Débats

16e Congrès de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) - Athènes, 6 au 19 avril 2011

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Intervention au nom du syndicat CGTE-Dalkia, des associations de syndicalistes de Continuer la CGT (CL CGT) et du Front Syndical de Classe (FSC)

Chers amis et camarades, 

Comme vous le savez tous, la crise que nous subissons depuis 2009 ne fut pas une simple crise financière, ni une crise conjoncturelle : c’est une crise systémique, celle du mode de production capitaliste, qui affecte l’ensemble des secteurs d’activité des pays du monde entier.  

Pour conserver ses marges bénéficiaires, le grand Capital a dû augmenter ses attaques contre les travailleurs, ce qui se traduit par un chômage endémique, la baisse drastique des salaires, la hausse des prix des produits de base, l’intensification des cadences de travail, la réduction des services publics et sociaux…

Mais cela se traduit aussi par le recours aux guerres impérialistes de rapine et de pillage des ressources humaines et naturelles et ce sont des travailleurs et leurs familles qui sont impunément bombardées, mitraillés en Palestine, en Irak, en Afghanistan, en Lybie et depuis ce mardi... en Côte d’Ivoire !

Car un des effets de la crise économique est de rendre plus aigues les contradictions entre puissances impérialistes et donc de faire peser l’épée de Damoclès de la guerre sur la tête des peuples du monde entier

Plus encore, le Capital a eu besoin d’être financièrement renfloué par les Etats et que la consommation soit stimulée par des « plans de relance » financés sur le déficit public, afin d’écouler ses stocks invendus.

Les Etats ont donc massivement renfloués les grandes entreprises de la finance, de la banque-assurance, ainsi que de l’industrie.

Il est donc évident que toutes les politique de gestion de la crise mise en place par nos gouvernements bourgeois et les institutions financières internationales, ne visent qu’à faire supporter le fardeau de la crise à ceux qui, par leur travail, produisent toute la richesse de notre monde.

Ainsi, pour payer les dettes colossales des Etats et maintenir les marges et la profitabilité capitalistique qu’ils extorquent du travail, les gouvernements libéraux, conservateurs ou socio-démocrates ont mit en place une politique de casse généralisées des acquis sociaux (services publics, retraites, santé…) et de blocage des salaires.

Nous insistons sur ce point : qu’ils soient au gouvernement ou dans l’opposition, les socio-démocrates soutiennent absolument la politique de régression sociale au service des grands conseils d’administration.

 D’ailleurs, c’est un social-démocrate, le favori du PS français pour les prochaines élections présidentielles, qui pilote à la tête du FMI la politique de racket bancaire international, consistant à conditionner l’aide financière du FMI contre la mise en place de plans d’austérité.

Pour les gouvernements bourgeois, le remède à la crise est double :

► Plans de relance pour les actionnaires,

► Plans d’austérité pour les travailleurs !

Voilà pourquoi nous nous reconnaissons pleinement dans la position exprimée par la FSM dans son pacte d’Athènes visant à l’annulation de la dette.

Evidemment en premier lieu pour les pays du Sud, ce qui est une position traditionnelle du mouvement ouvrier et du mouvement syndicaliste anti-impérialiste et fidèle à l’internationalisme de classe.

Et d’ailleurs, on pourrait légitimement se demander :

 QUI a une dette envers l’autre ?

Est-ce les pays du Sud, qui sont pillés et bombardés depuis plus d’un siècle par les Etats impérialistes qui ont une dette envers les pays du Nord, ou les pirates impérialiste et colonialistes qui extorquent les minerais, le coton, le caoutchouc, le gaz et le pétrole qui doivent réparation pour leurs crimes ?

Alors, QUI a une dette envers l’autre ?

Mais il y a un fait nouveau que nous devons analyser dans la crise systémique actuelle du capitalisme et dans les politiques qu’il met en œuvre.

En effet, les exigences d’ajustement structurel contre financement par le FMI, la Banque mondiale, et à présent par l’Union européenne, qui hier s’exerçait uniquement contre les pays du Sud, s’appliquent à présent aussi à ceux du Nord.

On le voit bien en ce qui concerne la Grèce, où nous sommes réunis aujourd’hui, mais aussi l’Irlande, le Portugal, l’Espagne… Et demain : tous les autres !

Dans la situation actuelle, cette contestation du principe même du recouvrement de la dette devient effectivement une exigence pour l’ensemble des peuples du monde, à la fois pour des raisons économiques, pour la possibilité de construction d’une véritable alternative au capitalisme actuel et aussi pour des raisons idéologiques.

Car les oligarchies dirigeantes tentent d’imposer aux peuples leurs plans de rigueur et la remise en cause profonde et systématique de toutes les conquêtes sociales issues de l’après-guerre.

Et pour cela, elles utilisent l’argument de la dette.

Mais cet argument n’est invoqué que pour masquer que c’est la confiance, et donc la domination des marchés financiers, qu’elles veulent protéger.

Donc, pour le syndicalisme de lutte de classe, créer les conditions politiques et idéologiques des luttes contre les plans de rigueur passe nécessairement par la contestation de la légitimité de la dette des Etats.

C’est pourquoi nous proposons ici que, dans ces résolutions finales, notre congrès fasse siennes ces exigences pour tous les peuples :

-    refus de payer la crise

-    refus d’honorer la dette elle-même

-    engagement d’une vaste campagne mondiale d’explication sur les raisons fondamentales et légitimes de ce refus.

Tenez-vous le pour dit, banquiers et tenants des monopoles :

nous ne vous devons rien !

En appliquant les politiques voulues par le grand Capital depuis le début de la crise, les Etats ont montré ainsi leur vrai visage : celui de l’Etat bras armé du Capital dirigé par des gouvernements au service exclusif des monopoles.

Et pourtant malgré leur combativité, les travailleurs de France se sont révélés démunis car leurs organisations ouvrières s’éloignent de plus en plus des bases du syndicalisme de classe, dans un vaste mouvement d’intégration au système et, donc, de collaboration de classe.

En effet, il y a eu des luttes rassemblant des millions de travailleurs dans toute l’Europe contre les plans d’austérités et notamment en France contre la réforme Sarkozy des retraites.

Mais les grandes centrales syndicales réformistes ont canalisé et affaibli le mouvement, en prétendant seulement « peser » par une vulgaire action de lobbying pour « rendre plus justes » les réformes gouvernementales.

Ces formes de luttes, qui pouvaient faire illusion aux travailleurs dans la période de croissance et de plein-emploi d’après-guerre, avant la crise du capitalisme, montrent aujourd’hui leur inefficacité du point de vu de la défense des intérêts ouvriers face à un diktat aussi implacable des monopoles.

Car ces formes de lutte révèlent l’absence d’un programme de défense combattif des intérêts de la classe ouvrière et le vide sidéral en matière de perspective de transformation sociale, de destruction du capitalisme pour un contrôle des travailleurs sur la production et l’appareil d’Etat, seul horizon pouvant permettre de satisfaire les aspirations populaires.

Et ce n’est pas par hasard qu’un des résultats de la dérive de syndicalisme d’accompagnement de la CGT actuelle fut, hélas, de supprimer les objectifs d’abolition du salariat et de socialisation des moyens de production de ses statuts en 1995, l’année même où la CGT s’est désaffiliée de la FSM.

Croire ou faire croire que le syndicat doit rester en dehors de la bataille pour un pouvoir ouvrier, c’est inévitablement lui assigner un rôle d’accompagnement dans la longue descente aux enfers de l’appauvrissement généralisée et de la guerre impérialiste, où le capitalisme en crise nous entraine.

Dans cet enfer capitaliste d’Europe, n’oublions pas les plus précaires d’entre nous qui sont les travailleurs sans papiers.

N’oublions pas ceux qui subissent les effets des politiques ségrégationnistes et fascisantes des gouvernements bourgeois, visant à criminaliser l’ouvrier étranger pour mieux le séparer du reste de sa classe.

Ils installent des barbelés, ils érigent des murs de la honte, et enferment nos frères dans des camps de concentration qui poussent comme des champignons sur tout le continent européen.

Nous ne devons pas traiter la question des sans-papiers sous l’angle purement humanitaire, mais avant tout sous l’angle de la lutte de classe, car avant d’être des travailleurs immigrés, des sans-papiers, des sans-droits parqués dans des camps, en attente d’être expulsés dans des conditions inhumaines, avant d’être attachés, bouche bâillonnée, et persécutés dans ces pays censés être civilisés, ils ont été des travailleurs émigrés.

Il nous faut revenir aux causes du mal : l’immigration n’est autre que le reflet, le fruit de la rapacité impérialiste dans les pays du Sud.

A qui profite l’or du Mali ?

A qui profite le gaz et le pétrole algériens, nigérians, libyens ?

A qui profite le coltran congolais ?

A qui profitent l’or et les diamants de sang libériens, angolais, sud-africains ?

A qui profite l’uranium nigérien ?

C’est la vocation de la FSM de rompre l’étau entre le pillage et les guerres impérialo-capitalistes là-bas, qui les font fuir leur pays, et la répression et la précarité qu’ils trouvent en Europe.

Pour cela, la FSM doit être l’espace de front uni anti-impérialiste, dans lequel les syndicalistes de classe d’Europe occidentale et ceux des pays du Sud travaillent main dans la main pour une seule classe ouvrière internationale, avec une seule voix : celle  de la lutte pour la souveraineté économique et politique des peuples du sud et de la défense de tous les travailleurs, avec ou sans papiers pour l’égalité des droits.

Au niveau européen, la CES, co-législatrice des directives libérales (cf. constitution européenne), a refusé d’organiser un mouvement de grève à l’échelle de l’Union contre les plans d’austérité et pour un programme de défense des intérêts de la classe ouvrière des pays d’Europe.

De même, la CSI et la CES n’expriment qu’un silence coupable à l’endroit de la politique de pillage et de domination impérialiste de la France et à la politique de bloc militariste de l’Union européenne, des Etats-Unis et de l’OTAN.

Les syndicalistes de France doivent tirer les leçons des ces derniers mouvements et militer au sein de leurs organisations syndicales pour y dénoncer la tendance au syndicalisme d’accompagnement et promouvoir la renaissance d’un syndicalisme de lutte classe pour la défense inconditionnelle des intérêts du Travail.

Nous devons faire le lien entre la dérive de la CGT française et son rapprochement des syndicats jaunes, vers l’intégration au système et son affiliation à la CES et à la CSI.

Il en est de même à l’échelle internationale : les travailleurs ont besoin d’une FSM plus forte et plus efficace pour unir leurs efforts et orienter leurs actions contre la mondialisation capitaliste et les guerres impérialistes.

Enfin, je ne peux pas terminer mon intervention sans évoquer le problème de la répression syndicale, qui n’épargne aucun pays.

En France même, des militants sont licenciés, harcelés, et aussi traduits devant les tribunaux comme des criminels, comme c’est le cas pour nos camarades du CGTE Dalkia France (qui d’ailleurs fait partie des 89 nouveaux syndicats adhérents à la FSM) et qui en est à subir son 50e procès cette année, à l’initiative de leurs patrons et des syndicats jaunes.

Dans des pays comme la Colombie, la Palestine, les Philippines et ailleurs, en Afrique ou en Asie, les syndicalistes sont victimes d’assassinats ou de privation de liberté.

Chers camarades, nous pensons que la FSM doit appréhender cette question, non sous l’angle d’une comptabilité macabre mais sous l’angle d’un combat sacré :

Plus jamais de minutes de silence !

Plus aucun syndicaliste emprisonné ou assassiné !

Il faut que la lutte contre la répression syndicale soit une des activités prioritaires de la FSM.

Nous proposons donc la mise en place d’une cellule de veille permanente dont le but serait :

-    recenser les actes commis contre les syndicalistes dans le monde entier

-    alerter les adhérents et les opinions publiques nationales et internationales

-    créer les liens de solidarité matérielle et morale pour aider et soutenir les victimes

-    éditer régulièrement un rapport exhaustif sur la répression syndicale à travers le monde

Chers camarades, avec la FSM, il nous revient de témoigner devant les travailleurs, devant la jeunesse et devant l’histoire du prix payé par le syndicalisme de lutte de classe dans son combat contre le capitalisme et les liquidateurs.

Il faut dénoncer sans cesse les crimes du capitalisme, car nous sommes un seul corps et si un membre est attaqué, c’est tout le corps qui souffre et qui doit se défendre.

Vive le syndicalisme de classe et de masse !

Vive la solidarité internationale des travailleurs !

Vive le 16° Congrès de la Fédération Syndicale Mondiale !

COMPTE RENDU FSM :

1ère journée 

2ème journée

3ème journée 

Fin du congrès

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