Débats

SUITE - "Refuser l’euro-balkanisation des nations d’Europe" par Georges GASTAUD (PRCF)

SUITE ...

Aujourd’hui, parce qu’il a « besoin d’aire » pour projeter ses prédations sur toute la planète, pour préserver ses lambeaux de domination sur l’Afrique et la Méditerranée, pour gagner sa « place au soleil de la mondialisation » et disputer ses surprofits monopolistes et néocoloniaux[28] à ses concurrents de la mondialisation capitaliste, parce qu’il veut obtenir de l’impérialisme allemand, son frère-ennemi traditionnel, un appui décisif pour reprendre à la classe ouvrière de France les acquis lâchés par les patrons en 36, 45 et 68, l’impérialisme français démonte pas à pas la France républicaine, y compris l’héritage des Lumières et de la Révolution bourgeoise de 1789/94. Réitérant le « choix de la défaite » et de la Kollaboration qui fut celui du Comité des Forges patronal en 1940, les maîtres du CAC 40 croient le moment venu d’araser les conquêtes populaires obtenues dans l’« étouffant » et si « ringard » cadre national : Sécu, régimes de retraite, mais aussi laïcité, indivisibilité de la République, existence de 37 000 communes parfois indociles aux désirs des monopoles et plus généralement, cette culture millénaire de la Gabaude, de la Jacquerie, de la Fronde et de la Révolution que symbolise la Liberté guidant le peuple de Delacroix. Quelle aubaine si, à la faveur d’une évaporation en douceur de la nation, les maîtres du capital pouvaient reléguer au musée le drapeau tricolore, encore vibrant de Ça ira ! et d’appels aux armes citoyennes, ainsi que le drapeau rouge brandi en 1792 en Place de Grève, afin de leur substituer le drapeau de l’UE avec ses douze étoiles apostoliques rayonnant sur fond bleu-marial ! Et quelle aubaine pour le MEDEF si, demain, les euro-régions de la Dé-France hyper-décentralisée se font concurrence pour « attirer l’emploi », impulser le moins-disant social et désosser les marchés national et local qui permettent encore l’existence de PME échappant encore à l’emprise des donneurs d’ordres des monopoles capitalistes !

Communistes héritiers des Francs-Tireurs et Partisans de France et des FTP-MOI, syndicalistes ouvriers, enseignants, étudiants, paysans, gaullistes sincères attachés à l’indépendance du pays, républicains laïques fidèles à l’universalisme révolutionnaire, socialistes héritiers du patriotisme internationaliste et anti-impérialiste de Jean Jaurès, pouvons-nous assister sans nous insurger – car à quoi bon « s’indigner » si l’on n’est pas près à tout donner pour son peuple – à l’évaporation sous influence des acquis sociaux, des conquêtes démocratiques et des nations souveraines qui ont coûté à nos peuples d’innombrables sacrifices héroïques ?

D’autant qu’il faut s’y attendre : quand le grand dépiautage européen aboutira à l’effacement doucereux ou brutal des frontières d’Etat au sein du futur Quatrième Reich en gestation, qui peut croire, contre-exemple yougoslave à l’appui, que ce monstrueux redécoupage digne du Traité de Vienne, Maastricht faisant écho à Metternich, pourra s’accomplir sans que le sang des peuples d’Europe ne finisse par couler ? Que chacun regarde une carte de l’Europe, qu’il avise la position géographique centrale de l’hexagone au cœur de l’explosif puzzle-monopoly actuel, et il comprendra qu’il faut éteindre l’incendie MAINTENANT, avant que l’« Europe de la paix » qu’on inculque aux enfants de la maternelle à l’Université, n’ait montré son visage barbare !

Pour cela, la première des choses à faire est d’ouvrir enfin les yeux sur la réalité. Assez d’oppositions factices entre la « lutte nationale » et la lutte des classes, entre le drapeau des nations indépendantes et le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau, entre la Marseillaise et l’Internationale ! Assez de ces combats à retardement menés par des « marxistes », voire par des « léninistes » (sic) contre l’idée même de sortir de l’euro[29], assez de ce déni de réalité de la part de ceux qui nient ou minimisent la décomposition de leur propre pays, qui n’aident pas, par leurs analyses, les syndicats de lutte à rejeter sur le fond la décentralisation et à nationaliser les luttes, qui manifestent une parfaite indifférence face à la subversion linguistique du tout-anglais et qui vont jusqu’à prétendre, quand les textes patronaux et les agissements de l’UE prennent leur nihilisme national à contrepied, que tout ce qui annonce la liquidation de la République française et l’émergence d’un Empire germano-yankee (aussi contradictoire et explosif que l’on voudra, car qui nie la persistance des rivalités inter-impérialistes au sens de la construction européenne en marche ?) n’est que fantasme nationaliste ou que propagande patronale en trompe-l’œil ? Alors, agissons, et vite, dans nos syndicats pour refuser à 200% l’Acte III de la décentralisation et la « Charte » linguistique destinée à allumer la réaction en chaîne de l’euro-balkanisation.

A l’inverse, appelons ensemble plus que jamais la France à sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN… et in fine du capitalisme, sans mettre la charrue avant les bœufs en subordonnant toute espèce de lutte démocratique au préalable néo-bordiguiste[30] de la révolution socialiste immédiate, de « l’insurrection pan-continentale sinon rien » et de la dictature du prolétariat tout de suite comme condition sine qua non de toute offensive progressiste. On ne rapproche pas le socialisme d’un millimètre en l’opposant aux luttes pour l’indépendance nationale, les libertés démocratiques et le progrès social : au contraire, on éloigne la révolution et on fait involontairement le jeu des opportunistes de droite, des trotskistes, des européistes, des nationalistes bourgeois, voire des fascistes, quand on exige de l’ensemble du mouvement populaire français qu’il ait rallié des positions révolutionnaires conséquentes AVANT même de s’engager dans les luttes sociales, patriotiques et démocratiques que les masses peuvent mener ici et maintenant sur des bases virtuellement MAJORITAIRES en isolant l’oligarchie et en unissant le peuple autour de la classe ouvrière et de ses militants d’avant-garde.

Et cela ne signifie nullement qu’il faille symétriquement réduire les tâches socialistes (qui seules, certes, peuvent assurer la souveraineté réelle des peuples) aux tâches démocratiques les plus brûlantes, celles-là même que les peuples – qui haïssent de plus en plus l’euro – peuvent prendre à bras le corps tout de suite, sur la base de leurs intérêts vitaux et de leur dignité nationale élémentaire. Contre l’opportunisme, qui envisage on ne sait quelle étape démocratique « consolidée » entre le capitalisme et le socialisme et qui réduit de fait les luttes révolutionnaires aux luttes démocratiques, mais aussi contre le sectarisme dogmatique, qui ne sait que répéter « vive le socialisme, à bas le capitalisme ! » - et qui abandonne de fait le peuple à l’opportunisme, au régionalisme, au communautarisme et au nationalisme – il faut faire preuve du même courage politique que celui que montrèrent jadis Maurice Thorez et Jacques Duclos finalement approuvés avec chaleur par l’Internationale communiste (en son VIIe Congrès), quand ils associèrent le drapeau rouge frappé des « outils » au drapeau tricolore de leur pays[31] pour diriger la lutte du peuple français, classe ouvrière en tête, pour le pain, la démocratie et l’indépendance nationale.

C’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, où toute la grande bourgeoisie ou presque se coalise pour le « salut de l’euro »[32], la lutte pour l’indépendance nationale menée jusqu’au bout conduit à la révolution socialiste parce qu’elle signifiera inévitablement, non pas on ne sait quel « compromis historique » ou quelle « troisième voie » entre le capitalisme et le socialisme, mais un affrontement de classes majeur, national et international, avec l’oligarchie capitaliste arc-boutée sur ses positions euro-atlantiques ! C’est en dernière analyse pour éluder cet affrontement que l’opportunisme de droite et le dogmatisme sectaire « de gauche » se coalisent pour refuser l’idée d’un large Front de résistance antifasciste, patriotique et populaire, conduit par la classe ouvrière et par ses militants franchement communistes. Car un tel front antimonopoliste large, dont le socle ne peut être que le combat de classe, tous ensemble et en même temps, contre l’euro-austérité, sera le meilleur moyen d’isoler le grand capital et de faire de la révolution socialiste une perspective pratique, et non pas une pieuse et inoffensive incantation inaccessible aux larges masses.

Alors que les oligarques s’efforcent de diviser les ouvriers, les peuples et les Etats historiquement constitués, l’heure est aussi à une réflexion méthodologique ouverte des partisans de l’internationalisme prolétarien. Un piège énorme, « à la yougoslave », est tendu à tous les communistes et progressistes d’Europe, y compris aux plus internationalistes, pour que demain, les peuples d’Europe s’entredéchirent au sujet des « frontières » d’Etat et de la redistribution ethnique des nationalités dans la future Europe « reconfigurée » et « fédéralisée » des provinces néo-féodales. Quelle aubaine pour le patronat si demain l’ouvrier castillan devient un étranger en Catalogne (et vice-versa), comme l’ouvrier russophone (près de 40% de la population des Etats baltes !) est déjà devenu un étranger en Lituanie, en Estonie ou en Lettonie, et si l’ouvrier gallois devient demain un étranger à Manchester ou à Sheffield !

Il faut donc que chaque marxiste, se référant à l’histoire révolutionnaire de son propre pays et respectant totalement celle, souvent fort différente, du pays voisin, travaille à constituer une union de combat anti-UE, anti-euro et anti-OTAN, qui mette l’accent à la fois sur ce qui unit les travailleurs de son pays et sur ce qui unit les travailleurs de son pays à ceux des pays voisins. Pour cela il faut refuser le supranationalisme impérial ET l’infra-nationalisme « provincial » en liant plus étroitement que jamais le patriotisme républicain au véritable internationalisme prolétarien !

_________________________________

[1] Philosophe, militant du Pôle de Renaissance Communiste en France ; derniers ouvrages parus Sagesse de la révolution (Temps des cerises, 2009), Patriotisme et internationalisme, Editions du CISC, 2010. [2] Si, par bonté d’âme, nos bons sires patronaux consentent à laisser subsister quelque temps les susdits Etats nationaux à l’intérieur de leurs actuelles frontières tracées par l’histoire (« reconfigurer les territoires » : de francs projets de redécoupage « transfrontalier » sont déjà à l’œuvre). [3] Le terme est repris du marxiste italien Marco Rizzi. [4] L’impérialisme français a obtenu quelques miettes juteuses, notamment en Roumanie. [5] Cf le comportement néocolonial persistant de la France officielle en Syrie ou en Afrique – tout au contraire, plus « notre » impérialisme détruit la nation française qui lui sert de base dans sa conquête d’ « aire » et plus il mérite que les progressistes français se réfèrent à son encontre à la formule du communiste allemand Karl Liebknecht : « l’ennemi principal est dans ton propre pays ». [6] Puis, en allant decrescendo… Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac, Giscard et Mitterrand ayant été de loin les plus atlantistes de la série. Le dernier acte tangible de cette opposition française à l’hégémonisme et à l’ « unilatéralisme » US fut l’opposition de la France, via l’intervention de D. de Villepin à l’ONU, à la seconde invasion US de l’Irak. [7] Rappelons que, durant la guerre, le PCF a officiellement envoyé Fernand Grenier à Londres pour soutenir De Gaulle contre Giraud, la marionnette des Américains. Dans les années soixante, De Gaulle a retiré la France du commandement intégré de l’Alliance atlantique et expulsé les bases américaines de France. On se souvient du voyage triomphal de De Gaulle à Moscou en 1966, de sa reconnaissance de la Chine populaire (au grand dam de Washington), de son appui aux peuples arabes contre les prédations d’Israël, du « discours de Phnom Penh », qui fut vécu comme une critique de la France avec la guerre américaine au Vietnam, etc. Tout en maintenant son opposition radicale au « pouvoir personnel » issu du coup d’Etat de 1958, le PCF publia un communiqué en 1966 pour souligner les « aspects positifs » de la politique internationale gaulliste, [8] Marx nomme bonapartisme, en général, l’émergence d’une puissance politique en apparence neutre, qui utilise un rapport des forces équilibré entre deux puissances de classe pour mener une politique autonome. Il n’a parlé à notre connaissance de bonapartisme que dans un cadre national. Nous proposons d’employer cette expression en l’internationalisant, d’autant que le caractère néo-bonapartiste du gaullisme ne fait guère de doute à l’intérieur de la France. Rappelons que l’usage de tels concepts est exclusif de tout jugement de valeur. [9] On connaît le mot attribué à l’écrivain gaulliste F. Mauriac : « j’aime tellement l’Allemagne que je préfère qu’il y en ait deux ». [10] … ou de maintien de l’ordre « contre-insurrectionnel » sur le territoire national… [11] On évoque tantôt des projets de fusion entre les marines française et anglaise – donc, en réalité, états-unienne – tantôt des projets d’européanisation de cette force dans le cadre de l’armée européenne adossée à l’OTAN, dont la France a réintégré le commandement sur décision de Sarkozy avalisée par Fabius. [12] Historiquement, l’élévation de la France au rang de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU est liée à l’alliance objective ponctuelle, et bien entendu, tacite, entre De Gaulle et Staline contre l’hégémonisme anglo-saxon à la fin de la Seconde Guerre mondiale. [13] J’insiste ici à dessein sur l’Europe allemande. Mais l’influence américaine, à laquelle se soumet encore délibérément Berlin, n’est évidemment pas moindre sur l’UE, et c’est un euphémisme. Il n’est pas nécessaire à ce sujet de partager les conceptions idéologiques de François Asselineau et du groupe gaulliste UPR pour conseiller aux personnes curieuses d’assister aux conférences de ce dernier établissant l’origine américano-formatée, voire carrément brevetée CIA, de tout le haut personnel politique bruxellois, à commencer par celle de Manuel Barroso. [14?]Bien entendu l’hégémonisme allemand s’exprime de manière plus « pateline » à l’égard du partenaire français (4ème économie du monde, la France possède encore une force de frappe dont la RFA est officiellement dépourvue) qu’à l’adresse des « PIGS », c’est-à-dire du Portugal, de l’Italie, de la Grèce et de l’Espagne. La position de la France peut à tout moment basculer du « premier cercle » de la domination vers la périphérie de ce cercle, puis de l’état de « brillant second » de Berlin à celui de « chef de file des PIGS », ce qui impliquerait un décrochage dramatique du niveau de vie de la majorité des Français appartenant à la classe ouvrière ou aux couches moyennes « inférieures ». Rien n’est encore joué cependant à cet égard car, comme on le sait depuis Lénine, le développement capitaliste est foncièrement inégal et la situation de l’industrie allemande, largement dépendante de l’euro et des commandes des « PIGS », est elle-même beaucoup moins assurée que ne veulent bien le dire les béats admirateurs du « Modell Deutschland ». [15] En fait de réunification, les Ossies ont été brutalement placés sous tutelle des administrateurs Wessies de la Treuhandanstalt ! (Insti tution financière chargée de privatiser les sociétés publiques d'Allemagne de l'Est après la "réunification"). [16] Sans atteindre la germanolâtrie et la peu discrète francophobie de l’intouchable Cohn-Bendit, certaines déclarations de l’ex-ministre allemand « vert » (de gris ?) Joschka Fischer ou de l’eurocrate Von Tadden sont fort éclairantes à ce sujet. Le premier a déclaré que l’Allemagne était en train d’atteindre par d’autres moyens les objectifs qu’elle n’avait pas pu atteindre lors des trois conflits guerriers précédents. Le second n’a jamais caché que pour faire l’Europe il faudra un peu défaire la France. Rappelons qu’en français, le mot « défaire » à deux sens… [17] Et où la « Mitbestimmung » (qu’on traduit par « cogestion ») permettait de discipliner les relations sociales. La RFA portait une politique sociale forte, non pas pour récompenser la « sagesse » des syndicats de collaboration de classe (DGB et IG Metall), mais pour contrer la concurrence politico-sociale de la RDA (10ème puissance industrielle au monde, on ne le dit jamais…). Preuve a contrario : quand la RDA s’est écroulée, le patronat allemand a aussitôt entrepris de liquider la fumeuse « soziale Marktswirtschaft » ; c’est même le SPD de G. Schröder qui a drastiquement abaissé le niveau de vie des ouvriers allemands en faisant adopter le honteux « paquet » des lois Hartz IV. En réalité, c’est d’abord pour les travailleurs allemands que la montée en puissance de « leur » impérialisme est une très mauvaise affaire ! [18] L’expression est de Marco Rizzi, dirigeant du CSP-PC italien. [19] Lequel finit presque par s’inquiéter des « excès » des dérives qu’il encourage quotidiennement ! [20] Notons aussi – mais tel n’est pas le propos du présent article – que Marx et Lénine n’ont jamais opposé l’aspiration des Communards à la démocratie communale et le principe de la « république démocratique » centralisée, dont le principe est éminemment souhaitable, si les conditions historiques le permettent, sans qu’il soit nécessaire de violenter les peuples. Toutes les réflexions de Lénine dans Que faire ? et surtout, dans L’Etat et la révolution démontrent que, du moment que cette dialectique est portée par les classes révolutionnaires de la société, il est parfaitement possible de concilier planification et intervention ouvrière dans les entreprises socialisées, « centralisme démocratique » et droit des peuples « allogènes » à l’autonomie de gestion, dans le cadre d’une République des soviets ouvriers et paysans. [21] Cf G. Gastaud, Patriotisme et internationalisme. Editions CISC, 2009, 9 €. [22] C’est le terme utilisé par les chefs de la NVA flamande à propos de la Belgique, qu’il s’agit de vider de son contenu, pour pouvoir la quitter quand il ne s’agira plus que d’une appellation géographique. [23] Dans Patriotisme et internationalisme, je cite de nombreuses phrases-choc du lugubre Jean-Paul Huchon et de son livre si bien nommé De battre ma gauche s’est arrêtée : cet individu, qui préside la région capitale de la France, ne cesse d’y vomir le peuple français et très cyniquement, il ne reconnaît plus que deux « patries » : l’Europe, avec une préférence attendrie pour l’Europe du nord – et la « petite patrie » francilienne qui permettrait à ce féodal-démocrate de dialoguer directement avec Bruxelles sans passer par … Paris ( !!!). En réalité, là aussi, une partie de la bourgeoisie multinationale francilienne ne veut plus s’encombrer de la Creuse et de la Lozère et elle veut, elle aussi, conquérir directement de nouvelles « aires » pour faire de Paris une métropole de l’Union transatlantique. Rappelons le mot de Michel Serres : « il y a déjà plus de mots anglais sur les murs de Paris qu’il n’y avait de mots allemands sous l’Occupation »… [24] L’ancien maire de Sartène est membre du PCF, et son parcours politique républicain était jusqu’ici très honorable ! [25] Car l’immigration de confort, celle des riches bourgeois anglophones de l’Europe du nord, a déjà largement imposé l’anglais comme langue d’usage sur notre territoire. [26] En réalité la langue n°1. Si l’anglais est officialisé à côté du français en France, à côté de l’allemand en Allemagne, à côté de l’italien en Italie, il en ira de cette langue « bis » comme d’une monnaie internationale bis qui aurait cours partout « à côté » des monnaies « seulement » nationales. En réalité, il s’agit d’officialiser l’anglais comme langue n°1 officielle de l’Europe et comme langue officieuse n°1 des Etats-membres de l’UE. CQFD. [27] Ciblé par une politique agressive et parfaitement concertée des tenants patronaux du tout-anglais, le français recule partout, de la Wallonie à la Suisse, de la France à certains pays africains, du Québec au Gabon, comme s’en plaint amèrement Abou Diouf, le président de l’O.I.F. Le fait que notre langue nationale soit la première « langue seconde » enseignée dans le monde est une consolation vraisemblablement très provisoire. [28] La Françallemagne, la Franceurope et la Françamérique sont sœurs de la sanglante Françafrique. Vive la France des travailleurs chantée par Ferrat. L’auteur de ces lignes est si peu nationaliste qu’il ne se réjouirait nullement du « rattachement » de la Wallonie à la France, lequel résulterait sans doute, à plus ou moins long terme, de l’éclatement de la Belgique. « Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre », disait Engels. Il s’en suit qu’aujourd’hui, le véritable patriote français est aussi patriote italien, belge, grec, portugais, etc., et qu’il souffre de l’oppression subie par un autre peuple, comme il souffre de la destruction de la France par l’oligarchie qui domine la France. C ’est en ce sens que nous parlons parfois, pour faire image, d’ « interpatriotisme prolétarien » (naturellement, celui-ci ne se substitue en rien à l’internationalisme prolétarien, dont le rôle historique direct est appelé à se développer à une époque de socialisation sans précédent de la production et des échanges). [29] Une sortie de l’euro trop souvent opposée de mauvaise foi à la sortie de l’UE et à la rupture avec le capitalisme, alors qu’il s’agit d’un « paquet » global et d’une réaction en chaîne de portée révolutionnaire, dont le terme est la révolution socialiste ! [30] Bordiga était ce dirigeant du PC d’Italie des années vingt qui refusait toute alliance antifasciste ; il résumait la stratégie communiste à la mise en accusation propagandiste du capitalisme et à l’attente messianique de l’insurrection prolétarienne. Bordiga fut évincé – trop tard hélas pour le prolétariat italien – par Gramsci et Togliatti. C’est contre le bordiguisme et ses équivalents allemands, hollandais, anglais etc., que Lénine écrivit « La maladie infantile du communisme », que Thorez construisit le Front populaire antifasciste et que Dimitrov prononça son rapport historique au 7ème congrès de l’Internationale communiste. Rejetant à la fois l’opportunisme de droite, qui cherche à éluder la révolution socialiste en inventant une « troisième voie » entre capitalisme et socialisme, et le sectarisme dogmatique, qui rabâche les principes politiques sans chercher la moindre médiation politique, stratégique et tactique permettant de marcher pratiquement vers le socialisme, Dimitrov déclare : les communistes doivent toujours « appliquer une politique bolchévique active de masse au lieu de se borner à la seule propagande, à la critique et aux seuls appels à la lutte pour la dictature du prolétariat ». Et le secrétaire général de l’IC ajoute : « les opportunistes de droite tendaient à établir un certain « stade intermédiaire démocratique » entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat pour inculquer aux ouvriers l’illusion d’une paisible promenade parlementaire d’une dictature à une autre. Ce « stade intermédiaire » fictif, ils l’intitulaient aussi « forme transitoire » et ils se référaient même à Lénine ! Mais il n’était pas difficile de dévoiler cette filouterie ; car Lénine parlait d’une forme de transition et de rapprochement conduisant à la « révolution prolétarienne », c’est-à-dire au renversement de la dictature bourgeoise et non d’on ne sait quelle forme de transition entre la dictature bourgeoise et la dictature prolétarienne ». Et c’est évidemment cette sortie révolutionnaire du capitalisme qu’il s’agit de favoriser, non dans les incantations « anticapitalistes » dans le style NPA, mais par une « politique bolchevique active de masse » en activant une large alliance populaire, patriotique et progressiste visant à sortir la France de l’euro, de l’UE et de l’OTAN. [31] « L’internationalisme prolétarien doit, en quelque sorte, être « acclimaté » dans chaque pays », disait G. Dimitrov. [32] TOUT le CAC 40 « français » a signé un texte commun avec ses homologues allemand et italien sommant les gouvernements bourgeois à sauver l’euro au prix de l’enterrement des nations européennes : ce n’est pas là une estimation « à vue de nez » du PRCF, c’est un fait politique de première importance pour des militants du mouvement ouvrier se réclamant du marxisme !

Derniers commentaires

Anne-Marie : On apprend aussi une interconnexion avec les chefs Islamistes de Syrie venus combattre en Ukraine... * "Les terroristes de Moscou avaient fuit vers…
sur Attentat à Moscou : Poutine promet que tous les responsables seront « punis »

Paul De Florant : Encore la CIA, le MI6 et le GUR Comme nous l'indique JLPujo via le groupe Hermes (Renseignements police&armée) de Politique-actu / PenserlaFrance…
sur Attentat à Moscou : Poutine promet que tous les responsables seront « punis »

Isabelle de Chritus : Un traitre a la Nation ! Un idéologue sans vision ! Comme le résume jluc Pujo pour Penser la France : «  #JacquesDELORS est mort ! Vive…
sur Jacques Delors : une cérémonie d’hommage national aux Invalides, le 5 janvier

Paul De Florant : VETO des USA - CONSEIL DE SECURITE - ONU - Cessez-le-feu immédiat à Gaza ! le "NIET" de Washington ! "Vote scandaleux" comme l'écrit JLPujo:…
sur Guerre Hamas-Israël : intenses combats dans le sud de la bande de Gaza

Anne-Marie : #Hanouka a l’#Elysee ? "Une honte !" pour Jean-Luc Pujo / Penser la France. "Même le #CRIF morigène #Macron et le #Consistoire ! Si même le…
sur Hanouka à l’Élysée : les louvoiements d’Emmanuel Macron sur la laïcité

Thématiques : AFGHANISTAN - AFRIQUE - Agriculture - Alain JUPPE - ALGERIE - Algérie - Alimentation - ALLEMAGNE - Amérique Centrale - Amérique du Sud - André Bellon - ANGLETERRE - Anne-Cécile Robert - Annie Lacroix-Riz - Armée française - ASIE - BANQUE MONDIALE - BRESIL - Bruno Le Maire - Catholicisme - CENTRE AFRIQUE - Chanson & Poésie - CHINE - CHINE - Christian Perronne - Christianisme - Cinéma - Clément Beaune - CNR - Communisme - COVID19 - COVID19 - Crypto & Blockchains - CUBA - CULTURE - Défense - Demographie - Demographie Mondiale - Didier Raoult - Diplomatie française - DROIT - Ecologie & environnement - Economie - Edouard Philippe - EDUCATION - Egalité Femme & Homme - Election Européenne - Elections régionales - Elisabeth BORNE - Emmanuel Macron - Emmanuel MACRON - Energie - Enfance - Environnement - Eric ZEMMOUR - Eric Zemmour - ESPAGNE - Etienne Tarride - EURO - euro - Européenne 2024 - Fabien Roussel - Fadi Kassem - Fiscalité - FMI - France-Allemagne - François Asselineau - François ASSELINEAU - François Bayrou - François Hollande - François Ruffin - Francophonie - francophonie & Langue française - G20 - G7 - Gabriel Attal - Gaullisme - Georges Gastaud - Gérald Darmanin - Gérard Larcher - Guadeloupe & Martinique - HISTOIRE - Humanisme - Immigration - Immigration - INDE - INDE - INSTITUTION - IRAK - IRAN - ISLAM - Islamisme - ISRAEL - ISRAËL & PALESTINE - ITALIE - Jacques CHEMINADE - Jacques Cotta - JAPON - Jean Castex - Jean-Luc Melenchon - Jean-Luc Pujo - Jean-Pierre Chevenement - Jean-Pierre Raffarin - Judaisme - Justice - Justice - Laïcité - Laicité - Législative 2017 - Léon Landini - LIBAN - Libéralisme - LIBYE - lutte sociale - Lutte Sociale & Combat social - MACHREK - MAGHREB - Maison de France & Monarchie - MALI - Manuel Bompard - Marine LEPEN - Marine LEPEN - Marlène Schiappa - Medecine - Medecine sous Hyppocrate - MEDIAS - MER - Mexique - Michel Houellebecq - Michel Onfray - MUSIQUE - Nathalie Arthaud - Nations d'Europe - Nicolas Dupont-Aignan - Nicolas Sarkozy - NIGERIA - Nucléaire - OCS - OCS - OMC - ONU - ONU - Nations Unies - OTAN - OTAN - PAKISTAN - PALESTINE - Patriotisme - Pauvreté - précarité - Penser la France - POLICE & Sécurité - Pour une Constituante - PRC - PRCF - Présidentielle 2017 - Présidentielle 2022 - Protestantisme - QUEBEC - QUEBEC - RéinfoCovid 2022 - Relations Internationales - RELIGION - Roland Hureaux - RUSSIE - RUSSIE - RUSSIE - SANTE - SANTE - Sciences & Recherche - Sciences&Technologie - SERVICE PUBLIC - SPORT - Syndicats - SYRIE - TURQUIE - UKRAINE - Ukraine - Union européenne - USA - USA - Valérie Bugault - Valérie PECRESSE - Valérie Pecresse - VENEZUELA - VENEZUELA - Venezuela - Yaël Braun-Pivet