« DES ISLAMISTES TUNISIENS CONTRE LE PORT DU NIQAB » par Jean-Michel SALGON
Rached Ghannouchi, principal figure de l’islamisme tunisien, père fondateur du mouvement Ennahda, grand vainqueur des élections à l’assemblée constituante, a pris position sans équivoque contre le port du voile intégral.
Dans une émission radiophonique, il a fait savoir que « le port du niqab n’est pas une obligation, n’est en aucun cas un commandement impératif » et « que cet habit reste un phénomène étranger à la société tunisienne ».
Cette position n’est pas nouvelle. Madame Mehrezia Labidi Maiza, élue Ennahda dans la première circonscription de France (Paris) lors des dernières élections, première vice présidente de l’assemblée nationale constituante depuis le 22 novembre 2011, avait exposé par le passé en des termes clairs et très argumentés cette même position dans une « lettre ouverte à mes sœurs qui portent le voile intégral ».
Cette prise de position de Rached Ghannouchi intervient, il faut le souligner, dans un climat délétère en Tunisie. Elle fait suite à des mouvements de protestation salafistes en faveur du port du voile intégral dans plusieurs facultés, notamment à la Manouba.
Par ailleurs, à Sidi Bouzid, lieu emblématique de la révolution tunisienne, une milice religieuse chasse les malfrats et tout déviant au nom de la pureté religieuse. Ladite milice a été mise en place par la mouvance salafiste qui reconnaît comme seule autorité, un guide spirituel, El Khatib El Idrissi.
Cet ancien infirmier, mal voyant installé dans une petite localité proche, Sidi Ali Ben Oun, a été persécuté sous le régime du président Ben Ali et refuse de reconnaître la légitimité du processus électoral mis en place depuis la révolution.
La lettre ouverte rédigée par madame Labidi, jointe au présent article, mérite toute notre attention. La richesse et la pertinence de ses arguments doivent être portées à la connaissance de tous notamment aux tenants de la laïcité en France dans un contexte marqué par des surenchères identitaires, certes marginales, mais significatives.
Jean-Michel Salgon est politologue, spécialiste du Maghreb - Membre de la rédaction de Politique Actu.
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