« CRIME SEXUEL» par Etienne TARRIDE*
La France entière s'est émue à juste titre de l'abominable assassinat de Cecilia, une fillette de 8 ans. Cette tragédie illustre parfaitement l'impérieuse nécessité de la coordination de la prévention et de la répression.
Il est évidemment inutile de souligner qu'il appartiendra à la Justice d'infliger à l'auteur de tels faits, si la preuve est rapportée de sa culpabilité, une peine impitoyable. Il faut en revanche souligner que cette affaire montre une fois de plus ce que tous les professionnels savent depuis longtemps. Les crimes sexuels sont TOUJOURS le fait de personnes intellectuellement et mentalement gravement perturbés et dont le comportement antérieur laisse apparaitre ces perturbations.
La première règle doit donc être qu'un individu condamné pour des faits même mineurs mais qui montre des signes de troubles intellectuels doit être sans délai, par décision de Justice, suivi par des psychiatres, soit en prison, soit en liberté sous condition. Il ne faut surtout pas attendre, sous prétexte de compassion que ces troubles se développent.
La seconde règle, tout aussi impérative implique que les individus dont le comportement dépasse un degré acceptable d'incivilité sans pour autant commettre d'infraction caractérisée soient, eux aussi, placés en surveillance par l'autorité administrative qui en a la possibilité par application du Code de la Santé Publique.
La troisième règle doit être que les détenus qui apparaissent dangereux pour eux mêmes ou pour autrui en fin de peine soient placés sous un régime de surveillance. Tel prétendait être l'esprit de la "rétention de sûreté" proposée par Nicolas Sarkozy. Cette idée était et reste inadmissible, puisqu'elle porte atteinte au principe intangible selon lequel un délinquant ou un criminel ayant purgé sa peine est libre.
En revanche rien ne s'oppose à ce qu'un détenu soit, comme tous les citoyens, soumis au Code de la Santé Publique qui permet au préfet de placer en hôpital psychiatrique toute personne dangereuse pour elle ou pour autrui.
Ce qui est inadmissible avec la "rétention de sûreté" est que cette disposition fait reposer la responsabilité sur la Justice, invitée à sanctionner des crimes ou infractions éventuelles, ce qu'elle ne peut pas faire au regard notamment de CEDH, et non sur l'exécutif dont la mission est précisément la prévention et la mise en place de soins et d'assistance.
Si cette mission est prise sérieusement en charge, nous n'éradiquerons pas, évidemment, le crime d'origine sexuelle. Prétendre le contraire est mentir.
Nous parviendrons à en réduire considérablement le nombre. Mais il ne faut surtout pas chercher à en faire un argument électoral.
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*Etienne TARRIDE - ancien avocat au barreau de Paris, gaulliste de gauche - publie des billets en exclusivité pour POLITIQUE-ACTU.COM