Vend-Sam 20 et 21 Mai : LES POLITIQUES ÉCONOMIQUES DE LA GAUCHE EN FRANCE (1936-2002) (Fondation Gabriel PERI)
Colloque organisé par la Fondation Gabriel Péri
20-21 Mai 2011
Salle des documents cinématographiques,
38 avenue des Ternes, Paris 17e
Comité de pilotage : Gérard Alezard, Bernard Frédérick, Guy Groux, Jean Lojkine, Michel Margairaz, René Mouriaux
Inscription, renseignements : colloque-pegf@gabrielperi.fr
Les politiques de la gauche ont presque uniquement été étudiées sous l’angle du social, très rarement sous l’angle économique. Comme si les politiques économiques devaient être l’apanage de la Droite. Comme si les échecs économiques de la gauche devaient sceller la fin du « rêve » socialiste et la mort de l’identité même de la gauche.
Pourquoi les programmes de transformation sociale comme ceux issus du Front populaire, puis du PCG (Programme Commun de Gouvernement, 1972-1980) n’ont-ils pas abouti ? Pourquoi les objectifs initiaux de planification, de création de nouvelles filières industrielles, via les nationalisations massives de 1981, de relance de la croissance, n’ont-ils pas abouti ? Pourquoi cette conversion culturelle d’une grande partie des dirigeants des partis de gauche aux grands principes du néo-libéralisme (désinflation compétitive, politiques d’austérité, flexibilisation du marché du travail) ? Pourquoi les ambitions de démocratisation de l’économie maintes fois affichées n’ont- elles pas été suivies d’effets durables ? Pourquoi les stratégies patronales n’ont-elles pas été mises en échec ?
L’objectif de ce colloque est d’analyser à la fois les contenus de ces politiques économiques, mises à l’épreuve quand la gauche est au pouvoir ou proposées comme alternatives quand la gauche est dans l’opposition, et les types de relations qui se nouent entre les trois grands acteurs de la gauche française : les partis politiques de gauche, les syndicats et les mouvements sociaux pris dans toute leur autonomie (notamment 1936, 1945-46, 1968, 1995). Depuis l’implication profonde dans un projet politique comme l’implication de la CGT dans le Front populaire ou le PCG de 1972 à 1978, jusqu’aux « relations distantes » des syndicats par rapport aux partis de gouvernement comme en 1936… et maintenant (depuis les années 1990).
La méthode
Ce colloque est axé sur la recherche des points de vue des chercheurs et des acteurs de l’époque et d’aujourd’hui sur les différents choix, les différents possibles en matière de politiques économiques selon les conjonctures historiques et selon les stratégies des dirigeants. Il s’agirait donc d’un travail, inédit, de recherche à plusieurs voix, fondé à la fois sur les témoignages oraux et les archives, croisant les points de vue passés et actuels des acteurs comme des analystes. Une série de séminaires préparatoires auditionneront les principaux acteurs et les chercheurs travaillant sur des archives, le colloque visant lui une mise en perspective historique des politiques économiques de la gauche française. L’originalité du colloque résiderait dans la publication de témoignages inédits et dans la tentative d’une mise en perspective globale d’un problème politique majeur mais peu traité par les recherches historiques.
Le colloque sera structuré autour de 4 axes transversaux :
1. La question des écarts objectifs/réalisations dans la dynamique de la mise en œuvre des politiques économiques.
On étudiera précisément les rythmes, les ajustements, les arrêts (les « pauses » dont parlait Blum par exemple), les retours en arrière, les événements imprévus. Certains points du programme, du pacte entre partis de gauche, ont été réalisés très rapidement, d’autres pas. Des revendications ouvrières non prises en compte comme telles par les partis et les syndicats vont être propulsées sur le devant de la scène politique par le mouvement social (le troisième acteur), comme les 40 heures (payées 48) et les congés payés en 36. Pourquoi ?
2. La mobilisation sociale, le mouvement social, avec ses évolutions par rapport aux acteurs politiques, du point de vue notamment de l’articulation Social/Économique.
Quel a été, aux différentes périodes historiques étudiées, le poids du clivage Économique/Social, notamment sur les acteurs syndicaux et les militants du mouvement social ?
3. La dimension internationale a-t-elle toujours été perçue comme une contrainte ou au contraire a-t-elle parfois été saisie comme une ressource ?
Contrainte extérieure : 1936 : la préparation de la guerre et la dépression mondiale ; 1945-1965 : le début du cycle long de croissance capitaliste 1947 : la guerre froide et le poids de l’URSS et du Komintern sur le PCF ; 1981 : la vague néolibérale des années 80 et la « révolution conservatrice » mondiale.
Ressource : 1944-46 : l’élan de la victoire mondiale contre le fascisme et l’audace, le volontarisme politique du programme du CNR.
4. Comment ces questions de politique économique ont-elles pesé sur les transformations des partis de gauche ou des syndicats ?
Par exemple, le rôle de la participation au gouvernement de la Libération (44-46) dans la transformation du PCF en parti de gouvernement. Idem pour le PS en 1936 et en 1981-86. Découverte de la réalité du pouvoir étatique, des rapports de force, et des difficultés de la mise en œuvre des programmes.
PROGRAMME
Vendredi 20 Mai
9h30-13h00 : Le modèle et l’empreinte du Front populaire (1936-1947)
Présidente : Elyane Bressol (IHS CGT).
9h30 - Introduction à la première séance : Michel Margairaz,historien, Université de Paris I
Textes en discussion : 1936-1947 :
- La politique économique de la gauche, vue d‘en haut et vue d’en bas. Culture de gouvernement et culture de mobilisation,
Michel Margairaz - 1936-1939. Genèse de la politique économique du PCF,
Serge Wolikow, historien, université de Bourgogne. - L’influence des facteurs internationaux dans la définition de la politique économique du PCF. Le rôle du Komintern,
Bernard Frédérick, journaliste.
11H00 - Le CNR et les politiques de reconstruction à la Libération,
Claire Andrieu, historienne, IEP Paris.
11h20 - Débat
11h45 - Table ronde : « A quoi sert aujourd’hui la référence à 1936 et à la Libération ? »
Avec A. Bergounioux, historien ; Roger Martelli, historien ; André Narritsens, syndicaliste ; IHS CGT.
14h00-18h00 - La construction du Programme commun de la gauche (PCG) et le mouvement de Mai 68 (1960-1981)
Présidente : Claire Andrieu, historienne, IEP Paris.
Grand témoin : J.L. Moynot, secrétaire confédéral CGT (1969-1982).
Introduction à la deuxième séance : Jean Lojkine, sociologue, CEMS-EHESS.
- Le PS d’Epinay : « changer la vie ». Entre l’étatisme et l’autogestion. Quelle politique économique ?
Mathieu Fulla, historien, doctorant, Université Paris I. - Le PCF, de la théorie du Capitalisme Monopoliste d’Etat aux Nouveaux critères de gestion : Entre étatisme, « intervention des masses », et autogestion,
J. Lojkine, sociologue. - La CGT : entre la revendication salariale, les propositions industrielles et le débat sur les conseils d’atelier,
Michèle Tallard, sociologue, CNRS-IRISSO/Université Paris-Dauphine ; - la CFDT autogestionnaire, et ses deux lignes stratégiques,
F. Georgi, historien, Université Paris I - La Fédération de l’Education Nationale (FEN) et les propositions économiques du Programme commun : Un syndicalisme de fonctionnaires face au socialisme
Ismael Ferhat, historien, doctorant.
16h Pause puis débat
17h - Classes sociales, croissance et politique industrielle : une bataille d’idées et de projets,
Guy Groux, sociologue, CEVIPOF
Débat
Samedi 21 Mai
9H30-13h30 Programme commun de la gauche et néo-libéralisme (1981-1984)
Président : Jean Lojkine
- Les politiques industrielles de la gauche,
Elie Cohen, économiste, Centre d’analyse économique, CEVIPOF - Une autre politique de l’emploi était possible ? R. Salais,économiste, IDHE-ENS Cachan
- En quoi les socialistes ont-ils amorcé la libéralisation du secteur financier ? J.-C. Le Duigou, secrétaire confédéral CGT (1999-2010).
- Quel rôle ont eu les ministres communistes dans le gouvernement et dans le PCF ? A. Le Pors, ancien Ministre.
- Position de la CGT face au gouvernement de gauche : G. Alezard, secrétaire confédéral de la CGT 1982-1995.
11h - Débat
11h45 - Luttes sociales et luttes juridiques.
Grand témoin : Tiennot Grumbach, avocat.
Débat
12h-13h30 Table ronde : Une autre politique économique était-elle possible en France dans le contexte mondial et européen des années 1980 ?
- De la crise du CME au programme commun, le débat sur sa politique économique, son échec et la progression des idées,Paul Boccara, économiste ;
- Philippe Herzog, économiste ;
- Jean Le Garrec, ancien Ministre (sous réserve).
14h30-18h La gauche plurielle (1997-2002).
Président : Guy Groux
- Le socialisme français face au blairisme sous le gouvernement Jospin, G. Grunberg, politologue, Centre d’études européennes de Sciences Po.
- « Un social-libéralisme à la française » ? Débat entre quatre économistes : Daniel Cohen (à confirmer), Catherine Mills, Christophe Ramaux, Henri Sterdyniak.
Débat général
17h-18h. Table ronde finale : Mouvement social, mouvement syndical et enjeux politiques
Avec Gérard Alezard, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU (2002-2010), Jean Auroux (ancien Ministre), Pierre Héritier,secrétaire confédéral CFDT (1979-1988), René Mouriaux,politologue.
Source:
http://www.gabrielperi.fr/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=412