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"Iran - le nucléaire, le Moyen-Orient, la fin de l’archétype ?" par Roland Pietrini (Athéna Defense)

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7 mai 2021,

La Chine et l’Iran ont annoncé le 27 mars 2021 la signature d’un accord de coopération stratégique et commerciale sur vingt-cinq ans. Cet accord, dont on ne connait, en réalité, que peu de choses, est un signal fort qui devrait alerter les démocraties occidentales.

Les élections présidentielle qui auront lieu en juin en Iran seront intéressantes à analyser pour savoir si les partisans d’un rapprochement avec l’Occident (1) auront momentanément perdu la partie. Ce rapprochement avorté de 2015 aura laissé probablement des traces profondes.  

Trois questions se posent, pourquoi la Chine a-t-elle un intérêt à s’intéresser à nouveau à cette région du monde ? La seconde est, pourquoi l’Iran et la Chine jouent-t-elles la carte d’une alliance ? La dernière est, quel jeu d’intérêt joue l’Arabie-Saoudite et les pays du golfe, Israël et les Etats-Unis ainsi que la Turquie et la Russie ? Enfin et subsidiairement où se situent l’Europe et la France ?

Si la réponse à la première question est d’apparence une évidence, en effet, la République populaire de Chine trouvera avec l'Iran un débouché pour ses exportations et une source d'approvisionnement pour ses besoins croissants en énergie, il semblerait qu’en réalité l’accord couvre un domaine beaucoup plus vaste, dont le domaine de la défense ne saurait être exclu.

Afin de tenter de résoudre en partie les autres questions, je propose d’en fixer le point d’ancrage essentiellement autour du problème iranien et de la question du nucléaire.

En 1979, avec la révolution islamique et la chute du régime du Shah, l’Iran, dans les conditions que l’on connait (prises d’otages à l’ambassade des E.U à Téhéran) perd son statut de « grand ami » des Etats-Unis, alors que les prémices du programme nucléaire iranien datent de 1950.

De 1950 à 1988, le programme nucléaire iranien (2) est alors mis en sourdine, mais resurgit à la suite de la guerre Iran-Irak (1980-1988) avec l'assistance de la Russie.

En 1975, face à l’Iran, sous l’impulsion de Jacques Chirac une coopération nucléaire avait été lancée avec force publicité avec Saddam Hussein. Ce programme, sous l’égide de la France a pris fin le 7 juin 1981 lors d’une attaque aérienne israélienne détruisant le réacteur Osirak (3) construit avec notre aide. La guerre du golfe a résolu définitivement le problème.

Définitivement, pas tout à fait, puisque tout récemment, il semblerait que le président Macron, qui veut diminuer, sous la pression des écologistes en France, la part du nucléaire proposerait à l’extérieur son aide aux Irakiens pour relancer leur propre programme. On n’est pas à une contradiction prêt.  Lors d’une visite éclair à Bagdad le 2 septembre 2020, Emmanuel Macron aurait abordé le sujet nucléaire civil avec le Premier ministre Moustafa Al-Kazimi. (4)

Est-ce la politique de deux poids deux mesures ? Est-ce judicieux ? En tout cas, cette prise de position ne peut être engagée sans l’aval des Etats-Unis. Fermons donc en l’état cette parenthèse. Mais en Iran, cette visite n’est pas passée inaperçue.

 À la fin des années 90, Téhéran assure que la relance de son programme nucléaire a une vocation civile, mais au début des années 2000, les puissances occidentales pensent le contraire et l’ONU sous la pression des Etats-Unis et des puissances occidentales dont l’Europe (contrainte par les Etats-Unis qui a agité son arme de destruction massive de sanctions économiques contre les pays européens en cas de résistance) votent de lourdes sanctions contre le régime des Mollahs, il s’ensuit une escalade à partir de 2005, lorsque le conservateur Mahmoud Ahmadinejad accède à la présidence.

En 2013, un modéré est élu à Téhéran, l’actuel président Hassan Rohani. Ce changement de cap donne lieu à des négociations dans le cadre d’un format particulier, dit 5+1, composé des membres du conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) et de l’Allemagne. Elles aboutissent en juillet 2015 à un accord dit historique, Téhéran s’engage à respecter des limites sur son programme nucléaire, en échange d’une levée des sanctions.

En mai 2018, Donald Trump annonce le retrait des États-Unis  de l’accord conformément à ses promesses de campagne et des sanctions sévères sont à nouveau imposées à l’Iran et l’Europe à nouveau n’a d’autres choix que de les suivre (5). La France en 2018 était devenue le quatrième investisseur en Iran et devra tarir à perte tous ces investissements.

Cela a pour conséquence la relance et la transgression de l’accord par dépassement du stock autorisé d’uranium faiblement enrichi du programme nucléaire iranien et la forte montée des tensions.

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La menace de bloquer le détroit stratégique d’Ormuz, qui relie le golfe Persique au golfe d’Oman et à la mer d’Arabie, est agitée à nouveau par l’Iran ce qui aurait pour cause l’interdiction de l’accès aux plus grands pays producteurs d’hydrocarbures.

Trente-sept jours après son entrée en fonctions, Joe Biden réagit en intervenant dans la confrontation qui oppose les Etats-Unis à l’Iran et aux milices chiites qui lui sont loyales en Irak. Le jeudi 25 février 2021, il ordonne des frappes contre ces milices, tout en veillant à éviter une nouvelle escalade sur le territoire irakien, ceci en réponse à l’attaque meurtrière du 15 février contre une base abritant des soldats américains à Erbil, au Kurdistan irakien, qui a fait un mort.

La tentative de dialogue par la biais d’une proposition européenne incitant à une réunion informelle impliquant pour la première fois Iraniens et Américains afin que les deux parties reviennent au respect de l'accord sur le nucléaire iranien a été rejetée quasi immédiatement par la République islamique, jugeant que le moment n'était pas « approprié ». « Il n'y a toujours pas eu de changement dans les positions et le comportement des États-Unis » vis-à-vis de l'Iran, a expliqué dans un communiqué le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères… Cela s’appelle prendre un râteau.  De là à penser que ce refus serait conforté par l’assurance que donnerait l’accord Iran-Chine est un pas que je ne franchirais pas. Quoi que…   

On est aussi en droit de s’interroger sur cette politique de sanctions, est-elle réellement proportionnée, ciblée et surtout efficace ?

En réalité, elle est ressentie comme une forme de punition collective par la population iranienne et la précipite dans les bras de ceux qui les entrouvrent.   Un jour ou l’autre, l’Iran fera en sorte de posséder l’arme nucléaire, où s’il n’y parvienne pas une bombe sale (6), la question est de savoir quand.

L’orientation écologique du monde qui condamne à moyen terme les énergies fossiles et le pétrole, qui est ressentie comme un mouvement imposé essentiellement par l’occident et les pays « riches », voire anciennement colonisateurs, condamne par répercussion les pays producteurs dont la richesse provient exclusivement de ces ressources à des crises remettant en cause leur existence même. Il n’est pas certains que ceux-ci acceptent de mourir en silence.   

Il faut d’ailleurs constater que parmi les pays producteurs de pétrole beaucoup ont des problèmes d’accès à l’eau, (y compris les Etats-Unis dans certains états).

Jusqu’à présent on était habitué à faire la guerre pour le pétrole, il n’est pas exclu qu’on la fasse un jour pour l’eau. 

Avec la surpopulation endémique de l’Afrique et de l’Asie, la succession à venir des pandémies, le monde étant devenu un grand village, nous ne pourrons que constater notre incapacité à régler de tels problèmes.

C’est pourquoi on ne peut ignorer la volonté de certains pays du golfe et du Moyen-Orient dont l’Arabie Saoudite, à échapper à cette échéance, celle de la condamnation programmée des énergies fossiles. Le nucléaire est l’une des réponses et, chacun le sait, la frontière entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire est mince. Tous les pays qui possèdent une capacité nucléaire civile ont eu accès au nucléaire militaire, dont Israël.    

L’un de ces pays est l'Arabie Saoudite. Elle a signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, mais son intention d'acheter une arme nucléaire à une source extérieure a été relevée à plusieurs reprises, et les candidats ne manquent pas : la Corée du Nord, l’Inde, le Pakistan, voire, pourquoi pas, les Etats-Unis.  

En 2003, un document de stratégie rendu public a présenté trois options possibles pour le gouvernement saoudien : acquérir un moyen de dissuasion nucléaire, s'allier et devenir protégé par une nation nucléaire existante, ou essayer de parvenir à un accord sur un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires. Il semblerait que pour l’instant, c’est la seconde option qui ait été retenue.

En novembre 2020, l'entourage de Benjamin Netanyahou confirmait un entretien avec Mohammed Ben Salmane, le prince héritier saoudien, en compagnie du chef du Mossad, Yossi Cohen, en présence du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo. Ryad a démenti ultérieurement la rencontre, tandis que des conseillers saoudiens la confirmaient sous couvert d'anonymat. Cette rencontre préfigure une alliance objective contre l’ennemi commun, l’Iran.

Elle s’inscrit dans la longue histoire de l’affrontement entre le grand Satan (terme employé par les ayatollahs pour désigner les Américains) et le Diable iranien (terme employé par les Américains).

L’Iran, pays des Mèdes et des Perses, (7) qui soutient les rebelles houthistes au Yémen, approvisionne Bachar Al-Assad en Syrie, soutient le Hezbollah au Liban et en Irak est avec la Russie, la Chine, la Turquie, Israël et l’Arabie Saoudite l’un des acteurs majeurs de ce jeu de bonneteau.

Or, l’errance stratégique des États-Unis dans sa politique internationale qui est passé d’une démarche isolationniste à un « minimaliste stratégique » au Moyen-Orient, sans que l’on sache en réalité si la nouvelle administration Biden qui souhaite « revigorer et moderniser » à nouveau les alliances des États-Unis, non seulement avec l’OTAN, mais aussi avec des partenaires des Amériques, de l’Indopacifique et de l’Afrique, sans évoquer le Moyen-Orient, se traduira en réalité dans les faits.

Cette errance a semé le trouble au Moyen-Orient et favorisé l’interventionnisme iranien dans les conflits en cours, sans oublier l’ingérence turque en Syrie, le retour de la Russie dans le concert international en cantonnant l’Europe et la France dans un rôle mineur qui paye en réalité l’impréparation de son intervention en Libye mais surtout de l’abandon de ce qui en restait au chaos. Barak Obama estimait d’ailleurs que les États-Unis et leurs alliés auraient pu faire plus après l'intervention militaire en Libye de 2011 qui avait entraîné la destitution de Mouammar Kadhafi et la fin de sa dictature. Devant l'assemblée générale de l'ONU, il avait reconnu que Washington avait aussi une part de responsabilité. Au fait que « La Libye (est) était plongée dans le chaos». (8)

Pour freiner l’expansion iranienne, Riyad n’hésite pas à s’impliquer militairement, que ce soit en Syrie ou au Yémen.  « L’affrontement saoudo-iranien ne doit pas être vu comme un choc entre sunnites et chiites : la politique étrangère saoudienne ne suit pas des considérations religieuses ».  Dans ce document particulièrement intéressant de Louis Blin de l’institut français des relations internationale (9), intitulé « l’émancipation contrainte de la politique étrangère saoudienne » autant je suis en accord avec la première affirmation, autant je suis assez dubitatif sur l’affirmation de la seconde. L’affrontement sunnite-chiite est l’un des éléments incontournables de la compréhension des enjeux, et les Etats-Unis en font partie, elle est objectivement une démocratie laïque mais qui repose sur une société profondément et identitairement religieuse, ce qui lui impose souvent une vision binaire d’un monde divisée entre les Bons et les Méchants, entre les diables et les séraphins.

Nous sommes loin, très loin de la vision gaullienne et laïque d’un monde où les Nations se respectaient tout en s’affrontant, un monde où les dirigeants avaient de la culture, en comprenaient l’histoire, pouvaient rêver d’un futur puisqu’ils en connaissaient le passé. L’historien Pierre Nora a raison, « si la France se sait un futur, elle ne se voit pas d'avenir ». Nous payons collectivement en occident la mise au pouvoir d’une classe dirigeante dogmatique issu d’une enseignement sans mémoire, tellement intelligents que cela en est devenu un handicap, « Young leader » élevés au lait de la start-up culture, mondialistes et brouillons, déconstructeurs de notre histoire. Si vous pensez à quelqu’un de particulier faites-le moi savoir. 

Avec de tels dirigeants, une guerre préventive contre l’Iran ne saurait être exclue.

À cet égard, la France qui sous-traite désormais sa politique étrangère, la récente visite ridicule d’allégeance à Erdogan de Charles Michel et Ursula von der Leyen, qui quémandent la reprise d’une relation apaisée avec la Turquie sur la question de l’accueil des réfugiés, en est un exemple.  Cette France-là a perdu ce qui faisait son originalité et sa particularité dans le monde et cette voix-là elle manque !

Ainsi, en désignant l’Iran, sans nuance, comme étant le mal absolu et en se conformant à cette doxa, on précipite le Moyen-Orient dans un avenir de conflits sans fin.  

Nous sommes loin de la politique de 2015 d’équilibriste que jouait la Maison- Blanche, qui se gardait bien de se ranger dans un camp ou dans un autre dans la grande confrontation sunnites-chiites. Mais ceux qui ont une mémoire un peu plus performante que celle d’un oisillon sortant de l’œuf se souviennent que Joe Biden futur vice-président de Barack Obama, était en 2003 un fervent partisan de l’invasion américaine de l’Irak et proposait en 2006-2007 que l’Irak soit divisé en trois entités autonomes, sunnite, chiite et kurde, ce qui n’aurait pu qu’aggraver la guerre civile alors en cours.

Le faucon Biden de 2015 serait-il donc devenu en 2021 une douce colombe, tout en appliquant en fait aujourd’hui la politique initiée par son prédécesseur ?  Ce prédécesseur aussi policé qu’un cow-boy marquant ses vaches avec délicatesse au fer rouge avait tout de même réussi la normalisation des relations diplomatiques d’Israël avec les Emirats Arabes Unis après le précédents accords non dénoncés depuis avec l'Egypte en 1979 et la Jordanie en 1994. La conséquence est que Jérusalem est désormais la vraie capitale d’Israël, ce que personne désormais ne lui contestera.   

Cette normalisation pourrait probablement ouvrir la porte à des accords de paix avec d'autres pays arabes, (sur le dos de la Palestine dont on ne parle plus), comme Bahreïn et même l'Arabie Saoudite.

Cela modifie profondément les équilibres géopolitiques en faveur des sunnites « de manière positive » au Proche-Orient en rompant définitivement l'isolement d'Israël dans la région et en renforçant sa position face à l'Iran, mais elle isole un peu plus l’Iran chiite qui se sent victime d’un encerclement tous azimuts. Or il n’est rien de plus dangereux que d’acculer un animal en le contraignant de se défendre jusqu’à la mort.  

Le rapprochement de l’Iran avec la Chine est donc logique, lorsqu’on est seul, on recherche des alliés, on n’a pas tiré les leçons de l’erreur qui a été faite de rejeter la Russie vers l’Orient, on la duplique. Paulo Coelho aime à dire : une erreur constamment répété, ce n’est plus une erreur, c’est un choix. 

Or, il faut le constater, les Iraniens représentent probablement la population la plus diplômée du monde musulman. Le taux d’alphabétisation est de 98%, et les femmes qui représentent la moitié de la société iranienne sont plus nombreuses que les hommes dans les facultés : l’admission universitaire féminine en Iran est passée de 40% à plus de 59.9% durant la dernière décennie, alors que le nombre d’élèves (féminins et masculins) est resté le même. Le taux d’obtention de diplômes universitaires, est de plus de 70% pour les femmes et les femmes représentent plus de 50% de diplômées.  Dans le pays des Mollahs où les femmes sont censées être voilées et sous l’emprise de l’homme, celles-ci conquièrent des espaces de liberté bien plus importantes qu’en Arabie Saoudite. C’est un constat extrêmement positif pour ce pays ; d’autant plus que cette population immigre peu. Les élites restent et font évoluer la société iranienne vers la modernité.

La Chine, ne s’y trompe pas, elle a donc signé un accord avec un pays à très fort potentiel, cela bien entendu indépendamment de tout jugement sur son totalitarisme islamique et les droits de l’homme, dont les Chinois n’ont que faire !  

Les Chinois qui ont ouvert la route de la soie reliant l’orient lointain de Chang'an (actuelle Xi'an) en Chine à la ville d'Antioche, en Syrie médiévale (aujourd'hui en Turquie) entre  -138 et -126, sont en train de conquérir le monde.

Cette Chine impériale s’en est donnée les moyens et au jeu de go avance ses pierres blanches et noires, en tentant de briser la chaine adverse, elle sait qu’un chaine ne résiste que par la solidité de ses maillons, qu’un seul lâche et la chaine rompt.

L’impérialisme chinois défie l’impérialisme occidental, le second, en voulant exporter une culture occidentale à ceux qui n’en veulent pas tout en se laissant déliter de l’intérieur par la déconstruction de notre histoire tant désirée par nos mondialistes, le premier plus intelligent ne se mêle ni de droit de l’homme, ni de religion, mais construit son empire par le biais de ces entreprises, qui valent toutes les armées du monde.

Ainsi Huawei Investment & Holding Co Ltd, ses activités couvrent les domaines d’équipements de télécommunications et l’électronique, la construction de réseaux de télécommunications, la fourniture de services et d’équipements opérationnels et de conseil aux entreprises à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, et la fabrication d’appareils de communication pour le marché grand public. En 2020, ses revenus sont de 858,83 milliards de yuans (11,65 mds €), Amer International Group Co Ltd spécialisée principalement dans les métaux non ferreux et les matériaux non métalliques, en 2020, ses revenus sont de 613,9 milliards de yuans (80 mds €), Hengli Group Co Ltd, l’une des plus grandes entreprises du secteur privé chinois, avec le textile, la pétrochimie, les produits en polyester et le développement immobilier. Le groupe a également investi dans des centrales thermiques, des machines, des services financiers et des hôtels. Le Groupe possède aussi la plus grande base de production de fibres fonctionnelles et la plus grande entreprise de tissage au monde. En 2020, ses revenus sont de 556,74 milliards de yuans.  Les 4 plus grandes banques d’affaires sont chinoises,  avec la numéro 1 mondiale ICBC, en secinde position la China Construction Bank, en troisième,  Agricultural Bank of China, en 4 Bank of China ,  la 5° est japonaise, la 6° est britannique avec HSBC, la 7° est US avec  JPMorgan Chase, la 8° est française avec BNP Paribas, la 9° est de nouveau américaine avec Bank of America et la 10° est de nouveau française avec le Crédit agricole.

Aujourd’hui, c'est la Chine qui installe ses comptoirs en Europe dans le cadre du vaste projet appelé la nouvelle route de la soie, ce projet qui vise à améliorer l'interconnexion entre l'Empire du Milieu et le reste du continent eurasiatique.

Treize pays européens ont déjà signé un protocole avec Pékin pour participer à ce projet. Le Portugal, Malte et la Grèce, et presque tous les pays de l'ancienne Europe de l'Est. Deux autres sont en négociation : le Luxembourg et l'Italie. La roue a tourné, l’occident, et surtout l’Europe se sont désindustrialisés au profit de la Chine qui les colonise à son tour. 

La présence chinoise est déjà visible en Méditerranée (du Pirée à Valence, en Espagne, en passant par Marseille, Malte ou Thessalonique), sur la côte Atlantique (Bilbao, Nantes), dans la Manche (Le Havre), et en mer du Nord (Dunkerque, Zeebruges, Anvers, Rotterdam).

Dans ce tableau sévère mais réaliste, on ne peut occulter la position de la Russie et celle de la Turquie.

Par sa proximité géographique, l’Iran (la Perse) est depuis longtemps un partenaire politique, économique et commercial traditionnel de la Russie.  La coopération entre Moscou et Téhéran s’est développée dans les domaines de la haute technologie (énergie atomique, hydroélectricité, armement, technologie de l’aviation civile, communications, spatial) et dans la production.

Le transport du pétrole et du gaz naturel, la construction de chemins de fer dans le cadre du projet Nord-Sud avec l’aménagement d’un corridor de transport de la frontière russo-finlandaise jusqu’au port iranien de Bandar-‘Abbâs dans le golfe Persique est aussi à signaler. Les exportations iraniennes vers la Russie du 27 octobre 2019 au 21 août 2020 ont augmenté de 77%, s'établissant à 263,7 millions de dollars. Dans le domaine de l’armement, courant de l’année 2006, 29 systèmes antiaériens mobiles de type TOR M-1 (équipés de missiles sol-air à courte portée, code OTAN SA-15 Gauntlet) ont été livrés en Iran et une aide d’environ un milliard de dollars a été apportée.  Il faut noter que le partenariat économique s’est aussi concrétisé lorsque Gazprom a participé avec Total et Petronas (Malaysia) au développement des phases 2 et 3 du gigantesque champ gazier de South Pars.

Cependant, les programmes nucléaire et balistique de la République islamique d’Iran sont sources de sérieuses inquiétudes pour Moscou, les régions méridionales de la Russie (dont les oblast’ de Volgograd et d’Astrakhan) dans lesquelles vivent plus de 20 millions de personnes sont à la portée des missiles balistiques iraniens modernes Shahab 3.

Or la Russie place sa sécurité au-dessus de toute considération. En l’état, elle ne favorisera pas le projet nucléaire iranien. Quid de la Chine ? La question reste ouverte.

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Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et iranien Hassan Rohani, lors d’une cérémonie d’accueil à Ankara, le 20 décembre 2018. Adem Altan/AFP

Enfin la Turquie.

En quelques années, la Turquie d’Erdogan a réussi le tour de force de se mettre à dos une grande partie des États de la région indépendamment de l’ennemi kurde du PKK ; une fois de plus l’étude des cartes et de la géopolitique nous en apprennent beaucoup.

De la Méditerranée orientale au golfe d’Aden, il y a les adversaires historiques, comme la Grèce ou Chypre, les rivaux des printemps arabes, comme l’Égypte ou les Émirats Arabes Unis.

Il y a les pays avec qui la relation n’a cessé de se dégrader au cours de ces dernières années, comme Israël ou l’Arabie saoudite. Ankara intervient aujourd’hui militairement en Syrie, en Libye et en Irak, et la Méditerranée orientale (déjà évoqué dans une autre article) devient une zone de conflit avec la Grèce.

Sur ce théâtre d’ombres et de lumières chacun joue sa partition dans une pièce qui ressemble étrangement à une tragédie classique où les personnages se trahissent, s’affrontent et meurent et à la fin il y a toujours l’interminable scène de l’assassinat et de l’agonie.     

Alors, il faut sortir de la théorie platonicienne de l’immuabilité et de l’universalité des archétypes (10 et 11) Il faut sortir de l’étude géopolitique pour entrer dans une autre dimension, celle de la philosophie.  

Le rêve d’empire Ottoman d’Erdogan s’oppose au rêve d’un nouvel empire islamique perse des gardiens de la révolution, la Chine rêve d’une nouvelle route de la soie et devient la première puissance mondiale.

L’Amérique des US n’a pas compris qu’elle ne peut plus gérer le monde et ne s’est pas remise de la guerre portée sur son sol et de la destruction des twins towers par des terroristes qu’elle avait elle-même contribuée à engendrer.     

La Russie de Poutine rêve de puissance retrouvée et construit une armée dimensionnée pour un conflit en Europe.   Quant à l’Europe, elle sort peu à peu de l’histoire sur fond de décadence et d’invasion migratoire et signe sa disparition en ne défendant plus ses valeurs.

Le pape enfin a donné l’extrême onction à l’Europe en privilégiant l’Islam, puisqu’il la sait déchristianisée en pensant sauver une Amérique du sud chrétienne, un peu d’Asie et un bout d’Afrique pour ce qu’il en reste avant qu’elle ne soit entièrement islamisée.

Ce triste tableau que l’on risque de me reprocher est volontairement provocateur, car le temps est peut-être à la prise de conscience de nos urgences.

Nous sommes en tout domaine sur le fil du rasoir, il est temps de s’en préoccuper.

 Roland Pietrini *

(*) Roland Pietrini est auteur de livres et directeur du blog Athéna-défense. Ses analyses sont relayées régulièrement sur Politique-actu.com et nous remercions cet auteur exceptionnel.

Dernier livre publié :  « Piège au Levant » 

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(1)   J’inclus dans occident, l’Europe géographique y compris la Russie, les USA et tous ses alliés.

(2)   Le programme nucléaire iranien a été lancé par le Chah d'Iran dans les années 1950 avec l'aide des États-Unis, puis de l'Europe. Après la révolution iranienne en 1979, le programme a été temporairement arrêté. Il fut rapidement remis en route, mais avec l'assistance de la Russie, à la suite de la guerre Iran-Irak1. nucléaire en 20102. Depuis septembre 2011, grâce à la mise en service de la centrale nucléaire de Bouchehr, l'énergie nucléaire contribue à la production d'électricité iranienne3. Programme nucléaire de l'Iran — Wikipédia (wikipedia.org)

(3)   Osirak — Wikipédia (wikipedia.org) Osirak est le nom d'un ancien réacteur nucléaire expérimental de 70 MW situé en Irak dans le centre de recherche nucléaire d'Al-Tuwaitha au sud-est de Bagdad. Il est construit en 1975 par la France, et destiné à des recherches civiles sur le nucléaire. Il est détruit, d'abord partiellement par un raid de l'armée israélienne le 7 juin 1981 (opération Opéra), puis à nouveau, par l'armée américaine en 1991, lors de la guerre du Golfe.

(4)   “Visite de Macron : Al-Kazimi parle d’un ‘projet nucléaire’ sous patronage français”, titre le quotidien irakien Al-Aalam ce jeudi 3 septembre. À l’issue de sa visite de quelques heures en Irak, le président français et le Premier ministre, Moustafa Al-Kazimi, ont tenu une conférence de presse commune au cours de laquelle Emmanuel Macron a affiché son “soutien à la souveraineté irakienne”. Dans l’esprit des Français, qui ont en la matière l’aval des Américains, il s’agit surtout de s’opposer à l’ingérence de l’Iran.

(5)   Au passage, il est intéressant de noter que les sanctions à l’encontre d’un pays concernent autant les pays qui en prennent l’initiative que ceux qui les subissent. Par exemple, les sanctions prises à l’encontre de la Russie ont visé essentiellement les intérêts agricoles européens et singulièrement français, en ouvrant pour la Russie des nouveaux marchés en Asie et en boostant son agriculture. Désormais les Russes achètent des produits russes et chinois, à la place d’acheter des produits occidentaux. Il faut du génie pour trouver de telles idées, nos gouvernants sont des génies. En Iran, les industriels français avaient pris notamment position sur les marchés des transports, de la santé et de l'aéronautique. Renault avait ainsi profité de sa bonne implantation en Iran, qui était devenu le huitième marché du groupe, avec 162.000 ventes en 2017 (+49 %). Vinci attendait les concessions pour rénover et exploiter les aéroports de Masshad et d'Ispahan.

(6)   La bombe radiologique ou dispositif de dispersion radiologique (DDR) (également appelée « bombe sale ») est une bombe non conventionnelle, entourée de matériaux radioactifs destinés à être répandus en poussière lors de l'explosion. Cette explosion a donc l'intensité thermique et mécanique d'une bombe conventionnelle, mais dissémine autour d'elle des éléments radioactifs qui auront des effets à long terme. Le but principal n'est donc pas de détruire, mais de contaminer une zone géographique et les personnes présentes en son sein par des radiations directes (premier effet) et l'ingestion et l'inhalation de matériaux radioactifs. « Bombe sale » désigne principalement la bombe radiologique, mais elle désigne également tout engin détonant disséminant un ou plusieurs produits chimiquement ou biologiquement toxiques (NRBC pour nucléaire, radiologique, biologique ou chimique).

(7)   Perse et Médie (inrp.fr) La Médie et la Perse occupaient la partie occidentale du vaste plateau situé entre la mer Caspienne et la mer Erythrée, le bassin du Tigre et le bassin de l'Indus. Ce plateau a reçu le nom de Erân (Iran), pays des Aryens. Toute la partie centrale en est occupée par un vaste désert sablonneux. La Médie proprement dite est à l'angle nord-ouest du plateau ; la Perse, à l'angle sud-ouest. La principale ville de la Médie fut Echatane (aujourd'hui Hamadan) ; la Perse eut pour capitales Pasargades et Persépolis.

(8)   En Libye, «lorsque je me demande pourquoi cela a mal tourné, explique Barack Obama dans The Atlantic, je réalise que j’étais convaincu que les Européens –étant donné la proximité de la Libye– seraient plus impliqués dans le suivi [de l’intervention militaire]». Mais ce n’est pas la seule raison. «Les divisions tribales étaient plus grande que ne l’avaient anticipé nos analystes, dit encore le président. Et notre capacité à créer une sorte de structure avec laquelle nous aurions pu agir, faire de la formation et commencer à apporter des ressources s’est très rapidement effondrée.» D’autant plus que la Libye est vite remplacée par la Syrie dans les préoccupations des chancelleries. Même si les mêmes questions se reposent, avec les mêmes dilemmes: intervenir ou pas, occuper ou pas

(9)     L’ÉMANCIPATION CONTRAINTE DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE SAOUDIENNE PE_162_0049.pdf

(10)                      La théorie des formesthéorie des idées ou théorie des formes intelligibles est la doctrine de Platon selon laquelle les conceptsnotions, ou idées abstraites, existent réellement, sont immuables et universels et forment les modèles (archétypes) des choses et formes que nous percevons avec nos organes sensoriels. Le terme platonisme renvoie généralement à cette doctrine sur les Idées et la réalité en particulier. L'expression « théorie des formes » n'est pas de Platon (voir aussi l'étymologie ci-dessous), mais est une manière conventionnelle de se référer aux thèses de Platon sur les formes intelligibles, les modèles connus par l'intellect. On disait couramment « idée » plutôt que « forme », pour désigner ce qu'on nommerait peut-être aujourd'hui concept ou abstraction. Théorie des formes — Wikipédia (wikipedia.org)

(11)                      Un  (du grec arkhetupon, « modèle primitif », par l'intermédiaire du latin archetypum) est, en littérature et en philosophie, un modèle idéal (général) à partir duquel est construit dans sa « forme », sa « matière », sa « fin », un sujet (qui appartient en quelque sorte à une série). Employée en psychanalyse, la notion d'« archétypes » recouvre une signification propre définie par Carl Gustav Jung : des préformes vides qui organisent la vie instinctive et spirituelle, structurent les images mentales (pensées, fantasmes, rêves...). On peut aussi définir un archétype comme un point de vue analogique sur une réalité sensible, susceptible d'intégrer la totalité des points de vue qu'on peut en avoir.

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