmer qu'avec Sarkozy, "les risques de guerre générale s'accroîtraient" plus qu'avec Hollande ?.
Avant de gratifier Hollande du titre de "moins pire", il me semble que vous devriez méditer l'Histoire.
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=> Qui a fait campagne, en 1956, en se présentant comme le dirigeant du Front républicain aux idées les plus avancées au sujet de l'Algérie, en affirmant que « la guerre est imbécile et sans issue », que l'indépendance algérienne était dictée par le bon sens, etc. etc..
Et qui, une fois élu et devenu Président du Conseil (Premier ministre sous la IVe République), s'est rapidement engagé dans une politique totalement répressive en Algérie, a refusé toute solution négociée avant la conclusion d'un cessez-le-feu et a doublé en six mois les effectifs militaires déployés sur place en envoyant le contingent (c'est-à-dire des jeunes appelés du service militaire), en renfort des militaires de métier ?
Réponse : Guy Mollet et les socialistes.
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=> Qui a fait campagne, en 1981, sur la base d'un Programme "de rupture avec le capitalisme" [sic] (le "Programme commun de la gauche") et sur la dénonciation lancinante des "affaires" de la droite ?
Et qui, une fois élu, a fini par négocier et signer le traité de Maastricht créant l'euro et les critères de Maastricht, soumettant ainsi la France à la toute puissance du capitalisme mondial, pendant que son passage au pouvoir finissait par sombrer dans des scandales politico-financiers sans nombre ?
Réponse : Mitterrand et les socialistes.
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=> Qui a supprimé, en 1993-1994, toutes les réglementations aux échanges de capitaux, ouvrant ainsi tout grand la porte aux délocalisations industrielles, conduisant à la destruction accélérée de notre industrie et de nos emplois et à la montée continuelle de la précarité, du chômage et de la pauvreté, pour le plus grand profit des détenteurs de capitaux ?
Réponse : Pierre Bérégovoy, ministre socialiste de l'économie et des finances, puis Premier ministre de François Mitterrand.
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=> Qui a fait campagne, en 1997, sur la base d'une "Autre Europe", en promettant aux électeurs qu'il allait "renégocier les critères de Maastricht en les orientant vers l'emploi et la croissance", et en promettant aussi qu'il s'opposerait à la destruction de nos acquis sociaux ?
Et qui, une fois élu et devenu Premier ministre de cohabitation, a renoncé au bout de quelques semaines à toute remise en cause des critères de Maastricht (suite au refus allemand maintes fois annoncé) ? Puis a supprimé l'interdiction du travail de nuit des femmes (conquête sociale remontant à Roger Salengro dans les années 30), a commencé à privatiser Air France, qui a commencé à "réformer les retraites", etc.
Réponse : Lionel Jospin et les socialistes.
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Ces rappels montrent que les socialistes français sont les champions du reniement à 180° de leurs promesses électorales, probablement de façon encore pire que la droite.
Il est donc bien audacieux de créditer François Hollande du qualificatif de "moins pire" car cela revient à croire, au bout du compte, qu'il tiendra à peu près ses promesses.
Ce qui sera faux, on peut déjà en être sûr, pour tout ce qui concerne la prétendue "renégociation" avec les Allemands. Il signera probablement à l'arraché un vague document où il sera question de croissance et d'emploi mais rien ne changera sur le fond de la politique de la BCE et encore moins sur les problèmes structurels posés par l'euro, l'OTAN et l'UE.
Tout comme Guy Mollet, François Mitterrand ou Lionel Jospin ont conduit sans vergogne des politiques exactement opposées à leurs promesses, l'avenir peut parfaitement nous donner à voir François Hollande supprimer les Contrats à Durée Indéterminée, renforcer les effectifs militaires en Afghanistan, participer à une intervention militaire en Syrie et en Iran, faire passer l'âge de départ à la retraite à 68 ans, etc., etc.
Ceux qui auront qualifié François Hollande de "moins pire" en tomberont alors de l'armoire, tout comme leurs prédécesseurs furent abasourdis par les décisions de Guy Mollet, François Mitterrand ou Lionel Jospin.
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Pour l'ensemble de ces raisons, je m'en tiens quant à moi à l'appel à l'abstention.
Sarkozy et Hollande n'étant que les deux faces de la même monnaie, celle de la soumission de la France à l'empire euro-atlantiste, je ne souhaite créditer ni l'un ni l'autre de mon suffrage, et je souhaite au contraire affaiblir d'emblée la légitimité de l'élu final et de toute cette mascarade électorale.
Cordialement
François Asselineau
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