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GRECE : "PARTITOCRATES, ILS NE SE CACHENT MEME PLUS" par Simone LE BARON

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[NDLR : EXCLUSIVITE POLITIQUE-ACTU, Simone LE BARON en direct d'Athènes.]

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ELECTIONS LEGISLATIVES 17 JUIN 2012 EN GRECE : COALITION DES PARTITOCRATES, ILS NE SE CACHENT MEME PLUS.

Le 2 mai 2012, Kostas Papanikolas me reçoit sur la chaine Kontra Channel. L’émission s’intitule : « Elections helléniques, françaises et partitocratie ».

A la question « que peut espérer le peuple grec des élections en France ? », ma réponse est ferme : « RIEN, absolument rien. En Grèce, en France, dans toute l’Europe et outre-Atlantique les partis politiques partenaires des banquiers et des principaux acteurs de l’économie mondiale règnent. En France c’est l’alternance gauche-droite, en Grèce la coalition gauche-droite. La seule solution serait l’abstention à 100 % afin que le système politique en place dans chaque partitocratie tombe de lui-même comme un fruit pourri tombe de l’arbre. Les Grecs se réveilleront le 7 mai avec le maintien sans surprise des partitocrates au pouvoir ». Réponse de Papanikola : « Contogeorgis dit exactement la même chose ». En France aucune surprise donc avec l’élection de Hollande, en Grèce le suspense a duré jusqu’au 20 juin. Finalement, tout rentre dans l’ordre : les partitocrates conservent l’Etat-fantôme, les citoyens grecs les créances et un écran noir comme horizon.

Gouvernement de coalition donc pour la Grèce en ce mois de juin 2012 : ND+PASOK+DHMAP (Nouvelle Démocratie+Parti Socialiste+Gauche démocrate).  La Nouvelle Démocratie (ND, Président Antonis Samaras) est arrivée en tête avec 29,7 % des suffrages exprimés devant La Coalition de la gauche radicale (SYRIZA, Président Alexis Tsipras) 26,9 %. Toutefois, le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK, Président Evangelos Venizélos) ayant recueilli 12,2 % des voix et la Gauche démocrate  (DHMAP, Président Fotis Kouvélis, dissident du SYRIZA en 2010) 6,2 % prennent la décision de s’allier à la ND recueillant ainsi un nombre majoritaire de sièges à l’Assemblée pour former le nouveau gouvernement : ND (129 sièges), PASOK (33 sièges), DHMAP (17 sièges). Le 1er Ministre sera donc Antonis Samaras.

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 De gauche à droite : Kouvélis, Vénizélos, Samaras.

Lors des premières élections du 6 mai 2012, nous constations la montée du SYRIZA au jeune Président Alexis Tsipras, 38 ans, anti mémorandum mais pro-européen et pour l’intégration du million et demi – voire plus – d’immigrés clandestins. Mon analyse : les Grecs sont fatigués de ce bipartisme ND-PASOK qui existe depuis 1974 ou la chute des colonels. Ce jeune loup d’Alexis Tsipras, jeune loup aux dents longues se présente à eux comme un diable sorti de sa boite, sans aucun programme mais leur promettant de les « sortir de la crise », à lui tout seul…. C’est un peu comme si, sur le point de vous noyer vous êtes sauvé par un bateau-pirate : au moins vous êtes en vie. Il est là pour créer diversion uniquement. Les Grecs ayant voté pour lui n’ont encore pas pris conscience du fait que ce ne sont pas les personnes qu’il faut changer mais le système politique tout entier. Ces élections sont les élections du système de la partitocratie, celui qui se trouve à l’origine du « problème grec ». Les politiques corrompus de ce système erroné organisent des élections de temps à autre pour créer diversion et continuer leurs manigances en coulisse, le temps de la campagne et ouvertement par la suite. Je gage que dans six mois, il y aura de nouvelles élections et ainsi de suite jusqu’à ce que le parti gagnant, celui des abstentionnistes, atteigne le seuil de 100 % que nous préconisons Georges Contogeorgis (http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Contogeorgis )  et moi. Ceci est valable pour la France et pour la Grèce : 44 % d’abstentions pour la France, une première depuis 1958, et en Grèce 40 %, une première également puisque le vote était obligatoire jusqu’à présent au pays de la « démocratie »…

Retenons seulement ceci : 44 Français sur cent et 40 Grecs sur 100 ont compris. Qu’ont-ils compris ? Qu’il n’existe de démocratie que de nom. Que le but des politiques de tout bord est commun et unique : sauver le système d’économie de marché et bancaire au mépris des citoyens qui n’ont aucun autre droit que celui de restituer à l’Etat tout l’argent qu’ils reçoivent en échange de leur travail, c’est-à-dire de leur participation à la vie de la politeia (cité) et, dans le cas de la Grèce actuellement tout leur salaire plus leurs économies. Ils ont compris que les notions droite-gauche n’ont plus aucune signification, ne répondent à aucune idéologie, que l’histoire se répète sempiternellement : le pouvoir aux riches de plus en plus riches, et la misère pour les pauvres, de plus en plus pauvres. C’est le rocher de Sisyphe dégringolant la colline avant d’en atteindre le sommet. Si les politiques font encore illusion auprès d’une partie de la population, c’est qu’elle a été endoctrinée comme par un gourou de secte ayant pratiqué un lavage de cerveau sur ses adeptes les réduisant à un état d’automates à la volition annihilée.

Aujourd’hui ce rocher représente le système bancaire, la plus grande arnaque de toute l’histoire de l’humanité, et Sisyphe les associés du G20  du FMI et de Wall Street. Combien d’entre nous connaissent l’origine de la notion « banque » ? De même que celle d’économie datant de l’époque d’Aristote, c’est-à-dire « loi du foyer, par extension du groupe social dans lequel on vit », système d’échange nécessaire à la survie de la société, la notion de banque apparait en Grèce antique. Lorsque la ligue de Délos transféra son trésor bien gardé jusqu’alors au temple d’Apollon sur la petite île des Cyclades, au Parthénon d’Athènes qui entérine du même coup son hégémonie en mer Egée. Sa domination est financière avant tout, elle décide de son tribu à apporter à la ligue. En français nous conservons intacte cette notion de « trésor public » allant de paire avec celle d’économie nécessaire selon Aristote et non avec celle de chrématistique, « faire de l’argent avec de l’argent » dont Platon disait qu’elle était contre nature et celle de démocratie, le dème (dimos) ne désignant pas le peuple mais l’assemblée des citoyens. La banque (le Parthénon) abrite l’argent public destiné à assurer la survie de la société des citoyens. Tout le reste  n’est que prestidigitation.

Dès 1992 dans son « Histoire de la Grèce » (Hatier), Georges Contogeorgis, professeur de science politique à l’université Panteion d’Athènes, ancien directeur de recherches au CNRS, dénonçait la partitocratie ou règne des partis et prévoyait à moyen terme une crise de ce système qui mènerait la vie politique grecque et l’Etat à une impasse. En mars dernier il écrit son énième livre « Partitocratie et Etat dynastique » (éditions Patakis, Athènes), lequel en est déjà à sa 3ème édition.

Il faut rendre à César ce qui appartient à César : c’est Georges Contogeorgis qui le premier a évoqué cette notion de « partitocratie » il y a deux décennies et en a fait l’objet d’un cours pour ses étudiants de Sciences Po. D’autres se le sont approprié récemment, comme par exemple Christos Iannaras professeur de philosophie et théologien – de 12 ans l’ainé de G. Contogeorgis – qui, profitant de son ancienneté, utilise le terme à l’envi afin de rester présent sur la scène du jeu politique. N’ayant jamais été dupe, j’ai moi-même depuis plusieurs années parlé sur mon blog de « partitocratie ». Donc, jusqu’à présent nous étions dans une situation de suspicion puis de constat mais aujourd’hui les partitocrates confirment : oui, nous sommes ce bien ce que dénonce Georges Contogeorgis depuis des années qu’il nous a démasqués : la PARTITOCRATIE.   Ces partitocrates grecs ne se trouvent pas là par hasard, ils ont été choisis en fonction de leur absence d’intelligence hellénique. Ils ignorent néanmoins que si Ellas existe encore aujourd’hui c’est grâce aux Hellènes intelligents qui ont su transmettre l’héritage de l’hellénisme depuis des milliers d’années. Lorsque le rocher aura éclaté en mille morceaux entrainant Sisyphe dans leur chute, le peuple grec, sentinelle de la démocratie saura nous montrer le chemin de la liberté à nous peuples de la vieille Europe qui lui devons tout.

Ce dimanche 17 juin j’ai observé les élections dans le bureau de vote de Sarti, commune de 800 habitants en Sithonia département de la Chalcidique au nord-est de la Grèce continentale, là où la Macédoine pose trois doigts sur la mer Egée. Les « Sartiens » sont des réfugiés d’Asie mineure, du reste on trouve encore dans le village des maisons de réfugiés dans le même état qu’en 1922. Dans l’Antiquité Xerxès y passa avec ses troupes. Dès l’aube j’ai pu contempler de ma fenêtre le mont Athos qui s’éveillait dans un halo corallin. A Sarti la vie coule intemporelle, on se passionne pour la politique au même titre que pour le football. Les Grecs ont inventé l’un et l’autre, ce que peu de gens savent. La politique vient de « politeia » (cité), le politis est le citoyen et donc le politique. La plupart des jeux de ballons furent inventés par les Grecs anciens (football, basket, polo, handball, volley etc.). Samedi soir 16 juin, les Grecs ont gagné contre les Russes un match de l’Euro qui se déroule en ce moment – je l’ignorais car je ne m’intéresse pas au football – et j’y ai vu un symbole simplement en observant la réaction de mes hôtes et convives dans une petite taverne du bord de mer : « nous n’avons pas dit notre dernier mot » ont-ils clamé à l’unisson « et le 23 juin nous affronterons les Allemands » ont-ils ajouté. Ici on travaille en famille (le père et ses deux fils). C’est le père qui fièrement m’a emmenée au bureau de vote et présentée à l’équipe répartie sur deux classes. Sourires, gaieté, accueil chaleureux, simplicité : l’hellénisme était présent…

Simone Le Baron, Athènes, 20 juin 2012

* simone LE BARON est également membre de la Rédaction de Politique-actu

SOURCE:

http://simone-le-baron.blogspot.fr/

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