"14-18 et le roman à l’eau de rose de M. Kader Arif, secrétaire d’Etat" (Libre Pensée)
-Communiqué-
"La terrifiante réalité de la guerre de 14-18 et le roman à l’eau de rose de M. Arif"
Dans un message reproduit par la presse, M. Kader Arif, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, salue le 1 er août 1914 et la mobilisation générale dont il donna le signal à la fois sur le front et à l’arrière. Il considère que commémorer ce jour, c’est « se souvenir de l’unité nationale de toutes les femmes et de tous les hommes réunis au son du tocsin ». C’est célébrer la solidarité entre les soldats, la République finalement triomphante. C’est se rappeler que cette journée est l’une de celles qui fit la France et qui jalonne le chemin vers l’Union européenne, donc vers la paix (cf. le combat de Jaurès) et vers la réconciliation.
Décidément le centenaire de la guerre de 14-18 est en train de se révéler comme la source inépuisable des commentaires les plus extravagants, où les envolées chauvines infantilisantes sont de nouveau à l’honneur cent ans après.
Si l’on en juge par ce qu’a écrit M. Kader Arif, le délire patriotique, dans une version à peine modernisée, est de nouveau à l’ordre du jour.
Au point qu’au tableau d’honneur des élucubrations les plus consternantes sur le sujet, il peut raisonnablement espérer décrocher la timbale ou le premier accessit.
Il fallait en effet oser écrire que célébrer le 1er août 1914 c’est « se souvenir de l’unité nationale de toutes les femmes et de tous les hommes réunis au son du tocsin ».
De quoi parle M. Kafer Arif ?
De ces femmes en pleurs, de ces hommes désemparés, la peur au ventre, de ces enfants au regard éperdu ?
Toutes les études d’historiens faites depuis ces événements qui en ont établi la brutale réalité, loin des chromos d’époque dus à une presse aux ordres, n’auraient donc servi à rien ?
On apprend aussi que se souvenir du 1 er août « c’est se rappeler que la République et ses valeurs ont su triompher de cette guerre » !
M. Arif oublierait-il l’état de siège, la censure généralisée, les libertés suspendues, les colonies saignées, et, last but not least, le traité de Versailles qui, pour suspendre le conflit, tailla dans la chair des peuples, découpant des territoires à la hache, et qui portait en lui les terribles événements de la deuxième guerre mondiale ainsi que « la nuée porte l’orage » ?
« Républicain » ce résultat ? Comme oser énoncer une telle contre-vérité ?
Sans vergogne, M. Arif, qui ratisse large, englobe dans son « hommage » Jaurès et son combat pour la paix.
Ben voyons ! Pourquoi se gêner ? Jaurès, le premier exécuté pour l’exemple, annexé à la glorification de la Guerre dont il avait annoncé le caractère monstrueux et contre laquelle il a lutté jusqu’à son assassinat !
M. Arif justifie la guerre de 14-18 qui eut lieu, d’après lui, « pour que la France reste debout » !
On croit rêver.
« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels » disait Anatole France.
Il s’agissait de conquérir et/ou de préserver d’immenses marchés coloniaux, sources de surprofits gigantesques.
Toute l’eau de rose prodiguée par M. Arif ne saurait effacer la répugnante réalité des faits de cette guerre qui coûtera à l’Humanité plus de 10 millions de morts, des millions de mutilés, des centaines de milliers de traumatisés psychiques, des millions de veuves et d’orphelins.
Sans compter les immenses destructions de villes, de terres arables rendues stériles pendant des décennies etc. etc.
Le monument aux morts de Saint-Martin d’Estreaux dans la Loire porte inscrit à son verso un texte pacifiste dont chaque mot est un démenti des propos tenus par M.Arif.
SI TOUT L'EFFORT PRODUIT ...
ET TOUT L'ARGENT DÉPENSÉ POUR LA GUERRE
L'AVAIENT ÉTÉ POUR LA PAIX ...?
POUR LE PROGRÈS SOCIAL, INDUSTRIEL ET ÉCONOMIQUE ?
LE SORT DE L'HUMANITÉ SERAIT BIEN DIFFÉRENT
LA MISÈRE
SERAIT EN GRANDE PARTIE BANNIE DE L'UNIVERS, ET
LES CHARGES FINANCIÈRES QUI PÈSERONT SUR LES GÉNÉRATIONS
FUTURES, AU LIEU D'ÊTRE ODIEUSES ET ACCABLANTES ...
SERAIENT AU CONTRAIRE
DES CHARGES BIENFAISANTES DE FÉLICITÉS UNIVERSELLES.
Rien, dans ce qu’écrit M.Arif, qui s’approche un tant soit peu de ce jugement sans appel.
Aurait-il oublié de se renseigner ou ment-il délibérément?
Nous avons constaté aussi que le président de la République au Hartmannswillerkopf avait « oublié » qu’à deux pas du lieu de sa rencontre avec son homologue allemand il y a un cimetière où se trouvent de nombreuses tombes de « fusillés pour l’exemple », « victimes de la rage du militarisme ».
Pas un mot ne fut prononcé en faveur de ces laissés pour compte du bilan officiel de la guerre !
C’est pourquoi, la Libre Pensée a décidé de procéder à la réhabilitation de tous les « fusillés pour l’exemple » au nom des citoyens qui sont aussi la République.
« Maudite soit la guerre. Et ses auteurs ».
La fédération de la Libre Pensée de la Loire
5 août 2014