« EELV & EVA JOLY : La sournoise meurtrière de la République » par Max Andréas.
L’extrême-droite incarnée par Marine Le Pen n’est pas le seul péril antirépublicain auquel nous sommes aujourd’hui confrontés.
Le mouvement Europe-Ecologie-Les verts (EELV) a choisi Eva Joly comme sa candidate à l’élection présidentielle. A priori, ce choix avait quelque chose de plutôt sympathique : l’action qu’elle avait menée en tant que magistrate relevait d’une volonté de combattre la corruption fort louable dans un contexte d’affairisme débridé et de collusion entre les pouvoirs politiques et économiques. On pouvait même se sentir solidaire d’une candidate qui a fait l’objet de moqueries dont le caractère xénophobe ne peut que choquer tout républicain digne de ce nom.
Toutefois, la candidate d’EELV présente d’autres facettes moins respectables. Disons-le franchement : Eva Joly est la candidate antirépublicaine par excellence.
Un trope européen maladif
Comme l’ensemble d’EELV, les perspectives d’Eva Joly s’inscrivent totalement et exclusivement le cadre de l’Union Européenne. Certes, elle n’est pas la seule : le Parti Socialiste, le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Front de Gauche (de façon plus ambiguë), tous sont aujourd’hui prisonniers d’une vision de où l’Europe constitue le seul « avenir radieux1 » possible pour la France.
Là où l’aveuglement de la candidate d’EELV est stupéfiant, c’est qu’elle ne perçoit pas à quel point les institutions de l’Union Européenne constituent à un degré amplifié les travers qu’elle a combattus par le passé : l’intrication entre les pouvoirs économiques et politiques y est maximale et la présence des représentants patronaux étouffante2.
A cela s’ajoute le fait que l’Europe constitue aujourd’hui une puissance impérialiste et dictatoriale aussi bien à l’égard des pays membres3, comme l’illustrent fort bien le récent « Mécanisme européen de stabilité » et la mise sous tutelle de la Grèce par les financiers, qu’envers les pays du tiers-monde ou émergents. En effet, ceux-ci sont pleinement victimes des orientations ultralibérales que promeut l’Europe dans les instances internationales, ce que seule la gauche européenne est incapable de comprendre malgré l’évidence que cela représente pour les gauches non-européennes4. Lorsque l’on se veut la championne du commerce équitable et d’un ordre mondial pacifié, ce choix constitue une erreur impardonnable.
Mais ce choix pro-européen relève aussi de considérations plus propres à Eva Joly et au mouvement qu’elle représente.
La destruction de la France républicaine
En effet, l’une des composantes d’EELV est l’Alliance libre européenne (ALE) qui regroupe des mouvements dits « régionalistes ». Ces mouvements ont en commun la volonté de voir les « régions » disposer de davantage d’autonomie et la charte des langues régionales et minoritaires être ratifiée par la France.
Derrière ces revendications décentralisatrices et culturelles, c’est d’un projet d’EELV littéralement destructeur de la République qu’il s’agit. En effet, celui-ci prône une « réunification » de la Bretagne et du pays basque, la création d’un « espace occitan », le rattachement des Pyrénées orientales à la Catalogne et celui de l’Alsace à l’Allemagne, l’indépendance de la Corse et de la Savoie…
C’est un véritable démantèlement de la France et de la République qu’il s’agit de mettre en place sur la base de regroupements à caractère ethnique et culturel. La langue française, garante de la cohésion républicaine, est en ligne de mire, la candidate écologiste souhaitant mettre fin à « l’hégémonie5 » de celle-ci ; en revanche, pas un mot sur celle infiniment plus menaçante de l’anglo-américain dans notre pays.
Au delà, c’est la fin de l’égalité entre citoyens qui se préfigure, les « régions » remodelées (voir carte ci-dessous) étant appelées à disposer d’une capacité à légiférer dans un certain nombre de domaines. Lorsque l’on sait que le conflit entre flamands et wallons chez nos voisins belges se traduit par une destruction des acquis sociaux, notamment de la sécurité sociale, les répercussions de ce programme sur les conditions de vie de beaucoup de français seraient ravageuses. A fortiori dans un contexte européen où la régression sociale est un leitmotiv pour les instances de l’UE.
L’enjeu au delà de la question des langues est proprement politique : en souhaitant remodeler le territoire, c’est une partie de l’héritage de la révolution de 1789 qui est attaqué, et notamment, le souci de l’égalité des droits politiques et sociaux entre citoyens.
Le sursaut ou la fin ?
Il existe sans aucun doute des défenseurs honnêtes et républicains des langues minoritaires et régionales ainsi que des républicains tentés par un noble souci de diversité culturelle. Mais ceux-ci ne peuvent rester aveugles devant les risques colossaux que fait courir à nos concitoyens un programme qui instaure le communautarisme et les droits à la carte, et ce d’autant qu’une partie des milieux régionalistes est clairement inféodée à l’extrême-droite6. Rappelons pour mémoire que le dernier gouvernement à avoir promu les « identités régionales » était le régime de Vichy.
Dans ses conditions, le refus de ratifier la charte des langues minoritaires et régionales est une nécessité impérieuse pour la gauche. Outre EELV, le parti socialiste semble disposé à entrer dans ce jeu dangereux. Il est temps que les républicains se fassent vigoureusement entendre pour mettre un terme à cette dérive destructrice.
Cela doit se traduire concrètement par une suppression des régions françaises et des euro-régions, le retour aux communes et aux départements comme base de l’édifice administratif ainsi que par la réaffirmation de la langue française comme langue de la République et de la citoyenneté.
(*) Max Andréas - jeune militant communiste - vient de rejoindre la Rédaction de Politique-actu.